p 50 L'influence de la législation du droit d'auteur sur la production littéraire sera mise en lumière par l'exemple de la littérature américaine au début du XIXè siècle. Les éditeurs américains n'étaient alors liés aux éditeurs anglais par aucune convention. Ils pouvaient donc reproduire et vendre tous les ouvrages des grands auteurs anglais contemporains sans payer de droits. Cela les conduisait naturellement à négliger les auteurs américains qu'ils auraient dû rétribuer. Cette concurrence désastreuse contraignit les auteurs américains à se rabattre sur le magasine et en particulier sur le genre littéraire le mieux adapté au magazine: la nouvelle. C'est donc à ce fait que nous devons une partie de la vogue du magazine aux Etats-unis, d'autres part l'abondante production de nouvelles en Amérique au XIXè siècle (Poe).
p 118 Remarquons une différence fondamentale entre la littérature et les beaux-arts: alors que la musique et la peinture peuvent servir de décor, voir de contexte fonctionnel à l'existence active parce qu'elle n'engagent qu'une partie de l'attention, la lecture ne laisse aucune marge de liberté aux sens et absorbe la totalité de la conscience, faisant du lecteur un impotent.
p 120 ...dans les pays ne pratiquant pas une politique de dirigisme littéraire, la majorité des lectures mises en circulation dans le circuit lettré supposent une motivation d'enrichissement, alors que la majorité des lectures mises en circulation dans circuits populaires supposent (et encouragent) une motivation de désertion.
Robert Escarpit
Jacques CHANCEL s'entretient avec
Robert ESCARPIT,
journaliste et universitaire : Sa fonction de président de l'université Bordeaux III. Son livre "Vivre la Gauche". Son enracinement provincial. Son tempérament d'homme de Gauche. Propos désabusés sur les appareils des partis politiques. Son anti-cléricalisme. Sa polémique avec des critiques littéraires. Critique de "l'Etat gendarme".