Les critiques très positives m'avaient attirées. le sujet était, je le savais, fort éloigné de mes lectures habituelles. Les romans historiques, ce n'est pas trop mon truc.
Celui-ci rentrait un peu dans mes centres d'intérêt, quand même. L'Ecosse, les luttes entre les Stuart et les Orangistes, le procès d'une sorcière (ou prétendue telle)... tout cela me plaisait. Je me suis donc lancé.
Le propos est très clair. Un religieux irlandais va aller interroger une guérisseuse dans sa prison, en Ecosse. Elle est accusée de sorcellerie et sera brûlée vive une fois que la neige aura fondu. Ce qui ne saurait tarder. Elle va se raconter, son parcours, ses plantes, ses remèdes, ses amitiés, ses origines, ses doutes, son amour... Alasdair, un membre du clan (catholique) des Campbell, affiliés aux Stuart. Jacques (VII, normalement) est en exil.
L'idée de Charles Leslie, le religieux, est d'instrumenter le témoignage de cette "sauvageonne", afin de lutter contre Guillaume d'Orange. Peu à peu, cependant, il va découvrir qu'il n'est pas face à une hérétique, mais à une personne attachante, et profondément humaine.
Mentionnons que si la "sorcière" est attachante pour le religieux (ce qui rappelle un peu un épisode dans le Nom de la Rose), elle ne l'a pas été pour moi. Et assez vite, malgré les lenteurs de ma progression dans le livre, j'ai deviné de quoi la fin serait faite. Et je ne parle pas du massacre qui est annoncé dès le départ et qui justifie l'arrivée de Charles Leslie en Ecosse.
Susan Fletcher nous plonge directement dans un univers poétique et dur.
La Nature, les forces en présence, la cruauté masculine, tout cela concourt à un roman impitoyable d'un côté, mais où la poésie de la Nature et l'humanisme de Charles Leslie vont arriver à contrebalancer le tout.
L'auteure opte pour un procédé d'écriture intéressant au départ. On a d'abord le récit de la Sassenach (ce qui signifie "anglaise" en gaëlique) et ensuite la lettre que Charles Leslie va écrire à Jane, son épouse restée en Irlande. Cette dualité pourrait être sympa, mais c'est très déséquilibré: le récit de la guérisseuse s'étale sur 15-30 pages tandis que la lettre ne fait le plus souvent que 2 pages... Ce procédé m'a assez vite lassé, en fait à partir de la page150 jusqu'à la page 350 (sur 450...), ce qui explique qu'il m'a fallu un temps assez considérable pour lire ce livre. Ajoutons que la sauvageonne, illettrée comme il se doit, possède une maîtrise assez considérable de la langue. C'est parfois perturbant, tant son vocabulaire est riche et la concordance des temps parfaite.
Au-delà de ces problèmes que je trouve assez rédhibitoires, on est dans les codes du roman historique, avec en prime un solide hymne à l'amour. Amour entre la personnage principale et Alasdair du clan des Campbell. Amour entre Charles et Jane. Amour pour la terre, pour la Nature. Mais par-dessus tout, on a un éloge du respect d'autrui (et de la Nature) ainsi que de la tolérance, l'entente au-delà de nos différences. Bien plus,
Susan Fletcher montre comment nos différences nous enrichissent et comment le renoncement à nos idéaux ne nous apporte que des désillusions et des déceptions. Voilà donc un roman apparemment fort éloigné de mes lectures qui tombe finalement assez clairement dans mes préoccupations habituelles. Malheureusement, les lenteurs, un propos assez convenu et un procédé d'écriture un peu lourd (ce n'est que mon avis) ont eu raison de moi...