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4,18

sur 351 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
L'expression « une vie de chien » est souvent employée quand on évoque le sort des poilus durant la Grande Guerre, et Alice Ferney lui fait écho dans ce roman bouleversant qui débute comme « Les Gardiennes » d'Ernest Pérochon, reprend la légende de Rintintin et se conclut comme « un long dimanche de fiançailles ».

Le 2 aout 1914, Jules Chabredoux, paysan landais, est mobilisé et rejoint le front vers l'est. Il laisse derrière lui son épouse Félicité, leur fils Antoine âgé de deux ans, sa mère Julia et son frère Louis trop jeune pour être appelé. Prince, le chien, garde la ferme familiale. Nous sommes loin, très loin de l'invasion, Julia, belle mère caricaturale et acariâtre, harcèle sa bru, et transforme progressivement ce havre de paix en enfer.

Jules subit le premier choc, particulièrement meurtrier, bat en retraite et participe à la victoire de la Marne avant de s'enterrer dans les tranchées où … Prince, son Colley le rejoint, est engagé par le Lieutenant Bourgeois et devient aide infirmier, patrouilleur, sentinelle et surtout le confident de toute la section. Adopté par Brêle, Joseph, et leurs compagnons, Prince court héroïquement d'exploit en exploit et finit par être décoré devant tout le régiment !

Débute 1917, la bataille de Verdun, fatale à Jules.
Puis le Chemin des Dames, les mutineries, les fusillés. Prince sauve Brêle qui rejoint les Landes, en route vers l'Espagne, et croise Félicité, Antoine et Marie née en avril 1915.
L'armistice en novembre 1918 ouvre une page blanche pour Félicité qui devra refaire sa vie et élever ses deux jeunes orphelins …

En quatre cent pages, compactes car l'auteur ne distingue pas les dialogues du texte, le lecteur participe aux combats et aux doutes de Jules et des hommes de son régiment, tout en vivant dans la ferme des Landes au milieu des femmes et des enfants. Contraste saisissant entre deux univers qui ont parfois du mal à se comprendre mais qui s'écrivent chaque jour ou presque. L'amour et l'incompréhension (nourrie par la presse qui cache la réalité brute à ceux de l'arrière), le deuil et la souffrance des familles apprenant au fil des jours les blessures, les morts, les disparitions sont magnifiquement décrites par Alice Ferney.

Mais son trait de génie, est d'incarner en Prince un observateur avisé qui analyse finement, plus finement que bien des humains, la réalité (particulièrement féroce pour les animaux) et contribue au moral des troupes et à la victoire finale.

Véritable ange gardien, ce quadrupède se révèle être un acteur essentiel et attachant de cet ouvrage original et passionnant qui rappelle que dans la guerre, et pas seulement, l'homme est souvent un loup pour l'homme.
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La guerre c'est moche.
Et pis ça tue.
Et moi je dis que si chacun lisait ce roman terrible et magnifique, des guerres il n'y en aurait plus.

Qu'il s'agisse de sonder les consciences ou d'évoquer les mochetés contemporaines, la merveilleuse écriture d'Alice Ferney me transporte toujours.

"Dans la guerre" n'a pas dérogé à la règle, et pourtant l'effroyable quotidien des poilus de 14-18 et le sort douloureux de leurs proches consignés à l'arrière n'incitent pas forcément à la jovialité là tout de suite.

« Tout ce qu'ils avaient vécu ! L'oublieraient-ils jamais ? Quels hommes ces souvenirs sanglants forgeraient-ils ? Des brutes ou des sages ? »

Voilà de puissantes et mémorables pages, entre horreur, tendresse et compassion, pour illustrer ces questions et rêver que plus jamais on ait à les poser.


Lien : https://minimalyks.tumblr.com/
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Un ouvrage de très grande qualité sur la guerre 14-18

Alice Ferney nous entraîne au coeur de cette guerre atroce qui a massacré et mutilé des millions de personnes.
D'une écriture ciselée et haletante, l'auteure décrit et analyse avec retenue et exactitude l'horreur ainsi que les sentiments.

Un livre marquant et touchant que je vous invite à découvrir.
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Un roman historique poignant, magnifiquement écrit, qui plonge le lecteur dans l'enfer et l'absurdité de la guerre de 14-18, dite la Grande Guerre.

2 août 1914. Dans un petit village des Landes, les cloches de l'église sonnent à toute volée, la guerre vient d'être déclarée. « Par décret du président de la République, la mobilisation des armées de terre et de mer est ordonnée, ainsi que la réquisition des animaux, voitures et harnais nécessaires au complément de ces armées. »
Jules, comme « tout français soumis aux obligations militaires » se voit contraint de quitter sa famille et de rejoindre immédiatement son régiment. Avec un arrière-goût d'amertume et rempli de doute, il laisse derrière lui, dans la ferme familiale, Félicité, son épouse bien-aimée, Antoine, son fils d'à peine deux ans, Julia sa mère, une femme aigrie et dure, enfin Prince son chien dévoué, un superbe colley qu'il a élevé patiemment et qui lui voue affection et fidélité. de nombreux conscrits, des jeunes qui, pour la plupart, n'ont jamais quitté leur région mais qui ont une certaine soif d'aventure et de revanche s'en vont la fleur au fusil, vêtus de leur ridicule pantalon rouge, de leur veste à boutons dorés, et d'un simple képi sur la tête. Ils sont persuadés que la guerre ne va durer que quelques semaines et qu'ils seront de retour pour finir les moissons. Celle qu'on croira la « der des der » s'éternisera pendant quatre ans. Une boucherie abominable et un absurde gâchis.

Dans la guerre, un titre parfait pour un roman bouleversant où le lecteur est entraîné malgré lui dans un conflit meurtrier. Confronté à l'enfer des tranchées, aux obus qui sifflent sournoisement et viennent faucher des vies, aux marches interminables en rase campagne, aux ordres contradictoires, il partage la vie de quelques soldats Jules, Brêle, Joseph, Arteguy, Rousseau et le lieutenant Jean Bourgeois, sans oublier le fidèle Prince devenu chien soldat et mascotte du régiment. Certains hommes, qu'on croyait éternels, mourront hélas au combat, comme tant d'autres. Les cadavres, souvent en morceaux, se comptent par centaines de milliers, jonchent le sol et seront inhumés sur place dans des fosses creusées par leurs camarades. Les descriptions de cette horreur quotidienne sont d'un réalisme saisissant presque insoutenable. Et pourtant l'autrice ne fait que relater la vérité sur un absurde massacre qu'on ne voudrait plus jamais voir.

Et pendant ce temps, les femmes qui ont vu partir leurs maris, leurs fils, leurs frères, font front, s'organisent et prennent en charge courageusement et efficacement les travaux des champs ou de la ferme. Même à bout de force et dans une angoisse permanente, elles se mobilisent dans l'espoir que les hommes reviendront sains et saufs de la guerre et reprendront leurs place comme au temps du bonheur. Dans la ferme de Jules, pourtant, la cohabitation belle-mère - belle-fille est difficile. Mesquineries, jalousie, hostilités et coups bas font partie du quotidien.

J'ai beaucoup aimé ce roman et en conseille vivement la lecture. La plume d'Alice Ferney est absolument magnifique, tous les mots y sont choisis avec réalisme et précision. Et que dire de la lenteur de la première moitié de l'ouvrage, avec des textes très denses, sans aération, où les dialogues sont encastrés dans des pages sans paragraphes. Cela crée une atmosphère étouffante à la limite du supportable, si bien qu'une pause pour reprendre son souffle est parfois nécessaire. La guerre s'éternise et le lecteur en est le premier témoin. Dans la guerre est un roman puissant, un roman dont le décor est la première guerre mondiale, un de plus pourrait-on dire. Mais celui-ci est écrit par une femme avec toute sa sensibilité. Elle n'a pas uniquement souhaité relater des faits historiques, des batailles meurtrières, elle s'est attachée à décrire des sentiments humains, des ressentis, des émotions, des doutes, des réflexions sur l'absurdité de la guerre. C'est cet aspect qui m'a profondément touchée.

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Kafka a écrit dans son journal : “Si la littérature ne nous réveille pas d'un coup de poing sur le crâne, à quoi bon lire ?”
C'est un coup de poing à l'estomac que j'ai reçu, de ceux qui mettent ensuite la lecture en jachère.

Ce sont de grandes pages sur la guerre, de celles qui n'existaient pas ou que je n'avais pas encore lues, des pages sur l'incongruité du destin d'hommes devenus soldats, morts ou vivants, sans rien avoir demandé.
Alice Ferney fait défiler la mobilisation, la bataille de la Marne, Verdun, le Chemin des Dames, les mutineries en les assortissant des absurdités du commandement.

Quelques pages sont consacrées aux chiens-soldats. Très utilisés par les Allemands (40 000), ils l'étaient peu par l'armée française alors qu'ils pouvaient être sentinelles, patrouilleurs, porteurs, télégraphistes, estafettes…
L'autrice offre à l'un deux, un Colley irlandais, un rôle central dans son roman.

L'écriture magnifie cette histoire, pourtant moult fois racontée, à laquelle Alice Ferney ajoute des suppléments d'âme.
Elle réussit le tour de force de nous dire – loin des témoignages qu'auraient validés Jean Norton Cru, dans son livre "Témoins" – une véracité de ce que vivent ses personnages.
Elle sait rendre les sentiments et pensées de ceux partis à la guerre, de la femme et de mère restées dans les Landes.

Lisez ce récit doucement au début pour en apprécier la fine narration des événements pourtant si effroyables.
Puis vous lirez la suite rapidement, impatients de vouloir savoir ce qu'il advient de chacun dans cette histoire dans l'Histoire.

Si il y avait un classement des livres montrant la monstruosité et l'absurdité de la guerre, “Dans la guerre” serait bien placé.

Vous voyez, j'ai accumulé les appréciations positives sans qu'aucune me paraisse assez forte pour constituer une punchline, mais je fais confiance à votre lecture pour vous mettre KO comme moi !



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Quel livre magnifique ! Un très, très gros coup de coeur !
Dès les premières pages, j'ai deviné que ma sensibilité ne résisterait pas à un tel récit.

Aout 1914, quand Jules quitte sa ferme et ses Landes natales, il ne sait pas encore que sa jeune épouse Félicité est enceinte de son deuxième enfant. C'est l'image de ce bonheur laissé derrière lui qui va être sa seule raison de survivre dans les tranchées de l'horreur. Aux côtés de son acariâtre belle-mère, Félicité commence la longue attente du retour. Seul Prince, le chien fidèle de Jules se refuse à cet abandon qu'il ne comprend pas et quelques semaines après le départ de son maitre, il part le rejoindre sur le front de l'Est.

Des romans sur ce thème, j'en ai lus pas mal mais peu écrits par des femmes. Et que dire de l'écriture d'Alice Ferney ? Simplement que c'est une pure merveille, chaque phrase est un poème même lorsqu'elle décrit les pires atrocités (si j'avais pu, j'aurais recopié tout le livre dans les citations). C'est cependant une lecture qui se mérite car le style de l'auteure est assez personnel. Le fait de noyer les dialogues dans le récit lui-même sans alinéas, ni guillemets, rend la lecture très dense. Ajoutez à cela l'avalanche d'émotions et vous comprendrez que les pauses sont nécessaires pour affronter l'indicible. Mais Alice Ferney ne nous parle pas que du pire, elle nous révèle aussi le meilleur comme les liens d'amitié indicibles qui se créent sur le front entre ses combattants venus de tous horizons. Quand à la belle relation entre l'homme et le chien, elle illumine simplement l'histoire. A travers le personnage de Prince, l'auteure rend hommage à tous les animaux enrôlés de force dans ce conflit qui n'était pas le leur.
En tant que femme, Alice Ferney se penche également sur le sort de celles-ci à l'arrière. Ses épouses et ses mères qui attendent le retour de l'être aimé, redoutant le passage du maire porteur de mauvaises nouvelles. Leur sort était-il plus enviable ?

L'auteure décrit admirablement l'évolution des sentiments et des hommes au cours du temps. L'engouement patriotique du début a du mal à résister à la prise de conscience de l'absurdité de cette guerre. Certains perdent la foi en un Dieu qui permet de tels massacres, d'autres la trouvent, le louant d'être encore en vie. Le mensonge reste le maître du jeu, celui d'un état pour son peuple, celui des décideurs derrière leur bureau pour les exécuteurs au cœur de la mitraille. Mais aussi ceux contenus dans les lettres adressées aux familles pour les épargner et ceux que l'on fait aux enfants pour les protéger d'une vérité inacceptable.

J'avais donné un 20/20 à "Grâce et dénuement" qui m'avait fait découvrir cette auteure et sa grande sensibilité. J'ai été tellement bouleversée par "Dans la guerre" que je ne peux pas mettre moins. Je suis étonnée que ce livre n'est pas eu plus de succès avec seulement 32 critiques au compteur. Je vous encourage à le découvrir. Quel talent ! J'ai hâte de découvrir d'autres ouvrages d'Alice Ferney.
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Formidable récit décrivant l'histoire d'un famille landaise dans le déroulement de la première guerre mondiale. le choix du style un peu désuet donne une authenticité supplémentaire : on ne s'exprimait pas en 1914 comme en 2009. Une fois entré dans la lecture et dans l'époque, on ne peut véritablement plus lâcher ce livre.
Cette histoire aurait très bien pu être celle de nos grands-parents et arrières grands parents, la Grande Guerre a meurtri toutes les familles françaises, en laissant des traces indélébiles longtemps après. Ici, elle est racontée de l'intérieur, par ceux qui la vivent : ni à la façon des historiens ou des statisticiens, qui analysent et commentent avec recul en évaluant le nombre effarant des victimes, ni même à la façon de ceux qui l'ont vécue, sous la forme d'un témoignage, nécessairement auto censuré et exprimé longtemps après les faits. Elle est racontée par ceux qui la vivent, au quotidien, sous le feu de l'ennemi, et qui ne savent donc pas s'ils seront encore là demain ou dans l'heure qui suit. Par ceux qui exécutent les ordres et qui s'efforcent de tenir des positions au péril de leur vie, pour obéir à des stratégies militaires qu'ils ne comprennent pas.
On s'attache rapidement aux héros de l'histoire : le soldat envoyé au front, la femme aimante et la mère acariâtre restées seules à la ferme, les camarades de combat, et le chien, qui traverse la France entière pour retrouver son maître. Ce récit à plusieurs voix (y compris celle du chien Prince, personnage à part entière, d'une intelligence supérieure et doué d'émotions) est aussi l'entrecroisement de plusieurs histoires d'amour : entre Jules et Félicité, les époux séparés par la guerre, entre Jules et son chien, inséparables.
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Dans le flot des livres sur la guerre de 14 celui-ci mérite qu'on s'y arrête: toujours très bien écrit -c'est Alice Ferney-, fin, subtil et profond, il ouvre aussi un double point de vue: celui du front, où se trouve Jules et celui de l'arrière où est sa femme, Félicité.

Ce pourrait être du déjà-vu, mais Jules est agent de liaison, il a un chien avec lui, une bête magnifique, intelligente, courageuse. L'animal dans la guerre, voici une des nouveauté, et non des moindres, de ce beau roman.

A l'arrière, Félicité est l'otage de sa belle-famille, elle travaille aux champs sous la férule de sa belle-mère. Et à côté d'un tout jeune homme, son beau-frère. de la chair fraîche dans un monde sans hommes...

La vision d'une France de 14-18 rurale, essentiellement féminine, quivoit les femmes, par la force des choses, prendre lentement une place que la société machiste leur interdisait depuis longtemps, est aussi une rareté.

Femme et chien "Dans la guerre"...deux intrus, deux histoires de libération douloureuse...
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un titre bien choisi pour un roman qui plonge effectivement le lecteur au coeur même d'une guerre, celle de 1914-1918.
Ce livre relate le vécu de cette guerre, à la fois par ceux qui la faisaient et par ceux qui attendaient à l'arrière, souvent sans nouvelles, minés par l'angoisse dans le silence de leur maison.
Au centre de ce roman, une section de soldats commandée par un jeune lieutenant et composée de personnages très divers, Jules l'honnête, Joseph l'angoissé, Brêle l'amuseur, dont les drôleries lui attirent, au fil des jours passés dans les tranchées, la sympathie de tous. Il y a aussi dans cette section un combattant inattendu qui n'a pas hésité à quitter son lieu de vie dans les Landes pour rejoindre Jules sur le front de l'Est, et qui va jouer pleinement son rôle dans les combats. Pour ne pas dévoiler l'intrigue à ceux qui n'auraient pas lu ce livre, je n'en dirai pas davantage sur son identité.
A l'arrière des opérations militaires, Alice Ferney évoque la famille de Jules, sa femme, ses deux jeunes enfants, sa mère, son jeune frère, figés dans leur longue attente du retour.
De cette guerre meurtrière, ils ne seront que deux de la section à revenir, mais ils apporteront peut-être avec eux un espoir possible de renaissance à la vie.
"Dans la guerre" est un livre très émouvant qui parle d'inhumanité mais aussi d'amitié, d'amour, de fidélité, de solitude, d'angoisse, de nostalgie. C'est un très beau roman.
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La magnifique écriture d'Alice Ferney fait encore mouche pour évoquer l'absurdité de la guerre, la dureté, la solitude, mais aussi le courage des femmes restées seules, l'amour conjugal, l'amour d'un chien pour son maitre... On se laisse bercer par la magie de sa plume !
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