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Je suis assez tristement et laborieusement en train de faire ce que Lydia Flem évoque dans son récit: vider la maison de mes parents..

J'ai donc pris ce livre et l'ai lu d'une traite comme un bricoleur du dimanche se jetterait sur une notice de montage de bibliothèque Ikéa, ou comme une cuisinière occasionnelle se précipiterait sur les Buffets de Sophie à l'approche d'une soirée d'anniversaire de 30 copains..;

Finalement, le monteur du dimanche devant le surréalisme prononcé de la-dite bibliothèque fera appel aux services efficaces (et ironiques) d'un pro et la cuisinière occasionnelle -et cossarde- dira à ses copains d'apporter chacun leur spécialité..

Le livre de Lydia Flem n'est pas un mode d'emploi ni un kit destiné à gérer (le vilain mot à la mode) le deuil...

Chaque vidage de maison parentale est une épreuve personnelle: rien à transmettre, sinon des platitudes bien générales.

L'enfer , comme toujours, est dans les détails. Et c'est là que le livre de Lydia Flem m'a le plus touchée: dans ce qui justement n' appartient qu'à elle.

Par exemple, le trousseau magnifique de sa mère, grande perfectionniste et couturière émérite, dans une gamme de tons distingués et très classe...rien à voir avec celui de ma petite maman à moi, qui détestait faire même un ourlet, s'habillait de bric et de broc, au gré des fantaisies de ses filles, et dans toutes les couleurs de l'arc-en-ciel.. mais ce sont les mêmes perplexités: qu'en faire? à qui donner ce qui était sa deuxième peau? ses vêtements "habités" tout à coup si vides, si insignifiants, sans elle...Qu'en faire? Les porter, ce serait une hérésie, les donner, une souffrance..Trouver qui pourrait VRAIMENT les mettre en leur donnant une autre vie...mais qui?

Les lettres et papiers personnels, Lydia Flem les a archivés, jusqu'aux papiers de banque, jusqu'aux factures..quant aux "lettres d'amour en héritage" échangées par ses parents, un couple toujours amoureux et très uni, elles ont fait l'objet d'un livre, que j'ai lu aussi, il y a quelques années, quand mon père, le premier, nous a quittés...et qui m'avait convaincue, alors, de ne jamais percer , comme elle, le secret des lettres d'amour de mes parents, quelle que fût ma curiosité, parce que je savais que leur amour avait été grand, assez pour nous envelopper tous d'un habit de tendresse, et que cela me suffisait. Mais elle, Lydia Flem, était enfant unique de parents rescapés de la Shoah qui avaient toujours refusé de parler à leur fille de leur expérience traumatisante: lire les lettres c'était aussi percer un abcès, mettre fin à un silence insoutenable.Alors elle exhume ces secrets, elle met à nu le mystère de l'amour parental. Je ne me suis pas sentie capable de cette appropriation qui m'est apparue comme un viol: ma soeur et moi, le coeur serré, nous avons passé ces lettres-là à la déchiqueteuse, sans les lire...

Non, décidément, ce livre n'a pas été un mode d'emploi, encore moins un mode de pensée. Et pourtant, dans la mesure où il m'a renvoyée à une expérience que je n'arrive pas encore à clore et à un adieu que je suis loin d'avoir fait, c'est un livre utile et même nécessaire.

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Un jour, Lydia Flem se trouve au pied du mur. La perte de ses deux parents, en soi un séisme qui fait d'elle une orpheline, la met en charge désormais de disposer des traces matérielles de leur vie.
Effraction. Comment décider si tel ou tel papier doit être lu, sinon en le lisant? Comment ne pas être coupable en découvrant l'intimité des personnes les plus fondamentales dans sa vie?
Comment disposer d'objets qui ne lui ont pas été donnés?
Et pourtant ce travail lui échoit, comme une ultime manifestation d'amour et de respect qu'elle ne peut confier à personne.
Comment, à l'issue de ce labeur douloureux, elle pourra aboutir à un bonheur et une fierté, c'est ce que cette auteure sensible et impressionnante de lucidité nous aura révélé à la fin de ce beau livre.
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Dans ce court récit, Lydia Flem aborde la question du deuil à travers l'expérience traumatisante qui consiste à vider la maison des parents disparus. Des milliers d'objets, insignifiants ou porteurs de mémoire rappellent ce que fut la vie des défunts, désormais réduite à quelques traces matérielles, souvent dérisoires, une louche, une boîte d'allumettes, un verre à pied. L'auteur décrit admirablement les sentiments qui assaillent ceux qui sont soumis à cette tâche impossible. Entre piété, colère, volonté de garder, besoin de détruire, de donner, de se détacher, le travail de deuil se construit lentement et finalement, nous reprenons la vie. Mais combien de pleurs et de fous rire, d'émotions submergeantes ou de moments de dégoût, de culpabilité et de honte avant de retrouver la sérénité? Un ouvrage très touchant, très pudique, qui met le doigt sur les difficultés qu'il y a à se reconstruire après la mort d'un proche.
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Livre choisi après avoir lu d'excellentes critiques sur cet auteur dont je n'avais jamais entendu parler. Elle est Belge et membre de l'Académie Royale de Belgique, où siégèrent Colette, Simenon, Anna de Noailles, Cocteau et bien d'autres plumes illustres.

Mais foin de ces mondanités littéraires, le sujet de ce livre est abordé avec beaucoup de réalisme, et non comme un exercice de style.
La photo de couverture est éloquente: d'un côté la masse énorme du passé et des souvenirs de toute une vie, de l'autre une petite "topolino" rouge qui symbolise la vie, le mouvement, l'avenir. Comment ne pas se laisser écraser, étouffer, envahir, submerger, par ce raz de marée de meubles et d'objets qui s'est amoncelé pendant des décennies dans la maison familiale?

Comment contenir ces émotions qui viennent aussi nous submerger quand nous retrouvons de précieux fragments d'une histoire qui nous concerne de façon tellement intime, si personnelle? Photos anciennes, portraits de visages chéris, lettres jaunies, vieilles dentelles ou babioles sans valeur qui font remonter des souvenirs d'enfance, des récits familiaux, ils semblent conspirer pour nous donner des remords.
Comment résister pour ne pas être happé par un passé qui ne veut pas tomber dans l'oubli?

Lydia Flem décrit avec justesse les dilemmes auxquels sont confrontés les héritiers: vouloir tout conserver, c'est devenir gardien de musée. Et vouloir tout jeter, c'est trahir la mémoire des siens, se montrer déloyale et ingrate.

Alors on doit trier, et passer par le chagrin, le découragement, l'agacement, la crise de nerfs, l'envie de tout envoyer au diable, et surmonter la lassitude et les accès de nostalgie.
En parcourant les chapitres, je souris en constatant que nos parents ont tous eu les mêmes habitudes conservatrices, mettant de côté et accumulant leurs trésors au fond des caves et des greniers, des boites et des enveloppes, des tiroirs et des placards.
Et je partage son avis: ne vaut-il pas mieux faire cadeau de son vivant, quand viennent les enfants et petits enfants, de ces chers objets qui resteront après nous?
Lydia Flem nous livre avec délicatesse et sincérité une expérience humaine sur cette étape mystérieuse de la vie: la disparition.
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Un livre qui fait ressentir le deuil autrement, quand on a du mal à continuer d'écrire les pages de nos vies avec des absents.

Il narre les étapes avec une langue vraie et bien maniée. Des mots posés sur ce qui étouffe, il rend clair tout à coup ce que l'on pensait contradiction existentielle inavouable.

Effet miroir garanti.

A ceux qui se retrouve contre toute attente, à trier, revivre, dire au revoir à un monde qui devient passé à chaque instant ce livre permet de voir un avenir plus apaisé. Très beau et sans prétention.

N'ayez pas peur: il ne donne pas de direction à prendre, il relate.
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Assez émouvant comme petit livre portant sur un sujet douloureux, le deuil de nos parents. Comment clore un pan d'une vie, que faire de tous ces souvenirs qui se sont amoncelés au fil des années ? Vider la maison de ses parents, pas chose aisée, un vrai crève coeur. Double perte, celle des parents aimés et tous les objets qui rappellent aux bons souvenirs. Difficile, ce mot est déjà bien faible face à cette épreuve.
Une belle réflexion sur le deuil mais aussi sur les objets.
Un court récit mais intense chargé de ce vécu.
Nous sommes tous confrontés un jour ou l'autre à ces moments pénibles, lire ce petit récit peut sans doute vous apporter une lumière, un soutien, même si chaque cas est différent, et vécu plus ou moins sereinement, nous ne pouvons restés indifférent à ce passage de notre existence.
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Avec beaucoup de sensibilité et une grande précision, Lydia Flem aborde un sujet grave, celui du deuil des parents : tous, un jour (du moins dans la logique plus ou moins naturelle des choses) nous perdrons nos parents, et la séparation se marquera notamment par une autre forme de présence, qui pourrait se révéler encombrante : l'héritage qu'ils nous légueront.

Lydia Flem est non seulement écrivain mais elle est aussi psychanalyste. Cela se ressent, notamment par ses références à Freud, dans la réflexion approfondie qu'elle mène sur la mort des parents quand on est un adulte déjà accompli, sur l'ambivalence des sentiments qui peuvent survenir : « Comment oser raconter à quiconque ce désordre des sentiments, ce méli-mélo de rage, d'oppression, de peine infinie, d'irréalité, de révolte, de remords et d'étrange liberté qui nous envahit ? » (p. 9) Car dans notre société, peu d'espace, peu de temps sont accordés aux endeuillés pour traverser la perte et retrouver un nouvel équilibre des relations.

Une des premières réalités les plus visibles de ce travail de deuil est l'héritage, c'est-à-dire se retrouver tout à coup propriétaire légal de biens que les parents ne nous ont pas nécessairement transmis, donnés clairement de leur vivant. Que faire des objets, des papiers, des souvenirs personnels, de cette maison à vider ? Vider, un verbe cruel que Lydia Flem égrène avec une grande lucidité.

Face à cette tâche, elle est d'abord et avant tout une fille, une fille unique qui prend d'abord le temps de raviver les derniers jours, les derniers instants de ses deux parents, et surtout de sa mère partie en dernier, et dont elle a respecté les dernières volontés. Un respect qui apaise un peu sa douleur et l'aide à trouver grâce aux yeux de cette mère jamais satisfaite des efforts de sa fille pour se faire aimer telle qu'elle était. Vient ensuite le temps, long, terriblement long, souvent teinté d'amertume, d'incrédulité, où il lui faut ranger, trier, vider la maison, pièce par pièce. Une maison où ses parents ont accumulé et gardé les papiers, les objets, les souvenirs de toute une vie, sans jamais rien jeter. Une tâche gigantesque, presque insurmontable et pourtant libératrice pour une fille qui n'avait jamais vraiment trouvé sa place dans la lignée familiale marquée par la Shoah et les nombreux membres déportés et gazés à Auschwitz. Une histoire que ses parents n'avaient jamais racontée clairement à Lydia, comme pour se protéger et pouvoir recommencer une nouvelle vie malgré l'horreur.

Ainsi, au fur et à mesure des découvertes, des choix cornéliens, « garder, offrir, vendre ou jeter », Lydia Flem peut à la fois se détacher et se réapproprier l’héritage de ses parents. En témoignent les listes, les longues listes d’objets trouvés dans la maison, le passage très émouvant sur les vêtements cousus et portés par sa mère, les dons qu’elle réussit à faire à des amis pour que les choses puissent vivre une nouvelle vie. Et ainsi à travers ce lent travail minutieux, l’héritière passe du chagrin à la joie, de la mort à la renaissance. On sent que les souvenirs ne sont pas achevés, il n’y a pas de point final à ce premier volet d’une trilogie autobiographique.
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Tout d'abord, âme sensible s'abstenir d'acheter, d'emprunter et surtout de lire ce petit livre de 152 pages. Au fil des pages, j'ai senti mon coeur se serrer et j'ai du aller au bout de mon malaise pour arriver à la fin indemne car ce roman fait mal.
Lydia Flem a exprimé tous ses sentiments refoulés, extériorisé sa douleur et vidé son coeur comme elle a vidé la maison de ses parents. En même temps, elle nous communique ses doutes et son angoisse et ça se ressent jusqu'à la dernière page et on a presque envie de pousser un grand OUF de soulagement. La tâche qui lui incombe n'est pas de tout repos et d'une certaine manière, elle nous fait partager son héritage.
A lire si le coeur vous en dit !
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Ce livre me faisait de l'oeil depuis un moment chez mon libraire et un jour, j'ai cédé à la tentation de l'appel secret. Quel heureux bonheur de l'avoir découvert. le sujet m'a beaucoup touché. Lorsque nos parents décèdent il reste la maison. Celle avec leurs souvenirs, les nôtres et tous ces objets remplis d'histoire et d'espoir. Comment les voir ailleurs que là, cet endroit où on les a toujours connu. On ne peut pas tout ramener chez soi. Mais que faire? Une vague d'émotions arrivent et il est bien difficile de la gérer. On se retrouve face à une solitude bien difficile à gérer.

En plus, l'auteur apprend plus sur le passé de ces parents qui ont été déporté pendant la seconde guerre mondiale. Un secret qui le devient moins à la découverte de lettre, de vêtement, d'arbre généalogique... mais une souffrance secrète s'opère dans son coeur. Une histoire qui rend plus fort ou plus faible? le futur lui dira.

Cela m'a fait penser à ma famille, à ces objets que ma mère collectionne et qui remplissent trop la maison. Elle me raconte encore et encore leurs histoires que cela soit la gamelle de mon grand-père lorsqu'il allait à l'usine ou la photo de l'arrière grand-mère. Peut-être devrais-je faire un livre de souvenirs des objets. Pourquoi pas. Que faire de tous cela? Comment en parler à mes parents? Devrait-il nous donner déjà quelques objets comme si ils nous les prédestinaient? Une lecture qui m'a chamboulé.
Lien : http://22h05ruedesdames.word..
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Ce livre m'a touché, au plus profond de moi. Il est écrit avec une grande sensibilité et surtout, beaucoup de pudeur. Je suis passée, comme l'auteure, par cette étape importante de ma vie, cela m'a peiné mais paradoxalement, fait grandir aussi. Un très bon livre qui fait du bien.
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