Il s'agit d'un texte de jeunesse de Lukacs, et qu'il a plus ou moins renié par la suite. Malgré le titre un peu ronflant, on à faire à des réflexions ni très élaborées ni très étayées plutôt qu'à une véritable théorie. Lukacs s'inscrit dans la tradition de la critique germanique (Schiller notamment) pour laquelle les genres et styles artistiques sont le reflet de l'esprit d'une époque.
Si j'ai bien compris (ce qui n'est pas du tout sûr car la prose de Lukacs est particulièrement obscure) la thèse centrale est que le roman se caractérise par un mauvais ajustement entre l'âme du héros et le monde dans lequel il vit. Ainsi, Don Quichotte a une âme de héros de roman de chevalerie et se retrouve en décalage avec le monde prosaïque dans lequel il vit. A l'inverse, le héros d'une épopée ou d'une tragédie est toujours "à la hauteur" des aventures, bonnes ou mauvaises, qui lui arrivent.
Bakhtine (Esthétique et théorie du roman) a un point de vue un peu différent et à mon avis plus intéressant: c'est la coexistence au sein d'un même texte du style chevaleresque de Don Quichotte et du style réaliste de
Sancho Pança qui fait vraiment l'originalité du genre romanesque.
Dans l'ensemble il m'a semblé que Lukacs n'était ni très intéressé ni très au point sur son sujet. Il cite très peu d'exemples et souvent ce ne sont pas des romans mais des pièces de théâtre. Il présente tolstoï ou
Dostoïevski comme des écrivains "à thèse" ce qui me semble totalement réducteur.
Le seul point qui a un peu retenu mon attention c'est l'éloge qu'il fait de
Pierre le Chanceux de
Henrik Pontoppidan, un prix Nobel de Littérature quelque peu oublié en dehors de son Danemark natal.
Miaou à tous.