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sur 2284 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Ni hier ni demain ne m'intéressent. » « Je n'ai pas de projets, seulement des rêves. » « Maintenant, je ne suis à peu près heureuse que dans les moments où je rêve, et où je rêve que je suis quelqu'un d'autre. »

Merde alors ! Quand j'ai lu ces phrases prononcées par une gamine de 13 ans, j'ai corné les pages, pour ne pas oublier, pour marquer ce livre comme ses bras. Une piqure, un rappel pour moi.

« Tout ça m'a paru complètement fou. Dans quel monde vivons-nous ? » se demande la mère de Christiane. Moi aussi, je me le demande. Quand des instituts spécialisés refusent de prendre en charge des enfants dont la vie ne tient qu'à un fil. Quand tous les adultes préfèrent fermer les yeux car c'est trop moche ou parce que ça en arrange bien certains...ou parce qu'ils se sentent démunis ? Oui nous le sommes mais est-ce pour autant qu'il faut arrêter de se battre ?

Je ne crois pas que cette histoire soit terminée. Tous les jours des enfants tombent et ne se relèvent pas. Parce qu'aucun adulte n'est là pour les aider. J'ai flippé pendant cette lecture car je ne me sens pas à l'abri. Qui peut l'être ? Quand un enfant pense « Je ne sais pas pourquoi je suis au monde. », on a raté quelque chose, non ?

Quand on donne des étrennes, voilà ce que peut penser un adolescent héroïnomane : « Hiver ou été, Noël ou Nouvel An, pour moi tous les jours se ressemblent. A ceci près que j'ai reçu de l'argent en cadeau de Noël, ce qui m'a permis de faire un ou deux clients de moins. » Flippante cette lecture. Dans le quartier de Gropius, les enfants n'avaient pas droit de cité, tout leur était interdit. Avec son père, c'était des coups et des meurtrissures.

Alors je me suis raccrochée à des petits détails pour trouver vos rayons de soleil Christiane. Il y a eu David Bowie... « C'est le pied. Presque autant que je l'ai imaginé. Fantastique. Mais, aux premières mesures de It is too late, ''C'est trop tard'', je sombre. Cette chanson me donnait la cafard. Je trouve qu'elle décrit très exactement ma situation. » Et avec Detlev... un rayon chaud d'amour. Un amour qui a coulé dans vos veines. Finalement même vos rayons de soleil finissaient par vous donner la jaunisse. Qui vous aimait ?

Oh, what will I be believing and who will connect me with love ? ''Station to station''

« C'est moche de mourir quand on n'a pas encore vécu. »
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Christiane F. livre ici son témoignage, celui de sa chute dans l'enfer de la drogue. Ce n'est pas le genre de bouquin qui, habituellement, m'attire. En fait, je lis très peu de biographies. Mais celui-ci m'a été prêté, je l'ai entamé un peu à reculons. Non seulement à cause du genre, mais aussi et surtout à cause du thème. Les drogues, les toxicomanes, ce monde dur, pas pour moi. Toutefois j'ai laissé sa chance au livre et j'en suis content. Évidemment, c'est dur, une lecture coup de poing, mais parfois c'est essentiel.

La préface (dans l'édition Folio, je ne sais si c'est la même partout) m'a aidé à me situer, à mettre en perspectives cette histoire. Peut-être même expliquer ce qui a pu poussé Christiane vers la drogue. En effet, son enfance et son début d'adolescence ont été marqués par un père vindicatif et une mère qui n'a pu su mettre des limites, voir ce qui arrivait à sa fille. Et ce qui ne devait être qu'un essai, l'héroïne, est devenu une réalité.

En passant, j'aime bien que jamais la substance ne soit nommée explicitement. H. Tout court. C'est comme une façon de ne pas donner d'emprise à la chose. Un peu à la façon de certains de jamais nommer les meurtriers en série et de seulement les appeler «le monstre» ou quelque chose du même genre.

Évidemment, la jeune Christina voyait les choses plus simplement. La drogue, c'était que pour passer du bon temps. Une connerie. Elle n'était pas accro, elle pouvait arrêter quand elle le voulait. C'est ce qu'elle croyait. C'est ce qu'ils croient tous… au début. Puis, quand l'argent vient à manquer et que le besoin se fait ressentir, il ne reste plus qu'à se prostituer pour arriver à ses fins. Je la voyais sombrer et elle ne le comprenait pas, je rageais intérieurement pour elle, pour ses amis, pour ce monde qui les laisse s'empêtrer.

Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée…

Mais ce roman n'est pas que noir. C'est d'abord une belle – et déchirante et troublante – histoire d'amour entre la jeune fille et Detlev, un garçon de deux ans plus âgé. Ils partageaient leurs espoirs, leurs rêves.
Malheureusement, ils étaient mal entourés. J'ai trouvé cet amour vraiment touchant.

C'est ensuite et surtout le calvaire d'une jeune femme (et de sa mère) pour essayer de se défaire de sa dépendance aux drogues dures. Ce combat, ponctué de cures et de rechutes, fut long mais finalement couronné de succès.

Le roman met aussi en évidence le manque de ressources pour aider les jeunes toxicomanes et leurs familles. du moins, en Allemagne dans les années 1970. J'espère que les choses ont changé depuis. Aussi, j'ai été surpris de voir comment, même guérie (mais peut-on se considérer guéri quand on n'a pas retouché à la drogue depuis seulement quelques semaines ?), le système scolaire continue à lui tenir rigueur de ses fautes du passé.

Je crois qu'on devrait faire lire ce roman aux jeunes. Il est peut-être un peu technique mais l'intérêt n'est pas là. Je suis certain que cela aurait un effet dissuasif sur plusieurs. Ils éviteraient les mêmes erreurs que Christiane, cette connerie, la désillusion qui l'accompagne. À tout le moins, ils pourraient reconnaître les risques, les façons de prévenir des situations semblables. On peut rêver…
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J'ai lu ce livre à sa parution. J'avais à l'époque une quinzaine d'années, je vivais dans une petite ville de province, j'étais naïve. Et ce fut pour moi comme une grande claque. Comment une fille de mon âge pouvait faire cela. Comme c'est facile aussi de tomber là-dedans. J'y repense encore parfois, sans jamais avoir relu ce témoignage.
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« Watch out the world's behind you » – The Velvet Underground

Ce livre est le témoignage le plus saisissant et le plus réaliste sur l'univers de la drogue qu'il m'ait été donné de lire, mis à part « L'herbe bleue » que j'avais déjà lu il y a fort longtemps mais dont il ne me reste que peu de souvenirs.

« Feeling sick and dirty more dead than alive
I'm waiting for my man » – The Velvet Underground

Il a d'ailleurs reçu, à sa sortie, un certain écho en France ainsi qu'une grande renommée jusqu'à aujourd'hui, même si le titre en français me paraît un peu racoleur et franchement stupide étant donné que l'histoire se déroule sur environs trois ans et que Christiane ne se prostituait pas encore à l'âge de treize ans. le titre d'origine (Nous, les enfants de la station Zoo) était bien meilleur même si moins vendeur d'un point de vue strictement marketing.

« Take me on a trip upon your magic swirlin' ship
My senses have been stripped, my hands can't feel to grip
My toes too numb to step
Wait only for my boot heels to be wanderin' » – Bob Dylan

L'histoire débute lorsque Christiane, ses parents et sa soeur déménagent à Berlin, quittant leur village pour la cité Gropius. Là-bas, elle découvre la pression sociale qu'exerce la société sur les enfants que ça soit à l'école ou à l'extérieur, les rapports de force, l'esprit de compétition et tutti quanti. Son père doit faire face au chômage et donc devient brutal, violent envers sa mère et à ses filles, rentrant souvent tard après avoir passé la soirée à boire au bistrot. Quant aux enfants, dans cette cité peu accueillante, tout leur est interdit, il n'y a pas de place pour l'amusement ou même pour leur simple épanouissement. C'est au centre socio-culturel protestant « La Maison du Milieu » qu'elle y fera sa première expérience du haschich.

« I started out on burgundy
But soon hit the harder stuff » – Bob Dylan

Puis vint l'accès à la fameuse boite de nuit le « Sound », le repaire des toxicos en tous genres. C'est près de ce lieu au goût de prestige à l'aune de ses treize ans qu'elle y fera sa première rencontre avec l'héroïne, d'abord en la sniffant avant de passer à l'injection par intraveineuse. Ensuite ce sera l'escalade vers une dépendance physique, croyant d'abord maîtriser sa consommation, ne sachant pas à cause de son jeune âge que c'est la came qui dicte la règle à suivre, jamais l'inverse. C'est l'époque, 1976, où l'héroïne fait des ravages en Europe, touchant des adolescents de plus en plus jeunes. Les gouvernements semblent désemparés face à ce fléau, cherchant, comme à leur habitude, à éradiquer non les racines du mal, bien trop profondes à atteindre, mais uniquement la partie émergée de l'iceberg.

« Les feuilles tombent des cocas
Et se répandent sur l'occident
Demain tu verras tous ces petits alchimistes
Pulvériser un continent » – Hubert-Félix Thiéfaine

On en retient surtout le sordide dans lequel « l'algèbre du besoin », pour utiliser une formule de William Burroughs, confine les toxicos à un destin tragique, et combien il est difficile de sortir de cette dépendance car, dans le récit de Christiane, on ne compte plus les tentatives de sevrage qui ont finis par une irrémédiable rechute. On voit aussi tous ceux qui profitent de cette situation désespérée tels que les pervers, les pédérastes (ils appellent cela le baby tapin) et même, à mon grand étonnement, l'église de scientologie qui voit là manière à recruter de nouveaux fidèles dans un regain de prosélytisme honteux.

« Seasick Sarah had a golden nose
Hard-nailed boots, wrapped around her toes
When she turned blue, all the angels screamed
They didn't know, they couldn't make the scene » – The Velvet Underground

Il serait intéressant également d'en faire une analyse sociologique afin de comprendre le malaise qui agite ceux, comme Christiane, à se droguer. Peut-être est-ce la société de consommation qui n'offre pas les attentes que recherche la jeune génération, qui n'offre aucun idéal à cette jeunesse perdue entre un quotidien morose et un avenir incertain.

« When i put a spike into my vein
Then i tell you things aren't quite the same
When i'm rushin' on my run
And i feel just like Jesus' son » – The Velvet Underground

C'est un livre, in fine, qui ne se fait jamais moralisateur, décrivant la réalité crue, sans artifices inutiles. Un livre bouleversant où on la suit dans ses déambulations à travers ses déboires et ses peines pour enfin décrocher de la drogue.

« It's too late
To be grateful » – David Bowie
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Ce livre est né de la rencontre entre Christiane et deux journalistes à la sortie d'un tribunal. Ils étaient, depuis près d'un an, en train de faire un reportage sur des jeunes SDF. Les deux heures d'interview se sont transformées en deux mois au rythme de 4 à 5 jours par semaine, puis en livre. Ce livre, poignant, bien que très daté par certains côtés, n'a pour autant guère pris de ride. Drogue et prostitution des plus jeunes sont toujours d'actualité, même si le contexte, l'ambiance, les modes, sont différents. C'est bouleversant, d'autant plus qu'il est facile de s'identifier à Christiane : enfance terne et peu joyeuse assez banale, besoin d'«être à la mode», de faire partie d'une bande cool, etc....Une première prise d'héroïne après un concert, et très vite, la nécessité de se prostituer pour se payer ses doses. C'est flippant, du réel brut et cru, il se dégage dès le début une tristesse indicible de ce livre, et on sait d'avance que Christina et Detlev, cela va mal finir, bien qu'ils forment un petit couple attachant. Un lecture nécessaire, indispensable, pour que les moyens d'aider les jeunes toxicos existent et perdurent, à faire lire aux jeunes, mais aussi aux parents, aux enseignants.
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J'avais 13 ou 14 ans quand j'ai lu ce témoignage poignant pour la première fois.
L'adolescence est un âge difficile. On cherche à s'affranchir de l'enfance, mais on n'a ni la maturité, ni bien sûr le recul pour faire les bons choix. Alors parfois, on fait les mauvais.
Et pour être admis au sein d'un groupe, pour exister aux yeux des autres, on cherche à les imiter.
Christiane a d'abord vu la drogue comme un moyen de s'intégrer, de s'amuser. D'échapper aussi à la brutalité de son père. Elle pensait qu'elle pourrait arrêter aussi facilement qu'elle avait commencé. Mais très vite la dépendance s'installe, le besoin d'argent, et comme solution… la prostitution. L'escalade, ou plutôt la chute, est rapide.

À la fin des années 70, l'héroïne fait des ravages en Europe (ici en Allemagne), notamment chez les jeunes désoeuvrés et livrés à eux-mêmes.

« The algebra of need », pour reprendre l'expression de William Burroughs, condamne les toxicomanes à un destin sordide et tragique, une spirale infernale dont peu sortent indemnes.
Ce témoignage est la réalité crue et sans fard, contrairement aux yeux de Chistiane lourdement maquillés. le ton n'est pas moralisateur, mais authentique et sincère. La chronique d'une déchéance et d'un calvaire. Un cri d'alarme bouleversant.

Mais ce roman n'est pas que noir. Il y a aussi la déchirante histoire d'amour entre Christiane et Detlev, avec qui elle partage ses rêves et ses espoirs. Et le long calvaire du sevrage, ponctué de cures et de rechutes. Avec, au bout du tunnel et après avoir vu ses ami(e)s mourir, la vie…

En 2013 Christiane a publié un deuxième roman, Moi, Christiane F, la vie malgré tout, dans lequel elle évoque la maternité et la douloureuse séparation d'avec son fils dont la garde lui a été retirée, les graves répercussions de la drogue sur sa santé, ses rencontres, son incarcération, ses rechutes et la douleur des sevrages.
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Je viens de teminer ce livre. C'était la deuxième fois que je le lisais. Comme pour la première fois, je me suis plongée dans l'univers que décrivait Christiane. Son univers, son enfer en quelque sorte. Elle nous décrit avec une réelle précision son monde de la drogue et de la prostitution, son envie de s'en sortir, ses rechutes systématiques. Au fil des pages, on sent la jeune fille s'enfoncer encore plus dans cet univers. On sent le desespoir de sa mère de réussir à la tirer de là et l'échec de toutes ses tentatives.

Cette histoire n'a pas été inventée, Christiane existe vraiment ainsi que les personnages décrits dans le livre. Elle a aujourd'hui une quarantaine d'année (le livre étant sorti en 1978 en Allemagne) et aurait apparement replongé dans la drogue.

C'est un livre à la fois captivant et vraiment poignant, parfois dur pour le moral.
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Un livre qu'il est si difficile d'aimer, et qui pourtant marque les esprits à vie.



Quel livre bouleversant, vraiment. L'histoire de Christiane me rappelle un peu ce livre que j'avais lu ado, L'herbe bleue, le même genre de livre qui marque pour toujours, qui reste gravé dans tout ce qu'il a de tragique, dans sa réalité palpable, noire, effrayante.

Une histoire sordide, glauque, qu'on jurerait inventée de toute pièce et qui pourtant est l'histoire vraie d'une enfant, traumatisante et choquante à souhaits.

Christiane débute son récit par son enfance, plutôt banale, mais qui fut pour elle un mauvais départ. Car elle cherchera toute sa vie à satisfaire des besoins personnels qui n'ont pas été satisfaits depuis l'enfance. Christiane a besoin d'amour, éperduement, passionnément, viscéralement. Christiane a besoin de se sentir entourée, aimée, faisant partie d'un groupe, d'un tout.

Et ce besoin, elle va chercher à l'assouvir par tous les moyens. Voulant à tout prix se faire accepter, intégrer parmi les gens qu'elle trouve cool et qu'elle admire. Et parfois, pour s'intégrer, il faut faire certaines choses. Ca commence par un petit joint. Un tout petit joint de rien pour se sentir comme les autres, comme faisant partie d'un tout. le tout début d'une déchéance à peine imaginable.

Ce livre montre bien la progression à la fois très lente et incroyablement rapide, quand on prend du recul, de la descente aux enfers de Christiane, cette jeune fille de 13 ans qui cherche uniquement à exister, et qui a besoin des autres pour cela. Elle y va étape par étape. Un petit joint, un petit cachet, un peu d'alcool, histoire de passer de bonnes soirées avec les autres qui ont besoin de ça pour être "cool". Et finalement ça va très vite. A chaque étape passée, elle a une vision très réaliste de l'étape suivante, tout en se disant "moi, jamais !" Et il lui faut très peu de temps pour transformer ce "moi, jamais" en "ce ne serait peut-être pas si mal" et pour passer le cap, tout en ayant le même shéma avec l'étape suivante. le tranquilisants, les stimulants, les drogues à "trip", comme le LSD. Tout y passe. Jusqu'à l'étape finale, celle que Christiane était persuadée de ne jamais atteindre : l'héroïne. Et non seulement l'héroïne en soi, c'est grave, mais surtout, c'est cher ! Et Christiane va devoir se montrer de plus en plus inventive pour pouvoir s'acheter sa coolitude. Jusqu'à la prostitution. A 13 ans.

Des dizaines de fois, elle va se montrer très décidée à tout arrêter. Des dizaines de fois elle va replonger, aussi facilement que si elle n'avait jamais fait aucun effort. Et chaque fois, elle va plus bas. Chaque fois c'est pire. Elle appelle à l'aide, trouve des mains secourables ou tente de se prendre en main seule, fait tout ce qu'elle peut, mais retombe à chaque fois dans l'enfer. C'est horrible ce sentiment qu'elle ne saura jamais remonter la pente, enfoncée qu'elle est dans la vase jusqu'au cou.

Christiane souhaite juste être appréciée, voire aimée. Chaque nouvelle personne qu'elle rencontre est plus cool que la précédente, donc le modèle à suivre, l'idole. Celle qui lui donnera l'amour qu'elle n'a pas reçu enfant. Ou en tout cas, pas comme elle l'aurait voulu. Pas comme elle en aurait eu besoin. Et chaque nouvelle personne, ami, amie, pote, connaissance, petit ami, va l'entraîner un peu plus au fond de l'enfer.

Christiane vit un vrai cauchemar. En tant que Maman, je n'ai pas pu rester insensible à cette histoire, évidemment. La mère de Christiane n'a pas toujours pris les bonnes décisions, n'a pas toujours fait ce qu'il fallait, n'a pas été une mère exemplaire, mais elle a fait ce qui lui semblait bien, et fait les choses avec les oeillères qu'une mère a forcément vis à vis de son enfant qui "ne peut pas se droguer", "ne peut pas mentir", et "ne peut certainement pas trouver de l'argent en se prostituant". Qui pourrait le lui reprocher. J'imagine mal penser que ma fille se drogue, même avec un max de preuves sous les yeux. Je pense que c'est humain de se dire que ça n'arrive qu'aux autres. Elle aurait peut-être pu aimer sa fille différemment, lui fournir directement un univers sécurisant, une confiance en elle qui l'aurait amenée à peut-être passer son chemin face à ce premier tout petit joint. Mais on ne comprend pas toujours ce qu'on attend de nous, ce qu'il faudrait faire. Souvent, on fait surtout comme on peut.

Bref, cette histoire est horriblement prenante, de la façon la plus malsaine qui soit.

On sait que Christiane s'en sort, puisque le livre est tiré de son témoignage adulte, et pourtant, tout au long de la lecture, on est persuadé qu'il ne peut pas y avoir d'issue favorable pour elle, tant on a l'impression qu'elle a tout essayé, et que rien ne la sortira de cette dépendance, qui, au-delà de la dépendance physique, est encore davantage affective, morale, mentale. Christiane cherche plus à remplir son coeur que ses veines. Et ça nous fait une peine folle. Il aurait fallu si peu de choses pour lui éviter tant d'emmerdes. C'est à peine croyable. Une mère plus attentionnée, un père plus présent, une amie de coeur. Ca aurait pu tout changer.

Imaginer une gosse de 13 ans face à toutes les difficultés qu'elle rencontre, subir ce qu'elle a subi, accepter ce qu'elle a accepté, c'est juste intolérable.

Et c'est ça qui fait que c'est une histoire qui marque à vie, ce drame est tellement, tellement violent dans tous les sens du terme. On ne peut que se mettre à la place de l'ado, ou à la place de ses parents, qui tenteront pour elle beaucoup de choses, mais bien tard. Et on est aussi désemparé et aussi impuissant qu'eux.

La fatalité. Ce livre est l'histoire d'une fatalité. Et c'est l'une des plus dures lectures de ma vie. J'ai detesté ce livre de me faire me sentir aussi mal et inutile. Mais il gardera pour toujours allumée une petite lumière dans un coin de mon cerveau, une sorte de petite alarme, qui me poussera à toujours faire attention à ce que mes enfants soient bien dans leurs baskets. Ce qui fait que je l'ai aimé et detesté à chaque fois, pour ce qu'il m'a apporté, et pour ce qu'il m'a pris de mon innocence, de ma naïveté.

Cali
Lien : http://calidoscope.canalblog..
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Un livre lu voici bien longtemps, lors de sa sortie. Un livre-choc, du moins à l'époque, sur la déchéance brutale d'une très jeune fille accro à l'héroïne. Pour la petite histoire Christiane Felscherinow, puisque c'est d'elle dont il s'agit dans ce livre, connaîtra par la suite une vie compliquée, faite d'errances et de rechutes dans les drogues dures. Qu'elle soit encore en vie aujourd'hui constitue un petit miracle...
Je me suis toujours demandée si ce livre était susceptible d'avoir un effet dissuasif vis-à-vis de ceux qui connaîtraient la tentation des paradis artificiels. A la réflexion je ne le crois pas. La tentation du vide est bien présente en particulier chez les jeunes et aussi à cet âge la conviction que l'on peut échapper à tout, ce qui rend d'autant plus tentant le flirt avec des limites dont, justement, on ne connaît pas le point de rupture. Reste le récit d'une expérience de vie, un témoignage qui peut être utile particulièrement aux proches d'une personne victime d'une addiction...
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On est bien loin des tonnes de livres "castor poche" que je lisais pourtant à la même période... Ici, la réalité est dure, cruelle, incompréhensible pour la jeune fille que j'étais à l'époque: dans l'Allemagne d'avant la destruction du mur, Christiane est une jeune ado qui se retrouve prise dans l'enfer de la drogue. Pas la douce, non, la dure, celle que l'on s'injecte au creux des bras déjà constellés de trous, à la recherche de la veine qui voudrait bien se laisser transpercer pour amener à la douce délivrance... éphémère, et qui fera faire le pire pour obtenir de l'argent, et ainsi recommencer, encore et encore, dans ce cercle infernal.
Vous l'avez compris, ce livre m'a énormément marqué, et m'a fait ouvrir les yeux certes pas sur la plus jolie facette du monde, mais en me sortant de mon milieu ultra-protégé, à une époque où internet et tout ce qu'il amène n'existait pas. Bref, à les yeux, un témoignage obligatoire.
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