Vélasquez est d'accord avec le déterminisme scientifique. On ne peut découvrir en lui le moindre doute sur le but de la vie et la raison du monde : la vie est le but de la vie et la raison du monde est d'être.
Sans doute Vélasquez avait dû souvent, dans sa jeunesse, gravir la tour de Giralda et regarder Séville toute blanche, ville d'argent sur qui palpitent, comme des ailes impalpables, des bleus éteints, des roses pâles, ses toits de bronze patiné d'or et ses horizons indistincts où le ciel et la mer se mêlent, ses horizons noyés dans la confusion poudroyante de la poussière et de la vapeur d'eau.
C'est la première fois que Velazquez traite un sujet mythologique et aborde le nu et c'est la seule fois qu'il mêle, comme Rubens, des personnages nus à des personnages habillés. C'est aussi de toutes ses toiles la plus composée, la plus touffue, la plus mouvementée.
La peinture espagnole ne manifeste aussi qu'après l'effort guerrier la véritable forme de la sensualité ibérique. Comme partout ailleurs dans la chrétienté, au fond des monastères, les manuscrits sacrés s'étaient couverts d'enluminures, ou, dès les XIIe et XIIIe siècles, l'influence italienne apparaît nettement. Mais c'est au siècle suivant seulement, alors que la race espagnole commençait à se constituer, qu'à Valence, et plus tard en Aragon, en Catalogne, sa conception plastique de la vie essayait de se faire jour chez de nombreux artistes primitifs.
Le. grand Flamand (Rubens) avait cinquante-deux ans. Il était à ce moment-là le peintre souverain du monde, une sorte de dieu vivant. A ses côtés, en invisible escorte marchait, avec la générosité, l'amour triomphal de la vie. Par son être, ses actes, son oeuvre, il répandait les plus grandes leçons de foi en la force de la nature qu'artiste ait jamais enseignées. Un peuple d'élèves le suivaient, Jordaens et Van Dyck grandissaient à son ombre; pendant deux siècles tous les peintres de l'univers allaient subir son influence.
Suzanne Flon lit Elie FAURE
Suzanne FLON lit une page de
Elie Faure.