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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Mine de rien, voici mon 500ème billet, pour cette occasion il me fallait un livre particulier, le livre qui hantait ma PAL et que je souhaitais lire depuis trop longtemps.
Il y a des titres qui font "tilt", qui vous font sourire et qui créent une connivence avant même d'ouvrir le livre, et... Avouez que ce titre là a un beau pouvoir d'attraction, non ?
J'aime beaucoup Michel Folco, auteur malheureusement peu prolifique, il m'a jusqu'à présent toujours enchanté et autant le dire tout de suite, j'ai été enthousiasmé par ma lecture.
Ceux qui connaissent l'auteur seront ravis de débuter cette histoire en compagnie de Charlemagne Tricotin, un Charlemagne qui a bien changé depuis "Un loup est un loup" ou encore "En avant comme avant".
Un prologue assez copieux et surtout mémorable qui va donner le ton d'une histoire digne des précédentes productions de Folco.
C'est à mon sens une lecture difficile à catégoriser, on peut dire sans risque d'erreur qu'il s'agit d'une saga familiale sur un siècle et trois générations, oui on peut.
Charlemagne, Carolus son fils posthume, Marcello le fils de Carolus mais aussi Giulietta, Anton ou encore Badolfi, autant de personnages au caractère bien trempé et un peu hors norme (bon sang ne saurait mentir).
On va s'instruire et se marrer, ça je peux vous l'affirmer pour avoir éclaté de rire en cours de lecture plus souvent qu'à mon tour, oui ça aussi je peux le dire.
Ce récit est résolument historique, scientifique, sociétal et anticlérical, il y sera donc question d'histoire militaire (un peu), d'histoire de la science et de la médecine, nous instruisant ainsi sur l'état des connaissances de l'époque et sur le chemin parcouru.
Vous serez aussi édifiés sur les moeurs piémontaises et autrichiennes du 18ème siècle qui incluront également le quotidien et le fonctionnement des "maisons closes".
Nous croiserons en cours de route quelques personnages historiques et beaucoup d'autres seront évoqués, nous donnant l'occasion d'apprendre des choses au travers de multiples anecdotes.
J'ai adoré cette incursion jubilatoire dans le quotidien des bourgeois fortunés. Adoré ces aventures improbables et inénarrables sur plusieurs générations, dans ce récit la nature humaine est sans fard, c'est à dire plutôt moche et égoïste le plus souvent, en passant j'ai trouvé l'évolution de Marcello assez fabuleuse tout au long de cette histoire.
Bravo donc à l'auteur qui est resté égal à lui même dans un style truculent et inimitable, un livre dans la même veine que "Dieu et nous seuls pouvons", un must donc.
Quant au rapport avec le titre ma foi, vous verrez finalement qu'effectivement même le mal se fait bien ;)
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[Coup de coeur] Cette grande épopée littéraire de Michel Folco traverse le temps et l'Europe. Son personnage principal, Marcello Tricotin, est un homme ordinaire mais il est issu d'une lignée d'hommes hors du commun. Cela va certainement influer sur le cours de sa vie et entrainer des rebondissements.

Son père meurt et laisse un testament plutôt étrange dans lequel il stipule une clause très particulière pour bénéficier de la totalité de l'héritage. Partira-t-il de son village afin de répondre à cette mission sacrée. Qu'est-ce qu'il l'attend au bout de cette quête ?

C'est là que réside tout le talent d'écrivain de Michel Folco, car l'écriture est agréable, les aventures folles et l'humour toujours présent au détour d'une page ou d'un paragraphe. Finalement, la chose que l'on attend, c'est de lire les prochaines aventures de la famille.
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Marcello Tricotin, fils de son père Carolus, lui-même fils dudit Charlemagne Tricotin, celui-là même qui zozotait et se comportait comme si le monde lui appartenait, et bien Marcello Tricotin est bien le digne descendant de son aïeux complètement incontrôlable !
Remontons un peu en arrière dans la généalogie de cette ébouriffante famille…
Dans tous ses livres, c'est une constante chez Michel Folco, il s'ingénie à décrire les aventures rocambolesques (et ce mot n'est pas galvaudé ici, croyez-moi !) d'une drôle de famille : les Tricotin de Racleterre. (Accessoirement, il dédie un tome à la famille de bourrèles, les Pibrac, car ils seront amenés à frayer avec ces remuants Tricotin).
On a donc ainsi pu assister à la naissance des quintuplés Tricotin, quatre garçons et une fille, à leur enfance, leur séparation, puis les aventures de Charlemagne le zozotant ont débuté. Il avait comme don de pouvoir communiquer avec les animaux, de par son empathie avec eux. Il avait aussi une incroyable imagination pour faire des conneries, et pour s'escamper avant que ça tourne trop vinaigre pour lui... Toutes ses péripéties (contées dans « Un loup est un loup » puis dans « En avant comme avant ») l'ont amené à finir chef d'armée en Italie, où il sera assassiné par des rebelles siciliens le jour de son mariage. (Ici débute "Même le mal se fait bien")
Heureusement pour lui, Charlemagne ne respectait pas Dieu, et avait déjà consommé les fruits du péché et conçu sa descendance : Carolus Tricotin.
Ce Carolus, qui ne connût son père que sous la forme d'une impressionnante momie - conservée intacte grâce au génie d'un embaumeur italien qui apprit ses secrets chez les égyptiens - ce Carolus donc, devint un médecin éclairé bien que fantasque, un érudit voyageur, un bon-vivant respecté et aimé de ses congénères, qui honorait loyalement la mémoire de son père Charlemagne en étant un libre-penseur haut en couleurs. Il était même le médecin attitré des pensionnaires d'une maison close…
Il était aussi le père d'un autre enfant, conçu dans sa jeunesse estudiantine, qu'il n'avait pas daigné reconnaitre, et qu'il avait même renié… Aloïs.
Plus tard, Carolus s'était enfin marié et avait eu un fils légitime, Marcello.
Alors à sa mort, Carolus est bien embêté… son rejeton officiel, ce mou du bulbe de Marcello, devenu maitre d'école par fainéantise, qui n'a comme passion que l'étude des Arachnés, ce satané Marcello qui ne porte même pas la culotte chez lui, et qui se fait bouffer par son beau-père, ce chacal nain d'Attilio, et bien c'est ce Marcello là qui va hériter de la fortune colossale qu'ont amassée les Tricotins depuis presque 2 siècle. Et ça, c'est un sacré coup dur, pire que la mort pour Carolus. Comment faire pour que cet empoté devienne un homme, un vrai, capable de diriger une maison close et de gérer une fortune, alors qu'il est à peine capable de gérer sa propre classe ?
Qu'à cela ne tienne, Carolus enverra Marcello à la recherche de son demi-frère surprise, et c'est à cette seule condition que l'héritage colossale lui reviendra. Il aura trois ans et un jour pour retrouver ce frère, lui annoncer la mort de leur père, et lui faire des excuses en son nom pour l'avoir rejeter. Si au terme de ces trois ans Marcello n'a pas honoré les dernières volontés de son père, il sera déshérité.
Pour Marcello c'est un crève-coeur, une lourde corvée, que ce voyage, lui qui n'aime que son confort et son grenier à araignées qu'il peut observer pendant des heures. Mais un héritage de cette importance ça ne se refuse pas, surtout quand on l'aime autant, son confort.
Alors il part le Marcello, tardivement, en trainant la patte, mais il part. Et il lui arrive tout un tas d'aventures et de rencontres, heureuses ou pas, comme la fois où Marcello se prend la foudre, et qu'il en perd tous ses poils et cheveux. Il en réchappe donc et devient un miraculé « célèbre ». Il frôle la mort plusieurs fois. Il s'endurcit. Il rencontre aussi Freud, ainsi que le jeune Ady Hiedler…
Mais surtout, il se trouve, lui, Marcello. Tous ces gènes d'aventurier venus de son grand-père, ce don pour les emmerdes et la vengeance, les voilà ressurgis chez Marcello, qui d'ailleurs ressemble de plus en plus physiquement à son père et à son aïeul, suite à ses multiples accidents physiques – lesquels sont à chaque fois de savoureuses trouvailles de Folco, on sent que l'homme aime le « slapstick », le burlesque à la Buster Keaton-.
Ainsi, tout au long de ce voyage farfelue, à force de se soigner pour de multiples maux, et d'être pris en main par un vrai médecin avant-gardiste, le Dr. Weisman, pour se remettre de ses accidents, Marcello se découvre des talents cachés, comme celui de n'être pas si mauvais médecin lui-même, et de fait, il deviendra comme son père, « el stimate padrone » apprécié par les pensionnaires du « Tutti-Frutti », la maison close si ouverte aux moeurs dissolues de la bourgeoisie turinoise, sa deuxième maison pour tout dire…
Il honorera la mémoire de ses ancêtres en se faisant enfermer également, mais pour lui, ça sera l'asile, pas la prison, quoique, il en réchappe de peu.
Mais là où Marcello aurait réussi à étonner son père, et même son grand-père si anarchiste, c'est dans sa vengeance envers son village natal, San Coucoumelo, et ses habitants, qui l'ont toujours pris pour un mou sans personnalité et qui se sont toujours gaussés de lui, mais qui surtout, ont fait s'envoler à jamais les grues de la « Table aux grues » - un petit bout de campagne où les grues s'arrêtaient pendant leur migration, un terrain très convoité qui appartient à la famille Tricotin depuis Charlemagne – et ces grues, Marcello s'y était attaché, les observant, jours après jours, et écrivant sur le sujet son premier traité naturaliste – encore une manie venue de ses aïeux, l'écriture, la description...- . Alors quand les villageois se sont ligués et ont massacré les grues sous ses yeux, Marcello ne l'a pas supporté.
Sa vengeance fut terrible… réellement terrible et disproportionnée. C'est un Tricotin, il ne fait pas les choses à moitié. Et il les fait en grand. Pour vous mettre l'eau à la bouche, voici juste une petite partie de sa vengeance : étant maitre d'école, et faisant l'école à domicile à ses propres enfants, il va continuer à faire la classe aux enfants du village - rejetons des massacreurs de grues -, mais ne va leur apprendre que des âneries, des non-sens et autres billevesée. Par exemples que : 2 +2 = 22 ; que le 8 se place entre le 5 et le 6 ; autre exemple : « sujet de rédaction : que feriez-vous à votre pire ennemie si vous aviez l'impunité ? »…
Michel Folco se livre cette fois encore à l'exercice périlleux qui nous plait tant, celui de nous embarquer dans des pérégrinations hasardeuses où rien n'a été laissé au hasard justement. C'est une danse bien chorégraphiée que tous ces destins qui se croisent. Et l'on prend vite le pas, on suit avec étonnement et consternation parfois, l'étrange descendant de Charlemagne Tricotin.
Mais attention, il y a de la violence, il y a du mauvais, il y a de la vengeance et de la bêtise, dans ce Tricotin-là, le titre le rappelle : même le mal se fait bien. Parce que Marcello est malgré tout un vrai Tricotin, et les Tricotin font les choses bien, jusqu'au bout, méthodiquement, même la pire connerie…
Encore une fois, je n'ai su résister à l'appel du Tricotin, et j'ai plongé, je me suis laissée embarquer dans cette galère avec le Marcello, et j'ai bien rigolé, j'ai bien ricané aussi, et j'ai presque été outrée… oui, outrée par la méchanceté machiavélique de ce Tricotin là….
Et si vous ne me croyez pas, à vous de vous forger votre propre opinion en lisant les faits par vous-mêmes. Mesdames, Messieurs, faites entrer l'accusé : Marcello Tricotin, accusé de même bien faire le mal...
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Folco met 5-6 ans à écrire un bouquin. Franchement, cela ne m'étonne pas le moins du monde vu la richesse du résultat! Ça foisonne, ça digresse, ça explicite, ca historise et anecdotise dans tous les sens ; et on se fait embarquer dans les guerres napoléoniennes, dans le cabinet du Dr Freud, chez les parents de Hitler en passant par un grand hôtel autrichien, un bordel de luxe turinois, un village piémontais et un asile de fous… Bref, on ne s'ennuie pas une seconde chez Folco.

Car il s'agit bien de conter le voyage que fit Marcello, sommé par le testament paternel de retrouver son demi-frère (dont il apprend alors l'existence) et de lui faire des excuses au nom de son défunt père…

Bon, je reprends. Souvenez-vous de Charlemagne Tricotin et de ses quatre frères et soeurs, héros de Un loup est un loup et de En avant comme en avant. Après avoir refusé d'épouser la fille Pibrac et avoir fait un tour à la Bastille, Charlemagne a levé des hommes pour épauler Bonaparte dans ses campagnes. Sur le thème "plus de morts, moins d'ennemis", il parcourt l'Europe en zézayant et trucide gaillardement son prochain, sans pitié aucune, même pour la soutane.

Après quelques années belliqueuses, il épouse brusquement une belle italienne mais meurt, assassiné au sortir de l'église, non sans avoir engrossé la jeune fille. Neuf mois plus tard naît Carolus qui vivra 56 ans avant d'avoir Marcello :

La mort de Carolus va être pour Marcello l'occasion de découvrir son passé, ses origines (tout le monde ne peut pas se vanter d'être le fils d'une véritable putain), et les secrets de famille de Carolus.
Se conformant aux dernières volontés paternelles, Marcello abandonne son poste de paisible instituteur de village et entame un voyage initiatique qui – bien qu'effectué sur le tard – lui fera découvrir le monde et regarder les siens sous une perspective nouvelle.
Les habitants de San Coucoumelo apprendront à leurs dépends qu'on ne se paie pas impunément la tête d'un Tricotin :

Au départ timide, pantouflard et peu sûr de lui, Marcello grandit peu à peu et se découvre aussi madré, obstiné, de mauvaise foi et rancunier que Charlemagne lui-même. Les catastrophes auxquelles il survit avec brio lui donnent une assurance nouvelle, et l'étrange codicille rédigé par son père va finalement lui insufler la force de prendre sa destinée en main.


Il est difficile de rendre vraiment compte du style si particulier de l'auteur qui sait créer un tout entre la forme et le fond, mêlant un français savoureux et imagé, des expressions farfelues et colorées à un récit rocambolesque brodé sur une toile de fond plus que véridique. le tout est spectaculaire : un roman en trois dimensions, une comédie burlesque, une farce succulente à dévorer sans modération !

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Je tiens là, le livre, votre livre, de cet été !
Croyez-moi, plage, transat, vous en aurez pour votre argent et il ne sera pas besoin d'emmener plusieurs livres dans vos valises.

D'ordinaire je me creuse le cerveau pour vous concocter un titre de post percutant,caustique, ironique... même si des fois j'échoue, oui, je bosse mes titres !
Cette fois-ci, Monsieur Folco a bossé pour moi !
Aucune retouche au titre de son roman (de son pavé : 597 pages) car il est déjà parfait.

Au commencement, était Dieu et nous seul pouvons (1991), saga des Pibrac, bourreaux de père en fils dans le Rouerge à la fin du XVII è siècle.

Avec un "Un loup est un loup" (1995), Michel Folco se lance dans une autre destinée, celle des Tricotin de Racleterre, modestes sabotiers dans la campagne aveyronnaise du XVIIIe siècle.

Parce que la fille du bourreau épouse le fils du sabotier et qu'ensembles ils donnent naissance à des quintuplés, il y aura "En avant comme en avant !" (2001).

"Même le mal se fait bien" (2008) achève le parcours d'une vie sur une mort, celle du général-baron Charlemagne Ticotin de Racleterre.
Il y a des livres qui se lisent, il y a des livres qui se regardent.
"Même le mal se fait bien" est de ceux là. Ce n'est pas d'un livre dont il s'agit mais d'un film mis en mots. D'odeurs qui s'échappent le long des lignes. de couleurs qui explosent aux pupilles. de scènes si minutieusement décrites que notre cerveau, nourrit de ces détails, superpose images, sons, mouvements et lance la bobine : quand Giuseppa Tricotin de Racleterre se retourne, les plis de sa robe se mettent en mouvement, l'axe de ses épaules opère une rotation qui entraîne sa taille corsettée vers une diagonale qui trouve le chemin d'une porte et la voilà hors de notre vue.

Des métaphores drôles, uniques, vierges de toutes autres pages de littérature, vous allez adorer cette innovation langagière.
Une scène d'anthologie, celle où le prêtre Hickman bien décidé à déflorer Marcello (descendant de Charlemagne Tricotin), se jette sur lui : "Tourne-toi mécréant, que je te fasse entendre les divines trompettes..."
Drôle bien évidemment comme l'ensemble de l'écriture de Michel Folco qui ne saurait se prendre au sérieux une seule seconde et se délecte dans le comique de situation finement mené.
Bon maintenant que je me suis bien emballée, je vais modérer tout de même un peu mon exaltation. Parce qu'il faut être honnête, sinon à quoi servent les blogs ?
TOUT LE MONDE encense l'imagination et l'écriture chatoyantes de Folco. Même moi, c'est vous dire ! Mais personne ne dit que certaines "spécificités" littéraires de Michel Folco sont franchement inadéquates et surtout gâchent l'allant de la lecture. Ce cher Monsieur, pour une raison qui m'est totalement obscure, aime à nous spécifier les bruits par des onomatopées totalement ridicules ! (voilà c'est dit !)
Du genre "bzzzzzzzzzzzzz" "glouglouglou" "arghhhhhhhhh" "toiiiiiing" "grrrrrrrrrrrr" "bzzziiiim" "dziiiiim" "tsssssiiiiing" "plok"
Et ça en plein milieu et plusieurs fois, souvent, trop souvent !

Comme ça, cela semble sympathique. Mais moi qui suis si large d'esprit (ah si, j'vous assure !) ça m'a gonflé... !
Passons à ma seconde critique, plus mineure celle-ci (une espèce de critiquette) ...
Tous les personnages de Folco ont une généalogie et une histoire ancestrale. C'est la marque de fabrique de Folco. C'est bien me direz-vous et je vous répondrai que c'est aussi un travail de titan, de colossales recherches qui forcent le respect.

Parce que figurez-vous, que pour vous, j'ai vérifié les assertions historiques de Michel Folco.

Ahahaha ! Vous n'en revenez pas ?! Si ? Ah mais c'est parce que vous n'avez pas lu Folco, sinon croyez-moi vous n'en reviendriez pas !



Why ?

Mais parce que ces 597 pages sont truffées de références historiques !!! Truffée ? Que dis-je ?! On ne saurait truffer un quelconque mets de cette manière sous peine d'être ruiné (550 €/KG de truffes noires).

Ces 597 pages croulent sous les références historiques ! Donc aller vérifier la véracité des dates, la cohérence des évènements... J'ai eu bien du mérite, je vous le dis !

Les évènements sont réels, les dates aussi, les lieux, l'anamnèse de certains personnages mais au beau milieu de tous ces faits avérés, Michel Folco s'est amusé comme personne à inventer des tas de choses : des personnages, des anamèses, des lieux, des évènements.

Eh oui... Vous l'aurez compris, c'est une énormissime saga historique ou s'entremêlent le vrai de chez vrai et le faux totalement faux.

Ca c'est très très fort !

Et je disais donc (hop là ! je circonvolutionne mais je ne perds pas le nord !) que cela donne un résultat ahurissant : un nombre exponentiel de personnages !

Non pas 10 ! Non pas 30 ! Non pas 50 ! Non, non ! Plus d'une centaine !
Même les personnages peints sur des tableaux, Folco vous conte leur histoire !
Parfois, cela frise l'indigestion de détails mais je donne à parier que Michel Folco ne sait pas, ne peux pas s'en empêcher et que c'est ainsi et seulement ainsi qu'il appréhende la narration d'une histoire : elle se doit d'être croustillante et très pimentée.

D'ailleurs dans cette infinitude de confidences sur chacune des figures traversant ce récit, Michel Folco réussit la gageure non seulement de ne perdre aucun fil mais surtout de joindre des bouts de vie de personnages célèbres ! Je ne peux pas vous en dire plus sous peine de révéler une surprise de taille nichée au milieu des 597 pages.

Troisième et dernière critique : les fameuses "coquilles" d'éditeur et sûrement quelque part de relecture même de l'auteur.
Cette saga, pour ne pas totalement nous noyer, est jalonnée de dates. L'auteur, nomme très souvent ses chapitres en indiquant le jour, puis la date.
Exemple : Jour 1 - Lundi 18 août 1902.


Voilà, c'est simple et finalement bienvenu au regard de l'énorme somme d'évènements qui scandent ce roman. Oui mais voilà, l'incroyable s'est produit ! L'anarchie totale, des erreurs monumentales dans la chronologie du calendrier ouvre divers chapitres !


Les voici :

Du Jour 1 (lundi 18 août 1902) au Jour 8 (lundi 25 août 1902) tout va bien... ensuite ça se détraque :


Jour 9 - Mardi 26 août 1902 *** Jour 10 - Mercredi 25 août 1902 *** Jour 11 - Jeudi 28 août 1902 *** Jour 12 - Vendredi 29 août 1902 *** Jour 13 - Samedi 30 août 1902 *** Jour 14 - Dimanche 30 août 1902 *** Jour 15 - Lundi 1er septembre 1902


Figurez-vous qu'en août 1902, comme chaque autre année, et bien le mois d'août comptait 31 jours et non 30 comme l'indique Michel Folco. le 26, 25, 28 août ... du grand n'importe quoi ! Je vous offre ici le calendrier complet de l'année 1902.

Autre coquille monumentale que la relecture a laissé passer :

"Une fois seul, Marcello ne put se rendormir. Ses pieds lui interdisant tout cent pas dans la chambre, il rumina sur l'avaient accablé des désagréments qui l'avaient accablé depuis son départ."


Je crois pouvoir dire qu'il fallait lire : "Une fois seul, Marcello ne put se rendormir. Ses pieds lui interdisant tout cent pas dans la chambre, il rumina sur les désagréments qui l'avaient accablé depuis son départ.


Je lance donc un vibrant appel à Michel Folco (on peut rêver, non ?) et aux éditions Stock pour leur signifier : "C'est pas du boulot ça ! "
Comment peut-on faire de telles bourdes dans un livre aussi épatant ???


Chacun devrait avoir lu une fois dans sa vie une des sagas de Michel Folco, histoire d'apprécier ce que signifie : oeuvre titanesque.

http://cogitorebello.blogspot.com
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Marcello Tricotin est un maître d'école qui vit à San Coucoumelo, petit village du Piémont en plein coeur de la vallée de la Gelosia. Si l'on devait décrire sa situation en quelques mots, on pourrait dire que c'est un enseignant médiocre, un mari docile, un beau-fils manipulable mais surtout une déception pour son père. Ce dernier n'est autre que Carolus Tricotin, le "stimare dottore" du village, un notable très riche, un homme excentrique et cynique, passionné par la science, un véritable érudit qui s'intéresse à de nombreux domaines. Carolus est le fils d'un général-baron français, Charlemagne Tricotin (oui oui le fameux Charlemagne de Racleterre !!!) et de Giulietta Benvenuti. Mais le jour de leur mariage à Turin, Charlemagne meurt assassiné par des Sardes, Carolus ne connaîtra donc jamais son père, du moins de son vivant. Voilà pour les présentations !

Le 1er janvier 1900, Carolus meurt. Son testament stipule que si Marcello veut jouir pleinement de son héritage, il doit se rendre en Autriche, retrouver son demi-frère, lui annoncer le décès de son père et lui faire des excuses en son nom. Si la clause n'est pas respectée dans un délai de trois ans et un jour, Carolus fait don à l'Académie royale des Sciences de Turin de la moitié de ses biens. Marcello n'a pas envie de quitter sa classe et de laisser son élevage d'araignées dans le grenier. Que diable irait-il faire en Autriche ? Il déteste les voyages et n'a pas envie de quitter son village. Mais après avoir repoussé plusieurs fois son départ et suite à l'insistance grandissante de son beau-père, il se décide enfin à quitter San Coucoumelo.

Sa première escale le conduit tout d'abord à Turin où il découvre le Tutti Frutti, un bordel renommée de la ville, qui lui appartient désormais. Puis il s'installe à Vienne, dans un palace, le Sacher, où il profite du luxe, comme le lui avait conseillé son père. Costumes sur mesure d'Ugo Gadj, pourboires à tout va, descente de litres de vin Mariani (réalisé à partir de vin de Bordeaux et d'extrait de feuilles de coca) tel est, désormais, le quotidien du jeune Italien. Ses pérégrinations le mène dans les endroits les plus reculés d'Autriche, à la recherche de ce demi-frère, en passant par la France où il découvre l'histoire de son grand-père, avant de revenir au village après bien des aventures.

Au départ timide et peu sûr de lui, Marcello grandit peu à peu et prouve qu'il est bien le digne descendant de Charlemagne ! Il se révèle être aussi obstiné, de mauvaise foi et rancunier que son grand-père. Il découvre aussi la vie de Carolus, ce père, qui lui a semblé si distant pendant toutes ces années, et semble mieux le comprendre, de nombreuses similitudes apparaissent même. Les catastrophes auxquelles il survit avec brio lui donnent de l'assurance , et l'étrange testament voulu par son père va finalement lui insuffler la force de prendre sa destinée en main. Il se découvre une force de caractère et une volonté d'entreprendre dont il ne soupçonnait même pas l'existence, ni les habitants de San Coucoumelo d'ailleurs ! Pour leur plus grand malheur...

Michel Folco nous enchante une nouvelle fois avec son style si particulier. Plus qu'un roman-fleuve, c'est un roman-monde qu'a bâti Folco. Une oeuvre cohérente. Avec des histoires dans L Histoire, des retours incessants dans le passé, qui nous permettent de découvrir avec bonheur la carrière militaire de Charlemagne auprès de Bonaparte ainsi les jeunes années viennoises de Carolus. Ce livre est un comme un puzzle, où page après page, les pièces s'emboîtent et donne un formidable résultat. Même le mal se fait bien est mon livre préféré de Folco juste derrière Un loup est un loup.
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Marcello Tricotin est un mollusque. Non seulement c'est un enseignant médiocre, mais c'est un époux mou, un fils décevant, un beau-fils aisément manipulable.

Pour les habitants du petit village italien de San Coucoumelo, en 1902, nul fils n'est plus différent de son père, le notable du village, Carolus Tricotin, mécréant mal embouché et joyeusement cynique, justement au bord du trépas à la suite d'une aigreur mal dirigée pendant trop d'années.



Notre vaillant cynique décède après quelques derniers hilarants mauvais coups, laissant donc la place libre à tous ceux qui veulent profiter de la mollesse proverbiale de son indolent rejeton.
Sauf qu'il y a cette clause, dans le testament du père, qui va entraîner notre enseignant invertébré dans une pléiade d'aventures dont il reviendra métamorphosé, pour la plus grande joie du lecteur.

Un roman plein de mauvaise foi, d'humour et d'un mauvais goût tellement délectable qu'il se fait bon, lui aussi. Jouissif, inlâchable, formidable, une fabuleuse lecture mitonnée amoureusement par Michel Folco, comme souvent en pleine maîtrise de ses talents.
Lien : http://bazardine.blogspot.fr..
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Ma che famiglia incredibile!
J'ai passé une semaine avec elle, cette famille Tricotin, et ça marque, croyez moi!!
Marcello, digne petit fils de Charlemagne, nous fait (re)vivre des aventures aussi folles qu'édifiantes!
Est-t'il fou ce Marcello? Sa femme, Maria, vous dira oui....mais peut-être que ses enfants n'en sont pas tous convaincus....moi même , j'avoue, je lui accorde le bénéfice du doute! Il est Tricotin, même si sa filiation est complexe, il a dans le sang les loups de Charlemagne, même si ses loups à lui sont des insectes, des araignées, des mygales, des termites(miam miam...)
Mais quelle inventivité, quel machiavélisme, on ne peut que dire bravo! même si on adhère pas du tout à la forme de morale du maître d'école Tricotin! On se marre, on jubile.
merci Michel Folco pour toutes ces histoires époustouflantes, érudites, drôles et profondes! J'adore votre univers, il est tellement hors norme, il nous remet tellement à notre place d'humains imparfaits, rêveurs et ignorants.J'aime votre verbe, vos personnages, vos décors, vos intrigues, vos digressions, vos liens avec les animaux, avec la nature.
Merci pour tout ce temps que vous m'avez offert(j'ai lu tous vos romans et cela totalise quelques milliers de pages)à être bien, loin du quotidien.
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ma première lecture de cet auteur... et quelle lecture!
Si on réussit à passer les premières pages un peu gores du mariage sanglant de Charlemagne et de sa Giulietta, c'est gagné... car ensuite on ne peut plus lâcher cette histoire truculente débordante de personnages déjantés.
C'est très bon pour le moral et pour les zygomatiques.
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Unique! Joussif!
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