(critique rédigée en 2016)
"Moi,
Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée", un classique, on ne peut le nier...
Je l'avais lu il y a une dizaine d'années, pourtant tout est flou, tout au long de ma lecture je n'ai vu que des fragments du film, le livre semblait avoir complètement disparu de ma mémoire.
Mais, j'avais envie de voir, avec plus de recul sur l'adolescence, et en particulier la mienne, ce que je pouvais voir aujourd'hui.
L'histoire est tragique, une descente aux enfers, la drogue, l'adolescence, le sexe, la décadence, une belle descente aux enfers dans les règles de l'art, avec mes sujets fétiches: le côté sombre de l'Humain, ses limites, celles qu'il prend plaisir à défoncer.
La douleur comme énergie. le cercle vicieux de la vie et des échecs.
Mon regard était plus mature, on s'y retrouve, je m'y retrouve, pas dans les extrêmes mais dans la fuite, la pensée de sortir de la merde sans trouver d'échappatoire.
Mais je ne sais pas, au final l'accumulation donne un aspect brouillon, on se perd dans les sevrages sans succès, dans les âmes éphémères, dans les lieux qui nous sont inconnus.
Avec le temps, l'empathie se répartie, envers la fille, mais aussi envers la famille, détestable certes, mais aussi complètement paumée face à cette situation inextricable qu'ils n'avaient aucunement envisagé.
On repense à nos propres conneries, nos propres mensonges, l'idiotie et l'égoïsme de cet âge et on reconnait l'envie d'être une autre, de s'intégrer, de changer de peau, de brûler les étapes en se camouflant derrière le masque de l'adulte alors que nous n'en avions ni la capacité ni la maturité.
On est surprise de la maturité-immature de la gamine, on a envie de la gifler ou de la féliciter de sa vision sur le monde qui l'entoure, sur ses proches et sur elle même. Mais, je pense que le texte au final rédigé par les deux journalistes est assez différent des choses qui ont pu sortir de sa bouche, du moins si l'on se fît à l'énorme différence que l'on peut trouver avec le second tome, même s'il est possible que les drogues est eu raison de son intelligence. Difficile à dire
Difficile de savoir sur quel pied danser tant son parcours est chaotique.
Gamine trop idéaliste ou créature désenchantée? On se sait pas, et on finit le bouquin se demandant quel sera son futur... (La suite que j'ai lu aujourd'hui).
Si je dois résumer, il me parle sans doute plus à ce jour qu'il y a dix ans, sans doute ai-je aujourd'hui conscience de mon statut d'adulte et que même si je le refuse, j'ai grandi et mon regard s'est lentement modifié, j'ai appris des choses, sur moi, sur ma crise d'adolescence et je me dis que putain, j'ai tourné aux bons moments.
Une dernière chose qui m'a marqué est à quel point on sent le point des années, le monde n'est plus le même, impossible de mettre 1976 sur 2016, le calque est trop différent, les moeurs ont tant évoluées, le monde n'a plus rien de semblable, reste l'autodestruction et cet âge maudit.