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EAN : 9782246855255
288 pages
Grasset (01/04/2015)
3.5/5   18 notes
Résumé :
Fille d’un pape, trois fois mariée au gré des alliances politiques changeantes du clan Borgia, mère d’un enfant illégitime dont le père est retrouvé dans les eaux du Tibre, beauté chantée par ses contemporains, Lucrèce a pendant de longs siècles été considérée comme un personnage sulfureux, et l’incarnation du vice et de la débauche.
Ce roman nous la révèle pour ce qu’elle était véritablement : la victime des agissements des siens, un pion entre les mains de ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
39 ANNÉES POUR LA POSTÉRITÉ.

Lorsque l'étonnant et vivifiant dramaturge italien Dario Fo - prix Nobel de littérature en 1997 -, grand admirateur, entres autres, de notre Molière national, se lance enfin dans l'écriture d'un roman, cela fait déjà pas mal de temps qu'il a dépassé l'âge relativement précoce où son héroïne, l'impétueuse et dévorante Lucrèce Borgia, rendit son âme à Dieu comme il était coutume de le dire, jadis. C'est cependant l'oeuvre d'un éternel jeune homme que cette personnalité du théâtre par ailleurs très engagée dans la vie publique et politique de son pays offrit à son public et aux lecteurs en cette année 2014. Il avait alors 88 ans, était, hélas, à l'aube de son tombé de rideau intime, mais capable de glorieux rugissements, de rires, d'une énergie vitale et d'une disposition à aimer - ses semblables, son pays, ses personnages - que bien des plus juvéniles que lui auraient pu lui envier.

Que découvrir alors à la lecture de cet étrange "roman" (puisque c'est ainsi que Dario Fo a tenu à le désigner), La fille du pape ?

En premier lieu, bien évidemment, des personnages historiques tellement hauts en couleurs, tellement à la limite de l'invraisemblable, dans cette Italie du tournant des XVème et XVIème siècles que s'ils n'étaient avérés par des montagnes de documents, d'archives, de portraits et de savantes études historiques, on pourrait presque douter de la véracité de leur existence. Prenons tout d'abord le père : Rodrigo Borgia. Originaire d'Espagne (il est né Borja dans le royaume de Valence en Aragon), il fut adopté par son oncle Alphonse de Borja dont il était le neveu préféré au sein d'une parentèle très présente (sic !), le bientôt défunt pape Calixte III. Malgré l'inimitié (doux euphémisme en des temps où l'on perdait tout aussi rapidement qu'on dégaine un poignard ou que l'on verse un poison) que d'aucuns cardinaux plus "locaux" pouvaient porter à cette famille étrangère bien trop présente à tous les postes importants de la papauté (dont il ne faut pas oublier l'importance politique locale de l'époque à travers les Etats Pontificaux), tellement présente d'ailleurs que c'est pour cet éphémère Calixte et ses habitudes familiales protectrices (re-sic !) que fut créé le terme de "népotisme", et bien ce jouisseur impénitent mais rusé et très habile d'Alexandre va traverser plusieurs papautés sans encombre et à des postes de premier plan s'il vous plait ! Jusqu'à devenir, comme si c'était un plan de carrière évident, l'un des énièmes successeurs du "trône de St Pierre" qui en a bien vu d'autres, certes, mais à ce point, rarement. Reconnaissons tout de même que la papauté frise, en ces quelques décennies coincées entre le glorieux Quatrocento presque achevé et la future contre-réforme, le génie en matière d'amoralisme, lorsque ce n'est pas le crime qui s'impose comme formule la plus évidente à la résolution de tous les problèmes -, sous le nom d'Alexandre VI. Il n'a bien sûr pas oublié d'avoir une bonne dizaine d'enfants plus ou moins reconnus, parmi lesquels cette chère Lucrèce qui l'appellera en toute innocence Tonton - plus ou moins ainsi - avant qu'il finisse par lui apprendre la vérité à force de pseudo-papas de plus en plus difficilement remplaçables.

En second lieu, je demande le frère. Non, pas celui-ci : il sera assassiné sur ordre de ce terrible-là. Qui ? Mais César, bien évidemment : Aut Caesar aut nihil ! Telle sera sa devise, non sans un certain don pour manier l'ironie la plus... tranchante ! Ou César, ou rien... Certes, sa fin ne sera pas des plus heureuses mais c'est peu d'affirmer que l'histoire se souvient encore terriblement de lui. Des séries TV vantent même encore ses "exploits", et ce n'est pas dû qu'à la légende noire - celle qui a failli faire suffoquer notre héroïne : merci Totor ! -, ni même à cette reconnaissance incroyable d'un des maîtres à pensée la politique de ces sept cents dernières années, ce sacripant de Machiavel qui n'a jamais caché que le Prince qu'il évoque, c'est ce diable d'homme. "Diable", c'est à peine usurpé. Premier Cardinal de tous les temps à abandonner de son plein gré sa charge (confiée par papa le pape, faut-il le préciser ?), pour aller guerroyer, pour gouverner, pour tuer, assouvir son hubris, assumer son goût de la domination et du pouvoir. César dont il fut souvent dit qu'il était amoureux de sa soeur, "notre" Lucrèce, bien que toute relation strictement sexuelle incestueuse relève probablement du mythe, de cette fameuse "légende noire" incubée par le premier époux infortuné de notre héroïne - malheureux et contraint à la honte machiste radicale : s'accuser d'impuissance pour permettre le divorce. Sinon, la mort. Accidentelle, bien évidemment, comme celle du second mari ! -, mais que n'a-t-on dit, écrit, créé autour de ce personnage hors du commun, mort à seulement 31 ans, ayant presque tout perdu après avoir presque tout obtenu ?

Et puis... et puis, il y a Lucrèce ! La belle (sa beauté était proverbiale), la cultivée, l'intelligente, la subtile, la sulfureuse (?), l'intrigante (encore des "?") Lucrèce. Jouet de son père - tout pape qu'il était, c'était cependant la coutume de faire maritalement plaisir à papa pour quelque avantage diplomatique, pour approcher un parti intéressant, pour des promesses d'accroissement du pré carré -, jouet de son frère luciférien (l'ange damné était aussi le porteur de lumière), jaloux, intraitable, violent, passionnément amoureux (et jaloux) de sa soeur, du moins, c'est ce qu'il fut raconté, c'est ce que Dario Fo ne méconnaît pas, bien qu'il lui donne moins d'ampleur romantique qu'il est désormais coutume d'attribuer à cette famille (et surtout un romantisme sanguinolent et méphitique), lui préférant une parole crue, brute, franche et souvent emplie de cette tendresse du créateur pour la créature (ré)inventée. Lucrèce, mariée malgré elle, divorcée par intérêt inverse. Amante puis heureuse épouse - c'est ce que prétend Dario - pour devenir la plus infortunée des veuves. Affrontant son troisième contrat comme une femme assumant ses responsabilités. Mieux : faisant payer au centuple une décision qui ne lui incombait pas, tout en mettant dans sa poche le futur beau-papa !

Tout cela est-il historiquement bien sérieux ? Possible que non (ou moderato cantabile) ! Mais Dario assume et ne s'en cache pas même si la méthode peut sembler a-scientifique (les références affichées sont clairement plus littéraires qu'historiographiques). À dire vrai, il est probable que Dario s'en fiche, et pas qu'un peu ! Car ce qu'il lui importe, ce n'est pas tant de produire une énième biographie de la fille Borgia, moins encore de dire la vérité avérée des faits - quels sont-ils vraiment, six cents ans plus tard ? - mais d'approcher au mieux, avec coeur et âme, la vérité qu'un homme de théâtre peut accorder à son public, ce que pu être cette personnalité complexe, cette femme dont le souvenir ne s'est toujours pas effacé, malgré les siècles, et tandis que l'époque fut toute dédiée au mâle, habituellement. Qu'elle le fut encore longtemps, cette femme maudite, par la volonté des hommes qui ne pouvaient admettre, jamais, qu'une fille puisse être leur égale !

Ainsi fait-il sans cesse parler, dialoguer les personnages que son histoire croise et creuse, sans y sembler. Il leur donne littéralement vie, et c'est là tout le génie de Dario Fo : nous faire admettre des mots, des dialogues, des emportements des échanges amoureux, des confidences, des interventions parfaitement inventées, scénarisées, spectaculaires et pourtant parfaitement crédibles. Nous donner à toucher au corps de ce délit historique, les mains dans le cambouis du réel. Faire de nous les témoins de ces vies passées mais tellement vivantes en son esprit élevé. Pour autant, on est très éloigné d'une quelconque mystique borgienne. Dario Fo aime Lucrèce, comme il aime l'Italie de ce crépuscule quatrocentesque, avec toute sa déraison, avec sa folie meurtrière, avec sa maladie d'être trop humain, ces surmoi violents, impatients, bouffons, dans leur acception théâtrale. le théâtre, toujours, comme la seule possibilité féroce des existences, lorsqu'elles veulent briller, même si briller c'est aussi brûler d'enfer.

On lit, ici et là, que Dario Fo voulu rétablir Lucrèce dans la violence qu'il lui fut faite en temps que femme. C'est très probable. On ajoute souvent qu'il dresse le portrait d'une victime... C'est une hypothèse. Mais a bien découvrir la Lucrèce qu'il présente, on est pourtant très éloigné de la faible femme subissant, presque sans aucun pouvoir, celui des hommes. Bien au contraire : Lucrèce est le portrait d'une femme au caractère fort, férue d'art et de poésie, sachant mener sa vie comme celle des hommes, connaissant intimement la position dans laquelle on veut la contraindre, et qui parvient, avec habileté et grâce, à renverser la vapeur. Et si les temps ne lui laissent pas toujours le choix de ses envies, il lui demeure celui de ses actes. Quoi qu'il en soit, cette Lucrèce, certainement plus respectueuse de l'historique que celle inventée de toute pièce par Totor (Victor Hugo), n'a pas à rougir de sa condition ni de son héritage. D'ailleurs, importe-t-il tant que tout cela soit absolument véridique ? Ceci est un ROMAN et c'est ce que Dario nous rappelle sans cesse ! L'oeuvre est brillante (sans doute pas géniale au sens absolu, mais c'est d'un tel divertissement, toujours au sens théâtral, qu'on ne s'en lasse pas un instant), l'hommage est aussi émouvant et profond. On suit toute cette théorie de personnages illustres presque autant qu'impossibles avec la crédulité du spectateur contemplant une scène occupée par des comédiens surdoués. On comprend aussi l'amour irrévérencieux et absolu d'un homme pourtant hors du commun, Dario Fo, pour une terre, une histoire, des êtres qui ne le sont pas moins. On se régale. On en redemande. On applaudit !

Aut Caesar, aut nihil : Ou César, ou rien... Ou comédien, ou rien ?
Respect, maestro !
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Dario Fo le grand dramaturge italien (1926-2016) a écrit ce roman historique à la fin de sa vie. La lecture est d'un accès facile et agréable sans être enthousiasmante. Dario Fo réhabilite la belle Lucrèce Borgia (1480-1519) qu'on a longtemps salie, en mêlant faits historiques dûment documentés et dialogues dramatiques inventés.
Trois fois mariée au gré des alliances politiques du clan Borgia, Lucrèce est sacrifiée par son père le corrompu et débauché pape Alexandre VI ainsi que par son frère l'infâme et machiavélique César pour assoir leur pouvoir. Lucrèce est très intelligente, parfaitement lucide et souvent seule. Contrairement à son frère elle est moralement irréprochable, loyale et fidèle. Elle protège les humanistes, promeut la poésie (L'Arioste, Pietro Bembo) et les beaux-arts dans le duché de Ferrare.
Certes l'ouvrage m'a un peu déçue sur le plan littéraire. Je m'attendais à mieux de la part d'un prix Nobel. Dario Fo n'est pas un grand conteur, parfois on se croirait dans un documentaire pédagogique à la télé avec entretiens de sommités universitaires et saynètes en costumes d'époque. Cependant, il permet de découvrir cette femme fascinante, de survoler les intrigues à la cour pontificale du Quattrocento, de comprendre que tous les coups y sont permis et que la fin justifie les moyens (trahisons, assassinats, atrocités). Il m'a surtout donné envie de relire le Prince de Machiavel et de découvrir Ferrare.
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Je ne connaissais pas grand-chose de Lucrèce Borgia, ni même des Borgia en général, j'avais juste ouï dire que c'était une famille puissante, cruelle et que le vice et la luxure de Lucrèce n'avait d'égale que sa beauté. @Dario Fo nous livre ici un portrait de femme bien loin de ces clichés. Oh bien sûr il n'en fait pas une sainte mais plutôt l'instrument de pouvoir dont se serviront son père, le pape Alexandre VI et le frère César d'une cruauté implacable.

J'ai beaucoup aimé ce roman qui j'ai trouvé très théâtral, beaucoup de dialogues et l'équivalent d'une voix off qui nous dévoile les manipulations de Rodrigo Borgia pour accéder à la fonction suprême de la papauté : des enfants illégitimes qu'il fait passer pour des neveux le temps de gravir une à une les marches du pouvoir, attendant patiemment son tour et le décès de plusieurs papes pour s'emparer du trône convoité. Une fois élu plus besoin de cacher sa progéniture, au contraire c'est l'occasion d'affermir son pouvoir en nommant son fils César cardinal et en mariant sa fille de 14 ans avec Giovanni Sforza, histoire de renforcer son alliance avec la ville de Milan, mais, au gré de changement d'alliance, les amis d'hier seront les ennemis de demain, le pauvre Giovanni déclarera publiquement être impuissant, sauvant ainsi sa tête d'un malencontreux accident en rendant le mariage caduc.

Lucrèce rencontrera l'Amour en la personne d'Alphonse d'Aragon avec lequel l'idylle semble parfaite jusqu'à ce que César fasse assassiner ce beau-frère gênant. Son père négocie difficilement un troisième mariage avec Alphonse 1er d'Este, duc de Ferrare, se créant une nouvelle alliance. Mais la réputation de Lucrèce et son statut de bâtarde ne plaisent nullement ni au nouveau marié ni au père de celui-ci le duc Hercule. Dans le roman de Fo, Lucrèce finira par être appréciée par Hercule pour son intégrité et son intelligence.

Loin de présenter Lucrèce comme une victime, c'est une femme au caractère puissant qui, malgré ses mariages arrangés, trouvera toujours les moyens pour retourner la situation à son avantage. Dans le roman de Fo, on sent une profonde admiration de l'auteur pour son héroïne, personnage fascinant, pas une catin, pas une sainte non plus, elle devient la maitresse de Pietro Bembo, l'amie de L'Arioste, sera la protectrice des arts qu'elle adore et sera immortalisée par le célèbre tableau de Bartolomeo Veneto qui rendra grâce à sa grande beauté.

L'histoire de ce début du XVIème siècle dans cette Italie morcelée en différents royaumes tous convoités tour à tour par l'Espagne, la France, la Savoie ou par des querelles intestines sert de toile de fond à ce roman sans temps mort mais que l'on ne s'y trompe pas c'est bien la très romanesque fille du pape à laquelle Dario Fo rend hommage dans cet excellent roman.


Challenge Nobel
Challenge multi-défis
Pioche dans ma Pal
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Excellent livre de Dario Fo, prix Nobel de littérature 1997.

Il nous raconte la vie de Lucrèce Borgia (1480-1519), la fille du Pape Alexandre VI, (bien loin des mythes sulfureux et des histoires d'incestes qui ont entaché injustement sa réputation !), de manière sérieuse, chronologique mais en même temps enjouée, avec beaucoup de dialogues, entrecoupés de courtes narration. La lecture en est donc très agréable, et il n'y a aucune vulgarité.

Ce livre m'a beaucoup plu. L'auteur ne se contente pas de passer en revue les mariages successifs de Lucrèce (tous manigancés par le Pape, son père, et par son frère César Borgia) mais il met plutôt l'accent sur l'intelligence de Lucrèce, son érudition et ses capacité à diriger (elle remplace même le Pape durant un de ses absences !). Il la montre également s'intéresser aux plus démunis et plaider pour obtenir justice en faveur de personnes accusées injustement. Je ne connaissais pas ce côté de sa personnalité.

Livre agréable à lire et intéressant.
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Lucrèce Borgia est la fille du pape Alexandre VI. C'est à la grande époque de la Renaissance.
Lucrèce Borgia est traitée avec douceur ; ce n'est pas la perverse telle que l'on retient généralement, c'est une femme de caractère d'une merveilleuse beauté. Dario Fo la présente plutôt comme une victime des grands qui avaient le pouvoir aux XVème et XVIème siècles. L'Italie est le théâtre de conflits meurtriers auxquels les monarques de toute l'Europe sont mêlés. Les Borgia sont bien en vue, notamment César, le cruel frère de Lucrèce. Son père, le pape Alexandre VI n'est pas non plus avare d'intrigues.
Dario Fo s'est très bien documenté sur l'époque qu'il rend avec réalisme. le lecteur entre dans les arcanes de la diplomatie et... les caves du Vatican !
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Lucrèce commença par écrire le texte d'un "cri", puis elle chargea un nombre important de tambours de ville d'en faire lecture sur les places des marchés et, avec l'agrément de l'évêque, dans les églises pendant les offices. Le texte disait ceci : «Depuis des années sévit dans cette ville un nombre important d'infâmes personnages qui pratiquent l'usure. La peste cause certainement moins de désastres que ces prêts usuraires. Des familles entières se sont vues ruinées par ces criminels, qui proposent des taux à trente pour cent pour ensuite augmenter de manière systématique les intérêts de qui tarde à les rembourser. Grâce à cette nouvelle banque de charité, nous nous substituerons à eux, non pour vous soutirer de l'argent à leur place, mais pour empêcher que ces canailles vous l'arrachent des poches. À Venise, cela fait plusieurs années que les vils prêteurs sont sévèrement punis : mis au pilori, ils sont pendus des jours durant dans une cage à la tour de justice, dépouillés du droit de cité et à tout jamais chassés des murs de la ville. Que ces infâmes soient prévenus : nous appliquerons la même loi à Ferrare. À cette fin, nous avons créé une escouade spéciale qui nous a procuré les noms des malfaiteurs et certains, en ce moment même, sont déjà en prison. Par l'intermédiaire de cette banque nouvellement fondée, nous acceptons les demandes de prêt, ne craignez pas que votre besoin soit jugé indigne, aucun gage ne sera réclamé. En échange, toutefois, vous devrez vous soumettre à des travaux d'intérêt général quelques jours par semaine jusqu'à remboursement de votre dette.»
Pour ce "cri" aussi, Lucrèce s'est probablement inspirée d'une des harangues que saint Bernardin clamait sur les places de Sienne et qui venait d'être réimprimée.
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On raconte qu'à l'époque cette infâme prouesse [le massacre de conjurés] suscita plus d'éloges que d'indignation. La grande ruse de César [Borgia], et la détermination de condottiere avec laquelle il s'était débarrassé de ses rivaux lui valurent l'admiration de tous. Evidemment, certaines atrocités, lorsqu'elles font le jeu des intérêts politiques ou personnels, peuvent être considérés comme des vertus. Ce sont des choses qui arrivent, ou plutôt qui arrivaient au XVIème siècle.
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Un vieux proverbe dit : "Si les hyènes sont sur tes talons, jette-leur en pâture le morceau le plus juteux, un agneau qui vient de naître. Tu verras que quand elles ouvriront grand la gueule pour déchiqueter leur proie, il n'est ni hyène ni chacal qui fera attention au reste."
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Une pyramide composée de milliers d’hommes plus ou moins puissants qui, installés les uns au-dessus des autres, soutiennent l’ensemble de la construction à bout de bras. Ils doivent le faire en se maintenant en équilibre, s’ils caracolent, ils se font écraser par l’armature et sont immédiatement remplacés par plus adapté et plus avisé qu’eux. Seul celui qui se trouve au sommet n’a jamais à craindre d’être éjecté de la pyramide. Et cet homme, c’est le pape. Seul le trépas peut l’évincer. Ni les infamies ni les calomnies, sans parler des vérités indicibles, ne pourront m’effleurer. Cela vaut aussi pour vous, qui êtes la chair de ma chair. Comme mon maître de géométrie me l’a enseigné, c’est dans l’équilibre dynamique que réside la force de la foi.
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Un mort au déjeuner, un cadavre durant le "palio", un juron au Sanctus, tout cela n'a plus rien d'anormal. Il est étrange qu'ici, dans ce magnifique palais, on ne trouve pas un cercueil habité de cadavres !
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