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EAN : 9782875054272
Maelström (01/01/2022)
3.7/5   5 notes
Résumé :
Poèmes choisis et traduits du persan par Niloufar Sadighi & Franck Merger.

Forough Farrokhzâd (1935-1967) est une figure majeure de la poésie persane moderne. Connus de tous les Iraniens, ses poèmes sont ceux d’une femme qui a cherché à se donner par la création, sinon un destin, du moins un dessein librement choisi. Forough Farrokhzâd s’est illustrée non seulement comme poétesse, mais aussi comme actrice, traductrice et réalisatrice…

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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Opération mass critique littérature : la poétesse iranienne Forough Farrokhzâd, comète littéraire d'un Iran d'avant les turbans.

Décédée au seuil de sa trentaine, dans un accident de voiture, l'actrice et écrivaine reste un symbole de la parenthèse libérale qui précède le régime des Mollah, de ce qu'aurait pu devenir le Moyen-Orient plus généralement, on pense aussi à l'Afghanistan, si la propagande fanatique n'avait pris le dessus sur la multitude des ânes, euh pardon, des âmes (comme disait Anatole France).

“Le désir comme une flamme.” En effet, difficile d'imaginer aujourd'hui l'enseignement dans les écoles persanes d'une poésie féminine libre, non seulement de désirer, mais encore et surtout d'écrire son désir, de mettre l'amour en mots. Car c'est bien de cela qu'il s'agit dans cette courte sélection bilingue, de poèmes enflammés :

“Mon amant
est un homme nu
au pays des merveilles maudites
un homme nu
dernier symbole d'une religion fabuleuse
que j'ai caché
dans le buisson de mes seins”

Dans “Mon Amant”, la poétesse vante “les lignes obliques et impatientes” des “membres insoumis” de l'homme qu'elle aime. Dans “L'Union”, c'est “la chaleur rougeoyante du feu” que Farrokhzâd voit “ondoyer sur tout son corps”, elle constate la “dilatation de l'amour” et abdique face aux voluptés de la passion jusqu'à se “dissoudre sous le souffle de ses caresses”, son écriture suit le “sillon du désir - et ce spasme mortel jusqu'au plus profond de moi” avant de conclure : “comme des fous nous avons vécus l'un dans l'autre tous les instants fugaces de l'union”.

C'est donc une poésie farouchement sensuelle, décoiffée, écrite dans les draps encore tiédis par le troisième péché de six heures et demi du matin. Après l'amour, la poétesse se rêve en “oiseau mortel”, d'incantations en fuites, quelques battements d'ailes suffiront-ils pour ramener cette hirondelle de Téhéran sous le ciel de l'Iran d'aujourd'hui ?

Qu'en pensez-vous ?
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C'est un pays où toutes les habitantes et habitants connaissent au moins un poème. Un pays où les poèmes sont des choses vivantes, les poètes célébrés. Un pays où la poésie est vénérée.

On se dit que ça doit être un endroit formidable. Et pourtant…

C'est un pays où on obtient le divorce uniquement parce que sa femme écrit son désir:
« je te désire mais jamais je le sais
Contre toi je ne me blottirai
Toi vaste ciel éclatant
Moi dans sa cage oiseau captif »

Un pays où plaisir et péché sont synonymes:

« J'ai péché un péché lourd de plaisir
Dans une étreinte ardente incandescente
J'ai péché dans des bras
D'acier brûlants et triomphants

En un lieu écarté sombre et silencieux
J'ai regardé ses yeux où tremblait un mystère
Mon coeur fébrile a frémi dans ma poitrine
À sentir le désir de ses yeux où tremblait une soif »

C'est un pays où il n'est pas permis d'être poétesse. Pas permis d'être une femme libre. Pas permis non plus d'être femme …

« Cet être marqué au fer du déshonneur, qui se riait
Des sarcasmes absurdes, c'est moi
Je disais « je veux être le cri de ma propre existence »
Hélas ! hélas ! femme je suis »

C'est un pays où on assassine les jeunes femmes parce qu'elles portent des vêtements inappropriés.

Je dis son nom : Mahsa Amini.
Je dis son nom : Mahsa Amini

Mahsa Amini.

Alors à la mémoire de Mahsa Amini je cite Forough Farrokhzad:

« Je boirai de tout mon être assoiffé
Le sang brûlant de tes instants
Je jouirai si fort de toi
Que ton dieu sera fou de rage ! ».
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Forough Farrokhzâd était une poétesse de langue persane des années 50, avant la révolution islamique, de l'époque où les femmes pouvaient se vêtir à l'occidentale, mais elle est décédée jeune, à 32 ans, sans avoir vécu la répression de ses idées.
Car à la lecture de ces poèmes, rassemblés ici par la maison d'édition Maelström Reevolution (que je remercie au passage ainsi que Babelio et sa Masse critique pour cette lecture), on devine une jeune femme intense, passionnée, amoureuse et se rêvant libre dans ses passions.
Son écriture, très moderne, parle d'amour et de sensualité, balance entre culpabilité et revendication et pourrait être celle de n'importe quelle jeune femme amoureuse dans le monde d'aujourd'hui.
Tout jusqu'au titre et l'illustration de couverture résonne de cette intensité, une couverture, au passage, que je trouve très belle, comme tout le recueil d'ailleurs, un bel objet qui présente le texte en alphabet persan d'un côté et dans sa traduction de l'autre.
Cet auteure, dont je n'avais jamais entendu parler, est une figure majeure de la poésie persane, et sachant l'importance de la poésie en Iran, ce n'est pas rien. Je tenterai sans doute de lire d'autres recueils dans le futur.
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Poésie sombre, dans laquelle la mort, la terre, la sensualité, l'absence, l'espoir, la tradition et l'avenir se rencontrent. Vous trouverez ainsi, sous cette plume persane, des questions, des promesses et des douleurs universelles, fortement marquées par la fusion entre l'humain et la nature. Vous croiserez aussi, à l'inverse, des textes plus hermétiques, témoignant sans doute d'un ressenti ou d'une illumination de l'autrice qu'elle a voulu rendre inaccessible.
Mais n'est-ce pas cela la poésie : assembler des mots qui émeuvent, qui racontent ou qui ne désirent que chanter, sans chercher à se laisser comprendre ?
Forough Farrokhzad joue sur tous ces tableaux. Nous n'avons qu'à suivre les chemins qu'elle choisit et à savourer les phrases qu'elle nous offre.
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Recueil de petits poèmes très sombres, évoquant la tristesse, le chagrin, la perte de l'autre, le deuil, l'emprisonnement… La répétition multiple de certains mots imprime un rythme lancinant à la prosodie. La mélancolie de la poétesse se ressent très fort et nous sentons son âme emprisonnée dans bien des tourments. Pourtant, je ne suis jamais parvenue à entrer en véritable communion avec elle, probablement l'effet de la traduction.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
"J'ai péché un péché lourd de plaisir
dans une étreinte ardente incandescente
j'ai péché dans des bras
d'acier brûlant et triomphant
(...)
Le désir comme une flamme a brillé dans ses yeux
le vin rubis a dansé dans la coupe
Dans la douceur du lit
mon corps ivre a frémit contre sa poitrine"
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Les présents

Je parle du fond de la nuit
Du fond des ténèbres
Je parle du fond de la nuit

Si tu viens en ma maison, mon doux ami, apporte-moi une lampe
Et une fenêtre
Par laquelle regarder l’heureuse agitation de la rue
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Ô vie! tu n'es que néant et pourtant
je déborde encore de toi
je ne veux pas rompre ce lien
et te fuir encore moins

Le moindre atome de mon corps de poussière
brûle de toi ô poésie ardente!
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Je ne parle pas d'un murmure apeuré dans l'obscurité
Je parle du grand jour et de fenêtres ouvertes
et de l'air frais
et d'un brasier où brûlent les objets inutiles
et d'une terre féconde d'une autre culture
et de naissance d'accomplissement et de fierté
Je parle de nos mains amoureuses
qui ont jeté au-dessus de nos nuits
un pont de parfum de brise et de lumière
Viens dans la prairie
la vaste prairie
et appelle-moi parmi les soupirs de la fleur de soie
comme une gazelle appelle sa compagne.
Les rideaux sont lourds de sanglots secrets
et les colombes innocentes
du haut de leur tour immaculée
regardent vers la terre.
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Moi
Je connais une petite fée triste
qui habite l'océan
et épanche son cœur
dans une flûte en bois
tout doucement
une petite fée triste
qui la nuit meurt d'un baiser et à l'aube renaît d'un baiser
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Videos de Forough Farrokhzad (11) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Forough Farrokhzad
La journaliste, réalisatrice et écrivaine, Abnousse Shalmani explore le lien entre l'intime et le politique dans son livre "J'ai pêché, pêché dans le plaisir". L'ouvrage met à l'honneur deux femmes poètes qui défient les conventions de leurs époques et se retrouvent autour d'un point commun : assumer leur désir en même temps que leur quête de liberté. D'un côté, Forough Farrokhzad qui vit en Iran dans les années 1950 et de l'autre Marie de Régnier, muse maîtresse du poète Pierre Louÿs au temps de la Belle Epoque. Ces deux femmes, dans leurs vies respectives, ont trouvé la liberté dans l'amour du point de vue de la chair. Un combat toujours d'actualité aujourd'hui, dans une époque marquée par "le retour d'un discours puritain", selon Abnousse Shalmani, qui ne conçoit pas la liberté de penser sans la liberté du corps et va même plus loin en abordant la liberté sexuelle des femmes et leur rapport au plaisir. Un exemple parlant entre liberté du corps et liberté de penser, et qui donne espoir, est le droit d'avortement, sacré quelques jours plus tôt dans la Constitution française.
Retrouvez l'intégralité de l'interview ci-dessous : https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/
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