AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,88

sur 1097 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Retrouvailles avec cette auteure que je connaissais pour avoir lu : La place et les armoires vides; c'est une de mon " pays " eun' de cheu nous" comme on dit en patois normand ,étant originaire de Lillebonne qui se situe à 36 kms de ma ville.
Comme presque tous ses romans ,c'est un court ( 100 pages) ouvrage d'introspection.Elle vient de perdre sa mère et d'une plume vive ,acérée, un style épuré, elle nous trace le portrait de cette femme.On reconnaît la " patte" d'Annie Ernaux : Une écriture blanche ,c'est à dire sans pathos,froide,sans chaleur ni émotion. Un portrait au " couteau",brut ,s'identifiant bien au caractère bien " trempé " de sa mère,mais derrière ce portrait sans complaisance ni sensiblerie se cache une immense tendresse pour cette mère dure au travail peu démonstrative .
--page 54 /55: " En écrivant, je vois tantôt la 《 bonne 》 mère ,tantôt la 《 mauvaise》 .Pour échapper à ce balancement venu du plus loin de l'enfance j'essaie de décrire et d'expliquer comme s'il s'agissait d'une autre mère et d'une fille qui ne serait pas moi.Ainsi ,j écris de la manière la plus neutre possible......"
Bon roman ,à conseiller⭐⭐⭐
Commenter  J’apprécie          150
Je n'ai pas retrouvé avec "Une femme" le même plaisir que j'avais eu il y a deux mois à la lecture de "La place". "La place" est consacré à la vie du père de l'auteur, "Une femme" à celle de la mère mais dans les deux livres il est souvent question du couple et de l'auteure elle-même (leur unique fille) et j'ai souvent eu l'impression de relire ce que j'avais déjà lu dans le premier livre. le côté "archiviste" des expressions populaires employées par les parents, mises entre guillemets dans le texte ("servir le cul des maîtres", "j'aurais vendu des cailloux !", "ne pas se laisser toucher le quat'sous" ...) est encore présent dans ce livre mais il renforce l'impression de "déjà-vu". Par ailleurs, il m'a semblé que, dans son portrait du père, entrait plus de complexité, une recherche des traces de l'éloignement progressif d'Annie de sa famille et de son milieu d'origine alors que le portrait de la mère est plus sec, avec moins de résonances intimes. Je suis un peu déçu, donc, mais pas au point de me freiner dans mon envie de continuer à explorer l'oeuvre de cette auteure.
Commenter  J’apprécie          141
C'est une très belle déclaration que nous livre Annie Ernaux dans ce court texte. C'est celle d'une enfant, qui à la mort de sa mère, réalise qu'elle n'a pas été que mère, qu'elle n'a pas été que celle que l'on se remémore, mais que dans un sens elle l'a été aussi, bref, on réalise que cette femme est une femme mais que c'est celle de notre vie, elle est notre pilier, du début à la fin, peu importe les rires, les joies et les déceptions, les attentes et les colères...L'amour maternel est certainement le plus beau, mais n'étant pas mère, je ne peux que me placer du point de vue de l'enfant et éprouver cet amour filial inconditionnel, qui nous fait idéaliser la mère et la porter aux nues depuis toujours. C'est un peu le centre de notre univers, qui s'écroule quand elle disparait et nous laisse à nouveau comme l'enfant que nous étions, pris au dépourvu et ce, quelque soit notre âge ou notre expérience...
C'est ce que nous livre Annie Ernaux avec ce témoignage, écrit d'une façon juste et belle. Pas de grandes larmes ou de grands discours, elle raconte simplement la relation assez compliquée qu'elle pouvait entretenir avec sa mère, une femme forte et fière, qui a tout sacrifié pour permettre à son unique enfant de grimper dans l'échelle sociale et intellectuelle, afin d'en faire sa plus grande fierté...Elle dresse aussi le portrait d'une femme, de la société de l'après guerre qui se reconstruit peu à peu et qui aspire au meilleur pour leurs enfants, prêt à tous les sacrifices pour rendre ce monde profondément meurtri un peu plus beau...

C'est une lecture touchante qui ne peut pas laisser indifférent. Je découvre Annie Ernaux avec ce texte, je ne la connaissais que de nom et ces romans ne m'ont jamais attiré plus que ça. Mais comme tout le monde, je vieillis, j'ai la chance de voir mes parents vieillir mais je commence à réaliser certaines choses et à envisager l'avenir un peu différemment...La lecture d'Une femme peut permettre de réaliser certaines choses, de remettre certaines certitudes en question et ainsi permettre de se remettre en question, et d'agir, avant qu'il ne soit trop tard...
Commenter  J’apprécie          130
Voici donc le troisième ouvrage d'Annie Ernaux que je lis. C'est assez bizarre la relation que j'entretiens avec cette autrice. de fait, j'ai une impression de répétition éternelle dans ses écrits, sur sa jeunesse, ses parents, son village Yvetot et sa condition sociale. Pourtant, dans chacune de ses oeuvres, un élément infime et nouveau s'y ajoute. C'est sans doute pour cela que je ressens le besoin de lire ses livres… malgré mon agacement à quelques moments.

En effet, j'ai ressenti un ennui palpable dans certains extraits répétitifs, bien que le livre soit assez court. Cependant, cet ouvrage m'a ému à d'autres moments. Finalement, c'est un bel hommage que l'autrice fait à sa mère, je trouve. C'est un portrait brut et réel, sans artifices et factuel, et pourtant, j'ai compris ce que cachaient les émotions et les ressentiments entre cette femme et sa fille. Comment ne pas projeter là dessus la relation à notre propre mère?

Si vous souhaitez commencer à lire du Annie Ernaux, ce petit texte est tout à fait convenable pour entrer dans son monde et son vécu. Il illustre à la perfection son travail social et familial, à travers l'écriture plate.
Commenter  J’apprécie          111
Je continue la découverte de la plume d'Annie Ernaux avec ce très court roman où elle parle de sa mère, atteinte de la maladie d'Alzheimer et décédée. Livre de souvenirs, de réminiscences, portrait d'une France profonde qu'on a entendu décrire comme moi qui ait plus de 60 ans (j'ai "reconnu" mes grands-parents par moments). Portrait sans fards, sans grand amour mais sans haine non plus. C'est bien écrit, comme toujours, mais comme détaché, froid, clinique. Un récit sans doute indispensable pour comprendre le cheminement de l'auteur.
Commenter  J’apprécie          90
Dans ce texte, Annie Ernaux évoque sa mère qui vient de mourir. Outre les rapports complexes que toutes mères et toutes filles entretiennent, il me semble que le propos principal est la relation que la fille, transfuge de classe, a développé avec la mère en raison même de ce transfert et du décalage qui s'est peu à peu créé entre elles, en particulier dans leurs références sociales, et qui les a sensiblement éloignées.

Le point de vue de la mère, nous l'ignorons. Reste seulement le témoignage de la fille. Et je n'ai pu m'empêcher en lisant ce texte de penser à la très intéressante critique de Nastasia-B sur le livre Les Origines de Gérald Bronner (à lire sur Babelio). Car, sur les sentiments d'une transclasse, dans ce livre, nous sommes au coeur du réacteur personnel d'Annie Ernaux.

En ce qui me concerne, je le précise, je ne suis pas un transfuge de classe. Je suis né où je suis toujours, dans une position facile et enviable, si ce n'était qu'en raison d'une étrange symétrie de miroir avec Nastasia-B, je me trouve également dans une position proche de son Ni-Ni qu'elle décrit parfaitement et où, très curieusement, étrange paradoxe, je me reconnais. Je fréquente très peu, ayant beaucoup de mal à les supporter, ces CSP++ nés au bon endroit (comme moi) mais qui ont suivi l'étroit sillon familial sans jamais tenter un pas de côté et sans jamais regarder d'autres paysages ou fréquenter d'autres écuries que celles de leurs parents.

Nastasia-B, en rappelant sa critique d'un autre livre d'Annie Ernaux que je n'ai pas lu (La Place), parle de trahison de celle-ci par rapport à sa classe d'origine et conteste sa revendication de venger « sa race » en écrivant. Or, dans Une Femme, Annie Ernaux dit les choses avec une étonnante lucidité. Page 65 de ma vieille édition Folio de 2002, elle écrit cette phrase hallucinante pour révéler la trajectoire divergente qu'elle prend à l'adolescence par rapport à sa mère : « A certains moments, elle avait dans sa fille en face d'elle une ennemie de classe ». Tout est dit.

Et c'est d'autant plus dramatique que sa mère a tout fait pour la pousser à faire des études, à grimper dans l'échelle sociale (comme on dit), tentant de vivre à travers sa fille, par procuration, une vieille ambition personnelle inaboutie. Elle accompagne sa fille qui lui « apprend » de la culture avant que celle-ci ne l'abandonne sur le bord de la route parce que la mère ne peut plus suivre.

Dans le texte, Annie Ernaux indique à plusieurs reprises la honte qu'elle a de sa mère quand celle-ci est en contact avec les mères de ses camarades d'un milieu plus bourgeois ; sa mère est trop grosse, sa mère parle trop fort, manque de discrétion, est trop spontanée, etc. Son mépris suinte tout au long du livre. Et ce mépris ressemble à s'y méprendre à celui de ma propre mère envers les milieux populaires. Les bonnes âmes y verront l'inverse, une réhabilitation de sa mère, de ses qualités, de sa force. Certes, il y aussi de cela, parfois, par moments fugaces, mais le mépris traverse le roman, et pas seulement le mépris de sa mère, mais le mépris du milieu dont elle est originaire.

Quant à son père, Annie Arnaux l'avait abandonné plus précocement encore que sa mère, car celui-ci, dénué d'ambition, n'a jamais rêvé à une autre place sociale, revendiquant même son ancrage dans le milieu qui était le sien. Annie Ernaux indique assez clairement qu'elle le déconsidérait par rapport à sa mère, laquelle lui paraissait plus à même d'être en relation avec ces êtres supérieurs qu'étaient maîtresses et autres professeurs. Pourtant, à partir des quelques éléments qu'elle donne de lui, je sens que je me serais bien mieux entendu avec son père qu'avec sa mère.

La dernière phrase du livre est également d'une cruelle lucidité. En conclusion de la mort de sa mère, elle écrit : « J'ai perdu le dernier lien avec le monde dont je suis issue ». le monde, c'est à dire son milieu social. Là encore, on ne peut être plus clair (et on peut se demander, à la voir tant insister sur ce qui la sépare de ce milieu et de sa mère, si ce n'est pas finalement un soulagement pour elle).

Je ne sais pas comment noter ce type de livre. En plus, le style n'est pas terrible, plutôt faible et plat, avec des phrases parfois mal construites et manquant de fluidité ou de clarté.

Prix Nobel, dites-vous ? Vous êtes sûrs ? OK, alors je m'incline humblement, ravale ma morgue et m'affuble du bonnet d'âne. Au piquet, le Yakou !
Commenter  J’apprécie          82
Annie Ernaux. Je connaissais l'auteure de nom mais je n'avais jamais vraiment pensé à la lire. Mais, en vacances chez mes parents et presque à court de munitions livresques, je suis allée piocher dans la bibliothèque parentale. Ma petite Maman a lu Une femme - ainsi que Je ne suis pas sortie de ma nuit, de la même auteure - en rapport avec une de ses formations et plus généralement en rapport avec son travail auprès des personnes âgées. Je savais donc qu'il était question de la maladie d'Alzheimer… et c'est tout.
En fait, Une femme, c'est beaucoup plus que ça et la maladie n'apparaît que dans les toutes dernières pages. Comme quasiment toujours avec la littérature contemporaine, j'ai lu ce titre sans déplaisir, mais je n'ai pas non plus trouvé là, un texte extraordinaire. Une lecture grave, intéressante ; mais pas inoubliable.

J'ai cru comprendre que Annie Ernaux avait fait de la biographie et autobiographie sa spécialité. Une femme ne déroge pas à la règle puisque, à travers le récit de la vie de sa mère, l'auteure s'attarde également sur son propre passé et ses propres émotions.
Le livre s'ouvre sur la mort de cette « femme ». L'enterrement passé, Annie Ernaux remonte le temps et retourne en Normandie où sa mère, avant d'être mère, fut enfant, adolescente, jeune femme, épouse, travailleuse increvable… L'auteure s'attarde également sur son enfance à elle, auprès de cette femme qui faisait passer le client de l'épicerie familiale avant tout et qui lui faisait honte, alors qu'adolescente, elle fréquentait des jeunes gens de son âge plus fortunés, mieux éduqués… Cette femme extraordinaire que le temps a finie par rattraper malgré sa vigueur et qui, alors qu'elle avait toujours été alerte et active, la condamne aux pertes de mémoire, à la désorientation, aux subites colères face à l'incapacité, au retour à l'enfance… Et Annie Ernaux, témoin du déclin de sa mère, préfère garder en mémoire l'image de cette femme forte et déterminée, plutôt que celle de cet être sanglé dans un fauteuil pour éviter une chute…

C'est un texte court, mais c'est un texte assez intense, surtout lorsqu'on arrive aux dernières pages et à la maladie d'Alzheimer. Si vous avez un minimum d'empathie, vous ne pourrez qu'être touchés par le devenir de cette femme battante. Mais attention au moral, le sujet est lourd.
Je m'attendais à un texte complet sur la maladie d'Alzheimer alors j'ai d'abord été désappointée en constatant qu'avant d'en arriver là, j'allais découvrir toute la biographie de la mère de Annie Ernaux.
Finalement, je ne suis pas déçue par cette découverte même si elle ne correspond pas tout à fait à ce que j'espérais. A l'occasion, je lirai Je ne suis pas sortie de ma nuit, autre texte de l'auteure dédié à sa mère qui, lui, cette fois, est entièrement consacré à la maladie.

Annie Ernaux fait revivre sa mère par les mots. Une femme ouvrière et simple et donc un style simple et épuré. Je ne retire pas grand-chose de la plume, mais sur le moment, j'ai été happée par la douleur de l'auteure face à son deuil et j'ai été très sensible aux derniers passages. Annie Ernaux parvient à émouvoir avec simplicité, sans artifices.


Une femme ne me semble pas être un indispensable de la lecture contemporaine. Malgré tout, il offre un émouvant témoignage autobiographique et me pousse à lire autre chose de Annie Ernaux. Pari quasiment réussi, donc !
Lien : http://bazar-de-la-litteratu..
Commenter  J’apprécie          80
après le décès de sa mère, Annie Ernaux reconstitue sa vie: son enfance dans la pauvreté, puis sa vie de jeune fille, son désir de s'élever, son travail acharné de gestionnaire d'un commerce de village, son désir que sa fille s'élève à son tour, leurs confilts... jusqu'à la vieillesse et la maladie d'Alzheimer. C'est réaliste, une vision de la mère qui s'efforce d'être objective et dans laquelle on peut se reconnaître facilement, jusqu'à la tristesse de la perte exprimée avec beaucoup de pudeur. un style sobre, sans un mot de trop
Commenter  J’apprécie          50
Annie Ernaux raconte sa mère, la femme hissée au rang de commerçante, la femme souhaitant que sa fille soit mieux qu'elle, la femme vieillissante qui perd la tête. Comme pour La place, c'est écrit sobrement, avec une volonté d'analyse sociale, mais on sent qu'il s'agit d'un cri d'amour peu dit.
Les deux livres, l'un parlant du père, l'autre de la mère, peuvent se lire à la suite. Il y a quelques répétitions de l'histoire mais selon qu'elle raconte l'un ou l'autre, les événements ne semblent pas avoir pris la même importance.
Commenter  J’apprécie          54
Récit court qui se lit en 2 temps 3 mouvements. Thème: la vie et la fin de vie de la mère de l'auteur.Réaliste, froid parce que réservé quant aux émotions, style assez sec, sans fioritures, l'histoire aussi des relations entre une mère et sa fille, et, surtout, le sort des personnes âgées dont on efface toute individualité, tout affect, toute histoire personnelle. C'est terrible .
Commenter  J’apprécie          30




Lecteurs (2673) Voir plus



Quiz Voir plus

Une femme (Annie Ernaux)

En quelle année est née la mère de la narratrice ?

1900
1902
1904
1906

12 questions
21 lecteurs ont répondu
Thème : Une Femme de Annie ErnauxCréer un quiz sur ce livre

{* *}