Il y a des livres comme ça qu'on n'a pas envie de terminer…
Quand j'étais petite, mon père me disait toujours qu'il n'était pas correct de prendre tout son temps pour manger, surtout quand il s'agissait d'apprécier un bon plat, car il ne fallait pas « pignocher ». J'ai donc longtemps évité de pignocher mes repas. Mais pas certains livres. Ce roman de
René Fallet en fait partie.
Je l'avoue : j'ai fait durer le plaisir au cours de ma lecture des Pas perdus. Je ne suis pas du genre à dévorer les livres, mais il m'arrive parfois d'être prise à ce point par un roman que j'ai du mal à le lâcher. Forcément, c'est ce qui m'est arrivé avec celui-ci. J'ai eu peur de le finir trop rapidement, et d'autant plus qu'il est plus court que ceux que j'ai lus précédemment, alors j'ai ralenti le rythme.
Voilà encore un bien beau roman de
René Fallet. le jeune Georges, 26 ans, célibataire et ouvrier chez Cinédécor, cherche désespérément l'amour dans la salle des Pas perdus de la gare Saint-Lazare, invariablement assis sur la chaîne qui protège le monument aux morts. Un soir, au Cinéac, il va rencontrer Yolande, qu'il appelle « Mme Ygrec » ou « Paille de fer » à cause de la couleur de ses yeux. Mais Paille de fer habite Chatou, banlieue huppée, et surtout, elle est « mariée-deux-enfants », elle fait partie de ces « réveillés-la-nuit-par-les-gosses », comme l'écrit Fallet. Autour d'eux gravite Mazurka, la jeune collègue hongroise de Georges (qu'elle surnomme « Jo-L'eau »), qui est libre comme l'air et qui enchaîne les liaisons sans se soucier du qu'en-dira-t-on.
Oui, c'est encore une histoire d'adultère. Il en existe beaucoup et c'est un thème qu'on retrouve souvent en littérature. Mais comme d'habitude, la plume de
René Fallet magnifie cette histoire qui aurait pu être prosaïque, mais qui est rendue très poétique. Bien sûr, ce n'est pas
Paris au mois d'août, mais il y a de la passion. Forcément. Car
René Fallet s'emporte contre « l'aspic […] du baiser glacé sans vanille » et contre les « serpents de fins d'amour et d'extinction de tous les feux ». Alors bien sûr qu'il faut de la passion.
En attendant,
les Pas perdus de la gare Saint-Lazare conduiront-ils Georges vers l'amour, la passion ? L'histoire ne nous le dit pas…