Ce roman traînait dans ma pile à lire depuis plusieurs années. C'est principalement le titre qui m'a accroché : "
Je n'ai pas toujours été un vieux con". Je dois l'avouer, j'ai toujours été intrigué par les vieux cons. Comment en arrivent-ils à squatter les caisses blindées de monde des supermarché le samedi alors qu'ils ont toute la semaine pour faire leurs courses au calme ? Pourquoi ils roulent à 40 sur une route limitée à 90 à l'heure de pointe, générant par la même une queue de plusieurs kilomètres. Quel est le mécanisme psychologique qui entre en jeu ? Ont-ils toujours été comme ça ? Et son corollaire : est-ce que je vais devenir comme ça ?
C'est un sujet fascinant. Ce livre était donc pile poil dans le thème et j'ai enfin pu faire la connaissance de ce bon vieux Léon.
Léon, 76 ans, vit seul jusqu'au jour où il fait accidentellement cramer son appartement.
Léon est blasé. Léon est vieux, il n'a pas de famille, il n'a pas d'amis. Il attend que ça se finisse.
Léon aurait carrément préféré y passer, façon rôti. Ça aurait sans doute facilité les choses.
Mais voilà... Son abruti de voisin n'a rien trouvé de mieux que de jouer les héros en le sortant des flammes. Rien n'a pu être sauvé hormis Léon lui-même et son vieux transistor, une antiquité qu'il a gardée toute sa vie sans vraiment savoir pourquoi. Et pour couronner le tout, ce débile de voisin lui a luxé l'épaule et pété le bassin et les hanches lors de l'opération de "sauvetage".
Totalement désabusé et sans domicile, Léon se retrouve hospitalisé pour plusieurs mois aux Primevères, une maison de retraite et de repos qui accueille à la fois des personnes âgées en rééducation et en fin de vie. Ce n'est pas vraiment de cette manière qu'il se voyait passer la fin de ses jours.
Il y a bien Marylin, la jeune infirmière, avec son joli p'tit cul, qu'il passe son temps à reluquer. C'est le seul plaisir de sa journée.
Il y a aussi Mme Camus, une dame atteinte d'Alzheimer, qui ne se rappelle absolument plus de ce qu'elle a fait hier mais qui est capable de lui tenir la jambe pendant des heures pour lui raconter le menu du repas de son premier rencard.
Et puis, Léon va faire la connaissance de Jack, un vieux dandy qui passe son temps à danser avec une partenaire invisible. Et de Roger aussi, dialysé, qui ne se sépare jamais de son pied de perfusion. Roger sait qu'il n'en a plus pour longtemps alors il profite. Il fume en cachette des cigares comme des barreaux de chaise, picole des grands crus et en fait profiter ses deux copains Jack et Léon.
Tout ce petit monde vit sa vie dans une relative morosité, jusqu'au jour où Roger est hospitalisé d'urgence sans beaucoup d'espoir sur les perspectives.
Et c'est là que Léon va avoir une idée.
Parce que Léon n'est pas un petit vieux comme les autres. Il n'a pas toujours été un vieux con. Il a même eu une vie particulièrement mouvementée qu'il va nous raconter tout au long du roman entre deux anecdotes des Primevères.
Un roman qui date de 2014 sur le sujet particulièrement délicat de la fin de vie et de son accompagnement en maison de retraite. L'auteur a pris le parti de dépeindre la vie dans ces établissements en alternant mode humoristique et mode cynique, choix qui peut ne pas plaire à tout le monde.
On ne peut pas ne pas penser au roman de
Jonas Jonasson, "
le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire".
C'est une histoire qui se lit facilement, qui fait sourire parfois, qui émeut un peu à d'autres moments. On se plait à partager les aventures de ces personnages plutôt atypiques sans pour autant avoir les frissons que procurent certains autres chefs-d'oeuvre de la littérature.
Mais, ça n'a toujours pas répondu à ma question initiale.