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3,4

sur 791 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Drôle de titre pour un roman d'Annie Ernaux… Quoi que. Je ne connaissais de cette autrice, que ses ouvrages des années 80-90 très autobiographiques et intimes sur sa vie de femme et de fille. J'interprétais donc ce titre comme celui d'une rencontre amoureuse prometteuse…
Comme je me trompais, j'omettais alors la corde sociologique de la formation d'Annie Ernaux. Ce livre, essai et roman à la fois, nous plonge dans l'univers de la grande distribution. Pendant près d'un an, elle va se rendre régulièrement dans l'hypermarché près de chez elle et traquer le comportement de ses concitoyens. Inconnue parmi ces inconnus, elle va étudier leurs faits et gestes, cherchant le commun, l'originalité ou l'incongru. Elle va aussi examiner le phénomène commercial capitaliste de ces grands magasins, toujours plus de rayons, toujours plus d'articles. Elle dénonce, au hasard des drames lointains, dans des manufactures de vêtements, survenus dans l'année, et nous rend complices de ces abus d'emplois de main d'oeuvre à bas prix des pays dits du Tiers-monde.
Elle aura un oeil très attentif au rayon des livres… Elle y viendra souvent.
Que dire des fêtes calendaires où du jour au lendemain des articles mis en lumière se retrouvent jetés au fin fond de bacs perdant valeur et intérêt ?
De rares échanges anodins avec d'autres usagers, des regards inquisiteurs à la caisse sur les achats des voisins d'attente… Des faits, gestes et pensées que nous avons tous certainement vécus, un jour ou l'autre en faisant nos courses : un miroir. Des phrases simples, justes qui résonnent, faisant sourire ou grimacer.
J'ai aimé déambuler avec elle dans cet univers familier car quels que soient l'enseigne et le lieux d'implantation des géants de la consommation que nous fréquentons, ils répondent tous aux mêmes impératifs et critères de l'acheter toujours plus.
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Faire un livre sur ses visites au centre d'achat ne semble pas évident au départ C'est pourtant ce qu'a fait ici l'autrice, avec succés selon moi. Bien sûr, on ne s'attand pas à de la grande littérature, encore que Ernaux a le chic pour les formules choc et que son écriture dépouillée est en soi remarquable; pas de fioritures inutiles, un vocabulaire précis, accessible, des constructions limpides, doit au but, et clairement en prime.

J'ai bien aimé ses réflexions sur l'avenir des caissières, la démesure de l'offre de produits, les stratégies occultes du marketing, l'analyse des clientèles selon l'horaire de fréquentation. Quelques touches plus personnelles, rares, ajoutent un peu d'humanité à travers ces observations plus sociologiques. le tout donne un court bouquin particulier, amusant et instructif à la fois, de quoi susciter de la curiosité envers cette autrice pour ceux et celles qui ne la fréquentaient pas déjà.
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Comme pour "Suite à un accident de voyageurs" d'Eric Fottorino, ce livre d'Annie Ernaux nous fait réfléchir sur notre façon de faire et de penser face à des événements du quotidien comme aller faire ses courses au super-marché. Elle décortique nos faits et gestes avec précision et tente d'en trouver des explications.
J'ai apprécié ce livre que j'ai découvert en SES en première lors d'un cours de sociologie.
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j'avais un peu peur de me lancer dans un roman dune auteur ayant eu le prix nobel. j'avais peur que l'écriture soit trop travaillée mais ici l'auteur décrit son roman comme un journal et c'est tout à fait ça, c'est ce qu'elle voit et ressent pendant ses visites au supermarché. c'est très réel, on s'est déjà tous posé les questions qu'elle se pose et plusieurs fois je me suis fait la remarque que quelqu'un pourrait connaître beaucoup de choses sur moi en regardant mes courses. c'est vraiment bien écrit, on a l'impression d'y être.
cela me donne envie de découvrir d'autres de ses romans.
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Encore une fois l'autrice nous montre sa capacité à appréhender le monde et à être sensible aux habitudes et aux comportements des membres de notre société. Sa réflexion sur les hypermarchés s'illustre par un regard anthropologique et politique et Annie Ernaux n'hésite pas à dire - comme dans un journal privé - ce qu'elle pense et ce que l'on a peut-être tous, plus ou moins, éprouvé.
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Hypermarché.

Annie Ernaux a tenu un journal pendant un an lors de ses visites dans un hypermarché.

Après avoir lu plusieurs récits autobiographiques d'Annie Ernaux, je me penche désormais sur ce récit sociologique. L'autrice détaille la vie qui se déroule dans l'hypermarché où elle fait ses courses.

J'ai bien aimé cette lecture. Annie Ernaux commence par expliquer le contexte spatial et culturel de l'hypermarché étudié. Celui-ci se situe dans un centre commercial en région parisienne. Sa clientèle est majoritairement populaire.

Ensuite, au travers des différentes entrées du journal, les observations de l'autrice s'enchaînent. le magasin devient un organisme vivant qui obéit à des règles, soit écrites, soit tacites. Un lieu parfaitement banal devient passionnant à suivre. Je n'ai qu'un seul regret: le livre est trop court.

Bref, un livre qui dénote dans la bibliographie d'Annie Ernaux mais qui reste intéressant à lire.
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Journal d'observation d'un centre commercial. Annie Ernaux raconte ses différentes expériences sociales et de consommation entre 2012 et 2013.
L'autrice dénonce différents aspects du virage mercantile que la société a pris avec par exemple les SCO , le sexisme ordinaire, les salaires, le dictat des meilleures ventes en livres par exemple.
Analyse pertinente de la société de consommation, le livre est facile à lire.
L'autrice nous démontre que la littérature peut encore avoir le rôle de dénoncer les dérives de la société et qu'une littérature militante existe encore.
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Ces lumières ce sont celles des scintillantes guirlandes de Noël dans l'hypermarché Auchan du centre commercial des Trois Fontaines à Cergy Pontoise, celles qui font briller les yeux des enfants et invitent au rêve et à la consommation. Qui peut résister ?

Pendant douze mois, à la demande des Editions du Seuil, pour le projet collectif Raconter la vie, Annie Ernaux a fréquenté très régulièrement ce temple de l'abondance et a condensé son ressenti et ses réflexions dans une sorte de journal de bord, afin de "tenter de saisir quelque chose de la vie qui se déroule là". Elle y partage avec le lecteur ses observations et ses étonnements, elle observe la clientèle multiculturelle, elle flâne dans les allées des multiples rayons et s'interroge sur l'attraction irrésistible générée par les articles présentés, les techniques de vente, la segmentation des produits et des types de clients... Quelle est la valeur réelle des articles ? Il semble qu'elle soit véhiculée par la mode et surtout par le calendrier, d'où des soldes et des remises de près de 50% une fois l'événement passé (Noël, saison du blanc, Pâques, Fête des Mères, rentrée des classes...)

L'autrice prend son temps pour regarder et pour décrire les rayons spécialisés, les vendeurs, par exemple jeunes et dynamiques pour la téléphonie et l'informatique, plus âgés et expérimentés pour la boucherie et la poissonnerie. Elle regrette la pauvreté de l'espace librairie qui propose surtout des best-sellers. Chacun son métier, l'objectif d'un hypermarché est de faire du chiffre ! Elle fait preuve de compassion pour les hôtesses de caisse soumises à un rythme effréné de scans d'articles. "3000 à l'heure est un bon chiffre." Mais elle a une certaine nostalgie en voyant comment évolue le supermarché avec ses nouvelles méthodes déshumanisantes ; caisses automatiques, self-scanning, etc.

Les observations d'Annie Ernaux, au fil des pages, sont fines et pertinentes. Par exemple, elle constate et s'insurge sur la présentation très genrée des jouets pour enfants - Filles d'un côté et garçons de l'autre. "Je suis agitée de colère et d'impuissance" écrit-elle. "Je pense au Femen, c'est ici qu'il vous faut venir, à la source du façonnement de nos inconscients, faire un beau saccage de tous ces objets de transmission. J'en serai."

Un peu plus, une nouvelle dramatique, en aparté.
"Mercredi 24 avril.
Un immeuble de huit étages s'est effondré près de Dacca, au Bangladesh. Il y aurait au moins 200 morts. Les ateliers de confection y faisaient travailler 3000 ouvriers pour des marques occidentales. Cette précision est depuis longtemps superflue".
Quelques jours plus tard, après d'autres réflexions généralistes, une nouvelle remarque en aparté.
"Le bilan de l'effondrement du Rana Plaza au Bangladesh est de 1127 morts. On a retrouvé dans les décombres des étiquettes des marques de Carrefour, Camaïeu et Auchan."
Prise de conscience, changer les habitudes de consommation, impuissance... Que faire ? "Même les chômeurs français victimes des délocalisations sont bien contents de pouvoir s'acheter un tee-shirt à 7 euros".
C'est un fait !

Ce livre, comme souvent chez Annie Ernaux, est court (72 pages) et agréable à lire. Il est bien écrit. La plume est sobre, fine et élégante, toujours efficace et pertinente dans l'analyse du sujet et les réflexions.

"Souvent, j'ai été accablée par un sentiment d'impuissance et d'injustice en sortant de l'hypermarché. Pourtant je n'ai cessé de ressentir l'attractivité de ce lieu et de la vie collective, qui s'y déroule."

#Challenge Riquiqui 2023
#Challenge illimité des départements français en lectures (95 - Val d'Oise)
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Annie Ernaux nous livre le compte rendu d'un journal relatant ses expériences avec les supermarchés ou autre centres commerciaux.
Pour être un habitué des susdits commerces, je me suis clairement retrouvé dans les textes de la "nobélisée ".

On apprend beaucoup sur les gens dans les supermarchés , devenus un lieu , le lieu ?, où l'on peut se rencontrer. Qui regarde les prix, qu'a t on dans le Caddy , à quelle heure y est on ?
Ces lieux sont aussi le reflet d'une société mouvante , consumériste. Les librairies disparaissent ou n'exposent que les stars tandis que les rayons bio envahissent l'espace .
L'auteur s'attarde sur les différences hommes femmes et leur exposition au quotidien dans les supermarchés. le clivage des jouets , les vendeurs masculins dans le rayon téléphonie, les caissières.
On notera une belle réflexion sur les produits du moment, ceux qui perdent 50 % de leur valeur une fois le moment passé : Après avoir été surexposés, ces marchandises se retrouvent pèle mêle dans des bacs , accoutrés avec une belle étiquette fluo qui pousse l'opportuniste à faire un achat et montre surtout que le prix précédent contenait 50 % de subconscient.
C'est un métier commercial , les plus brillants font cinq ans dans des écoles hors de prix , on doit en sortir avec certaines compétences de maniement des foules.

Bon , voilà, c'est court, pas mal foutu mais on en ressort avec l'impression que l'on aurait pu l'écrire .L'étude sociale n'est qu'esquissée , ce qui est dommage mais sans doute le but était ailleurs . Mais , on reconnaitra l'élégance du sujet, qui s'adresse à tous, avec un regard neutre mais développé.
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Ce livre court, mais passionnant fait partie de la collection Raconter la vie dirigée par Pierre Rosanvallon et Pauline Peretz.

Sous ce titre ironique qui pourrait faire penser à un roman, Annie Ernaux nous raconte la vie sous les lumières de l'hypermarché Auchan de Cergy.
Le récit, qui a la forme d'un journal, correspond à des observations qui datent de 10 ans, faites entre novembre 2012 et octobre 2013, donc avant la crise du Covid, des changements sensibles et angoissants que nous amène le dérèglement climatique, et de la crise de l'énergie et l'inflation qui l'accompagne.

Mais même si ces évènements ont renforcé le rôle d'internet, la volonté plus grande de consommer « local », et si le gigantisme des hypermarchés a conduit à une certaine désaffection, ce que décrit Annie Ernaux de la vie dans ces lieux n'a pas changé, qu'il s'agisse de l'attitude de la grande distribution à l'égard de ses clients, du comportement des consommateurs, et de la vie de celles et ceux qui y travaillent.

Avec son style volontairement sobre et si caractéristique, l'auteure se révèle d'une grande finesse d'observation, non dénuée d'humour, et d'une grande empathie pour les gens.

Chemin faisant, ce qu'elle décrit, c'est tout d'abord la force de contrôle exercée par la grande distribution sur ses client.e.s, souvent cachée sous un affichage de bienfaisance, la recherche de rentabilité se manifestant par le développement des caisses automatiques, du scannage de ses propres articles par la cliente ou le client, par la disparition des cabines d'essayage gérées par une vendeuse, etc..
Mais aussi bien d'autres choses, comme le fait que cette structure est un extraordinaire lieu de diversité et de mixité sociale, diversité d'ailleurs exploitée par l'hypermarché (sollicitations pour le nouvel an chinois, le ramadan, etc…), que les produits achetés disent beaucoup de la structure familiale, de la pauvreté aussi, sur le maintien de stéréotypes de sexe dans l'offre de jouets, que les conditions de travail sont dures pour les caissières, plus valorisantes pour les chefs de rayon de l'alimentation, dont le savoir-faire peut s'exercer, etc…

Et puis, ce court récit est plein d'anecdotes de la vie quotidienne, selon les époques de l'année, les heures de la journée, les âges des gens.
C'est vivant, juste, bienveillant, mais aussi profond dans ce que l'hypermarché dit de notre société capitaliste et de ses travers.

Ce livre est tout à fait en accord avec l'ambition de l'auteure de donner à son oeuvre une dimension sociologique, donc une façon différente de faire de la littérature, loin de la veine romanesque, c'est sûr, mais à mon modeste avis, tout autant pleine d'intérêt
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