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EAN : 9782266336673
240 pages
Pocket (04/01/2024)
3.92/5   105 notes
Résumé :
À travers une relation père-fils conflictuelle, une réflexion très actuelle sur le défi de la transition écologique, les limites de la société consumériste, le besoin de se recentrer sur l’essentiel...

Niels, 25 ans, habite depuis des années dans une cabane sans eau ni électricité sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. Il vit de dons et des produits de son potager. Un été, il débarque à l’improviste dans la maison de vacances familiale, accompagné de sa... >Voir plus
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Lorsque Niels accepte de venir passer quelques temps dans la maison familiale, on comprend d'emblée les efforts énormes que le narrateur va devoir déployer pour accepter le comportement de son fils. Sale, vêtu de loques, peu enclin aux échanges et accro aux pétards. Seule sa jeune amie trouve grâce aux yeux du père, malgré les choix de vie aussi marginaux que ceux de Niels. Et pourtant les raisons en sont vertueuses, consommation minimaliste, décroissance, protection de la planète . Niels passe d'ailleurs le plus clair de son temps sur la ZAD près De Nantes, là où le projet d'aéroport crée le conflit. Jusqu'où le père pourra t-il accepter la provocation manifeste, au-delà des convictions politiques ?

François D Épenoux analyse avec une grande acuité cette relation conflictuelle, celle d'un père et de son fils mais aussi celle de deux générations qui ont été construites sur des bases bien différentes. Malgré l'amour qui les lie, la confrontation est inéluctable.

Le roman met aussi en évidence la fragilité des acquis et le risque universel de perdre un équilibre somme toute précaire, sur un marché du travail dépourvu d'humanité.

La vie sur la ZAD prend des allures d'utopie, où l'entraide, la fraternité et la solidarité ne sont pas que des mots.

Un roman de lecture agréable , qui soulève des questions existentielles intéressantes, avec parfois un peu d'angélisme, sans que cela ne ruine la cohérence du récit.

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Le père, le fils et la ZAD

Avec ce nouveau roman François d'Epenoux raconte les difficiles relations entre un père et son fils. Autour de l'engagement écologique, il pose aussi la question des choix de vie et de notre avenir. Émouvant, riche, fort.

Éric passe des vacances avec sa mère, son épouse et leur fils dans la maison familiale de Lacanau-Océan lorsqu'il a la surprise de voir débarquer son fils aîné, zadiste installé à Notre-Dame-des-Landes.
Son arrivée est d'abord un soulagement, car Niels ne donnait plus guère de nouvelles et il avait fallu un reportage sur les opposants au projet d'aéroport pour pouvoir enfin le localiser. Comme sa copine Tania est sympathique et que son chien ne cause pas de gros dégâts, les premiers jours se passent plutôt bien. Mais l'incompréhension pour ce choix de vie et les vieilles rancoeurs vont vite envenimer l'atmosphère.
Quand Niels a annoncé que Tania partait pour dix jours ramasser des melons et que lui restait à Lacanau avec son chien, Éric n'a pas pu se retenir de lui lancer une pique. Qui a appelé une réplique cinglante. Et toutes les tentatives pour calmer le père et son fils ne feront que cristalliser leurs positions jusqu'à l'esclandre final. Et voilà Niels à nouveau sur les routes...
Deux années passent alors durant lesquelles Éric va être victime de la violence économique. Licencié de l'agence de pub où il travaillait, il a beau essayer de rebondir mais il doit à chaque fois faire le douloureux constat que les quinquagénaires sont, sur ce créneau bien particulier, les victimes d'un système qui va toujours privilégier les jeunes sous-payés. C'est alors très vite la dégringolade vers la précarité. Jusqu'à ce jour d'août où il décide de tout plaquer et de partir à son tour pour Notre-Dame-des-Landes. Sur place, il est confronté à une ambiance, «mi-cathédrale mi-arche de Noé, mi-sanctuaire mi-camp de vacances». Mais cela semble lui convenir. «Après des mois d'asphyxie, je respirais enfin.»
Mais pour autant, parviendra-t-il à reconstruire une relation avec Niels? Est-il prêt à des concessions? C'est tout l'enjeu de la seconde partie du roman, riche en émotions mais aussi en questionnements sur nos choix de vie, sur l'urgence climatique et sur la terre que nous laisserons à nos enfants. En se concentrant sur l'expérience vécue par Éric, François d'Epenoux évite l'analyse et le manichéisme pour la sensualité, l'élan vital. Sentir le vrai goût d'une tomate est alors bien plus enrichissant que tous les discours militants. Comme dans ses précédents romans, il se sert d'une plume fluide teintée d'un humour léger pour dire cette relation père-fils où, derrière les conflits, l'amour n'est jamais très loin. Un petit bonheur qui donne envie de s'approprier cette culture différente, de s'engager et de partager. Et pour cela, il faut aller jusqu'à inverser les rôles. Et voilà le fils essayant de ré-éduquer son père, de le ramener à l'essentiel. Mais n'est-il pas déjà trop tard?


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« Le roi-nu-pieds » est un roman qui décrypte une leçon de vie. Pas celle d'un adolescent en passe de devenir adulte, celle d'un adulte qui doit remettre l'essentiel au centre de son tout. le récit de François d'Epenoux s'axe sur des relations père-fils qui ne parviennent plus à se comprendre. « Ce qui est tragique, Niels, c'est que tu prennes tout au sérieux à ce point. C'est là que, avec des gens comme toi, j'ai un problème sur la forme. Pourquoi toujours ces grands mots ? ces tirades toutes faites, sentencieuses, définitives ? Pourquoi ce look dégueu ? Ça vous rend plus crédibles ? On peut mener de très beaux combats avec une chemise propre, tu sais ? » Après un été dans la maison familiale durant lequel une terrible dispute éclate, le père excédé par ce fils qu'il ne reconnaît pas lui demande de débarrasser le plancher.
L'injonction est violente, sans appel, irrémédiable. Des dissensions qui semblent insurmontables séparent le père et le fils : une façon différente de vivre et d'appréhender l'avenir créent un fossé de plus en plus infranchissable.
Deux années passent, années durant lesquelles le Covid change beaucoup de choses dans l'existence de chacun. Eric, le père perd son emploi, sa « vitrine sociale », sa raison d'être. « C'est à peine si vous n'y trouvez pas une sorte de confort : c'est douloureux mais c'est douillet d'aller mal. Vous êtes là, hébété, devant un robinet coupé. Celui de votre existence sur terre. Plus d'argent, plus d'amour, plus d'humour, plus d'estime de soi, plus de désir, ça sonne creux et rouillé. Ce n'est pas encore vraiment la mort–sinon, une mort sociale–, mais ce n'est plus vraiment la vie dans ce qu'elle a de palpitant, d'enthousiasmant, d'optimiste. C'est une vie par défaut. Une sorte de non -vie. »
Les dettes s'accumulent. Il ne trouve plus de sens à son existence. Qui est-il en dehors de son travail ? Il décide alors de rejoindre son fils qui habite depuis plusieurs mois dans la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. Les retrouvailles entre Eric et Niels se feront sur un terrain différent de celui de la maison familiale, sur les terres de Niels, ce qui oblige Eric à écouter, et tenter de comprendre son fils en le regardant vivre. Il va tâcher de renouer les liens avec cet enfant dont il ne comprend ni le mode de vie, ni les attentes, ni les espoirs.

Le roman se découpe en plusieurs parties. La première est consacrée au père, à son confort, bourgeois, à l'argent qu'il gagne, aux récriminations qu'il fait à son fils sur son mode de vie, aux critiques acerbes qu'il lui envoie verbalement, et aux mots de trop. La suite sera consacrée aux changements que le père va devoir mettre en place pour accepter son nouvel état de « chômeur ». Ce qui est très intéressant dans « Le roi-nu-pieds », c'est la source de la quête initiatique : celui qui apprend, qui progresse, qui évolue n'est pas le fils, c'est le père. Ici, c'est Niels qui donne une leçon de vie à Eric, et pas l'inverse. Eric doit apprendre à reconsidérer ce qu'il pensait être l'essentiel. Son mode de vie, son confort, sa belle voiture, les destinations de vacances prestigieuses, tous ces items qui prouvent à la société que l'on a réussi. Qu'est-ce que la réussite finalement ? À quel moment peut-on dire que l'on a réussi sa vie ? le travail nous définit-il en tant que tel ? Et surtout, que/qui sommes-nous en dehors du travail ? Eric doit apprendre à exister par lui-même, et sortir du « Je travaille donc je suis. »

« Le roi-nu-pieds » est aussi un roman sur les relations père/ fils, et les antagonismes de génération entre deux hommes que plusieurs années séparent. L'éducation qu'Eric a reçue, puis transmise à Niels, est remise en question. Parce que le monde avance vite, et que les problématiques ne sont plus les mêmes. Niels est très préoccupé par l'écologie, la transition écologique, la surconsommation. Ses préoccupations n'étaient pas celles du père, c'est-à-dire celles de la génération précédente, d'où le fossé qui s'est creusé entre parent et enfant. Si vous avez des enfants, vous comprendrez sans doute de quoi je parle. Ils sont plus impliqués écologiquement parlant. Ils nous donnent des leçons. Ils critiquent l'héritage que nous avons laissé. Ils sont en colère face à notre désinvolture. Ils veulent nous sensibiliser à la fois à nos comportements passés mais aussi ceux à venir. C'est tout cela qui se joue dans le roman de François d'Epenoux. « Je n'en sais rien, Papa. À toi de voir. Moi, ma façon d'agir, c'est de ne pas agir. D'alléger mon poids sur la Terre. de vivre en creux. D'être neutre, presque invisible, inexistant. de croire à la solidarité et au partage, sans emmerder personne. Ça paraît naïf, je sais, ça fait grands discours… Mais ça ne coûte rien de rêver… »

Comme dans plusieurs de ses romans précédents, l'écrivain se penche à la fois sur les relations humaines, père/fils, grand-père/petit-fils, mais aussi sur des questionnements personnels. Chaque individu arrive à un moment de sa vie où il se pose des questions sur lui-même et sur le chemin parcouru. Parfois, à cause d'une insatisfaction chronique, ou d'une terrible perte, ou d'une rupture, ou d'un changement suffisamment important pour susciter la réflexion. Ici, Eric redécouvre les besoins primaires de la pyramide de Maslow, ne pas surconsommer, travailler la terre et profiter de ce qu'elle offre, se rendre compte qu'afficher des signes extérieurs de richesse ne rend pas heureux, que le travail même s'il est nécessaire ne le définit pas en tant qu'être humain. « Ce n'était pas seulement la faim qui faisait cet effet. C'était autre chose. Je retrouvais le goût, rien de moins, comme au premier jour du monde. Je me goinfrais de dessert, comme si, trop longtemps, j'en avais été privé. Je revenais à la vie dans ce qu'elle a de meilleur. Ainsi donc, dans la catastrophe annoncée, sur cette terre en perdition, il y avait encore de vraies tomates, de vraies courgettes, de vrais melons, mais aussi sûrement qu'ailleurs, il y avait la mer, toujours là malgré tout, et les arbres, et la beauté des choses, méritante, obstinée, désespérément optimiste. C'était fabuleux. » Enfin, et c'est ce que j'aime tout particulièrement dans les romans de François, il décortique la difficulté de communication entre les êtres : s'écouter, se comprendre, échanger, se réapprivoiser, reconstruire une relation qui a été fortement mise à mal par incompréhension ou à cause d'un événement précis n'est pas mission impossible. Les choses ne sont jamais perdues d'avance chez l'écrivain, les fossés peuvent se combler, les êtres changer, et les leçons s'apprendre à tout âge.

Les romans de François d'Epenoux restent résolument optimistes. Il possède une foi inébranlable en l'homme qu'il juge capable de changer, car Eric change, et change en profondeur, comme s'il avait été aveugle toutes ces années, et que d'un seul coup, il recouvre la vue. « Ici, c'est un champ de roses à côté de Paris et de la façon avec laquelle on jette les gens comme des Kleenex quand on n'a plus besoin d'eux. Jusqu'à ce qu'ils aient envie de disparaître pour de bon. Quand je pense à ces dernières années, je les vois agrégées, grises, lourdes. Comme si j'avais eu les pieds pris dans un bloc de ciment. Entraîné par le fond…entraîné, malgré moi, sur une vie toute tracée, sans rien pouvoir y changer malgré tous mes désirs… Tu sais, ça me fait penser à ces gamins dans les manèges, qui tournent frénétiquement le volant de leur voiture, comme si ça servait à quelque chose… » C'est sans doute la grande différence entre l'optimisme de l'auteur, et mon pessimisme qui me fait penser à l'incapacité de l'homme à changer qui me fait tant aimer ses romans. Mais comme le dit si bien Niels, « ça ne coûte rien de rêver ». Alors, je rêve, en lisant les livres de François qui parle plus à mon coeur qu'à mon cerveau, qui sont plus enclins à me faire ressentir de belles émotions qu'analyser avec froideur le monde dans lequel je vis.

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Niels, le fils d'Éric, est parti vivre dans une ZAD (Zone à défendre), à Notre-Dame-des-Landes. Là-bas, il a rencontré des personnes qui ont la même vision de la vie que lui, la même envie de revenir à l'essentiel, et de s'éloigner de cette société de consommation.
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Pour Éric, tout ceci n'est sûrement qu'un passage, une façon de se rebeller contre la société, parce qu'il faut bien le dire, c'est un peu à la mode. Des hippies du 21ème siècle, on en voit de plus en plus. Ils sont là, ils protestent, ils vivent en marge de la société. En tout cas, il espère que tout ça va se tasser, rentrer dans l'ordre. Car depuis que Niels les a rejoints pour les vacances, Éric a pris la mesure du changement. Son fils est "un roi aux pieds nus" qui ne sent pas toujours la rose. Et puis, ça rime à quoi de marcher sans chaussures, de porter des vêtements usés, à la propreté douteuse ? de quoi a-t-il l'air dans la rue ! Il peut lui en offrir, lui, des vêtements neufs. Et cette nonchalance ! C'est ce qu'il y a de plus agaçant la nonchalance. Il ne voit pas, Niels, qu'il frise l'impolitesse, le manque de respect ? Cette fois c'est trop, il a été conciliant mais là il ne peut plus supporter. Alors la colère prend le dessus et les mots, les gestes, sont brutaux. Qu'il débarrasse le plancher et qu'il ne revienne pas ! Quand même, il faut qu'il grandisse un peu, qu'il prenne conscience que la vie, ce n'est pas ça. Ah, mais tout le problème est là, c'est quoi la vie ?
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Il est vrai qu'Éric, lui, a bien du mal à comprendre. Il est l'image même de la réussite sociale. Il est bien dans son époque, il vit dans le confort, voire le surconfort. Un mode de vie auquel on peut rarement échapper, car la société veille à nous l'imposer, elle s'assure qu'on ne puisse pas dévier de cette trajectoire consumériste qu'elle a soigneusement tracée pour nous. Au risque de se voir pointé du doigt par la population bienpensante. Jusqu'au jour où la vie se révolte et nous joue un vilain tour. Car personne n'est jamais à l'abri, même sur un piédestal. Et que reste-t-il quand on a tout perdu, emploi, statut social, femme et enfants ? Que les dettes s'accumulent et qu'il n'y a plus d'échappatoire ?
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Seul, acculé, Éric décide de renouer avec son fils. Là-bas, dans cette ZAD, il découvre un autre monde, une communauté d'entraide et de partage, des personnes de tout âge et de tout horizon mais portées par des aspirations communes. Éric a déjà perdu sa défiance, son assurance. On découvre désormais dans son regard toute la fierté et l'admiration qu'il éprouve pour son fils, qui a construit sa propre “maison”, travaille du lever au coucher du soleil, cultive ses légumes. Et il faut voir comme il est beau son potager ! La vérité c'est que Niels semble avoir trouvé son bonheur, et qu'il est en paix avec lui-même. Peut-être pourrait-il en faire autant ?
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Le roi-nu-pieds”, c'est l'histoire d'un père et de son fils, d'une relation à la communication défectueuse, comme cela arrive souvent entre différentes générations. C'est une histoire qui parle d'amour, filial ou parental c'est selon, de ce que chacun peut apporter à l'autre, car les enfants aussi ont des choses à apprendre aux parents. A travers ces deux figures, celle du fils et celle du père, l'auteur met également en lumière une problématique qui nous concerne tous, l'avenir de la planète.
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J'ai été touchée par le personnage de Niels, par ses propos, son incroyable résolution et son espoir. Si, au début du récit, Niels peut paraître un peu immature, sans doute car nous sommes soumis au point de vue du père, je l'ai en réalité trouvé très sensé et réaliste. J'ai été surprise par sa tolérance. On aurait pu croire que sa conscience du monde puisse le rendre haineux envers tous ces gens qui vivent dans la démesure. Mais il ne semble pas vraiment vouloir convaincre à tout prix. La démarche ne peut venir que de nous.
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J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman, pour les thèmes qu'il aborde et la façon dont ils sont traités. C'est une histoire qui m'a émue pour des raisons personnelles, parce que l'auteur a posé des mots justes sur des sujets qui me tiennent à coeur. Parce qu'il n'y a pas de malveillance, d'un côté comme de l'autre. Au fil du récit, les préjugés sont habilement déconstruits. J'ai à nouveau été séduite par la plume de l'auteur, que j'avais découverte dans “Les désossés”. Une plume qui convoque facilement l'empathie et m'emporte inévitablement dans son histoire.
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Ma chronique est sur le blog.
Caroline - le murmure des âmes livres
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Mais pourquoi diable les pères ont ils autant de mal à exprimer leurs sentiments. Pourquoi, alors même qu'ils sont en admiration devant leurs enfants sont ils plus prompts à faire des reproches qu'à montrer leur amour? C'est ce qu'il vient à l'esprit quand on observe Eric et Niels.
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C'est vrai que tout les oppose. Éric est free lance dans la pub, remarié et père d'un jeune garçon. Niels lui a coupé les ponts deux ans plus tôt et a choisi la marginalité en rejoignant Notre Dame des Landes, poussé par une conscience écologique aiguë, virant presque à l'intégrisme,
Alors quant il annonce sa venue à Lacanau dans la maison familiale, la fébrilité et l'impatience s'emparent de tous, en même temps qu'une certaine crainte. Tous marchent sur des oeufs pour préserver le délicat équilibre de ces retrouvailles mais entre orgueil paternel et provocations du fils, la crise qui couve tel un orage finit par éclater et fait voler en éclat ces impossible retrouvailles. Premier acte d'une histoire à rebondissement.
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Première rencontre avec la plume de Francois d'Epernoux et c'est un coup de foudre. Des les premières lignes je suis tombée sous son charme tant elle est riche et belle, emplie de poésie, imagée avec soin autant lorsqu'elle décrit les ambiances que lorsqu'elle dépeint les sentiments. Dès lors, les mots se font velours pour décrire la pudeur infinie entre ces deux écorchés, la maladresse et l'amour enfoui mais toujours bien présent. Ils se font coup de poing quand la colère trop longtemps contenue explose et saccage les liens ténus qu'ils avaient réussi à renouer. Mais à chaque fois ils sont justes et touchent en plein coeur
La deuxième partie du roman chemine vers la réconciliation, et revêt presque des allures de conte. Elle m'a un peu moins convaincue peut être parce que la quatrième de couverture, beaucoup trop bavarde sur la suite de l'intrigue, m'a ôté la surprise du principal rebondissement. Mais c'est une partie qui a le mérite d'éclairer le combat idéologique de ces hommes et femmes prêts à tout pour un idéal tout en démontrant la fragilité de nos existences dans nos sociétés décadentes. Une illustration convaincante et touchante qui pousse à la réflexion.
En conclusion ce roman n'est pas sans rappeler le très beau «  ce qu'il faut de nuit ». Leur propos les rapproche mais c'est surtout la délicatesse et la tendresse infinie qui les unit. Une très belle découverte grâce au Prix Orange du Livre
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
— Pourquoi tu marches pieds nus ? t’a demandé Hugo un jour dans la voiture, alors que nous roulions vers la mer.
— Parce que j’suis un beatnik...
— Moi aussi je veux être beatnik ! a répondu ton petit frère.
À Lacanau-Océan, les braves baigneurs et les bons bourgeois se retournaient sur toi. Un zonard marchant pieds nus, indifférent aux mégots, aux chewing-gums écrasés et aux traces de pipis de chien, ça ne se voyait pas souvent par ici. Les mêmes me regardaient avec un mélange d’admiration et de commisération : avec mon short blanc, mon polo, mes espadrilles et ma bonne mine, j’avais tout du bon chrétien s’occupant d’un jeune en difficulté. Au premier coup d’œil, pas évident de savoir que nous étions père et fils. J’étais donc un type bien, consacrant une partie de ses vacances à remettre un délinquant dans le droit chemin. Chapeau.
Alors que nous attendions un panini en train d’être pr鬬paré, tu t’es assis par terre. Pourquoi ? Mystère. Je trouvais que tu en faisais trop. Sur cette promenade de station balnéaire, des bancs étaient installés tous les cinq mètres.
— Tu sais que tu as le droit de t’asseoir, t’ai-je dit en cachant mal mon irritation.
— J’aime bien le contact avec le sol.
Tania t’a imité. On ne voyait que vous. J’étais mal à l’aise. Le bon Samaritain commençait à voir rouge. J’ai réussi à me calmer. Tenir le coup. Ne surtout pas tout gâcher, tel était mon mantra.
— Et tu sais que je peux aussi t’acheter un pantalon neuf, ai-je insisté.
Tu as ricané sous ta tignasse.
— Plus tu me le diras, moins j’aurai envie de le faire.
Pas question de me décourager. J’ai continué sur un mode plus léger.
— Pas un pantalon fabriqué par des petits Asiatiques exploités, rassure-toi. Un pantalon cent pour cent éthique, biodégradable, recyclable, recyclé, tout ce que tu veux. Avec plein d’étiquettes vertueuses dessus. Ça coûtera ce que ça coûtera.
— Un pantalon de bobo, quoi. Un truc qu’on trouve dans le Marais.
— Juste un pantalon. Propre.
Toujours assis par terre, tu m’as regardé presque gentiment.
— D’occasion, je ne dis pas. C’est fabriqué, c’est là, ça existe, alors autant le porter. Mais pas un pantalon neuf, papa. Il y a largement assez de choses sur terre pour ne pas en rajouter. Les usines, faut arrêter. À peu près tout peut être recyclé, réparé, récupéré. Merci quand même.
— De rien.
Nous irions donc, quelques jours plus tard, à la Croix-Rouge du Porge te dénicher un pantalon en toile à dix euros. Il t’irait comme un gant. Aucun mérite, un rien t’habillait. Je devais me le tenir pour dit : seules ces seconde main, par ailleurs impeccables, trouvaient grâce à tes yeux. Ce qui ne t’avait pas empêché, une demi-heure après cette grande tirade, de faire un drôle de choix chez le glacier.
— Nutella, s’il vous plaît.
— Hein ?
Anna en avait avalé son cornet de travers.
— Nutella ? Toi, tu choisis Nutella, Niels ? Et les orangs¬¬outans ? Et la forêt primaire rasée pour cette saloperie d’huile de palme ?
— Booah...
Elle était estomaquée. Moi aussi. Manifestement, ta conscience écologique fondait d’un coup là où commençait le plaisir d’une boule de glace industrielle. Nutella, merde alors ! Nutella, pâte marron bien connue, symbole quasi scatologique de la boulimie capitaliste et du surpoids occidental. La dévastation, prix à payer pour devenir obèse en toute tranquillité. Si l’homme est pétri de contradictions, alors tu devais être sacrément malaxé. Pour penser à autre chose, nous sommes allés contempler le spectacle du soleil en train de décliner à l’horizon. Comme lui, j’avais envie de me coucher. J’étais fatigué.
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Les premières pages du livre
Des jours et des jours que le volcan Soleil était en éruption. Là-haut, sa bouche bien ronde crachait sans relâche une lave bouillonnante, dont les coulées jaune d’or dévalaient d’infinies pentes bleu roi. Comme chaque été, ce Vésuve céleste avait repris son activité. Et comme chaque été, ses langues incandescentes semblaient ensevelir toujours plus puissamment le paysage. Au zénith, pas âme qui vive, rien ne frémissait, rien ne tremblait, sinon les vapeurs de chaleur au-dessus du bitume, lequel paraissait lui-même en train de se ramollir, plus mou que la résine perlant au tronc des pins. « Des pins grillés », rigolait Mamine.
Oui, dans les environs, toute chose semblait avoir été foudroyée net, pétrifiée : les routes, les dunes, le sable, les genêts, les mimosas poussiéreux. Les gens. Y compris le lac, de plomb fondu. Y compris, qui sait, l’océan, dont on n’entendait plus le murmure lancinant – peut-être, lui aussi, avait-il été statufié en désert de roches. Entre deux lentes expirations de la terre, qui faisait monter, exténuée, son haleine chaude vers le ciel, seules les cigales jouaient de leur crincrin, histoire de mieux donner à ce coin du Sud-Ouest un air de western local.
*
C’est par cette journée de feu que tu as décidé de t’annoncer.
— Il arrive, a soudain lancé Mamine, le nez sur son smartphone, et tout le monde a compris.
— Mais quand ? ai-je réagi, à tout hasard.
Ma mère a consulté à nouveau son écran.
— Ce soir, en stop, avec Tania et le chien.
On était début juillet, un jeudi.

Aussitôt, dans la torpeur ambiante d’après déjeuner, un vent s’est levé – celui d’une légère panique. D’ailleurs, moi aussi je me suis levé, et sans la moindre raison. Anna, elle, a choisi de foncer droit vers la cuisine, pour faire quelque chose, n’importe quoi, mais quelque chose. Quant à Hugo, il souriait, déjà gagné par l’excitation des enfants : entre lui et son grand frère, ce n’étaient pas tant les dix-sept années d’écart qui posaient problème, ni le fait que toi et lui soyez nés de mamans différentes, non, c’était plutôt les semestres entiers de distance et de silence qui cloisonnaient nos vies. Alors, te voir débarquer comme ça, à l’improviste, c’était Noël en plein été. Finalement, il n’y a que Mamine qui a gardé son calme : ce n’était pas à soixante-dix-huit ans qu’elle allait se mettre la rate au court-bouillon pour un petit-fils un peu marginal. Marginale, elle l’avait été elle aussi, à sa façon. « Il arrive », sans prévenir, oui, bon, et alors ? Réjouissons-nous, voilà tout.

De fait, en fin d’après-midi, tu es « arrivé ». Au détour de l’allée, derrière les maisons, nous avons entendu une voiture s’arrêter, un échange de voix, des portières claquer, et la voiture redémarrer. Ce qu’il restait de bruit dans la nature s’est soudain tu – ¬et nous aussi. Nous étions comme à l’arrêt. Mieux : à l’affût. C’est alors que tu es apparu le premier, ton éternel sac marin kaki en bandoulière. Flamboyant. Royal. Voire impérial. Oui, c’est ça que je me suis dit, et tout le monde pareil, j’imagine, en te voyant : même en guenilles, les pieds nus et tes cheveux roux en bataille, le pantalon de treillis huileux, le T-shirt taché, déchiré et tagué au feutre, tu avais de l’allure. Une drôle de gueule, mais une gueule folle.
Tu t’es approché. Une barbe clairsemée, encore assez duveteuse, mangeait tes joues par endroits. Mais c’était sur¬¬tout ce qui te tenait lieu de coiffure qui m’intriguait. Tu portais une coupe paradoxale, contrariée, qui ¬n’obéissait à aucune logique, avec des mèches si plaquées qu’elles sem¬¬blaient constamment mouillées, et d’autres hérissées en pointes dures. L’ensemble donnait l’impression d’un shampoing interrompu. C’était anarchique, bizarre. Mais tu avais beau faire, ton apparence globale de punk à chien n’y changeait rien : couronné d’or et du haut de ton mètre quatre-vingt-douze, tu avais tout du clochard céleste. Un roi aux pieds nus, en somme, à l’image de la comtesse de Mankiewicz.
Du reste, comme tout souverain qui se respecte, tu avais ta suite : une petite brune en sarouel et sandales, visage délicat, regard lumineux, peau mate, belles dents blanches, cheveux teints au henné, Tania, donc ; et un chien immense mais avenant, au poil ras parsemé de taches feu, précédé d’un long museau qui invitait aux caresses. Dans ton regard miel, j’ai vu que tu savais, quand même, l’effet que ce spectacle produisait. Tu as eu un sourire, le premier depuis longtemps.
— Eh ben... quel comité d’accueil...
C’est vrai qu’alignés ainsi en rang d’oignons, nous devions avoir l’air de gens de maison accueillant leur lord sur le perron d’un manoir écossais. Mais de manoir, point. La maison sous les pins était bohème à souhait, meublée de façon hétéroclite, remplie des mille et un objets de hasard qui avaient terminé entre ses murs, cadeaux de mariage au rebut, meubles démodés, tissus défraîchis. L’ensemble lui conférait un charme particulier, un peu suranné, jamais figé dans le passé, bien au contraire. Plutôt mouvant, entre deux eaux. Mamine l’appelait « la Maison Bateau », tant elle avait déjà transporté de vacanciers au fil des étés. L’étrave de son vieux mur en angle semblait repousser, sans fatiguer, l’énorme vague de la dune. Pour un peu, on aurait décelé un sillage de sable à sa poupe, laquelle battait pavillon pirate à grands claquements de serviettes de plage suspendues aux cordes à linge.
Quant au lord, on en était très loin aussi : à la seconde où je t’ai approché, puis embrassé, la majesté qui t’avait auréolé en a pris un sacré coup. Pardon, mais tu sentais quand même assez fort, mon Niels. De tes mèches poisseuses à tes orteils noirs, ta grande carcasse exhalait un mélange de sueur, de bière, de poulet tandoori, de chien mouillé, de vêtements pas frais, que sais-je encore. Tania s’y était faite, j’imagine. Elle, elle sentait le patchouli, c’était un peu trop puissant pour être honnête, mais rien de bien méchant. Juste les effluves d’un voyage un peu long.
— C’est pas possible, tu as encore grandi, t’ai-je lancé d’une voix enjouée. Fais voir ?
Selon un rituel bien au point, nous nous sommes collés l’un à l’autre, dos à dos. À la toise, tu me mettais au moins cinq centimètres dans la vue. Et encore, sans compter ta fameuse masse de cheveux aux reflets cuivrés, que tu ne tenais pas de moi – j’étais châtain. Les différences ne s’arrêtaient pas là. Toi, tu paraissais d’autant plus immense que tu étais fin, élancé, là où de mon côté je m’étais enrobé. Mes joues étaient pleines, les tiennes creusées, mes yeux étaient brun-vert, les tiens caramel, ma peau était un peu burinée par les années, la tienne d’une blancheur pâle de porcelaine. Tu te tenais un peu voûté et il y avait dans ton expression quelque chose de défiant. Je t’ai passé un bras autour des épaules, dans un geste maladroit, histoire de marquer le coup. Cérémonie inutile : à cet instant précis, le chien a décidé d’enfoncer son museau entre mes jambes, puis de le soulever brusquement, comme un taureau. Matador pris par surprise, j’ai failli chuter en faisant semblant de rire. Ne pas gâcher la fête, surtout. Ça démarrait fort.
— Il s’appelle comment, déjà ? ai-je chevroté, reprenant pied.
— Vaggy, as-tu répondu avant de gourmander gentiment ton molosse.
— OK... eh bien... bienvenue, Vaggy. Et bienvenue à vous tous. Vous avez soif ?
— Un peu.
— On vous a mis dans la chambre à bateau, a lancé Mamine, empressée.
Et Anna de confirmer :
— Pour le chien, c’est mieux.
Attenante au garage, la chambre à bateau était la seule qui possédait son entrée directe sur le jardin. On pouvait y cocotter tout à son aise, ça ne gênait personne, sauf, peut-être, les araignées et les mulots. L’endroit avait son lit double, sa penderie, son lavabo. Mon père s’y réfugiait quand il n’en pouvait plus des mômes. Un jour, j’y avais trouvé une bouteille de whisky et un début de manuscrit – excellents l’un comme l’autre. Cher papa, s’il avait vu quel spécimen était devenu ce petit-fils qu’il surnommait le Prince Anglais !

Voilà, ça a commencé comme ça. Avec un brin de fébrilité dans l’air, des gens qui veulent bien faire, la joie sincère des retrouvailles, l’envie de sauver ce qu’il y a à sauver : un reste de relations familiales, quelque chose qui tient du lien du sang et des souvenirs en commun. Bien sûr, les uns et les autres forcions un peu le trait. Comment faire autrement ? Il s’agissait de ménager les nouveaux arrivants, de ne pas aborder, en tout cas pas trop vite, les sujets qui fâchent. Nous marchions sur des œufs – en ayant tous en tête qu’on ne fait pas d’omelette sans en casser.
Depuis quand ne nous étions-nous pas croisés ? Presque un an et demi... physiquement, du moins. Car entre-temps, je t’avais revu, par hasard et par écran interposé, de la plus étrange façon. C’était en mai de l’année précédente. Il y avait déjà des semaines que tu avais disparu des radars. Tu avais « créché » (sic) ici ou là. Untel t’avait aperçu avec les gens de Nuit Debout, place de la République... Puis plus rien. On avait perdu ta piste. Pas de réponses aux appels, aux SMS, aux mails. Ni Jade, ton aînée, ni ta cadette Line n’en avaient non plus, à leur grande tristesse. Et pourtant, nées comme toi de mon premier mariage, elles avaient chacune pour toi une tendresse particulière. Comme moi, elles se faisaient un sang d’encre. De mon côté, je scrutais les journaux, les unes de la presse. Chaque fois qu’un SDF était retrouvé mort dans un fossé ou le long d’une voie ferrée, j’étais persuadé qu’il s’agissait de toi.
Et puis le miracle était survenu, un soir d’août. En attendant le journal de 20 heures – je n’en manquais pas un, et pour cause –, ta petite sœur Line, Anna et moi regardions distraitement une nouvelle émission sur Canal +. Ça s’appelait « Canal Bus ». L’idée consistait à envoyer une bande de joyeux drilles, à bord d’un minibus, explorer en caméra cachée les confins de la France profonde. Avec, en toile de fond, sous couvert d
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Il n’y a pas d’école de parents. On apprend sur le tas, on fait ce qu’on peut avec ce que l’on a, et puis tout à coup, l’enfant qu’on filmait hier en essuyant sa morve vous dépasse d’une tête, vous répond, vous en veut, vous fait payer vos fautes, ces fautes qui n’en sont pas.
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« Moi, je voulais écrire. Je n'avais pas besoin de grand-chose. Pas d'une grande baraque. Pas d’une belle bagnole. Juste écrire. La vie d'artiste dans une grange retapée, même à quatre, cinq ou six, ç'aurait été parfait. Or j'ai fait exactement le contraire. Grand appart, voiture, confort matériel. Va savoir pourquoi, j'ai coché toutes les cases des attributs bourgeois. Et en faisant ça, j'ai lancé un train derrière lequel j'ai couru toute ma vie. »
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Ici, on portait polos chics et shorts framboise, chaussures bateau ou espadrilles de bon aloi, pulls en cachemire noués sur les épaules, mais sans ostentation, juste avec l’aisance de ceux qui ont les codes depuis la naissance. Et toi, Tania à tes côtés, tu es arrivé là-dedans comme un chien dans un jeu de quilles, loqueteux, avec tes pieds nus, ton pantalon de treillis, ton T-shirt de rasta, tes bracelets en jonc, tes cheveux en salade renversée. Un chien des rues, plein de puces, au beau milieu de quilles bien formatées, poncées de près, en bois poli.
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Vidéo de François d' Epenoux
Découvrez l'émission intégrale ici : https://www.web-tv-culture.com/emission/fran-ois-d-epenoux-le-roi-nu-pieds-53569.html Nul doute que ce 13ème roman portera chance à François d'Epenoux tant il est une réussite et touche au coeur. Depuis son premier livre, « gégé », en 1995, sélectionné pour le Goncourt du 1er roman, François d'Epenoux a prouvé qu'il avait un réel talent à raconter des histoires qui nous parlent, nous ressemblent, nous rassemblent, nous interpellent. « Les années areuh », « le presque », « Même pas mal », « le réveil du coeur » sans oublier « Les papas du dimanche » ou « Deux jours à tuer » adaptés au cinéma… autant de titres qui ont installé François d'Epenoux dans l'univers littéraire français avec une écriture sensible, des histoires simples, une mélancolie douce qui n'oublie jamais d'accrocher un sourire, par élégance.
Voici donc le 13ème roman de François d'Epenoux et c'est sans doute son roman le plus personnel puisqu'il y raconte le lien complexe qui l'unit à son fils.
Voilà l'histoire. Eric a bien réussi. La quarantaine fringante, il passe ses vacances sur le bassin d'Arcachon, avec sa seconde épouse et leur fils, et Moumine, la grand-mère complice.
Mais débarque Niels, il est le fils d'un premier mariage. Niels a fait le choix d'une vie en marge de la société, d'une vie militante, il est zadiste à Notre Dame des Landes, près De Nantes où un programme d'aéroport agite les populations mais où des dizaines d'hommes et de femmes ont fait le choix de refuser ce projet quitte à entrer dans une lutte, aussi violente soit-elle. Pour Eric qui mène une vie plutôt rangée et bourgeoise, tout cela est incompréhensible.
Eric et Niels sont en pleine opposition. Pendant ce séjour estival, chacun essaie de sauver les apparences, d'éviter les sujets qui fâche, jusqu'au jour où le père éclate, incapable de supporter plus longtemps le mode de vie de son fils. Chassé de la maison familiale, Niels rejoint la ZAD. Deux ans plus tard, la roue a tourné, la vie d'Eric part en lambeaux et le désir de retrouver son fils se fait le plus fort. Mais est-il encore le temps des retrouvailles ? Peut-on renouer le lien quand tant de choses cous séparent ?
Sur le thème de la confrontation parents-enfants, sur la difficulté de se parler, de se comprendre, mais aussi sur un monde qui court à sa perte et sur la façon dont chacun tente d'y remédier, François d'Epenoux écrit un roman puissant, fort, triste et beau à la fois, porté par une écriture bouleversante et sensible.
C'est un coup de coeur.
« le roi nu pieds » de François d'Epenoux est publié aux éditions Anne Carrière.
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