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Romain Guillou (Traducteur)
EAN : 9782383610038
320 pages
Globe (13/10/2021)
3.78/5   9 notes
Résumé :
2005 : William « Bull » Preece, 45 ans, est découvert mort dans son mobile-home rouillé d'une overdose à l'oxycodone, un opioïde puissant délivré sur ordonnance. Debbie Preece, sa sœur, se l'est juré : Bull ne sera pas un autre chiffre dans le bilan humain désastreux des Appalaches. Bébés nés dépendants, familles détruites... Le taux de décès par overdose aux opioïdes a quadruplé en quelques années.
2013 : Eric Eyre travaille depuis quinze ans à La Gazette de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Peut-on livrer 780 millions (oui, oui, millions) de comprimés d'analgésiques – principalement hydrocodone et oxycodone - en 6 ans en Virginie Occidentale et assister parallèlement à 1 728 morts par overdose dans le même État sans que personne ne réagisse ? Oui et non…

Oui, parce cela s'est réellement passé au début des années 2000. Et qu'en plus des morts, ce sont des milliers d'Américains lambdas qui, loin d'être des drogués, sont devenus accros aux cachets, victimes d'un système démarrant par les prescriptions abusives de médecins plus hypocrites qu'Hippocrate.

Non, car quelques familles de défunts ont eu le courage de lancer les premières actions en justice, gouttes d'eau décisives dans un océan d'enquêtes et de procédures qui ont fini, il y a quelques mois, par dénoncer, condamner et faire tomber tout un système pyramidal et criminel.

Non, car il reste encore quelques journalistes dans ce monde prêts à « s'indigner sans relâche » et pour qui le mot investigation a encore du sens. Eric Eyre, journaliste de la Charleston Gazette – ici traduit par Romain Guillou – est de ceux-là, et dans Mort à Mud Lick, il nous raconte sept ans d'enquêtes et de combats dans un livre salué d'un Pulitzer du reportage d'investigation.

Sa manière de décortiquer l'effroyable chaîne puissante et addictive mise en place par les sociétés pharmaceutiques, leurs distributeurs, les pharmacies et les « médecins » prescripteurs, fait froid dans le dos. Un véritable système mafieux qui n'a rien à envier aux gangs et cartels du Sud.

Mais c'est surtout sa plongée dans le système judiciaire américain qui fait l'intérêt de ce livre, montrant que les principes de la négociation, du compromis et de l'accord financier sont dans ce cas précis, autant d'artifices juridiques favorisant la latence et l'inertie alors que les faits sont là et que les morts continuent de s'accumuler.

Un récit qui se lit au départ comme un thriller, avant malheureusement de perdre en intérêt pour le lecteur étranger trop éloigné du sujet, un brin écrasé sous le trop plein de détails judiciaires et de procédures qui finissent par s'apparenter à des redites.

Reste un livre au sujet fort qui ne peut manquer d'interpeller sur la financiarisation des métiers du médicament et ses dérives associées, y compris chez nous où la dépendance médicamenteuse atteint régulièrement des records mondiaux…
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J'avais regardé plusieurs reportages sur le sujet dans lesquels le spectateur ahuri pouvait découvrir comment les trafics et ventes en toute facilité des opiacés aux EU pouvait anéantir des familles entières et faire mourir des hommes et des femmes parfois même en train de conduire avec tous les risques que cela comporte.

Alors quand j'ai vu qu'un livre sortait sur le sujet, pas moyen de résister, il me le fallait. Et là, comme à chaque fois qu'un lanceur d'alerte décide d'expliquer pour prévenir, c'est le même processus qui est décortiqué.

Des procédures qui sont là pour être respectées mais que les industriels ne respectent pas et rien ne se passe, des services d'ordre qui doivent intervenir mais ne le font pas, un service étatique censé vérifier les procédures mais il est absent, quelques politiques, journalistes ou médecins qui essaient d'alerter à leurs risques et périls mais ne sont pas entendus et puis, des milliers d'humains qui meurent sans avoir été prévenus des risques à prendre ce médicament qui rend dépendant, d'autres qui le prenne en toute connaissance de cause, des médecins qui prescrivent sans aucune raison à part se faire beaucoup d'argent, des revendeurs qui acceptent la prescription pour la même raison et c'est le circuit infernal jusqu'à ce que enfin, la justice remplisse son rôle.

Un livre qui témoigne que dans le monde des humains rien n'est jamais gagné ni parfait et les combats justes peuvent ruiner une vie.
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Sacré choc que ce livre. Sacré constat d'une Amérique. après le très réussi Fracture d'Eliza Griswold sur le scandale des entreprises d'extraction de gaz de schiste, les éditions du Globe réitère avec les laisser-pour-comptes des USA. Bienvenu dans un monde où des société de médicaments mettent la pression aux médecins pour prescrire certaines pilules. Si les gens deviennent accrocs? On s'en fout, tant qu'on se remplit les poches d'un argent toujours plus grand, toujours plus sale. Que font les agences gouvernementales pour contrecarrer ce circuit? Pas grand chose. 320 pages glaçantes. Des années de rencontres, de conflits, de morts, de menaces, Eric Eyre se consacre pleinement à la tâche qui lui a valu le prix Pulitzer du reportage. Une enquête minutieuse sur le terrain, entourés de familles endeuillées, d'avocats à la pelle, de pharmaciens qui ferment les yeux, de fournisseurs "naïfs", de la DEA incapable d'agir... Une lecture prenante, à laquelle il faut s'accrocher vu le nombre de personnes croisées. Mais entre les politiciens corrompus, et les médias qui s'effondrent, la vérité trouve quand même son chemin. Il faut compter sur une poignée d'hommes/femmes décidés à faire éclater la vérité, à démontrer que ces fournisseurs sont responsables d'une quantité de morts incroyables. le journalisme n'est pas mort, il prouve que des enquêtes de fond sont nécessaires. Les fake-news ne peuvent pas régner surtout avec des preuves accablantes. Très bien écrit, une construction redoutable, un récit nécessaire.
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critiques presse (1)
LeMonde
09 janvier 2022
Le journaliste américain Eric Eyre fut Prix Pulitzer 2017 pour ses reportages d’investigation sur le tragique scandale de la dépendance aux opioïdes en Virginie-Occidentale.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Nous étions sur le point de dévoiler les preuves de l'origine de la crise, une catastrophe causée par l'homme et alimentée par la cupidité des entreprises et par la corruption.
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