AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,06

sur 129 notes
5
10 avis
4
8 avis
3
3 avis
2
2 avis
1
0 avis
Ce roman relate presque tout un siècle dans une réserve indienne qui accueille, en 1912, le Père Damien venu remplacer son prédécesseur.
Le Père Damien tiendra compte au Pape des événements et des difficultés qu'il rencontrera toutes ces années dans cette réserve où cohabitent plusieurs familles ennemies. Mais ce qu'il cachera jusqu'à la fin - et que nous savons, nous - c'est qu'il n'est autre qu'Agnès, une jeune soeur qui aura eu son lot de péripéties avant de se retrouver dans la peau de ce jeune Père. C'est ainsi que de 1912 jusqu'en 1996, année où nous le retrouvons entre toutes les digressions autour des différents membres de la tribu des Ojibwés, Agnès camouflera sa véritable identité jusqu'à ne plus vraiment la posséder.
C'est lors de la venue du Père Jude, venu enquêter sur la possible sainteté de soeur Leopolda, que toute l'histoire des familles Kashpaw, Nanapush, Puyat, Morrissey et Lazare se racontera au fil des années.
Louise Erdrich y aborde bien sûr les cultures et religions ancestrales et l'impact des missionnaires venus apporter le catholicisme, les enfants arrachés à leur famille et envoyés dans des internats censés les civiliser, la pauvreté et l'alcool, les terres volées par les Blancs à des hommes qui n'ont pas la notion de propriété; le surnaturel, les esprits se mêlent intimement à la vie de ceux qui restent, les soutenant les attirant parfois auprès d'eux.
J'ai énormément aimé ce livre de Louise Erdrich, le premier pour moi et pas le plus encensé, je pense du coup bientôt continuer avec d'autres plus connus, espérant y trouver la même passion.
Lien : http://pourunmot.blogspot.fr..
Commenter  J’apprécie          390
Une fresque complexe, touffue, le destin d'une femme et l'histoire d'un missionnaire dans une tribu amérindienne de l'ouest des États-Unis.

Ce dernier rapport, c'est un peu les mémoires du prêtre, en passant d'une époque à l'autre, de 1910 à 1996. Est-ce qu'on saura tout ce qui s'est vraiment passé à Little No Horse ? Au lecteur de juger. La narration discontinue d'un chapitre à l'autre présente le fil des événements comme un puzzle dont on assemble peu à peu les pièces. de plus, le récit prend parfois des allures d'allégorie, où peuvent intervenir la magie et le rêve.

Mais si on est capable de laisser de côté l'esprit très cartésien, on est en face d'un roman fascinant, qui nous entraîne à travers des thèmes puissants. Il sera question de musique, de spiritualité et d'histoire amérindienne. Il y aura des catastrophes naturelles, des épidémies et des guerres, des amours et des passions charnelles, des solidarités, des trahisons et des haines de clans, des légendes et des croyances.

Une grande autrice qui raconte avec brio une vie étrange et des moments de l'histoire d'un peuple.
Commenter  J’apprécie          360
« Quand il retrouvait sa lucidité, le père Damien retournait à son bureau pour la soirée, un lieu où il refusait qu'on le dérangeât. Là, il écrivait de violentes diatribes politiques, des lettres ecclésiastiques lourdes de reproches, des mémoires de la vie sur la réserve pour des revues d'histoire, et de la poésie. Il rédigeait aussi de longs documents, qu'il dénommait rapports, à envoyer au Pape – en fait, il s'était adressé à chaque pontife depuis qu'il était arrivé, en 1912. »

La figure centrale de ce roman bigarré et peu conventionnel est un prêtre, le Père Damien Modeste. le lecteur fait sa connaissance au crépuscule de sa vie, en 1996, alors qu'il reçoit la visite d'un collègue plus jeune, Jude Miller. Celui-ci a été envoyé dans cette réserve Ojibwé, située dans le Dakota du Nord, pour enquêter sur une religieuse d'origine autochtone, Soeur Léopolda, qui aurait été une sainte…

Mais Damien n'est pas seulement ce qu'il paraît être. Il a lui aussi un passé chaotique et bien des secrets. Je préfère ne pas trahir le plus grand d'entre eux, même s'il est dévoilé au tout début du roman et que d'autre critiques n'en font pas mystère. La présentation de l'éditeur ne le mentionne pas et je préfère laisser la surprise de la découverte, qui personnellement m'a stupéfié. Ce qui, au passage, me conforte dans ma préférence d'en savoir le moins possible avant de me plonger dans un nouveau livre…

Il faut dire que le mélange entre le mode de vie des Ojibwé et la morale catholique est assez explosif ! J'ai été tout d'abord intimidé par un arbre généalogique figurant sur les deux premières pages, retraçant les mariages religieux ou traditionnels, parfois les deux, les liaisons compliquées entre familles... Il me paraissait bien obscur. Mais pourtant, grâce à lui, je ne me suis pas perdu dans les méandres de ce roman qui court à travers tout le vingtième siècle.

C'est aussi, au-delà du personnage de Damien, un roman foisonnant de personnages totalement imprévisibles, capables de tout pour survivre ou s'imposer.
Commenter  J’apprécie          347
Une histoire pas simple, confuse et embrouillée, mais pas inintéressante.
Agnès, alias le père Damien, à près de cent ans, nous raconte sa vie plus qu'originale.
Dans le Dakota, il écrit des tas de lettres au pape, sur les étranges comportements des indiens métissés dont il a la charge, fait de nombreux rapports, détaille comment il a usurpé l'identité d'un prêtre.
Pas facile de s'y retrouver dans tous les personnages, malgré l'arbre généalogique pas évident lui-même.
Cette histoire semble intemporelle. Difficile d'imaginer qu'elle se passe jusqu'en 1996.
Si je l'ai lue avec plaisir, j'avoue avoir été parfois un peu lassée et avoir survolé quelques passages, ce qui évidemment ne m'a pas aidé à clarifier certaines situations.
En bref, je ne suis pas mécontente de l'avoir terminé tout en étant contente de l'avoir lu.
Un peu contradictoire, non ?
Commenter  J’apprécie          277
Voici un livre qui, comme l'histoire qu'il raconte et les principaux personnages qu'il décrit, ne se laisse pas facilement appréhender.
Bien sûr il est question choc de culture, de croyance, il est question de racisme de sexisme, il est question d'amour et de haine, il est question de vérité et de mensonge, mais la vraie question posée n'est-elle pas : qu'est ce qui fait de nous ce que nous sommes ?
il est question de foi, puisque le roman nous fait vivre l'incroyable
expérience d'un prêtre, mais de foi en l'Homme surtout, avec ses doutes, ses renoncements, ses amours et ses démons... ses miracles.
La lecture de ce roman complexe et torturé, comme la vie peut l'être, est difficile, mais c'est un roman fascinant.
Commenter  J’apprécie          131
Le père Damien (pas celui qui consacra sa vie aux lépreux), centenaire, raconte son existence. Une vie hors du commun, d'abord sous les traits d'Agnès qui, très vite par un concours de circonstances rocambolesques, endossera l'identité, la vocation eucharistique du père Damien Modeste et sa mission auprès des Indiens de Little No Horse, dans le Dakota du Nord.
Régulièrement, Damien envoie des rapports, aux Papes successifs, sur les événements de sa paroisse. C'est une vie riche d'événements ordinaires et extraordinaires que nous conte Louise Erdrich. Un roman dépaysant à lire !
Commenter  J’apprécie          120
Conseillé par un ami, ce livre est une superbe découverte. Une écriture fascinante, l'histoire d'une vie riche et inattendue, pleine d'humour, d'amour et de passion, où la vie spirituelle ne domine pas la vie terrestre mais l'accompagne....
Je ne peux pas vous raconter l'histoire, je risquerais de trop en dévoiler mais c'était tellement succulent que je l'ai fait durer juste pour le plaisir d'accompagner ces personnages plus longtemps, pour me laisser bercer par les mots de l'auteur d'une justesse remarquable.
Franchement, il vaut le détour, lisez- le.
Commenter  J’apprécie          100
Réserve indienne de Little No Horse, Dakota du Nord. le très vieux père Damien, témoin de vie des Ojibwés depuis le début du XXe siècle, pourvoyeur d'amour et d'une foi plus universelle que catholique, n'a jamais cessé d'écrire au Pape. Dans ces nombreuses missives, il a consigné tous les évènements "ordinaires et extraordinaires" du quotidien de la réserve ainsi que ces interrogations mais n'a jamais reçu aucune réponse. Jusqu'au jour où, à l'aube de sa vie, il reçoit la visite du père Jude Miller, en mission d'étude pour la sanctification de soeur Leopolda. A partir de leurs entretiens, et surtout de leur non-dits, va se dérouler sous nos yeux une série de mystères délicats comme autant de pétales qui s'effeuillent.

Etonnant roman fleuve que voilà qui ballotte mais surtout ravit le coeur du lecteur. L'histoire incroyable de Little No Horse se déploie en longues ramifications poétiques aussi savoureuses que complexes tant se joue une multitude de détails et de personnages. C'est vrai, il n'est pas du bois des romans facilement lus et oubliés mais tient plutôt de ces pages magnifiques et fouillées que l'on égraine avec lenteur jour après jour. Louise Erdrich compose la symphonie d'un univers lumineux où l'amour, coeur vivant du propos, est servi par une langue musicale aux accents divins.

Eblouissant travail d'écrivain, ce roman brasse l'émotion et la vie à pleins mots, et transcende toutes ces notions qui trouvent enfin ici un sens, bien loin des dogmes sclérosants : L'abnégation, le pardon, la rédemption, l'amour. Comme dit si bien le père Damien : Qu'est donc la totalité de notre existence sinon le bruit d'un amour effroyable ?
Lien : http://lapetitemarchandedepr..
Commenter  J’apprécie          90
Un peu labyrinthique, étonnant, ce récit autour de la conversion au christianisme des amérindiens est un drôle de fleuve où on se laisse emporter sans parfois maîtriser ni comprendre le cours des choses. Complexe est le fil de l'histoire, tout comme les personnages que l'on découvre et que l'on aime vite avec tendresse. Un beau voyage...
Commenter  J’apprécie          70
Ily a deux façons d'aborder "Dernier rapport..." . Soit comme une oeuvre lyrique & poétique unique dans la littérature amérindienne. Soit comme un des grands moments de cette littérature, ainsi que le propose la collections "Les grands espaces" du Livre de Poche.
Cette deuxième approche finalement, m'a séduit. Car j'y retrouve quelques uns des meilleurs romans lus ces dernières années dont "Le chemin des âmes" de Joseph Boyden (à glisser dans la sélection 1914), "les crimes de l'accordéon" de Annie Proulx, et "L'hiver indien" de Frédéric Roux. On pourrait aussi citer toute l'oeuvre de Tony Hillerman et quelques uns des romans de Jim Harrison. Et même une partie de l'oeuvre de Richard Powers ( on pense à "Trois fermiers s'en vont au bal" et plus spécialement à "Au temps où nous chantions" pour la présence immarcescible du piano).
En osmose avec la spiritualité amérindienne, le roman se déroule à ce rythme, sujet à des allers-retours troublants, voire à des oublis que l'auteur, dans ce long récit, va volontairement faire revenir à la surface.
C'est peut-être la thématique la plus forte du livre ; l'oubli, le souvenir de l'oubli et la souffrance du rappel des amours et des désamours.
La construction du livre va donc osciller continuellement entre la recherche impossible d'une stabilité affective et le bonheur.
Comme au théâtre, ici, unités de temps et de lieu et d'action sont sans cesse sollicitées, mais semblent impossibles à atteindre.
A l'image des vies, qui ici est imaginée sur presque un siècle ( on se souvient de l'artifice déjà présent dans "Little Big Man" de Thomas Berger), le cours du temps devient relatif. Seule la fin compte, si toutefois l'apaisement advient.
Commenter  J’apprécie          70




Lecteurs (323) Voir plus




{* *}