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EAN : 9782355021282
280 pages
Les Cahiers de l'Egaré (20/09/2021)
5/5   1 notes
Résumé :
Après un premier livre « Travail, peurs et résistances » (Syllepse 2012), incisif et critique sur la question des risques psycho-sociaux, Isabelle Forno nous livre dans ce recueil de textes intimes, une polyphonie de sons, d’inspirations, puisée dans ce qu’elle nomme les « chemins de faîte » de ses féminités, et qui « de fait » nous propulsent, sans filet, dans son univers émotionnel et sensoriel.

Vous comprendrez vite qu’elle aime jongler avec les mo... >Voir plus
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Ce recueil est constitué de quatre-vingt-quatre poèmes et textes divers, percutants, mélancoliques ou tendres, des souvenirs glanés au fil des ans qui mêlent émotions, réflexions et poésie, avec une belle continuité malgré l'hétérogénéité apparente des thèmes abordés.
Nous y découvrons tous les moments de la vie d'une femme, depuis une naissance difficile, car frôlant la mort de près, en passant par l'enfance, l'adolescence et la découverte de son corps, la maturité et ses relations avec les hommes, les liens avec sa mère et son père, et bien sûr : l'écriture… Un livre de femme donc, et revendiqué comme tel, mais dans lequel chacun peut se retrouver, quel que soit son genre.
D'emblée, Isabelle Forno nous rappelle le double sens du mot concertina qui donne son titre au livre : tout d'abord « type de fil de fer barbelé. Emblématique des clôtures de prison, et des murs d'enceinte des sites ultra-sensibles [… dont ] les lames de rasoir judicieusement adaptées retardent les tentatives d'intrusion » mais aussi « instrument de musique ressemblant à l'accordéon [ … qui ] s'intègre parfaitement à d'autres instruments pour accompagner tout type de musique, grâce à des sons à la fois mordants et doux, qui portent loin ».
Le deuxième sens est immédiatement évident au lecteur, car l'écriture, d'une élégante fluidité, va à l'essentiel sans fioritures. Ainsi, dans Les Rugissants lorsqu'elle nous parle du projet de ce livre :
« Les mots seront simples les impressions complexes.
Les mots seront prudents, les souvenirs ardents,
On devinera au loin le ressac des vagues,
Et leurs chants scélérats,
Et dans les eaux vives du souvenir
On pêchera au hasard.
**
Les mots gicleront aux crètes des écumes,
Au gré de l'onde qui tremble et gronde,
Charriant dans leur bond des histoires de femmes. [ … ] »
Quant au côté « barbelés » du concertina, ils sont les barbelés que la vie impose – à des degrés divers – à chaque humain. Ce ne sont pas les lecteurs qui peuvent s'en trouver tailladés et meurtris, mais bien l'auteure, même si –, pudeur, ou optimisme ? – une joie de vivre tempérée par la lucidité domine dans la plupart des textes.
Portraits ou autoportraits, rencontres, expériences et découvertes, toute une vie défile dans ces descriptions lucides, précises, ou parfois en ombres chinoises auxquelles le lecteur doit donner du sens.
Ainsi en est-il avec Quantum satis, quand elle nous parle en dix pages émouvantes et d'une densité allant parfois jusqu'à l'ellipse, de sa relation compliquée avec un homme qui a compté pour elle.
Ou bien avec Scialytique, où elle évoque l'évènement traumatisant de sa naissance, qui l'a menée tout près de la mort, et l'amour pour ses parents :
« C'est à vous deux que je dois la vie.
Non pas la vie déposée en secret
Dans le murmure de l'étreinte,
Mais plutôt la vie arrachée aux ténèbres,
Alors que je venais à peine de naître,
Et que déjà il me fallait envisager de mourir ! […]»
Ou symétriquement dans Mare Nostrum, quand elle évoque dans ce bref poème la naissance de ses enfants :
« de vos naissances,
Je garderai toujours
Le souvenir vivant
De cette vague sauvage,
Puis de plaisir
Débordant et total,
Qui a déferlé sur mon corps
Pendant que vous atteigniez
La rive des humains. »
Et tant de choses encore, dans un beau foisonnement, depuis la drôlerie de son regard sur l'enfermement lié au Covid dans Au quartier dit des confinés, jusqu'à Mum Manifesto, long poème-manifeste sur le féminisme, en passant par Salle des Pas Perdus où se retrouve – avec tant d'autres – son père en fin de vie.
Un livre tout à la fois émouvant et drôle, lucide et joyeux, qui peut être lu d'une traite de la première à la dernière page, ou si vous préférez, picoré au gré de votre fantaisie et du hasard des pages, le même hasard qui a permis de faire éclore l'essentiel des évènements qui constituent une vie, la vôtre et celle de chacun, tout comme celle de l'auteure.
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