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4,18

sur 1269 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ce n'est pas la première fois que je lis un roman d'Alice Ferney. Je suis toujours restée dubitative, prise entre deux : j'aime la plume, mais je n'accroche pas au roman. Avec celui-ci c'était différent. Sans surprise j'ai tout de suite adhéré au style d'écriture. Une plume fluide, légère sans un mot de trop. Une écriture qui vous transporte.
Et puis cette histoire ! Quelle histoire ! La vie des gitans sans fioriture, sans pathos non plus. Mais leur mode de vie, leurs difficultés étalés devant nos yeux. Les enfants et leur innocence, les femmes et leur condition de vie, les hommes et leur impuissance. Il y a l'amour, la joie, mais il y a aussi le rejet, la honte.
Et puis il y a les livres. La puissance des livres, des histoires pour se sortir de ce monde englué. La lecture qui permet une ouverture culturelle, mais aussi un lien vers les autres. La lecture, elle rassemble, les livres acceptent tout le monde.
J'ai été profondément émue.
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J'ai lu ce livre en seconde pour un travail, j'ai adorer ce roman très touchant qui se déroule sur un camp de gitans, auquel se joint une bibliothécaire qui se met en tête de faire découvrir la magie de la lecture à ses enfants. Un roman singulier et très émouvant
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Grâce à un échange de livres il y a quelques années, j'ai eu l'immense plaisir de découvrir Grâce et dénuement d'Alice Ferney, publié chez J'ai lu. C'est l'histoire d'une femme, bibliothécaire, qui rencontre des enfants de gens du voyage et qui décide de leur faire découvrir la magie de la lecture. C'est un récit très dur, marqué par de la brutalité, de la complicité, des moments de vie aussi beaux que cruels, et le synopsis rend parfaitement justice au ton du roman.

J'ai été un peu gênée au début par l'emploi répétitif des parenthèses, mais finalement on s'y fait assez rapidement et le style d'Alice Ferney m'a beaucoup plu. le vocabulaire est riche sans pour autant être incompréhensible, et tout est rapporté avec beaucoup de vérité. L'histoire de ces gitans et de la "gadjé" qui vient faire la lecture à leurs enfants et leur tenir compagnie à leur tour est vraiment belle, et très dure également. Ils ne la voyaient que comme une étrangère et, petit à petit, elle se fait une place dans leur vie, et eux dans la sienne.

On passe par tout : humanité, violence, douleur de la perte, cruauté des enfants, leur innocence, la beauté des femmes... C'est vraiment un très beau roman.
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Les gitans. Une communauté que l'on côtoie sans la connaitre, qui suscite souvent méfiance et mépris.
Ancienne infirmière devenue bibliothécaire, Esther pense que les livres sont aussi nécessaires à la vie que le gîte et le couvert. C'est une femme d'une vitalité fervente, aussi douce que courageuse. Lorsqu'elle se présente dans un camp de gens du voyage, ce n'est pas par pitié, mais avec un projet, celui de faire la lecture aux enfants. L'expérience est rendue possible parce qu'Esther est venue sans jugement, discrète mais tenace malgré la froideur de l'accueil à laquelle Angéline, la doyenne du clan, l'a laissée se heurter pour voir ce qu'elle avait dans le ventre.

Chaque mercredi elle leur apporte des livres dont elle raconte les histoires, séduisant sans peine ces gamins qui ne réclament jamais rien, n'ont jamais faim ni jamais soif si ce n'est de ses paroles. Ils n'ont pas les jouets que reçoivent d'ordinaire les enfants mais font un butin de tout ce qu'ils ramassent, et ils ont la liberté, vont et viennent comme bon leur semble, sautillant, courant sur les trottoirs et dans les caniveaux, bande débraillée qui connaît les environs autant qu'on les y redoute. La scolarité est, sinon inexistante, chaotique et difficile, parce qu'ils dorment mal, qu'ils ne sont pas sûrs de rester au même endroit, et sont l'objet d'un dégoût moqueur de la part des autres élèves.

La lecture se fait dehors aux beaux jours, puis entassés dans la petite automobile d'Esther, avant qu'on ne lui propose, après de longs mois, l'abri d'une caravane. La bibliothécaire ne pose jamais de questions, et découvre la vie de la communauté par fragments, la pudeur et la méfiance cédant peu à peu le pas aux confidences. Elle ferme les yeux sur ce dont elle peut être témoin, ne veut pas s'avouer que les enfants sont parfois maltraités.

Car c'est une vie rude, hantée par le désoeuvrement et le rejet. Les hommes sont défaits de n'être tendus vers rien, de ce que personne n'attend rien d'eux. Ils se lèvent tard, parce qu'ils veillent et s'endorment difficilement. Pendant que les femmes aèrent la literie, replient les lits et cuisinent, ils bavardent, s'attardent à prendre le café pendant que les enfants jouent dehors. Puis ils traînent, commettent parfois de menus larcins, sauvegardant des apparences qui ne trompent personne, si ce n'est eux-mêmes. Ils regardent beaucoup les femmes, prisonniers d'un désir d'autant plus torturant que la promiscuité des caravanes, où s'entassent adultes et enfants, leur permet rarement de l'assouvir. Une promiscuité que les femmes utilisent comme prétexte pour se dérober, dès lors que la maternité calme leurs ardeurs. Car elles aussi sont fatiguées, peut-être moins détruites que leurs maris, parce qu'elles s'occupent des enfants, mais néanmoins plombées d'une usure morale, à l'idée que rien ne changera, qu'il leur reviendra toujours de s'inquiéter des petits, de se ronger pour les autres, prisonnières du mariage tzigane qui ne se rompt pas, et impose de supporter le mari comme il est. Une chance s'il ne la bat pas et que la belle-mère est gentille.

La belle-mère ici, c'est Angéline. Angéline, gardienne des valeurs et du passé, qui converse avec les esprits en jetant dans le feu, qu'elle passe des journées entières à regarder, des objets hétéroclites qui noircissent et fondent en répandant des fumées aux odeurs diverses. Qui connait par coeur chacun de ses quatre fils : Simon dont la brutalité voisine avec la folie, Lulu et sa force de taureau, Antonio, beau jeune homme volage et enfin Angelo, vieux garçon discret et d'une timidité maladive, qui vit encore dans la caravane de sa mère. Elle observe, lucide, ce petit monde qui orbite autour d'elle, intuitivement experte des mécanismes qui régissent les relations entre ses enfants et ses belles-filles – Milena, bête velue noire et rapide comme une mouche, Nadia la douce ou encore Héléna la révoltée-, imposant son autorité et ses points de vue.

Malgré la dureté du quotidien, partout ils trouvent leurs marques, répètent les gestes de la débrouille : le ravitaillement sans argent, l'eau potable qu'il faut chercher à la pompe, les sources occasionnelles de revenus…

Et surtout, l'auteure dépasse la brutalité et la désespérance de ce quotidien pour en extirper cette "grâce" qu'évoque son titre, traque les espoirs, l'amour et les émotions -les joies comme les souffrances- qui se dissimulent dans les silences et les non-dits, rend hommage à la sincérité que leur confère leur approche brute, quasi organique, des choses. Il y a comme une inertie magnifique dans la fatalité dénuée d'amertume avec laquelle, ancrés dans le moment présent, ils acceptent les aléas de cette vie qui est irrémédiablement la leur, et dont ils aiment, en dépit de ses difficultés, la liberté.

Le portrait qu'elle en dresse, portée par une écriture qui épouse les tournures et le rythme d'un parler direct, parfois cru, est aussi sublime que désespérant.
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Ce livre, fort remarqué autant par la critique que par le public lors de sa parution, aborde le milieu dur et impitoyable des gitans. L'histoire relate la relation, lentement et patiemment établie, entre une bibliothécaire "gadjo" prise d'affection pour les enfants de la communauté tzigane et leur famille vivant de rapines, dans un climat de violence, installée sur un terrain insalubre sans l'autorisation de quiconque.
L'écriture fine et soignée permet au lecteur de soulever un coin de voile, masquant les secrets, jalousement gardés par le clan. Cette fiction a le mérite d'exposer la situation des gens du voyage, sans racine, souvent faite de pauvreté, sans occulter les méfaits auxquels se livrent leurs membres. Alice Ferney aborde le cercle vicieux dans lequel ces personnes se trouvent enfermées. Ne voulant se soumettre à aucune loi sinon la leur, ils sont aussi craints que méprisés. Si, d'aventure, certains intègrent une vie sédentaire, ils portent le fardeau de leur réputation, ce qui exclut toute possibilité de créer des relations facilement. Rien n'est plus difficile que d'émulsionner deux cultures restant dans la défiance l'une de l'autre.

Cependant, le sujet est ailleurs, il est dans les relations familiales, qu'elles soient bâties sur l'amour ou dans la violence, ainsi que le respect et l'affection que toute la communauté porte à Angeline, la matriarche, à la philosophie pleine de sagesse, endurcie par la vie. À mon avis, il aurait été intéressant de creuser la personnalité de cette femme. Elle est le phare de ce récit comme de cette famille. En effet, malgré les bonnes intentions d'Esther et l'attachement qui la lie visiblement aux enfants qu'elle côtoie, j'ai eu la désagréable sensation d'un rendez-vous raté en refermant le livre.

La littérature me donne souvent l'opportunité de découvrir des atmosphères et des environnements qui me sont étrangers, d'éprouver de l'empathie pour des modes de vie dont les codes me sont inconnus. L'enrichissement des connaissances est toujours un atout, même au travers de fictions réalistes. J'ai essayé de trouver les raisons de cet étrange sentiment de loupé. En général, je suis sensible aux relations humaines, surtout quand elles sont servies par une écriture si agréable et si sensible. Alors pourquoi la "magie" n'a pas fonctionné ici ?

Après réflexion, je pense que le comportement d'Esther m'a beaucoup dérangée. Évidemment, elle est poussée par la compassion et le besoin de transmettre, allant jusqu'à donner l'opportunité d'une ouverture vers une société qui est la sienne. Cependant, est-ce vraiment ce vers quoi aspirent ces petits gitans ? Leur donner envie de s'évader par les livres en leur apprenant à lire est une bonne chose, mais pourquoi vouloir les éloigner de leurs racines, aussi mal vues soient-elles dans le regard des autres ? À aucun moment, je n'ai ressenti l'envie d'Esther à se rapprocher de ce peuple, à connaître leur culture, leurs croyances. Elle arrive armée de son savoir à elle. Elle refuse de parler de sa famille, comme si elle voulait les préserver de ce monde inconnu. Serait-il trop malsain pour les siens ? Enfin, l'attitude qu'elle adopte en refusant de porter le cadeau d'Angeline, même lors de ses visites au camp, m'a révulsée. Je l'ai ressenti comme un affront absurde et regrettable vis-à-vis de cette famille qui l'avait acceptée malgré sa différence.

Tous les ingrédients d'une belle histoire étaient réunis, les conditions de vie difficiles, les caractères bien croqués avec des fils et des belles-filles très différents, les enfants attachants de spontanéité, la matriarche impressionnante avec son regard perçant auquel rien n'échappe. Malgré toute la patience et l'opiniâtreté déployées pour faire accepter sa présence dans le camp, Esther n'a pas saisi sa chance de rencontrer cette communauté, riche de traditions, sauvage, indomptée et d'aller au-delà des apparences. Dommage, je suis restée sur ma faim avec une pointe de déception.
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Je n'ai pas été subjuguée par l'histoire ni par l'écriture mais le récit d'Esther et de sa rencontre avec une famille de gitans fut empreint de douceur, d'empathie et d'humanisme. Un monde dont nous ignorons beaucoup de choses, un monde qui se suffit à lui-même. Esther décide un jour d'aller lire des livres une fois par semaine dans un camp de gitans et s'ensuivent ainsi des aventures entre ces 2 mondes qui ne se connaissent pas vraiment.
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Nous voilà plongés dans le quotidien d'une famille hors du commun: une famille très soudée, dans laquelle vivent la grand-mère, ses cinq fils, ses quatre brus, et tous les petits enfants. Nous plongeons dans le dénuement de cette communauté de gitans qui vit dans des conditions d'extrême pauvreté. Nous suivons leur quotidien et leur découverte des livres grâce à Esther.

L'auteur nous familiarise avec cet univers d'une manière délicate et le temps de quelques mois nous suivons les événements douloureux et joyeux de cette famille. C'est un monde qui m'est complètement étranger, et j'ai assisté à ce quotidien en ayant le coeur très souvent serré malgré les moments heureux. Une sorte de résignation voulue assez glaçante.

Un beau roman pourtant, dans lequel la lecture partagée est une sorte d'île au milieu de l'océan.
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Comme j'apprécie tellement l'écriture et les romans d'Alice Ferney 💗 Celui-ci m'a surprise et m'a prise au ventre par la justesse descriptive de la situation (mais je suis fan de cela aussi chez elle) triste des gens du voyage, monde inconnu pour moi. Elle dépeint avec une grande pudeur et tendresse, cet univers si particulier avec ses règles parfois si dures et à la fois empreintes d'amour et de solidarité !
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Ce livre est une histoire magnifique sur l'importance des livres dans la société et le regard que l'on porte aux personnes qui ont un mode de vie différents. C'est une lecture magnifique et touchante sur la difficulté et le rejet que rencontre les populations Tziganes aujourd'hui.

Lors de ma première lecture j'avais vraiment adoré. J'ai tout de suite accroché. L'histoire était récente et écrite avec un langage courant, ce qui n'est pas le cas des livres que l'on a à lire en cours d'habitude.

Cependant au moment de relire le livre j'étais beaucoup moins enchantée. Je n'ai pas réussi à me motiver et j'ai mis vraiment du temps à rentrer dans l'histoire. Je me suis alors rendue compte qu'il ne se passait pas grand-chose lors de la première moitié du roman. Tout est condensé dans la deuxième moitié, que j'ai alors redévorée.

Les personnages de ce roman occupent un place importante. Ils m'ont tous touchée à leur manière.
Même si je ne suis pas forcément d'accord avec ses idées, Angéline est incroyable.
Misia, Nadia et Angelo m'ont énormément touchés et je me suis vraiment mise à leur place dans ce roman.

Pour conclure, je vous conseille vraiment cette lecture. Il faut prendre le temps de lire ce livre magnifique qui donne une belle leçon de vie. C'est un partage d'amour et de tolérance.
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Une immersion dans un camp de gens du voyage. La découverte de conditions de vie indécente, des vies où on ne se plaint jamais. Une vie où l'autre est toujours perçu avec méfiance.

Esther, bibliothécaire, décide de se rendre chaque mercredi chez ces Gitans pour faire la lecture aux enfants. Elle doit apprivoiser au fil du temps tous les membres de cette famille agrandie et notamment la grand-mère Angéline. Elle découvre l'injustice, la misère mais aussi les traditions parmi lesquels grandissent ces personnes.

J'ai trouvé ce roman très intéressant n'ayant jamais lu sur cette communauté. L'autrice n'est jamais dans le jugement - tout comme le personnage d'Esther qui se garde d'émettre ses opinions. Sa plume est très émouvante, elle sait traduire des sentiments, des moments, même si parfois je déplore quelques longueurs.

A découvrir.
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