Ily a deux façons d'aborder "Dernier rapport..." . Soit comme une oeuvre lyrique & poétique unique dans la littérature amérindienne. Soit comme un des grands moments de cette littérature, ainsi que le propose la collections "Les grands espaces" du Livre de Poche.
Cette deuxième approche finalement, m'a séduit. Car j'y retrouve quelques uns des meilleurs romans lus ces dernières années dont "
Le chemin des âmes" de
Joseph Boyden (à glisser dans la sélection 1914), "
les crimes de l'accordéon" de
Annie Proulx, et "
L'hiver indien" de
Frédéric Roux. On pourrait aussi citer toute l'oeuvre de
Tony Hillerman et quelques uns des romans de
Jim Harrison. Et même une partie de l'oeuvre de
Richard Powers ( on pense à "
Trois fermiers s'en vont au bal" et plus spécialement à "Au temps où nous chantions" pour la présence immarcescible du piano).
En osmose avec la spiritualité amérindienne, le roman se déroule à ce rythme, sujet à des allers-retours troublants, voire à des oublis que l'auteur, dans ce long récit, va volontairement faire revenir à la surface.
C'est peut-être la thématique la plus forte du livre ; l'oubli, le souvenir de l'oubli et la souffrance du rappel des amours et des désamours.
La construction du livre va donc osciller continuellement entre la recherche impossible d'une stabilité affective et le bonheur.
Comme au théâtre, ici, unités de temps et de lieu et d'action sont sans cesse sollicitées, mais semblent impossibles à atteindre.
A l'image des vies, qui ici est imaginée sur presque un siècle ( on se souvient de l'artifice déjà présent dans "
Little Big Man" de
Thomas Berger), le cours du temps devient relatif. Seule la fin compte, si toutefois l'apaisement advient.