AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,4

sur 788 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Dans la collection récente fondée à l'initiative de Pierre Rosanvallon au Seuil, Regarde les lumières mon amour est une chronique hebdomadaire tenue entre le 8 novembre 2012 et le 22 octobre 2013 des passages d' Annie Ernaux dans l'hypermarché gigantesque du centre commercial des Trois Fontaines à Cergy Pontoise. Tranches de vies, où l'on retrouve nos propres habitudes (plutôt bio ? plutôt discount ? caisse automatique ? ), et regard porté sur l'évolution de la société de l'hyper consommation depuis les années 70 et de son corollaire au Bangladesh et ailleurs dans les usines de production. Court essai qui m'a permis de découvrir la collection, et qui illustre parfaitement son propos, il cherche aussi à replacer ce lieu trivial dans le noble catalogue des lieux littéraires. Alors, après le mec de la tombe d'à coté, le mec du rayon fromages ?
Commenter  J’apprécie          50
Dans cet essai (ou récit ?) Annie Ernaux livre ses observations au fil du temps lors de ses visites (utilitaires ou non) dans l'hypermarché près de chez elle. A la fois ménagère, mère de famille, observatrice, écrivaine, les impressions se mêlent de façon un peu déstructurée, la réflexion restant à mon sens assez superficielle.
Peut-être attendais-je trop de ce petit ouvrage, où j'ai trouvé néanmoins quelques appréciations intéressantes sur le monde de consommation où nous vivons.
Commenter  J’apprécie          40
Quel curieux livre m'a-t-on remis entre les mains ! Il ne s'agissait pas d'une envie personnelle, puisque je ne connaissais pas Annie Ernaux avant d'avoir lu ce livre. C'est pour les cours que j'ai découvert ce petit OVNI littéraire.

Il n'y a pas de personnage, si ce n'est Annie Ernaux elle-même, dans une autobiographie sous forme de journal. Très facile à lire, peu de pages. On peut y faire des pauses entre les différents découpages. Une date fera une partie du journal, comme on s'y attend. A noter quand même, c'est assez irrégulier, comme journal ! Madame, vous n'êtes pas régulière dans la mise à jour, eheh ! Comment lui en vouloir ?

C'est-à-dire que notre fameux journal se passe dans le milieu du hypermarché. Voyez le défi que se lance notre auteure ? Raconter ses impressions, ses pensées, ses observations lorsqu'elle passe à l'hypermarché Auchan de Cergy. Son action se passe dans un grand centre commercial.

On s'attend peut-être à s'ennuyer en découvrant qu'on va passer quelques heures – ou moins, si vous lisez vite et avidement – en compagnie d'une dame qui nous parle d'un sujet qu'on connait, puisqu'on fait aussi les courses. En principe. Vous faîtes du Drive ? Je peux vous le dire, pas d'ennui en lisant. Et bien non, je ne suis pas restée dubitative longtemps, en dépit du sujet, en dépit du format autobiographique, en dépit de quelques passages qui, à première vue, peuvent nous sembler répétitif. C'est que faire les courses est assez répétitif aussi.

Le style est simple mais facile à lire, fluide, une chose que j'ai apprécié ici. On nous explique simplement une vision de l'hypermarché, divers passages à diverses heures. Un jour, on nous raconte un passage tôt dans la journée, et une autre fois, ça sera pour un peu avant la fermeture. On apprend ainsi que la clientèle est différente selon les heures ; tôt le matin, c'est plutôt les retraités. Vers 18h ou 19h, c'est plutôt ceux qui sortent de leur éreintante journée de travail et qui font les courses, beaucoup. Avant, on a une ribambelle d'enfants avec leurs parents. Après, les étudiants. Tout le monde se côtoie, là-dedans, mais jamais on ne se mêle. Jamais ou presque on interagit vraiment avec l'autre, alors qu'on y passe quand même un sacré temps, dans cet endroit de tentation.

Parce que oui, non seulement Annie Ernaux nous parle de ce qui se passe entre les gens – ou plutôt qui ne se passe pas – mais en plus, elle nous parle du marketing ! de cette manière dégoûtante qu'ont les magasins à faire de la pub, à embellir les produits, à nous forcer la main, rendez-vous compte ! Pour qu'on achète encore et encore. Une petite tentation par-ci, une autre par là-bas, c'est la dure loi des magasins. On achète ce qu'il y a dans la liste, mais le magasin fait tout pour qu'on reparte avec quelques suppléments imprévus. On remarque grâce à ce livre que certains produits sont mis en valeur, que certaines périodes sont vraiment propices (Noël, Pâques notamment) mais que passée cette période, les marchandises perdent leur valeur et se retrouvent, penaudes, dans un bac, juste un bac, à la portée de tous, moins chers. Mais voilà, la période est passée, ce n'est plus l'heure ! A l'année prochaine, vilaines marchandises qu'on a pas prises !

Oh, et pendant qu'on en parle ! Il n'y a pas que les marchandises spécifiques à une période qui sont en mal, parfois. Regardez par exemple le point presse, délaissé sauf par quelques curieux qui lisent, oui, lisent carrément la revue ! Vous me direz, on sera quitte de l'acheter ! Ils le font en dépit des règles et interdictions. C'est bien, un peu de rébellion ! Il n'y a pas que ça, regardez les produits de luxe. Délicieux sans doute, mais peu appréciés par la clientèle, boudés, même. Ce qu'on aura l'occasion de voir dans le tout dernier chapitre, si je puis dire, qui est la postface de l'auteur. Trois ans après son journal, qui expose ce qu'est devenu l'hypermarché Auchan de Cergy, et croyez-moi, croyez-la, il y en a, des changements !

Il n'y a pas à dire, on s'y reconnait, dans ces réflexions. A la caisse, notamment, quand on attend et que, aléas, celui de devant est pas assez rapide ! Oh, et il cause, en plus, le vaurien ! Tu m'excuses, poto, mais j'ai pas que ça à faire ! Mon temps est précieux, paye tes courses et oust ! Bah, je caricature un chouia, mais c'est vrai que la frustration peut être grande quand on attend longtemps à la caisse. Quoi que notre longtemps est quand même relatif, ah !
Lien : https://saveurlitteraire.wor..
Commenter  J’apprécie          40
Une auteure que j'aime beaucoup écouter à la radio dans les interviews.
Je l'avais entendue parler de ce livre qui est en lien avec le supermarché.
Elle commence un journal et consigne chacune de ses visites au supermarché et les réflexions liées.
Au début, un peu sur les produits, j'avoue avoir sauté quelques passages... Plus loin, plus en lien avec les gens...
Assez original.
Commenter  J’apprécie          40
Encore un roman court dans un style journalistique sous forme de journal.
On a droit à une description assez réussie des habitudes de consommation de français ou autres fréquentant l'hypermarché du centre commercial des 3 fontaines à Cergy-Pontoise.
L'écriture est toujours aussi froide mais, j'ai trouvé les descriptions assez réalistes.
Un don d'observation assez prodigieux.
Commenter  J’apprécie          30
Plutôt déçue
L'observation est certes intéressante. Seulement elle se termine d'un seul coup, du jour au lendemain.
J'ai eu l'impression que Annie Ernaux a été d'un seul coup blasée.
Pas de conclusion .... j'ai ressenti un sentiment d'inachevé
Commenter  J’apprécie          30
Du 8 novembre au 22 octobre de l'année suivante, Annie Ernaux tient le journal de ses courses à l'hypermarché Auchan Les Trois Fontaines, où elle fait ses courses depuis le début des années 70.

Une grande surface est un lieu particulier de mixité sociale : des gens s'y regroupent en nombre dans un but utilitaire, se nourrir, qui ne se retrouve pas dans les autres lieux de regroupement humain. Un stade ou une manifestation de rue unifie autour d'un souhait de partager une idée, une émotion commune. La rue est un lieu de passage et non d'action où l'on n'a pas le temps d'observer. A l'hyper, on agit, on fait des choix, mais pour soi. Pas de recherche de partage avec les autres, on les côtoie de manière plus ou moins transparente. Pourquoi alors ce lieu unique n'est-il pas davantage décrit en littérature ?
On trouve de tout à l'hyper : des vieux, des jeunes, des enfants, des hommes, des femmes, des blancs, des noirs, des asiatiques, des femmes voilées… On y trouve aussi du sexisme (au rayon jouets), une adaptation à la diversité culturelle unique (après Pâques, on prépare les articles pour le Ramadan), beaucoup d'interdictions (« nous rappelons à notre aimable clientèle… »), des tensions (l'attente au caisse), du voyeurisme (ce que révèle nos articles posés sur le tapis aux autres clients), des jeux de pouvoirs (la machine automatique aux caisses, le savoir des vendeurs du rayon informatique). On y trouve ainsi de la frustration (un livre indisponible, des prix élevés qui humilient, des techniques de vente agaçantes ou trompeuses). Mais on y revient toujours. Car on y trouve aussi beaucoup de plaisir : « juste quand je franchissais la porte 6, j'ai pensé avec étonnement que ce lieu m'avait manqué », « ce plaisir d'être enveloppée par la chaleur sitôt franchie la porte 2 », « en quittant le rayon, je m'aperçois de l'étrange plaisir que j'y ai pris ». le style est concis, les phrases parfois sans principale, les mots de liaisons rares, la ponctuation lacunaire. le résultat ressemble à une prise de notes, aussi diverse et disparate que la manière dont nous sommes attirés par les innombrables informations qui surgissent dans un supermarché : ici une lumière, là un affichage, là-bas un prix, tout à coup un caddie, une forme humaine, un produit inconnu… de même que le supermarché est un lieu de « flânerie », « une récompense », « un remplissage du vide qu'est le reste de la journée », le compte-rendu des visites qu'y fait Annie Ernaux est aléatoire et porté par une légèreté de ton.
Pour se donner un regard exhaustif, Annie Ernaux se rend à différentes heures dans la grande surface, en déduit des constantes sur la fréquentation, sur la population qu'on y trouve, mais aussi sur le caractère temporaire de l'hyper : hier les supérettes et demain, les courses en ligne ? La nostalgie qu'on garde des courses de proximité deviendra-t-elle malgré toutes ses contradictions, celle des courses à l'hyper quand on ne pourra plus « aller y faire un tour » ? et si la littérature n'en parle pas davantage, qui se souviendra de ce que c'était, aller faire les courses à l'hyper ?
Commenter  J’apprécie          30
Un roman qui fait partie de la collection « raconter la vie » lancée par Pierre Rosanvallon, dont j'ai parlé sur mo, blog, ici: http://encrebleunuit.blogspot.fr/2014/11/raconter-la-vie-un-projet-de-pierre.html
Ce livre est une chronique tendre mais lucide de l'univers des supermarchés.
J'attendis, suite à la présentation de P. Rosanvallon à laquelle j'avais assisté, un objet plus littéraire, mais j'ai apprécié le regard qu'Annie Ernaux pose sur ses contemporains, sur vous et moi au fond, car nous sommes tous des consommateurs…

Lien : http://encrebleunuit.blogspo..
Commenter  J’apprécie          30
L'auteure venant de recevoir le prix Nobel de Littérature, le 6 octobre 2022, je me suis dit qu'il était temps que je fasse connaissance avec ses écrits et découvre un peu son univers.
Manque de bol, ne restait à la librairie du Leclerc qu'un seul titre, en poche, "Regarde les lumières mon amour". Petit livre (je parle de son épaisseur) d'une centaine de pages, dans lequel l'auteure nous dévoile et révèle ses pérégrinations durant plusieurs mois dans le Auchan Trois Fontaines de Cergy, regardant, observant, notant et écoutant tout ce qui se passe dans ce monde de la grande distribution, avec des évidences, tellement évidentes que nous n'y faisons plus attention, et des petites situations cocasses.
Le titre, "Regarde les lumières mon amour", n'est rien d'autre que la réflexion d'une maman à sa fille, dans un magasin qui brille de ses mille feux. Une réflexion parmi des milliers d'autres que les gens -seulement entre ceux qui se connaissent- peuvent faire dans un tel endroit. J'en ai entendu pas mal également: une fois dans un Carrefour d'Ajaccio, où une grand-mère, son téléphone portable à la main (milieu des années 1990), appellait sa petite-fille et lui demandait: "Ma chérie, les bichocos, tu les veux à la vanille ou tu les veux au chocolat?"" (avec un accent à couper au couteau qui va bien); dans un Auchan de Montpellier: Lui: tu sais ce qu'il va en faire maintenant de son cadenas, hein? Elle: Non... Lui: "Ah tu sais pas? Elle: Ben non... Lui: Eh bien maitenant que j'en ai acheté un, le sien, il va se le carrer pronfondément dans le ... (et il a prononcé le dernier mot, assez fort pour que tous les gens autour l'entendent).
Ou bien, quand vous avez un auteur en dédicace de son ou ses livres: huit fois sur dix: "C"est vous l'auteur?"(alors qu'il y a souvent une affiche ou un panneau à côté ou dans le dos de l'écrivain en question).
Alors oui,une grande surface c'est un lieu de rencontres, mais où l'on passe malheureusement souvent les uns à côté des autres, en se regardant mais sans se voir, oui c'est un lieu d'échanges, mais dans lequel on ne se parle pas vraiment, et les seuls échanges le sont souvent qu'avec des caissières ou caissiers (quoi de plus normal dans un monde où les moyens de communication n'ont jamais été aussi performants et dans lequel les gens ne se sont jamais aussi peu parlé), oui c'est un lieu de mixité social, mais attention, l'une à côté de l'autre, on ne se mélange pas, oui le contenu de vos achats peut être révélateur de vos habitudes alimentaires et de nos jours, du contenu de votre porte monnaie.
Je ne fais quasiment jamais les courses si ce n'est pour les achats "lourds": packs d'eau et sac de 20kg de sel pour adoucisseur, mon épouse ne pouvant pas les porter. Donc quand je prends de l'eau, c'est 10 à 12 packs. Et inmanquablement j'ai droit: "Ah vous faites des provisions!".
Effectivement, au rayon des livres, on ne trouve pas de "tout", si ce n'est les derniers best-sellers, autrement vous avez des librairies si vos attentes sont plus précises.
Oui, la vie d'une grande surface est propre à elle, particulière et endémique.
Annie Ernaux étant assez controversée ces derniers temps, surtout depuis l'obtention de son prix littéraire, j'ai lu tout et son contraire à son encontre. Et pour ce qui est de son côté féministe, dans ce livre, il m'a surtout sauté aux yeux ( pas de crainte, sans gravité), page 56, où elle écrit (je résume), "que les supermarchés sont une affaire de femmes et elles en ont été longtemps les seules utilisatrices, et ce qui relève du champ d 'activité des femmes est souvent invisible comme toutes les taches ménagères qu'elles accomplissent".
Un livre qui se lit d'une traite, et qui à mes yeux n'est qu'un témoignage sur une micro-société, celui des hypermarchés, un livre presque sans prétention et qui met noir sur blanc certaines réalités.
Alors ensuite, que l'on veuille ergoter sur l'emploi de tel ou tel mot à la place d'un autre, "femme noire" ou "femme de couleur", sur certaines attitudes: le sempiternel "avez-vous une carte de fidélité" demandé à la caisse à chaque client, et que sais-je encore, je n'y vois pas l'intérêt. On n'arrêterait pas. Ainsi j'ai plus souvent lu que des "braqueurs corses" avaient commis tel ou tel méfait, mais jamais des braqueurs corréziens, strasbourgeois ou lillois. Faut-il s'arrêter sur ce genre de détail...
En tout les cas j'arrête d'écrire et de commenter, car mes propos vont bientôt atteindre l'épaisseur du livre d'Annie Ernaux.
Au final, un livre plaisant à lire, avec -j'ai trouvé- un certain humour, mais que je n'aurais assurément pas acheté si ne m'avait pris l'envie de lire une oeuvre d'Annie Ernaux, dont je vais chercher un autre titre.
Commenter  J’apprécie          20
« Regarde les lumières mon amour », c'est avant tout un journal qu'a tenu durant un an Annie Ernaux, pour nous faire partager ses émotions, mais aussi ses observations. le texte a beau être court, il reste percutant, car il évoque forcément notre vécu, notre rapport à la consommation. A première vue, le livre aurait pu être sans intérêt : raconter ce qui se passe dans un hypermarché n'intéresse à priori pas grand-monde, et pourtant. Par sa simplicité et par la véracité des faits, on est embarqué dans le récit, à tel point que l'on ne fera plus jamais ses courses de la même manière…
Lien : https://commedansunlivre.fr/..
Commenter  J’apprécie          20




Lecteurs (1552) Voir plus



Quiz Voir plus

Connaissez-vous vraiment Annie Ernaux ?

Où Annie Ernaux passe-t-elle son enfance ?

Lillebonne
Yvetot
Bolbec
Fécamp

10 questions
294 lecteurs ont répondu
Thème : Annie ErnauxCréer un quiz sur ce livre

{* *}