Le Mystère Sherlock, un roman policier ? Un pastiche plutôt. Un pastiche qui se moque gentiment des romans à énigme dont l'auteur semble avoir une grande connaissance. Jugez plutôt :
J.M. Erre y parodie le célébrissime
Dix petits nègres d'
Agatha Christie tout en mettant en scène des universitaires prêts à s'étriper pendant un colloque au cours duquel devrait émerger le nom du titulaire de la très convoitée future chaire holmésienne...
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L'histoire commence par la fin : l'inspecteur Lestrade (!), policier bien réel (!), rejoint les pompiers requis par le directeur de l'hôtel Baker Street, hôtel qui, depuis quatre jours, se trouve enseveli sous la neige à cause d'une avalanche. Y sont bloquée des universitaires et une journaliste ; les universitaires réunis là pour le fameux colloque, la journaliste espérant y trouver matière à un papier. L'intrigue se déroule donc sur quatre jours pendant lesquels nos universitaires seront assassinés l'un après l'autre jusqu'à la révélation finale, l'auteur suivant sans surprise l'intrigue développée par
Agatha Christie. L'intérêt ne réside évidemment pas là.
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J'ai passé un moment agréable grâce à cette lecture divertissante. L'auteur manie l'ironie, use (et abuse parfois) de jeux de mots en tout genre : néologismes (focuisme, zombifier, poticher…), mots-valises, calembours et à-peu-près (Eva-sectomie !) pour ne citer que quelques exemples. Mais surtout, c'est un virtuose de l'anacoluthe et de la comparaison inattendue (voir les citations) ! Pourquoi seulement trois étoiles alors ? à cause de la construction très alambiquée qui nous fait passer des carnets de la journaliste à son projet de livre (Sherlock Holmes pour les Nuls), aux dossiers holmésiens sur chacun des personnages, aux lettres (souvent très drôles) d'une des protagonistes à son confesseur, au bloc-notes d'une autre, aux carnets d'un autre, et j'en laisse de côté… Même si chaque changement est clairement indiqué, vu le nombre de personnages réunis pour cet huis-clos, j'ai eu tendance à saturer.