David Foenkinos dresse le portrait d'une femme aux prises avec les tourments de l'abandon. Mathilde révèle peu à peu une nouvelle personnalité, glaçante, inattendue.
Deux soeurs, ou la restitution précise d'une passion amoureuse et de ses dérives.
MON AVIS
J'ai trouvé la quatrième de couverture si parfaite qu'il n'y a pratiquement rien à ajouter pour présenter le livre.
Le récit se partage en deux parties. La première est consacrée exclusivement à Mathilde dont la vie périclite à tout point de vue à cause du retour d'Australie d'Iris, l'ex-petite amie de son fiancé Étienne. À peine celle-ci a-t-elle effectué une prise de contact qu'Étienne sur le point d'épouser Mathilde retourne à ses premières amours.
Les sentiments ne se commandent pas. Il s'ensuit une descente aux enfers sentimentale et psychologique pour Mathilde. L'ingratitude dont elle est victime la confronte à la brutalité émotionnelle dans le fait d'assister au départ de son fiancé soumis à une ex qui, en plus, l'avait laissé tomber sans scrupule plusieurs années auparavant ! Cependant, à la violence des circonstances de la séparation, s'ajoute celle d'être éjectée de son appartement.
En découle la seconde partie du roman où Agathe, jusque-là quasi absente, entre en scène. Gagnée par la tendresse filiale et la pitié, elle apporte un secours providentiel à sa cadette. Devant la détresse de Mathilde, et même si elles n'ont jamais été très proches, Agathe lui ouvre son foyer tout naturellement ; et sans tergiverser, elle réorganise sa vie avec sa soeur entre son bébé et son mari complaisant.
Mathilde apprécie ce cocon, mais se voit comme l'intruse de cette famille. Un peu gênée de s'incruster au début, elle se sent redevable alors elle remercie à sa façon, mais peut-être avec un acte manqué (?). Cependant, la jalousie s'introduit subrepticement, car elle devient envieuse du foyer fondé par sa soeur.
D'une déception amoureuse…
Comment ne pas ressentir de la compassion devant le choc de Mathilde par rapport au comportement d'Étienne ? Elle perd les pédales de désespoir qui va virer à une énorme dépression.
… à une secours ambigu
Spectatrice du contraste d'avec sa soeur, Mathilde finit par détester la personne qui lui offre refuge. Bien que soeurs, peu de points communs dans leur mode de vie les rapprochent. Pourtant Mathilde apprécie vite la douceur et la sérénité d'un foyer aimant. Elle découvre dans son beau-frère, un homme sympathique et prévenant. Et elle s'attache à leur petite fille. Mais cette image d'un bonheur serein lui renvoie avec fracas celle de sa propre condition de sa solitude de
célibataire, sans emploi.
L'enlisement de cette situation pathétique la navre. Mais la désinvolture apparente d'Agathe l'agace car Agathe ne semble pas se rendre compte de sa chance. Alors exaspérée par sa frustration, celle qui est perçue comme « la bonté incarnée » enrage peu à peu. Sa hargne progresse — lisez en fin chronique le passage de sa rencontre avec sa collègue (p.151) —, et finalement cette « gentille looser » réagit… pour procurer au roman une chute effroyable que je ne dévoilerai pas, un dénouement on ne peut plus glauque imaginé par l'auteur et qui vous sidérera.
Excellente lecture !
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