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Lorsque Niels accepte de venir passer quelques temps dans la maison familiale, on comprend d'emblée les efforts énormes que le narrateur va devoir déployer pour accepter le comportement de son fils. Sale, vêtu de loques, peu enclin aux échanges et accro aux pétards. Seule sa jeune amie trouve grâce aux yeux du père, malgré les choix de vie aussi marginaux que ceux de Niels. Et pourtant les raisons en sont vertueuses, consommation minimaliste, décroissance, protection de la planète . Niels passe d'ailleurs le plus clair de son temps sur la ZAD près De Nantes, là où le projet d'aéroport crée le conflit. Jusqu'où le père pourra t-il accepter la provocation manifeste, au-delà des convictions politiques ?

François D Épenoux analyse avec une grande acuité cette relation conflictuelle, celle d'un père et de son fils mais aussi celle de deux générations qui ont été construites sur des bases bien différentes. Malgré l'amour qui les lie, la confrontation est inéluctable.

Le roman met aussi en évidence la fragilité des acquis et le risque universel de perdre un équilibre somme toute précaire, sur un marché du travail dépourvu d'humanité.

La vie sur la ZAD prend des allures d'utopie, où l'entraide, la fraternité et la solidarité ne sont pas que des mots.

Un roman de lecture agréable , qui soulève des questions existentielles intéressantes, avec parfois un peu d'angélisme, sans que cela ne ruine la cohérence du récit.

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Le père, le fils et la ZAD

Avec ce nouveau roman François d'Epenoux raconte les difficiles relations entre un père et son fils. Autour de l'engagement écologique, il pose aussi la question des choix de vie et de notre avenir. Émouvant, riche, fort.

Éric passe des vacances avec sa mère, son épouse et leur fils dans la maison familiale de Lacanau-Océan lorsqu'il a la surprise de voir débarquer son fils aîné, zadiste installé à Notre-Dame-des-Landes.
Son arrivée est d'abord un soulagement, car Niels ne donnait plus guère de nouvelles et il avait fallu un reportage sur les opposants au projet d'aéroport pour pouvoir enfin le localiser. Comme sa copine Tania est sympathique et que son chien ne cause pas de gros dégâts, les premiers jours se passent plutôt bien. Mais l'incompréhension pour ce choix de vie et les vieilles rancoeurs vont vite envenimer l'atmosphère.
Quand Niels a annoncé que Tania partait pour dix jours ramasser des melons et que lui restait à Lacanau avec son chien, Éric n'a pas pu se retenir de lui lancer une pique. Qui a appelé une réplique cinglante. Et toutes les tentatives pour calmer le père et son fils ne feront que cristalliser leurs positions jusqu'à l'esclandre final. Et voilà Niels à nouveau sur les routes...
Deux années passent alors durant lesquelles Éric va être victime de la violence économique. Licencié de l'agence de pub où il travaillait, il a beau essayer de rebondir mais il doit à chaque fois faire le douloureux constat que les quinquagénaires sont, sur ce créneau bien particulier, les victimes d'un système qui va toujours privilégier les jeunes sous-payés. C'est alors très vite la dégringolade vers la précarité. Jusqu'à ce jour d'août où il décide de tout plaquer et de partir à son tour pour Notre-Dame-des-Landes. Sur place, il est confronté à une ambiance, «mi-cathédrale mi-arche de Noé, mi-sanctuaire mi-camp de vacances». Mais cela semble lui convenir. «Après des mois d'asphyxie, je respirais enfin.»
Mais pour autant, parviendra-t-il à reconstruire une relation avec Niels? Est-il prêt à des concessions? C'est tout l'enjeu de la seconde partie du roman, riche en émotions mais aussi en questionnements sur nos choix de vie, sur l'urgence climatique et sur la terre que nous laisserons à nos enfants. En se concentrant sur l'expérience vécue par Éric, François d'Epenoux évite l'analyse et le manichéisme pour la sensualité, l'élan vital. Sentir le vrai goût d'une tomate est alors bien plus enrichissant que tous les discours militants. Comme dans ses précédents romans, il se sert d'une plume fluide teintée d'un humour léger pour dire cette relation père-fils où, derrière les conflits, l'amour n'est jamais très loin. Un petit bonheur qui donne envie de s'approprier cette culture différente, de s'engager et de partager. Et pour cela, il faut aller jusqu'à inverser les rôles. Et voilà le fils essayant de ré-éduquer son père, de le ramener à l'essentiel. Mais n'est-il pas déjà trop tard?


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Niels, le fils d'Éric, est parti vivre dans une ZAD (Zone à défendre), à Notre-Dame-des-Landes. Là-bas, il a rencontré des personnes qui ont la même vision de la vie que lui, la même envie de revenir à l'essentiel, et de s'éloigner de cette société de consommation.
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Pour Éric, tout ceci n'est sûrement qu'un passage, une façon de se rebeller contre la société, parce qu'il faut bien le dire, c'est un peu à la mode. Des hippies du 21ème siècle, on en voit de plus en plus. Ils sont là, ils protestent, ils vivent en marge de la société. En tout cas, il espère que tout ça va se tasser, rentrer dans l'ordre. Car depuis que Niels les a rejoints pour les vacances, Éric a pris la mesure du changement. Son fils est "un roi aux pieds nus" qui ne sent pas toujours la rose. Et puis, ça rime à quoi de marcher sans chaussures, de porter des vêtements usés, à la propreté douteuse ? de quoi a-t-il l'air dans la rue ! Il peut lui en offrir, lui, des vêtements neufs. Et cette nonchalance ! C'est ce qu'il y a de plus agaçant la nonchalance. Il ne voit pas, Niels, qu'il frise l'impolitesse, le manque de respect ? Cette fois c'est trop, il a été conciliant mais là il ne peut plus supporter. Alors la colère prend le dessus et les mots, les gestes, sont brutaux. Qu'il débarrasse le plancher et qu'il ne revienne pas ! Quand même, il faut qu'il grandisse un peu, qu'il prenne conscience que la vie, ce n'est pas ça. Ah, mais tout le problème est là, c'est quoi la vie ?
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Il est vrai qu'Éric, lui, a bien du mal à comprendre. Il est l'image même de la réussite sociale. Il est bien dans son époque, il vit dans le confort, voire le surconfort. Un mode de vie auquel on peut rarement échapper, car la société veille à nous l'imposer, elle s'assure qu'on ne puisse pas dévier de cette trajectoire consumériste qu'elle a soigneusement tracée pour nous. Au risque de se voir pointé du doigt par la population bienpensante. Jusqu'au jour où la vie se révolte et nous joue un vilain tour. Car personne n'est jamais à l'abri, même sur un piédestal. Et que reste-t-il quand on a tout perdu, emploi, statut social, femme et enfants ? Que les dettes s'accumulent et qu'il n'y a plus d'échappatoire ?
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Seul, acculé, Éric décide de renouer avec son fils. Là-bas, dans cette ZAD, il découvre un autre monde, une communauté d'entraide et de partage, des personnes de tout âge et de tout horizon mais portées par des aspirations communes. Éric a déjà perdu sa défiance, son assurance. On découvre désormais dans son regard toute la fierté et l'admiration qu'il éprouve pour son fils, qui a construit sa propre “maison”, travaille du lever au coucher du soleil, cultive ses légumes. Et il faut voir comme il est beau son potager ! La vérité c'est que Niels semble avoir trouvé son bonheur, et qu'il est en paix avec lui-même. Peut-être pourrait-il en faire autant ?
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Le roi-nu-pieds”, c'est l'histoire d'un père et de son fils, d'une relation à la communication défectueuse, comme cela arrive souvent entre différentes générations. C'est une histoire qui parle d'amour, filial ou parental c'est selon, de ce que chacun peut apporter à l'autre, car les enfants aussi ont des choses à apprendre aux parents. A travers ces deux figures, celle du fils et celle du père, l'auteur met également en lumière une problématique qui nous concerne tous, l'avenir de la planète.
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J'ai été touchée par le personnage de Niels, par ses propos, son incroyable résolution et son espoir. Si, au début du récit, Niels peut paraître un peu immature, sans doute car nous sommes soumis au point de vue du père, je l'ai en réalité trouvé très sensé et réaliste. J'ai été surprise par sa tolérance. On aurait pu croire que sa conscience du monde puisse le rendre haineux envers tous ces gens qui vivent dans la démesure. Mais il ne semble pas vraiment vouloir convaincre à tout prix. La démarche ne peut venir que de nous.
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J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman, pour les thèmes qu'il aborde et la façon dont ils sont traités. C'est une histoire qui m'a émue pour des raisons personnelles, parce que l'auteur a posé des mots justes sur des sujets qui me tiennent à coeur. Parce qu'il n'y a pas de malveillance, d'un côté comme de l'autre. Au fil du récit, les préjugés sont habilement déconstruits. J'ai à nouveau été séduite par la plume de l'auteur, que j'avais découverte dans “Les désossés”. Une plume qui convoque facilement l'empathie et m'emporte inévitablement dans son histoire.
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Ma chronique est sur le blog.
Caroline - le murmure des âmes livres
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« Le roi-nu-pieds » est un roman qui décrypte une leçon de vie. Pas celle d'un adolescent en passe de devenir adulte, celle d'un adulte qui doit remettre l'essentiel au centre de son tout. le récit de François d'Epenoux s'axe sur des relations père-fils qui ne parviennent plus à se comprendre. « Ce qui est tragique, Niels, c'est que tu prennes tout au sérieux à ce point. C'est là que, avec des gens comme toi, j'ai un problème sur la forme. Pourquoi toujours ces grands mots ? ces tirades toutes faites, sentencieuses, définitives ? Pourquoi ce look dégueu ? Ça vous rend plus crédibles ? On peut mener de très beaux combats avec une chemise propre, tu sais ? » Après un été dans la maison familiale durant lequel une terrible dispute éclate, le père excédé par ce fils qu'il ne reconnaît pas lui demande de débarrasser le plancher.
L'injonction est violente, sans appel, irrémédiable. Des dissensions qui semblent insurmontables séparent le père et le fils : une façon différente de vivre et d'appréhender l'avenir créent un fossé de plus en plus infranchissable.
Deux années passent, années durant lesquelles le Covid change beaucoup de choses dans l'existence de chacun. Eric, le père perd son emploi, sa « vitrine sociale », sa raison d'être. « C'est à peine si vous n'y trouvez pas une sorte de confort : c'est douloureux mais c'est douillet d'aller mal. Vous êtes là, hébété, devant un robinet coupé. Celui de votre existence sur terre. Plus d'argent, plus d'amour, plus d'humour, plus d'estime de soi, plus de désir, ça sonne creux et rouillé. Ce n'est pas encore vraiment la mort–sinon, une mort sociale–, mais ce n'est plus vraiment la vie dans ce qu'elle a de palpitant, d'enthousiasmant, d'optimiste. C'est une vie par défaut. Une sorte de non -vie. »
Les dettes s'accumulent. Il ne trouve plus de sens à son existence. Qui est-il en dehors de son travail ? Il décide alors de rejoindre son fils qui habite depuis plusieurs mois dans la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. Les retrouvailles entre Eric et Niels se feront sur un terrain différent de celui de la maison familiale, sur les terres de Niels, ce qui oblige Eric à écouter, et tenter de comprendre son fils en le regardant vivre. Il va tâcher de renouer les liens avec cet enfant dont il ne comprend ni le mode de vie, ni les attentes, ni les espoirs.

Le roman se découpe en plusieurs parties. La première est consacrée au père, à son confort, bourgeois, à l'argent qu'il gagne, aux récriminations qu'il fait à son fils sur son mode de vie, aux critiques acerbes qu'il lui envoie verbalement, et aux mots de trop. La suite sera consacrée aux changements que le père va devoir mettre en place pour accepter son nouvel état de « chômeur ». Ce qui est très intéressant dans « Le roi-nu-pieds », c'est la source de la quête initiatique : celui qui apprend, qui progresse, qui évolue n'est pas le fils, c'est le père. Ici, c'est Niels qui donne une leçon de vie à Eric, et pas l'inverse. Eric doit apprendre à reconsidérer ce qu'il pensait être l'essentiel. Son mode de vie, son confort, sa belle voiture, les destinations de vacances prestigieuses, tous ces items qui prouvent à la société que l'on a réussi. Qu'est-ce que la réussite finalement ? À quel moment peut-on dire que l'on a réussi sa vie ? le travail nous définit-il en tant que tel ? Et surtout, que/qui sommes-nous en dehors du travail ? Eric doit apprendre à exister par lui-même, et sortir du « Je travaille donc je suis. »

« Le roi-nu-pieds » est aussi un roman sur les relations père/ fils, et les antagonismes de génération entre deux hommes que plusieurs années séparent. L'éducation qu'Eric a reçue, puis transmise à Niels, est remise en question. Parce que le monde avance vite, et que les problématiques ne sont plus les mêmes. Niels est très préoccupé par l'écologie, la transition écologique, la surconsommation. Ses préoccupations n'étaient pas celles du père, c'est-à-dire celles de la génération précédente, d'où le fossé qui s'est creusé entre parent et enfant. Si vous avez des enfants, vous comprendrez sans doute de quoi je parle. Ils sont plus impliqués écologiquement parlant. Ils nous donnent des leçons. Ils critiquent l'héritage que nous avons laissé. Ils sont en colère face à notre désinvolture. Ils veulent nous sensibiliser à la fois à nos comportements passés mais aussi ceux à venir. C'est tout cela qui se joue dans le roman de François d'Epenoux. « Je n'en sais rien, Papa. À toi de voir. Moi, ma façon d'agir, c'est de ne pas agir. D'alléger mon poids sur la Terre. de vivre en creux. D'être neutre, presque invisible, inexistant. de croire à la solidarité et au partage, sans emmerder personne. Ça paraît naïf, je sais, ça fait grands discours… Mais ça ne coûte rien de rêver… »

Comme dans plusieurs de ses romans précédents, l'écrivain se penche à la fois sur les relations humaines, père/fils, grand-père/petit-fils, mais aussi sur des questionnements personnels. Chaque individu arrive à un moment de sa vie où il se pose des questions sur lui-même et sur le chemin parcouru. Parfois, à cause d'une insatisfaction chronique, ou d'une terrible perte, ou d'une rupture, ou d'un changement suffisamment important pour susciter la réflexion. Ici, Eric redécouvre les besoins primaires de la pyramide de Maslow, ne pas surconsommer, travailler la terre et profiter de ce qu'elle offre, se rendre compte qu'afficher des signes extérieurs de richesse ne rend pas heureux, que le travail même s'il est nécessaire ne le définit pas en tant qu'être humain. « Ce n'était pas seulement la faim qui faisait cet effet. C'était autre chose. Je retrouvais le goût, rien de moins, comme au premier jour du monde. Je me goinfrais de dessert, comme si, trop longtemps, j'en avais été privé. Je revenais à la vie dans ce qu'elle a de meilleur. Ainsi donc, dans la catastrophe annoncée, sur cette terre en perdition, il y avait encore de vraies tomates, de vraies courgettes, de vrais melons, mais aussi sûrement qu'ailleurs, il y avait la mer, toujours là malgré tout, et les arbres, et la beauté des choses, méritante, obstinée, désespérément optimiste. C'était fabuleux. » Enfin, et c'est ce que j'aime tout particulièrement dans les romans de François, il décortique la difficulté de communication entre les êtres : s'écouter, se comprendre, échanger, se réapprivoiser, reconstruire une relation qui a été fortement mise à mal par incompréhension ou à cause d'un événement précis n'est pas mission impossible. Les choses ne sont jamais perdues d'avance chez l'écrivain, les fossés peuvent se combler, les êtres changer, et les leçons s'apprendre à tout âge.

Les romans de François d'Epenoux restent résolument optimistes. Il possède une foi inébranlable en l'homme qu'il juge capable de changer, car Eric change, et change en profondeur, comme s'il avait été aveugle toutes ces années, et que d'un seul coup, il recouvre la vue. « Ici, c'est un champ de roses à côté de Paris et de la façon avec laquelle on jette les gens comme des Kleenex quand on n'a plus besoin d'eux. Jusqu'à ce qu'ils aient envie de disparaître pour de bon. Quand je pense à ces dernières années, je les vois agrégées, grises, lourdes. Comme si j'avais eu les pieds pris dans un bloc de ciment. Entraîné par le fond…entraîné, malgré moi, sur une vie toute tracée, sans rien pouvoir y changer malgré tous mes désirs… Tu sais, ça me fait penser à ces gamins dans les manèges, qui tournent frénétiquement le volant de leur voiture, comme si ça servait à quelque chose… » C'est sans doute la grande différence entre l'optimisme de l'auteur, et mon pessimisme qui me fait penser à l'incapacité de l'homme à changer qui me fait tant aimer ses romans. Mais comme le dit si bien Niels, « ça ne coûte rien de rêver ». Alors, je rêve, en lisant les livres de François qui parle plus à mon coeur qu'à mon cerveau, qui sont plus enclins à me faire ressentir de belles émotions qu'analyser avec froideur le monde dans lequel je vis.

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Décidément, ma participation au jury du Grand Prix des Lecteurs Pocket 2024 m'aura, jusqu'à présent, permis de découvrir des romans plutôt agréables à lire. "Le Roi-Nu-Pieds" de François D'Epenoux est le quatrième publié et j'ai eu beaucoup de plaisir à le découvrir pour maintes raisons.

D'abord l'écriture est très plaisante, à la fois simple et vive, claire et limpide. Je l'ai à la fois dégustée et avalée gloutonnement. Difficile, en effet, d'arrêter la lecture une fois celle-ci commencée. Et puis, il y a l'histoire, celle d'un conflit père/fils, une histoire de générations, deux manières d'aborder la vie. Niels n'est pas revenu voir les siens depuis longtemps, n'a guère donné de nouvelles, et, lorsqu'il débarque un beau jour, naturellement c'est le choc. Pieds nus, complètement dépenaillé et sale, il est accompagné de sa petite amie. Quels points communs peut-on découvrir entre un zadiste et une famille "CSP+" ? Je vous laisse imaginer – ou plutôt découvrir – la suite...

L'auteur analyse avec beaucoup de lucidité, sans la moindre once de manichéisme ou de jugement, les idées de chacun. Il met en évidence deux modes de vie, démontre à quel point l'amour ne suffit pas toujours pour faire taire les dissensions. Il nous montre aussi combien jamais rien n'est définitif. Alors, même si, parfois, on pourrait se dire que l'on tombe dans une flaque d'eau de rose, j'ai aimé ce roman qui explique tout simplement qu'il est difficile d'être parents, que rien n'est jamais ni tout blanc, ni tout noir. J'ai aimé le regard bienveillant et tolérant qu'il pose sur cette fameuse ZAD de Saint-Vincent-des-Landes dont on a tant parlé. J'ai aimé l'émotion qu'il fait naître, la destruction des préjugés au fil des mots, la délicatesse toujours présente et la tendresse qui petit à petit se laisse deviner.

J'ai trouvé dans "Le Roi-Nu-Pieds" le plaisir d'une lecture tendre et plaisante.

Lien : https://memo-emoi.fr
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Mais pourquoi diable les pères ont ils autant de mal à exprimer leurs sentiments. Pourquoi, alors même qu'ils sont en admiration devant leurs enfants sont ils plus prompts à faire des reproches qu'à montrer leur amour? C'est ce qu'il vient à l'esprit quand on observe Eric et Niels.
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C'est vrai que tout les oppose. Éric est free lance dans la pub, remarié et père d'un jeune garçon. Niels lui a coupé les ponts deux ans plus tôt et a choisi la marginalité en rejoignant Notre Dame des Landes, poussé par une conscience écologique aiguë, virant presque à l'intégrisme,
Alors quant il annonce sa venue à Lacanau dans la maison familiale, la fébrilité et l'impatience s'emparent de tous, en même temps qu'une certaine crainte. Tous marchent sur des oeufs pour préserver le délicat équilibre de ces retrouvailles mais entre orgueil paternel et provocations du fils, la crise qui couve tel un orage finit par éclater et fait voler en éclat ces impossible retrouvailles. Premier acte d'une histoire à rebondissement.
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Première rencontre avec la plume de Francois d'Epernoux et c'est un coup de foudre. Des les premières lignes je suis tombée sous son charme tant elle est riche et belle, emplie de poésie, imagée avec soin autant lorsqu'elle décrit les ambiances que lorsqu'elle dépeint les sentiments. Dès lors, les mots se font velours pour décrire la pudeur infinie entre ces deux écorchés, la maladresse et l'amour enfoui mais toujours bien présent. Ils se font coup de poing quand la colère trop longtemps contenue explose et saccage les liens ténus qu'ils avaient réussi à renouer. Mais à chaque fois ils sont justes et touchent en plein coeur
La deuxième partie du roman chemine vers la réconciliation, et revêt presque des allures de conte. Elle m'a un peu moins convaincue peut être parce que la quatrième de couverture, beaucoup trop bavarde sur la suite de l'intrigue, m'a ôté la surprise du principal rebondissement. Mais c'est une partie qui a le mérite d'éclairer le combat idéologique de ces hommes et femmes prêts à tout pour un idéal tout en démontrant la fragilité de nos existences dans nos sociétés décadentes. Une illustration convaincante et touchante qui pousse à la réflexion.
En conclusion ce roman n'est pas sans rappeler le très beau «  ce qu'il faut de nuit ». Leur propos les rapproche mais c'est surtout la délicatesse et la tendresse infinie qui les unit. Une très belle découverte grâce au Prix Orange du Livre
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Petit coup de coeur pour le roi-nu-pieds.

François d'Epenoux s'attaque ici à une relation père-fils au point de non retour. Niels, le fils, est un idéaliste. Voyant la planète en péril, il a décidé de vivre en marge dans une ZAD avec sa compagne et son chien. Au sein du village, l'autosuffisance : chacun met la main à la pâte et aide son prochain. Mais le père de Niels ne voit pas la vie de son fils d'un bon oeil, lui le rédacteur free-lance pour de grosses agences de pub parisiennes.
Lorsque Niels accepte de passer quelques jours avec sa famille et Mamine, l'incompréhension et les vieilles rancoeurs remontent rapidement entre les deux hommes. Son père le "dégage", car il a bien trop honte de ce va-nu-pieds, hippy et crado.
Mais le fameux karma ne va pas être tendre avec ce papa, qui du jour au lendemain va se retrouver à la rue. Peut-être le bon moment pour enfin écouter son fils et comprendre sa position face à la société de consommation qui ne fait que croître.

C'est doux, c'est tendre & c'est surtout d'actualité !
Dès le départ, on est touché par Niels, sa bataille, ses idéaux, son espoir face à l'humanité qui déraille. Loin d'être anarchiste, sa lutte est personnelle. Il fait preuve d'une grande tolérance face à son prochain.
Cette relation père-fils dysfonctionnelle met en lumière deux mondes que tout oppose et une fine opportunité d'entendre les convictions de l'autre. Car l'autre existe !
Habilement les deux protagonistes vont déconstruire les préjugés de l'autre.

L'auteur, que je ne connaissais pas, signe un roman superbe.
Alors même que le sujet est difficile et nous fait conscientiser un maximum sur notre quotidien, il se dégage un optimisme et une foi en l'autre qui redonne le sourire. A lire !!!

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Un sujet intemporel (banal, diront certains) bien traité par François d'Epenoux : le silence, l'incompréhension entre deux êtres qui s'aiment, un père et un fils.

Niels est un écolo, pur et dur. Eric est rédacteur free-lance pour des agences de pub et pense qu'il est coupable aux yeux de son fils « de complicité avec la société de consommation »

Pour les vacances, toute la famille est rassemblée autour de Mamine, et chacun fait des efforts pour supporter Niels et sa compagne Tania, la dégaine de Niels, son addiction aux pétards, sa désinvolture face à sa famille, et surtout sa crasse car Niels ne veut pas consommer d'eau.

Ce qui est bien montré, c'est l'intransigeance de la jeunesse, sa radicalité quand elle est portée par un idéal.
« Pour toi, il fallait tout renverser, tout casser, faire table rase. »

Ce qui est bien montré aussi c'est l'absence réelle de communications, l'importance des non-dits. Chacun a des aprioris sur l'autre, et n'arrive pas à vraiment parler, alors que l'amour existe entre eux. Et c'est pour cela aussi qu'ils sont malheureux.

Eric ne sait pas comment entamer le dialogue, parler sincèrement avec Niels car il se connaît par coeur : j'avais « la violence des taiseux, des arrangeants, des gentils. (…) de ce genre d'explosions, je connaissais les signes avant-coureurs : il y avait d'abord un grand calme, une sorte d'immobilité, comme juste avant un tsunami. Et puis c'était un déchaînement. »
Et bien sûr, c'est ce qui arrive et Niels « dégage » comme lui ordonne son père dans un accès de fureur. Je ne révèle rien, c'est dans le résumé de l'éditeur.

Quand Eric se fait virer comme une vieille chaussette par son plus gros donneur d'ordres, il s'effondre… « Un poison se diffuse en vous qui vous donne l'impression que vous-même n'êtes plus rien. Vous tournez en rond, vous vous sentez vide, inutile, fatigué, vieux. »

Il n'a plus rien, il prend son baluchon et part à Notre Dame des Landes.
Dans un contexte différent, les deux hommes sauront-ils se reconnaître, se parler à coeur ouvert et chacun apprendre de l'autre ?

Merci aux éditions Pocket pour cet excellent moment de lecture.

Lien : https://commelaplume.blogspo..
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Le voici enfin en librairie aujourd'hui. le Roi-nu-pieds, de François d'Epenoux. Je l'ai déjà dévoré avec un appétit féroce il y a quelques jours.

Au premier plan, un père bien ancré dans sa vie moderne et son fils révolté, zadiste. Leurs épouvantables discordances. Leur incompréhension mutuelle. Un dialogue devenu impossible. La violence de leur absence de mots. Un conflit générationnel. L'impétuosité de l'un. La provocation de l'autre. Un père qui se remet en cause pour apprivoiser son fils.

Au second plan, la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, le sujet de la transition écologique, les conflits et antagonismes qui divisent au sein de la société de consommation actuelle.

Et surtout entre les lignes, bien d'autres évocations plus humaines et plus profondes encore, d'une grande sensibilité…

Une écriture avec caméra à l'épaule, me dit l'auteur. J'entends. Moi je dirais cinématographique, certes, mais presque théâtrale également. En effet, il est difficile d'imaginer sur scène les grands espaces qui ceinturent la ZAD, mais là n'est pas le plus important. Même si les planches, il en est aussi question dans ce roman. Ces habitations faites de bric, de broc, d'objets de récupération, et de planches… constituent le décor dominant de ce livre touchant. Cette Zone à Défendre est ici un cadre, un environnement pour contextualiser un déchirement. Celui entre deux hommes, mais aussi celui de notre société. Ce parallèle est merveilleusement bien mené.

Et à bien y réfléchir, là aussi, sur cette zone, une lecture subliminale s'impose !

Je garde de cette histoire intimement bouleversante, son essence. A savoir l'amour puissant qui unit deux êtres au-delà du rejet, de la colère ou la douleur ; l'admiration d'un père pour son fils, en dépit de leurs différends, de leurs fêlures ; l'idée que faire des choix, même si ce sont souvent des renoncements, permet d'avancer dans la vie.

L'étrange cohabitation de ces sentiments forme un magnifique roman confidentiel et universel à la fois. Intemporel et contemporain en même temps.

Une histoire – inspirée en partie du vécu de l'écrivain – qui remue et malmène. À différents égards. Elle interroge également sur nos modes de vie, elle ouvre un débat. Elle bouscule l'ordre naturel de la filiation. Ce phénomène de bascule, si intrigant.

Ce livre est juste beau. Et ce mot prend ici toute son ampleur. Beau avec l'idée de grâce. Beau dans son intention et son intensité. Un réel ravissement pour le coeur. le mien fut tour à tour retourné, serré, léger. Mais battant toujours fort.

François d'Epenoux use d'un style propre à lui, sa signature. Celle que j'aime retrouver dans chacun de ses livres. de la subtilité dans les émotions, un humour fin et léger au service de personnages poignants capables de dépasser leurs limites. Jamais un mot de trop. Un vocabulaire riche et précis pour un roman très vivant et sensoriel. L'auteur m'a prise par la main pour m'ouvrir le chemin à la rencontre de ses personnages. Il m'a ensuite laissée me glisser dans leur ombre et plus précisément dans la peau de ce père. Alors la magie a opéré, comme lui, j'ai alternativement vibré, vacillé, espéré. J'y étais…

Ce treizième opus généreux, humble et plein d'humanité est à l'exacte image de François d'Epenoux.

Voilà donc pourquoi j'aime !

En résumé, ce texte est un véritable éloge de l'amour paternel et du respect.

Bonus : je ne parlais pas de théâtre innocemment… Je trouve dans cette belle histoire, des ombres, des similitudes, des croisements, des interactions sur les chaotiques relations parent-enfant, avec la superbe pièce de Florian Zellerle fils.

Jouée par deux personnages principaux, Rod Paradot, le fils et Stéphane Freiss, le père. Pièce jugée par la critique, comme une grande oeuvre contemporaine.
Lien : https://laparenthesedeceline..
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Une belle leçon de vie !

Agréablement surprise par ce roman. Nous suivons ici Éric et son fils, que tout oppose.

Niels se bat pour ses idéaux, pour une vie plus simple, pour la planète mais son père ne comprend pas ses choix. Très vite la situation se dégrade.

Une relation père-fils comme on en voit peu. Un relation dysfonctionnelle qui met en lumière deux mondes que tout oppose.
Ils vont déconstruire les préjugés de l'autre.

J'ai été touchée par leur relation, de l'amour maladroit. Elle est incroyablement bien retranscrite, elle est belle.
Les engagements de Niels pour une vie plus simple, pour la planète sont aussi hyper admirables. Il est très touchant même si au début il m'a paru très égoïste.

Une très belle histoire d'actualité à lire.



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