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EAN : 9782262015718
360 pages
Perrin (29/04/2008)
2.75/5   4 notes
Résumé :

Descendant d'une des plus anciennes familles de France, arrière-petit-neveu de Talleyrand, il sait à la fois recueillir les suffrages des électeurs des Basses-Alpes, régaler de ses traits d'esprit le populaire ou l'aristocrate et séduire l'héritière du roi des chemins de fer américain.

Son mariage fastueux en 1895 avec la richissime Anna Gould fait de lui un symbole : la France donne son blason et l'Amérique sa fortune.

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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ouvrage critiqué dans le cadre de l'Opération Masse Critique de Babélio - Merci aux Editions Perrin. ;o)

Ceux qui se rappellent leurs cours d'Histoire sont sans doute toujours à même de répondre à la question fameuse : "Quel phénomène fut à l'origine du déclin de la noblesse en France ?"

Evidemment, les réponses risquent d'être assez nombreuses. Certains répondront par exemple, en un choeur unanime : "Louis XIV !", assimilant ainsi le Roi-Soleil - dont les mânes en seront certainement flattées - à l'une de ces manifestations plus ou moins mystérieuses qui ont eu raison des dinosaures. D'autres, remontant légèrement dans le Temps, accuseront le cardinal de Richelieu. Les plus naïfs en tiendront la Révolution de 1789 et Robespierre pour seuls responsables tandis que les plus obtus (et les plus sournois) dénonceront les Francs-Maçons. Quant aux pragmatiques, ils évoqueront tout simplement la Grande guerre, ce gigantesque point final apposé à l'épopée de tout un monde.

Or, à l'exception de celle relative à la franc-maçonnerie, toutes ces thèses se défendent et ont, de fait, contribué à la déchéance de l'aristocratie dans notre pays. Richelieu, oeuvrant pour Louis XIII, a posé les bases de ce pouvoir absolu dont Louis XIV allait si bien user, assignant les nobles à l'oisiveté dorée de Versailles, de laquelle ils ne sortaient que pour aller au combat, et toujours dans l'ombre terrible et consumante du Soleil. S'avançant après les Lumières du XVIIIème et plus innocente qu'on ne le croit, la Révolution s'est bornée à faire le ménage dans cette classe sociale qui, déjà mais sans en avoir conscience, n'avait plus aucune raison de survivre à la modernité en marche, et la Grande guerre, en remettant pour longtemps les clefs de l'équilibre mondial aux Etats-Unis d'Amérique, n'a fait, en somme, qu'enterrer les derniers cadavres d'un ordre depuis longtemps zombifié.

Cependant, la cause véritable du déclin et de l'agonie de la noblesse, c'est avant tout la perte absolue de ses valeurs premières : valeurs guerrières mais aussi valeurs politiques vouées au service d'un suzerain, d'un royaume, d'un dieu et d'un certain idéal de vie. En y renonçant, l'aristocratie se condamnait, à plus ou moins long terme.

Minutieuse, se perdant parfois dans des préciosités qui conviennent à l'objet de son étude, un peu trop hagiographique à mon goût et pas assez critique, la biographie consacrée par Eric Mension-Rigau à Marie-Ernest-Paul-Boniface, comte de Castellane-Novejean, dit Boni de Castellane - le dernier sans doute des dandies de la IIIème République - n'affirme pas autre chose.

Né dans une antique famille dont le dernier comte-souverain avait affronté ni plus ni moins que Charles d'Anjou, propre frère de Louis IX (alias Saint Louis), pour la possession de la Provence, Boni avait pour grand-mère paternelle Pauline de Talleyrand-Périgord, que la rumeur publique disait fille non d'Edmond, duc de Talleyrand et duc de Dino, mais plutôt de l'oncle de celui-ci, le fameux Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, ex-évêque d'Autun, ambassadeur de la Première république française, puis ministre sous le Directoire et l'Empire avant de redevenir ambassadeur sous les deux Restaurations et la Monarchie de Juillet, l'indéboulonnable "Diable Boiteux" dont la trahison inspira à Napoléon Ier un mot aussi grossier que lapidaire.

C'est dire que Boni de Castellane avait ses entrées dans le monde particulier du Faubourg Saint-Germain. Son mariage avec Anna Gould, héritière du richissime financier américain Jay Gould, ne devait pas les lui fermer, bien au contraire : depuis longtemps déjà, les représentants de la noblesse avaient appris à survivre en vendant leurs quartiers.

Quand Anna, dont la fortune avait été largement entamée par son dispendieux époux, finit par demander le divorce, Boni se décida à "travailler", négociant cette fois-ci son goût, qui était infini et de bon ton, pour orner les châteaux et les hôtels particuliers de ses relations.

En dépit de l'activité diplomatique de Boni et de son intérêt pour la vie politique, c'est là une vie bien superficielle pour le descendant d'une si fière lignée, un personnage qui, par ses excès et son sens de la mise en scène, préfigure en un sens la "peoplisation" à tous vents si chère à notre société schizophrène.

Par un certain panache qu'on ne peut lui dénier, Boni de Castellane méritait un petit salut. Maintenant, son destin anémié méritait-il une si longue biographie, c'est une autre histoire. ;o)
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Eric Mension-Rigau, maître de conférence à l'université de Paris-Sorbonne (Paris IV), nous propose une plongée entre la fin du XIX° et le début du XX° siècle. Il signe la biographie d'un dandy célèbre : Boni de Castellane. Dernier représentant d'un monde aristocratique à l'agonie, il s'efforcera tout au long de sa vie de faire perdurer les valeurs de son ordre et des gens de son rang. Lucide sur son monde "on a des surprises en démocratie. On y aime la noblesse, à condition qu'elle ait un fumet de décomposition" Boni de Castellane va pourtant être de son vivant une sorte de légende vivante, coursé par les paparazzi de l'époque, faisant la Une de tous les journaux, il précédera constamment les modes du temps et sera le véritable apôtre du "Bon Goût" de l'époque. Toujours tiré à quatre épingles, décorant le Palais Rose qu'il fera construire en plein coeur de Paris avec des meubles rares et chers, ce dandy magnifique mènera une vie néanmoins ancrée dans son temps.
Descendant des Talleyrand, il épouse une richissime américaine Anna Gould héritière du roi des chemins de fer américain. Député républicain (sans étiquette) des Basses-Alpes Boni de Castellane mène une politique engagée (à droite, dirions nous aujourd'hui) de patriote et de conservateur. Ses élections successives (trois mandats) auront été rendues possible grâce à la fortune de sa femme. Mais sa vie frivole et la très mauvaise intégration d'Anna à la vie européenne, conduira le couple au divorce, malgré les trois fils qu'Anna et Boni ont eu. Sans ressources, Boni va être contraint de travailler : il se dirige alors vers le conseil en décoration et la vente d'antiquités auprès des grands de ce monde. Il mènera aussi une procédure judiciaire pour avoir un droit de garde sur ces enfants, ainsi qu'un regard sur leur éducation. Avant la Grande Guerre, il mènera une intense activité diplomatique auprès de la noblesse européenne pour tenter d'éviter le pire. Sa famille, comme de nombreuses familles aristocratiques, est européenne par le biais des alliances multiples et successives. Ses trois fils tenteront de suivre l'enseignement paternel avec des destinées variées. Boni de Castellane aurait servi de modèle à Marcel Proust pour son personnage de Robert de Saint-Loup.

La lecture de cet ouvrage est difficile. L'ouvrage est érudit, les références sont nombreuses. le livre comporte 356 pages dont plus de 80 de notes, sources, bibliographies, arbres généalogiques... le début est déroutant, en lieu et place d'une description de l'enfance de Boni, on découvre une description de l'univers familial aux multiples ramifications, frères, soeurs, oncles, tantes... d'un abord assez déroutant et fastidieux pour un néophyte et ignare tel que moi... mais cependant essentiel. En effet, à force de persévérance, ces indications se révèlent finalement précieuses dans la suite de l'ouvrage et permettent une meilleure compréhension de la personnalité de Boni de Castellane et de ses réseaux. Finalement j'ai éprouvé un plaisir certains et un intérêt curieux pour découvrir cette période de l'Histoire de France et de l'Europe, la III° République vue par un bout de la lorgnette que je n'avais pas eu le loisir de tenir. Mes lectures jusqu'à présent m'avait portés vers des regards plutôt "à gauche". Que ce soit les écrits de Zola, la vision des Dreyfusard, (et non des antis), les combats pour la laïcité (Boni, en catholique fervent, était farouchement opposé, aux lois de séparations), le dadaïsme... ces visions se complètent finalement très bien en nous permettant de comprendre une époque charnière en tenant compte de ces composantes les plus variées.
Lien : http://legenepietlargousier...
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Boni est outré car les Gould vont désormais intervenir dans ses affaires. L'idée que son beau-frère devienne le modérateur officiel de ses fantaisies, notamment de sa passion pour les objets d'art, l'insupporte. La presse attise son exaspération en le brocardant à qui mieux mieux : elle ironise sur le "bouchon" mis sous la forme d'un conseil judiciaire à "la goulden fountain" pour freiner "la danse fantastique que la comtesse fait exécuter aux dollars du papa Gould." Persifleurs, les journalistes font mine de s'apitoyer sur "le triste sort et la détresse" de la malheureuse comtesse qui ne dispose plus que de son simple revenu, soit de la bagatelle de "huit-mille-deux-cent-dix-neuf francs dix-sept centimes par jour ..." Enfin, la médiatisation de la décision de la justice et, surtout, la certitude que la liquidation du passif durera des années, en raison du caractère inaliénable du capital qui produit les revenus d'Anna, font frémir une meute de créanciers dont les récriminations s'ajoutent, des deux côtés de l'Atlantique, au tapage des journaux.
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Sans surprise, chez Boni, le répertoire des invités correspond au Bottin le plus mondain, complété par les vieux fonds religieux hérités des fréquentations de sa grand-mère, du cardinal-archevêque de Paris au professeur à l'IInstitut catholique. Il y adjoint deux touches personnelles, mais qui ne surprennent guère : les artistes et les académiciens à la mode dans le grand monde - on est "à la page" - pas d'avant-garde - et les amitiés idéologiques forgées dans le combat anti-dreyfusard, d'Henri Rochefort à Edouard Drumont en passant par le général de Boisdeffre.
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Vidéo de Eric Mension-Rigau
Royalistes en France : absence de leader politique, désaccord sur la personne royale et déficit... .https://www.franceculture.fr/emissions/hashtag/les-mandats-sont-trop-courts-pour-mener-des-politiques-le-roi-cest-la-continuiteSpécialiste de l'histoire des élites, Eric Mension-Rigau répond à Anne Fauquembergue
>France : histoire>20e siècle>Troisième République: 1870-1945 (178)
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