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EAN : 978B08F2Q29T5
160 pages
La manufacture de livres (05/11/2020)
3.55/5   22 notes
Résumé :
D’abord, il doit passer inaperçu parmi l’escorte qui accompagne de Gaulle en Argentine. Une fois sur place, accomplir sa mission. Simplement, efficacement, sans poser de question. Trouver le contact, approcher la cible, l’éliminer. Puis, toujours invisible, retourner en France. C’est alors qu’on lui annonce que sa route passera finalement par Manaus où l’on a besoin de lui. Dans cette ville brésilienne spéculent les anciens partisans de l’Algérie française en exil, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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J'apprécie de plus en plus le format du court roman dit novella lorsqu'il est maitrisé et dans le cas de Manaus, c'est le cas. Embarquement direct pour une intrigue sans gras, resserrée au plus juste.

Le narrateur est un barbouze de l'Etat, département Action de Services secrets français. Un homme qui n'existe pas officiellement. Il enchaîne les missions dans le sillage de la tournée latino-américaine du président De Gaulle en 1964, de l'Argentine à Manaus, donc au Brésil, entre assassinat ciblé et dossier confidentiel à récupérer.

Dominique Forma a un vrai talent pour distiller une ambiance poisseuse à souhait en quelques lignes et de façon très évocatrice. Tout y est : jungle, bidonville, touffeur mais aussi tout un nid de parias et renégats allant de banals trafiquants, à des nazis en fuite ou encore des ex de l'OAS notamment des ex-putschistes d'Alger 1961. Forcément, rien ne va se passer comme prévu lorsque le narrateur y retrouve une vieille connaissance, son capitaine durant la guerre d'Algérie avec lequel il est uni par un passif trouble.

L'écriture de l'auteur est sèche, nerveuse, sans fioritures pour viser l'efficacité prise sur le vif. Pas de place à l'émotion ou au sentiment dans ce roman à sang froid même si les enjeux qui se jouent vont au-delà de la simple opération de barbouzerie. Les contours entre le bien et le mal sont plus que flous et mettent parfaitement à valeur toute l'ambivalence de la nature humaine : le narrateur doit choisir entre servir ou trahir. Il ne mettra pas trop de temps à résoudre ce dilemme.

Un roman énergique et efficace sur 150 pages sans temps mort.
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Dominique Forma nous propose avec Manaus, un roman court ou novella comme on les appelle, du nom de cette grande ville nord-brésilienne où va se dérouler une partie du récit. Dans ce voyage qui remonte le temps, quelques dizaines d'années en arrière, nous ferons la connaissance avec un barbouze, ancien militaire d'Algérie, qui profitera de la tournée sud-américaine du général De Gaulle, pour accomplir une mission secrète, tuer un homme. Dans l'atmosphère moite de la forêt tropicale, dans ces pays où se cachent nombre d'anciens nazis ou de membres de l'OAS, parfois les passés ignominieux viennent foutre un sacré bordel.
Ce livre est arrivé complétement par hasard dans mes mains et pour être honnête, c'est la volonté de connaître l'offre que nous proposons aux usagers de la médiathèque qui a été la raison de sa lecture, n'étant ni très connaisseur de l'Amérique du Sud, ni amateur des histoires de barbouzes, j'ai malgré tout trouvé ce récit intéressant et agréable à lire. En très peu de pages, Dominique Forma nous donne l'essentiel, sans passages inutiles, dans un style direct, des phrases courtes ne laissant pas la place à l'ennui.

Lien : https://imaginoire.fr/2020/1..
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Avec ce roman court (cette novella pour faire couleur locale), je reviens d'un voyage dans le passé, mais aussi en Amérique du Sud. Nous sommes en 1963, la guerre d'Algérie est terminée, De Gaulle entreprend son voyage en Amérique Latine (la mano en la mano). « Il » est envoyé en mission, « Il » obéit, ne pose pas de question, « Il » a fait l'Algérie, « Il » est un ancien para ! pour lui « Espérer c'est ignorer comment agir. Obéir, c'est réagir », il a une mission, il l'accomplira coûte que coûte…. Il traîne avec lui un passé un peu glauque, mais lui a pu regagner la France contrairement à certains des ex-compagnons d'armes qui, appartenant à l'OAS ont dû fuir, notamment en Amérique Latine, à l'instar de ces anciens nazis qui ont trouvé refuge, au Paraguay, en Argentine et au Brésil ! la guerre d'Algérie (même si je n'avais que 12 ans lorsqu'elle s'est terminée) n'est pas abstraite pour moi (on a tous dans sa famille, un homme qui « a fait l'Algérie »…) et puis l'Amérique Latine, je l'ai retrouvée le temps d'une lecture ! son atmosphère, son microcosme formé de personnages venus d'ailleurs au passé souvent inavouable
Un récit nerveux, direct, aucun temps mort et il n'y a pas d'atermoiement, à peine quelques secondes pour avoir un état d'âme ! « Il » doit ramener le dossier qu'on lui a demandé, même si il soit trahir.
J'ai beaucoup, beaucoup aimé…. Je pense que ce livre peut être apprécié différemment en fonction de l'âge du lecteur (ou de la lectrice). J'ai déjà repéré un autre livre de cet auteur…
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Le résumé était alléchant. La taille du livre un défi.
De mon point de vue, pas tout à fait réussi.

J'ai lu deux livres de jungle ces derniers mois, deux véritables claques (Vorrh et Ténèbre). Dominique Forma ne m'a pas produit le même effet.
Ce n'est pas désagréable à lire, mais j'en ressors assez... vide.

Une histoire d'espionnage au coeur de l'Amazonie, menée à toute berzingue, dans laquelle je n'ai pas franchement eu l'occasion de m'attacher au héros. Un presque putschiste déconverti sur le fil, une nuit de troubles dans l'Algérie française. Et qui, trois ans plus tard, se retrouve en Amérique du Sud dans le sillage du président De Gaulle.

L'auteur signe néanmoins d'intéressantes réflexions par le biais de son barbouze. Des réflexions d'un rapport au monde qui n'est pas le mien, mais qui sonnent plutôt justes.

Comme évoqué plus haut, si vous voulez des ambiances poisseuses et dures, je recommande largement plus Vorrh et Ténèbre (dans des styles très différents).

Lu parce que mes pérégrinations littéraires dans les sylves tropicales furent fortement prenantes ces derniers mois.
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La parution du nouveau roman de Dominique Forma en juin dernier ( «La faute de la traductrice » ) fait ressurgir dans ma mémoire « Manaus » paru fin 2020. J'ai lu ce livre à sa sortie mais sans le chroniquer. Je viens donc de le relire pour mieux vous en parler. C'est un court roman noir, deux cents pages ne se refusent pas d'autant plus que j'en garde un excellent souvenir.

Octobre 1964, le voyage officiel du général De Gaulle en Argentine offre une couverture idéale pour François, un agent du service Action du SDECE. Il a une mission à accomplir. Au Paraguay. Il raconte …

François est militaire et il a rejoint le monde de l'espionnage. C'est un barbouze. Il ne se pose pas de question. Accomplir sa mission, il n'y a que cela qui importe même s'il s'agit de tuer de sang-froid. Un militaire obéit et agit. Après le Paraguay il y a une autre mission qui l'attend. Les ordres fusent, sa nouvelle destination est le Brésil. Manaus.


« Manaus » de Dominique Forma est un court roman, une novella. le cadre d'une novelle est contraint, il ne faut pas se disperser. Aller à l'essentiel. La personnalité de François se prête bien à l'exercice. Les ordres, la mission, ne pas se poser de question. Dominique Forma n'a pas son pareil pour trouver le mot juste, tranchant et efficace comme François au Paraguay.

En mars 1964, le coup d'état militaire au Brésil a accordé à Manaus le statut de zone franche. Manaus va devenir un paradis pour l'argent et pas que l'argent propre. C'est aussi un paradis pour ceux qui ont choisi la clandestinité, les nazis, les anciens de l'OAS, les trafiquants que l'argent attire. A Manaus, François est rattrapé par son passé. Un passé de soldat, en Indochine et en Algérie. Il n'a pas toujours été un militaire solitaire. Il a aussi connu la fraternité d'armes.

Dans la torpeur équatoriale le style de Dominique Forma évolue, l'oppression de la chaleur et de l'humidité deviennent palpables. François s'interroge. Il y a la mission mais d'autres mots envahissent son esprit : trahison, obéissance, manipulation, devoir, respect.

Ce roman est un condensé de sensations, le suspense dans l'action, la surprise de rencontres inattendues, les incertitudes qui causent des attentes interminables, le poids de l'Histoire. Dominique Forma tel un magicien des mots excelle dans ce récit aux multiples facettes.

Dominique FORMAManaus. Parution en novembre 2020, Éditions La Manufacture de livres. ISBN 9782358877046.
Lien : http://mille-et-une-feuilles..
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critiques presse (1)
Liberation
10 novembre 2020
Dominique Forma nous transporte avec une novella brute et intense dans la moiteur d'une Amazonie violente.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Certains ont quitté l’Algérie sans rien, juste femme et gamins à leurs côtés ; d’autres reçurent des faux papiers et de l’argent des services français, de quoi se faire oublier loin du territoire national et se réinventer une vie. D’autres encore se sont regroupés par affinité, par attachement familial, par localité d’origine, et se sont entraidés pour traverser l’Atlantique.
La défaite est forcément douloureuse et chaotique, a fortiori si la terre vous ayant vu naître vous est confisquée.
Depuis peu, au plus haut niveau de l’État, flotte l’idée de rapatrier les combattants oranais et algérois, ainsi que les soldats déserteurs.
Il faudra les recaser, pour s’en servir. Les utiliser. Comparé au communisme, le FLN est un tout petit ennemi : l’État espère utiliser les fuyards de l’OAS afin qu’ils combattent le grand diable rouge aux côtés des gaullistes.
Il reste la question sans solution de ceux qui, refusant la défaite, n’accepteront jamais de rentrer en France.
La tournée du général de Gaulle en Amérique du Sud provoque une forte inquiétude au sein des services de renseignement et de sécurité du Président. Dans chaque pays visité, il existe des hommes et des femmes qui ont tout perdu en s’opposant à sa politique algérienne et qui entretiennent un esprit de revanche.
Les services ont listé les plus véhéments qui pourraient profiter de la venue du Général pour régler leurs comptes avec lui ; tous ceux à qui l’envoi de gendarmes ou militaires locaux ne suffit pas pour freiner les ardeurs vengeresses.
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Quatre vieilles, quatre femmes aux corps effondrés, aux faciès fatigués, discutent sur le perron de l'épicerie locale. C'est le meilleur moment de la semaine ; on se raconte tout. On se dispute, on se chamaille et surtout on échange les derniers ragots. Même dans cette bourgade oubliée de cette province anémiée, il y a matière à raconter des saletés sur les uns comme sur les autres.
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L’extrême majorité des habitants de cette province est regroupée autour de la ville de Formosa, et c’est pour cette raison que Gerderault s’en est éloigné. Il s’est installé à 250 km de là, à l’autre extrémité de la zone cultivable, loin des centres urbains, de la curiosité des locaux, sur une terre qui n’existait pas avant que lui et ses amis la domestiquent.
Ce n’est pas une terre de calme et de repos que Gerderault cherchait, mais un trou pour se cacher, un endroit impossible à trouver puisqu’il n’existait pas avant qu’il s’y installe.
J’ai lu et appris par cœur la fiche le concernant. Lui, et d’autres qui lui ressemblent, se sont vus attribuer des terrains sans utilité. N’ayant pas le choix, ces hommes et leurs familles ont accepté ce qu’on leur proposait. Ils ont rasé ce bout de forêt, ils ont défriché cette terre, ils ont appris à la cultiver, puis ont tracé des routes pour relier leurs exploitations les unes aux autres ; ils ont inventé sur ce coin de pays inhospitalier une nouvelle vie tissant entre eux, Français condamnés par l’État, émigrés contre leur gré, une toile protectrice.
C’est un territoire sans village, sans bruit étranger, un pays de tous les dangers pour qui vient y régler les comptes. Mais aujourd’hui n’est pas différent d’hier, je ne compte que sur moi-même et je vais suivre les ordres qu’on m’a donnés. Simplement.
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J’ai goût pour l’obéissance.
La mienne, comme celle des autres.
À chacun sa place ; se surestimer n’est pas un péché, c’est une faute impardonnable. À tendre le cou vers le ciel, on se tord les pieds.
Les esprits libres, ceux méritant de l’être, je les compte sur les doigts d’une main brûlée. Les autres, nous autres, il vaut mieux qu’on la ferme ; les yeux baissés, accomplissons la tâche qui nous est attribuée.
Obéir rassure sur les raisons improbables justifiant notre existence.
Surtout, je parle là de ma propre expérience, obéir prévient de trahir.
Moi, j’obéis sans poser de questions. Pourquoi ? Parce que je suis un soldat.
L’obéissance est la vertu cardinale du militaire, le courage vient ensuite. Ceux qui faillissent à cette règle, en abandonnant la légalité, deviennent des déserteurs. Lors du putsch d’avril 61 contre de Gaulle, j’ai vu des hommes qui m’impressionnaient et que je respectais faire sécession. Des Saint-Cyriens, des légionnaires, des parachutistes, des types bien qui avaient survécu à l’Indochine et étaient revenus de Diên Biên Phu. Je les ai vus refuser les ordres, et en appeler à renverser le gouvernement pour que l’Algérie demeure française.
C’était il y a trois ans, une autre époque ; trois années, c’est une éternité.
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— L'argent sale va quitter le Paraguay pour être lessivé à Manaus. De Bolivie aussi, d'Argentine, du Panama. Sans aucune possibilité de traçabilité. Toute sorte d'argent va apparaître : l'argent nazi fructifiant depuis les années trente sur le continent, celui des néo-nazis, les fortunes de dictateurs en rupture d'État, et les milliards de la drogue vont inonder l'économie locale. Toutes sortes d'intérêts néfastes aux nôtres vont converger en ville.
— Je vous accompagne donc.
— Vous me rejoignez dans trois jours, je vous attendrai à la fin des vêpres dans le transept de la cathédrale métropolitaine de Notre-Dame-de-la-Conception. Je vous remettrai un dossier sur le nouvel argent arrivant à Manaus, dossier que vous apporterez à Paris.
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Ils ont passé l?âge? Si ce n'est de faire justice eux-mêmes. Clovis le facho et André le gaucho. Deux frères ennemis à la longue histoire de coups tordus. Le soir tombe sur le Cap d?Agde. André, la soixantaine, s?aventure dans les dunes des échangistes. Bientôt, il aperçoit l?objet de ses fantasmes : une belle femme nue allongée sur le sable. Il s?approche. Son désir s?éteint aussitôt : la belle est morte, assassinée. Craignant de devenir le suspect n° 1, André appelle Clovis à la rescousse. Avec l?aide d?Alexe, une libertine craquante, le duo improbable Algérie française et Gauche prolétarienne débute une sulfureuse enquête parsemée de sang, de sexe et de sales magouilles? Un roman noir jubilatoire qui transgresse avec brio et impertinence les codes du genre. « Il y a quelque chose de vertigineux et d?unique chez Dominique Forma. Ses deux enquêteurs sont d?une rare épaisseur. » Jérôme Leroy, auteur de L?Ange gardien.
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