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EAN : 9782381991016
310 pages
Editions Plume Blanche (03/12/2024)
4.81/5   18 notes
Résumé :
Francesca Sebastiani se rend dans la ville marchande d’Alba pour accomplir les volontés de son père : épouser un riche négociant de basse extraction sociale et retrouver son frère, Taddeo, qu’elle déteste, afin de le pousser à accepter son héritage. Seulement, Francesca ne désire qu’une chose : découvrir qui a causé l’effroyable assassinat de son autre frère, Iacopo… et lui faire justice.
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Les Serres sous le Velours Noir prend place dans une « Venise » de la Renaissance. le contexte historique est léché, brossé dans le moindre détail, à tel point que je me suis demandé pourquoi ne pas assumer le choix d'un monde réel plutôt que fictif. Cela tient certainement du fait que Charlène a inventé un panthéon : Dieu devient Déesse, et ses archanges interviennent physiquement parmi les mortels. Même si leur rôle est léger, leur présence est marquée dans le coeur des humains. Éminemment pieux (pas le choix quand tu sais que la Toute-Puissante n'est pas juste un pari), ils ne manquent jamais d'adresser une prière à un archange protecteur, louer leur miséricorde ou guetter les signes divins pour s'assurer de la bonne direction de leurs actions.

Qui dit religion et contexte inspiré de la Renaissance, dit « place de la femme ». Ça tombe bien : c'est le thème principal de ce roman ! Mais on va d'abord parler du reste (histoire de faire mariner les échalotes).

*Premières pages*

Je vais être franc, mon entrée dans ce roman m'a fait peur… J'ai eu peur de ne pas accrocher. J'avais adoré le style, l'intensité et la rigueur de l'autrice sur une autre de ses histoires. J'avais des attentes, j'avais magouillé pour obtenir le roman en avant-première à Mons, donc je voulais aimer !

Et là, je me retrouve face à un univers très dense. Il m'a fallu un petit effort pour remettre les nombreux patronymes de toutes ces familles nobles. Effort qui en vaut totalement la peine !

Le début est plutôt austère. Francesca est au bout de sa life (qui ne le serait pas dans sa situation). Elle perd son frère adoré, elle est envoyée dans le nid de vipères de la capitale, elle ne peut faire confiance à personne, on lui ment parce qu'elle est une femme et qu'on la considère trop fragile pour encaisser, ses seuls alliés lui offrent un soutien risible quand ils ne désertent pas tout simplement, et comble du désarroi : elle doit se marier avec un roturier !

C'est ce qui m'a à la fois dérouté et donné envie de continuer : je n'ai normalement pas d'attirance pour le genre historique, pour les affaires de noblesse, pour les systèmes religieux hyper stricts… Mais cette petite nénette, embourbée dans ses jupons et ses préjugés de classe, pourtant décidée à se battre avec le peu d'armes à sa disposition… ça m'a intrigué.

*Un personnage féminin en béton armé*

Lorsqu'on pense aux tropes « noblesse » et « mariage forcé », on s'attend au cliché de l'héroïne déjà lassée par les défauts de sa classe, qui rêve d'échapper au mariage avec un bon parti dont elle n'est pas amoureuse. Elle veut s'émanciper pour… pour quoi au fait ? On ne le précise jamais. Peu importe, l'essentiel est d'être libre !

Francesca n'est pas du tout comme ça.

Francesca est pleinement consciente de son statut et agit exactement comme on l'attend d'elle. Si elle ne veut pas épouser Brioso, ce n'est pas parce qu'elle ne l'aime pas (enfin, elle ne l'aime pas, mais cette raison intervient en bas de la liste), non elle le dédaigne, car il n'est pas noble.
L'autrice a réussi un tour de force en me faisant aimer un personnage avec une mentalité classiste, pieuse et ne jurant que par les intérêts de sa famille ; aux antipodes de mes valeurs, donc. Cela parce qu'elle a su lui donner une personnalité crédible, attachante et très riche. Francesca a une force de caractère comme j'en ai rarement vu : elle ne peut pas se battre, mais sait parfaitement affûter les mots et la plume. Elle ne peut pas se battre, mais savoure le plaisir de la chasse à travers ses faucons.

C'est tout le potentiel d'évolution qu'on devine en Francesca qui rend l'aventure à ses côtés si intéressante. Parce que ce n'était pas gagné ! Francesca n'a peut-être que 21 ans, mais elle a du vécu, de la maturité, des certitudes, elle connait son devoir et n'a pas l'intention de flancher. Il fallait que l'autrice mette le paquet pour bousculer cette jeune femme.

Je pense très sincèrement qu'il s'agit de la meilleure évolution de personnage que j'ai pu lire depuis… aussi loin que je me souvienne.

*L'enquête*

Iacoppo, le frère de Francesca, est assassiné. L'enquête officielle stagne, les indices sont inexistants et les autorités ne font montre d'aucun zèle, car le premier suspect est le neveu du gouverneur. Si Francesca veut sauver l'honneur de sa famille et obtenir réparation, alors elle devra trouver le coupable par ses propres moyens.
Pour cette raison, la première partie du livre nous montre « du réseautage ». L'idée de faire débarquer Francesca D une île distante est un parfait prétexte pour nous initier à cette société très codifiée et lui faire rencontrer la haute, en espérant glaner des informations ou des soutiens à chaque évènement.

Certes, le démarrage m'a semblé lent, mais tout est nécessaire pour installer les enjeux, les différents suspects et le cadre aussi complexe que somptueux d'Alba. Par chance, la plume aiguisée de Charlène et son sens formidable du rythme fait que l'on ne ressent aucun temps mort : les évènements s'enchaînent avec fluidité. le mystère, qui s'épaissit à mesure que la liste des suspects s'allonge, nous tient en haleine.

Même si la partie « thriller » n'est pas le propos du livre (je l'ai vue davantage comme un tremplin à l'évolution de Francesca), elle n'en reste pas moins menée de main de maître. Chacun des suspects est probable, sans que pour autant tout colle suffisamment. Il y a juste un indice qui m'a semblé trop évident et m'a mis sur la piste assez vite, mais cela n'a pas gâché mon plaisir, et j'ai quand même continué à douter jusqu'à la révélation.

Ce qui était intéressant, c'était la synergie entre Francesca et les différents alliés qu'elle se constitue (ou perd) au fil de son avancée. Chaque personnage a des accès spécifiques selon son statut : Francesca ne peut se rendre elle-même dans un bordel pour aller interroger des témoins, tout comme sa servante ne pourrait pas aller se rencarder auprès de la signora Giovanelli, soupçonnée d'être au coeur d'une rixe romantique…

Les personnages secondaires ne sont pas laissés sur le carreau, ils ont leur fonction, leur importance, leur moment de gloire (ou de déchéance). J'ai eu un sentiment de complétude très satisfaisant à voir que le roman a exploité chacune des (nombreuses) cartes distribuées en début de partie.

Mention spéciale à Tadeo, le deuxième frère de Francesca, qu'on adore découvrir !

*Les à-côtés*

Finalement, ce que j'ai préféré du livre, c'est tout ce qui se dessine en arrière-plan ou en parallèle de l'enquête : que ce soit l'ambiance de cette « Venise » diablement (ce mot est peut-être mal choisi ahah) bien retranscrite ou la myriade d'évènements, qui peuvent sembler anecdotiques par rapport aux enjeux de l'enquête, mais apportent toujours un symbolisme important.

Je pense notamment aux scènes de chasse, la relation de Francesca avec ses oiseaux qui dresse un parallèle avec sa propre condition. La thématique de la peinture s'impose en fil rouge. L'art est une fenêtre sur le monde et cela n'est jamais aussi vrai que lorsque les peintures d'Enrichetta ouvre les chakras de Francesca. La réf à Judith tuant Holopherne, c'était mon passage banger x)

Et bien sûr, on a la romance. Une (des ?) romance tortueuse, impossible et pourtant tellement intense.

*L'intensité*

Parce que c'est LA raison pour laquelle vous allez aimer Les Serres sous le Velours Noir : on ne fait pas les choses à moitié. Non, Charlène, elle prend vos émotions, les sublime, les cajole, puis les écrase sauvagement avec un plaisir sadique avant de les soigner. Un vrai tour de montagnes russes.

J'aime d'autant plus le fait que ces émotions sont exacerbées PARCE QU'ELLES sont justement subtiles. Pas besoin de s'étaler mille ans sur les ressentis de untel ou untel : quantité de signifiant passe dans les dialogues ciselés à la perfection, dans les lettres qui peuvent renvoyer les litotes du Cid se rhabiller, dans les gestes et les actes qui valent plus que tous les mots.

C'est un roman qui a su me parler sans me parler directement, qui m'a fait traverser une palette d'émotions parce que le dosage est très bien géré.

*La fin*

Est-ce que je peux vraiment parler de la fin sans spoiler ? On va devoir faire quelques pirouettes…
J'ai aimé la fin, oui. Ce n'était pas du tout celle que j'attendais, en revanche. Arriver un certain moment du livre, je voyais le dénouement logique qui pouvait se profiler et le récit a réussi à en bifurquer assez habilement.

C'est un peu comme dans les jeux vidéo où vous aurez la fin de base si vous tracez comme un bourrin, et la fin bonus (souvent la meilleure fin) si vous prenez le temps d'explorer l'univers. Et ici, Charlène nous offre cette délicieuse « fin cachée ».

*Pourquoi lire Les Serres sous le Velours Noir ?*

- Un roman féministe, dense et intense
- Des personnages romanesques avec de très belles évolutions
- Un contexte historique maîtrisé et sublimé par l'invention de ce nouveau panthéon
- Un sens du détail et de la métaphore avec le thème de la peinture
- de la romance différente, frustrante, mais délicieuse
- Une enquête satisfaisante qui manie les fils parallèles avec dextérité
- Des scuds épistolaires magnifiques (oui, c'est bonus, cet argument-là)

En conclusion, même si le roman peut sembler difficile de prime abord et qu'on pourrait reprocher au dénouement de traîner en longueur, ces défauts n'en sont pas vraiment, tant ils servent à sublimer les autres (très nombreuses) qualités.

Premier roman de Charlène Ferlay signé chez Plume Blanche (et on espère que ce ne sera pas le dernier), je ne peux que recommander chaudement ce coup de coeur.
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Ce roman est un nouvel exemple de la qualité des publications de la maison Plume Blanche, qui pour moi se situe vraiment dans le haut du panier de la fantasy francophone. Malheureusement, en dépit de ses nombreuses et incontestables qualités tant sur le fond que sur la forme, je suis un peu passé à côté de ce livre et je m'en désespère. Il m'a manqué le petit plus, le petit grain de folie (d'imperfection ?) et de passion que je recherche dans un roman. Ce n'était pas ce que j'espérais trouver, et la rencontre ne s'est pas faite à cent pour cent. Mais ce que je n'ai pas apprécié l'a été par d'autres (comme mon collègue Luiz dont vous pouvez retrouver la superbe critique sur Babelio) : encore une fois, il ne s'agit que de mon ressenti subjectif et personnel !

Ce que j'ai aimé :

- La plume, irréprochable, ciselée, d'une rare qualité. Écriture magnifique, métaphores filées (les oiseaux, la peinture : deux éléments que l'on retrouve d'ailleurs sur la couverture). Les phrases sont variées, le vocabulaire précis et recherché, les descriptions souvent très imagées et évocatrices (exemple : « elle avala une goulée du monde extérieur, effluves et carillons tous ensemble » ou encore « le printemps l'entourait de fleurs emplies d'abeilles »)

- le lore autour des anges, qui m'a rappelé Diamants de Vincent Tassy. Comme dans ce roman, le mystère n'est jamais éclairci, et les anges ne sont pas centraux, mais toujours en arrière-plan. J'aurais aimé les voir plus exploités, mais ce n'était pas le propos du livre. Dommage, parce que pour moi, les scènes avec les anges (le prologue, extraordinaire, et le chapitre 13 notamment) sont très réussies, de véritables bijoux d'ambiance et de virtuosité.

- le décor vénitien, avec le carnaval : le roman se déroule dans la ville d'Alba, qui est une sorte de Venise fictive, comme Isenne chez Léa Silhol ou Vénus de Tanith Lee. Là encore, j'aurais aimé un peu plus. Je trouve que l'univers inventé par l'autrice pour ce roman mériterait d'être exploré à nouveau.

- le traitement de la protagoniste : un personnage de femme « monstre » hors des clous, obligée de dissimuler sa propre nature, qui s'émancipe des barrières qu'elle a surtout érigées elle-même (en se conformant aux diktats de la société) et qui se rend compte tout d'un coup, à la faveur d'une tragédie, qu'elle peut être autre chose (= elle-même). C'est l'idée principale, le message de ce roman, qui m'a parlé directement et auquel j'ai trouvé une grande authenticité.

- la dernière partie du roman (à partie du chapitre 13), qui s'accélère, et nous donne toute la mesure du personnage principal

Ce que j'ai moins aimé :

- le rythme, que j'ai trouvé très lent. La succession de scènes dans des décors identiques (voiture qui amène Francesca en visite à droite à gauche, chez son cousin, sa cousine, sa future belle-soeur, les églises pour prier etc.) m'a donné une impression de répétition et d'enfermement. C'est sûrement voulu par l'autrice, mais ça m'a empêché de pleinement profiter de l'ambiance vénitienne de ce roman : on ressent la cage dorée se refermer autour de Francesca. Les seules armes de cette femme sont ces visites, ces lettres et ces dialogues : c'est justifié, et malheureusement, toute cette politique ne m'a pas accroché. J'ai trouvé que ça manquait d'action et de péripéties dans les trois-quarts du livre.

- Trop de descriptions souvent techniques : ce qu'on mange, ce qu'on porte, comment on s'habille. Tout cela participe à l'immersion, mais nuit un peu à la fluidité. Dans le même ordre d'idées, j'ai souvent souhaité que la protagoniste lise ses lettres plus vite, arrête de lisser sa robe noire ou de revivre des flash-backs de son frère mort en pleine conversation. C'est typiquement le genre de détails qui m'irritent lorsqu'ils sont répétés (un peu à la manière de l'héroïne de la Passe-Miroir qui passe son temps à renifler), mais je suis consciente qu'ils sont souvent vus comme une manière de caractériser un personnage, et vont souvent de pair avec une écriture très travaillée.

- les dialogues, avec les nombreux noms d'aristocrates, qui demandent une grande concentration (sauf si vous êtes italianisant). Je devais souvent revenir en arrière pour vérifier de qui on parlait : « ah, c'est qui celui-là déjà ? ». J'ai longtemps confondu Santi et Vettorio, par exemple... Là encore, c'est subjectif et sûrement limitant de ma part, mais j'ai vraiment eu du mal avec tous ces noms dont certains se ressemblent beaucoup.

- l'enquête, qui est centrale mais qui ne m'a malheureusement pas passionné : je suis un peu passée à côté du roman à cause de cette intrigue. Je ne m'attendais pas à lire un thriller historique, même si ce roman, finalement, est plus que ça.

- J'ai éprouvé des difficultés à comprendre le personnage de Francesca, surtout au début. Au départ, et jusqu'à ce que cela soit expliqué, je ne comprenais pas son acharnement à vouloir venger la mort de son frère alors qu'elle a un problème bien plus urgent à régler de notre point de vue de lectrice moderne (sa situation : celle d'une jeune veuve ruinée que son père veut remarier à un homme qu'elle méprise). J'ai eu beaucoup de mal à adhérer à ce personnage et à ressentir de l'empathie pour cette femme noble et hautaine, dont je ne comprenais ni les réactions ni les décisions. Elle pense sans arrêt à son frère qu'elle n'a pas revu depuis trois ans, mais jamais à son enfant ou son mari mort, par exemple. Elle a un côté inhumain, « rapace » et froid. On a parfois envie qu'elle se batte plus. Mais c'est là aussi la magie de la littérature, à nous faire découvrir des points de vue nouveaux ! C'est, en tout cas, un personnage de femme intéressant qui propose un modèle de féminité novateur, un peu dans la même veine que la jeune Médicis dans Portrait de mariage.

À quoi ça ressemble ?

- Portrait de Mariage de Maggie O'Farell
- Diamants de Vincent Tassy
- à l'arc Cersei et le Grand Moineau dans Games of Thrones
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Ah, c'est toujours plus difficile de commenter un livre qu'on a aimé ! Que dire ? Tout est bon dans ce roman, tout est bien maîtrisé et bien pensé.
L'univers est très cohérent, on sent les recherches et les connaissances derrière le lieu et la période dans lequel il est posé, et j'ai parfaitement pu me représenter les décors, l'architecture, les tenues...
L'intrigue est bien ficelée, portée par Francesca, un personnage auquel il est facile de s'identifier car elle est à la fois forces et faiblesses, vertus et travers. La fantasy est très légère dans ce texte mais j'en ai d'autant plus apprécié les quelques inclusions, qui servent le texte juste comme il faut.
Le tout est soutenu par un style à la fois fluide et travaillé, qui ne fait que rehausser encore le sentiment général de grande qualité qui se dégage de ce texte !
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Les Serres sous le velours noir a été une de mes meilleures lectures de cette année 2023. J'ai adoré suivre Francesca, cette héroïne pas très commode dans l'enquête pleine de rebondissements sur le meurtre de son frère. Il est aisé de remarquer au cours de la lecture que l'autrice a bien bûché son sujet. Bien qu'il s'agisse d'un univers de fantasy (de par la présence des anges), tout le reste relève de l'historique. Les descriptions étaient précises et participaient à me mettre dans l'atmosphère du roman.

La plume de Charlène Ferlay est une de mes choses préférées dans Les Serres. Pleine d'une poésie parfois cinglante, j'avais - à certains moments - l'impression de me retrouver devant un roman écrit non pas au XXIème siècle, mais plutôt au XIXème ! Et pour l'amoureuse des classiques que je suis, c'est un bon point !

Je suis obligée d'évoquer mon personnage préféré : Astorre, le cousin de Francesca. C'est un homme mystérieux, et au bout du compte, on ne sait pas grand chose de lui, mais j'ai aimé son rôle de "phare dans la nuit" pour l'héroïne. Derrière ses airs affables, il manipule beaucoup de choses dans l'ombre (l'autrice a évoqué un spin-off sur lui peut-être, je me ferai un plaisir de le lire !)

Le parallèle constant entre Francesca, ses oiseaux et Oriel, l'Ange qu'elle vénère m'a énormément plu. C'était toujours fait avec une forme de délicatesse dans le style. Jusqu'ici en cage, .

Enfin, je vais finir cette critique par le petit point négatif : j'aurais aimé que les Anges se situent + au centre de l'intrigue. D'un autre côté, je comprends qu'ils ne souhaitent pas se mêler des affaires des mortels, mais j'étais vraiment curieuse de les découvrir plus en détail (peut-être dans une futur suite/un futur spin-off ?).

Malgré cela, je ne peux que chaudement recommander ce livre à tous les amoureux de la Renaissance, d'intrigues politiques et de protagonistes féminines qui ne reculent devant rien pour venger leurs aimés !
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Amateurs des grandes familles de la renaissance italienne, prenez place dans l'atrium. Les Sebastiani di Clarissa vont bientôt vous recevoir.

Même si l'histoire n'était pas mon point fort en cours, j'ai toujours eu un faible pour la Renaissance italienne, ses drames et surtout, son art. Et pour avoir déjà visité Florence, Arezzo et Sienne et flâné le long des rives de l'Arno, c'est comme si les Serres sous le velours noir de Charlène Ferlay, bientôt disponible chez Plume Blanche m'y emmenaient – sans payer de billet d'avion.

Le point de départ est simple : Francesca Sebastiani, qui a déjà perdu son mari et son bébé, apprend la mort de son frère aîné Iacopo. La mort ? Non, le meurtre. Voilà qui rebat les cartes. La voilà donc contrainte de revenir dans la cité d'Alba pour porter son deuil et rencontrer son fiancé, un roturier qui s'est récemment enrichi.

Malgré la présence de la Déesse, de ses Anges et de ses Archanges, des choses étranges se trament à Alba, dissimulées derrière les masques du Carnaval. Et il vaut mieux faire attention à bien choisir ses confidents car les ennemis d'hier sont les amis de demain. L'intrigue nous happe dès le début et le développement de Francesca, par la colère qu'elle réfrène à cause de son rang avant de la laisser exploser et prendre le dessus m'a embarquée dans une course effrénée. Les rebondissements sont bien dosés, on a le temps de se faire un premier avis sur chaque nouveau personnage avant de comprendre qu'on s'est peut-être trompé dessus et j'adore cette sensation personnellement.

Quant à la qualité de la plume, elle est juste incroyable. On sent le travail de recherche fourni par l'auteure pour nous plonger dans une ambiance pensante sur fond de complots et de religion. La narration est extrêmement détaillée et permet d'imaginer décors, tenues, senteurs et saveurs. C'est un véritable travail d'orfèvre et je vous recommande vivement cette lecture !
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
— Votre frère, Signora, vous aimait plus que les cieux. Vous êtes l'ombre de l'amitié que je lui portais.
Une amitié morte, assassinée au nom de leur rivalité amoureuse !
Le courage lui manqua pour le cracher. Elle n'opposa à Vettorio que son silence, aussi impénétrable que ceux d'Oriel ; Oriel des tours, Oriel des cieux, Oriel l'insaisissable. Vettorio ne pouvait la comprendre. Elle refusait d'admettre que son mépris la blessait, alors qu'elle l'avait adoré comme on adore l'horizon.
Elle lui renvoya son regard jusqu'à ce qu'il se lasse de son silence. Il ne le brisa pas : il se pencha juste en une dernière révérence.
Elle le laissa partir, hantée par les questions de Taddeo : si Vettorio devait tuer quelqu'un pour une femme...
... et sentit, malgré elle, qu'elle aurait voulu être cette femme.
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... alors, dans un long frisson de proie qui prend conscience de la présence d’un prédateur, Francesca aperçut Harael.
L’ange était gris comme la pierre de son palais et semblait s’y fondre. Assis à l’angle de l’arche, il fixait la jeune femme avec des yeux entièrement argentés, irisés comme ceux d’un insecte regardé à la loupe. Ce regard inhumain ne contenait aucune émotion, pas plus que ce visage aussi lisse que de la porcelaine, aux traits parfaitement réguliers. Harael se leva dans une absence de bruit irréelle et glaçante.
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Son visage restait un masque de Carnaval, fixe et stoïque, et cela ne faisait qu’accentuer l’effroi de ce qu’il exposait : les rouages intérieurs d’un esprit inférieur au sien, nu. Non, pas nu : ouvert comme avec la lame tranchante d’un scalpel, les entrailles brillantes des pensées les plus viles exposées à un œil aussi inquisiteur qu’indifférent.
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Elle existait, au fond de ses couvertures ni éveillée ni endormie, dans un espace aussi trouble que son statut dans la société : celui de femme fertile non mariée, ni épouse ni mère, une femme de rien qui attendait de passer d’un homme à l’autre.
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