Mohican

Voilà un roman de plus sur le milieu agricole qui me laisse dubitatif.
Faire le bilan des préjudices causés à la nature et aux hommes par l'agriculture productiviste des années d'après seconde Guerre mondiale n'a, en effet, plus rien d'étonnant après des centaines de livres et d'études à ce sujet.
Montrer combien les descendants de cette génération "d'agricultueurs" auraient soi-disant changé me paraît aussi très contestable. On ne voit pas comment il serait possible aujourd'hui de produire sur des terres mortes sans les gaver d'engrais.
Les poncifs ainsi accumulés tout au long d'un livre qui se veut trop démonstratif, trop manichéen ou forcément, milieu agricole oblige, un rien bucolique agacent.

Reste, la charge contre ces stupides et horribles éoliennes présentées comme une des rares solutions à un effondrement énergétique obligé.

Quant au happy-end, il me semble qu'il a un air de déjà-vu qui frise le plagiat car c'est exactement la même que celle de "Nature humaine" de Joncour paru un an avant. Serge Joncour qui ne m'avait guère plus convaincu mais il est vrai que décrire avec justesse et sans pathos excessif le monde agricole français est un exercice plus que difficile.

Ce roman est :
Un hymne à la nature et plus particulièrement au premier plateau du Jura.
Un hommage au monde paysan courageux et besogneux.
Une charge argumentée contre la prolifération des éoliennes dans les paysages ruraux.
Eric Fottorino nous parle avec respect et admiration de la vie laborieuse des agriculteurs tributaires des caprices de la météo, assujettis à des choix politiques contraignants et parfois victimes du réchauffement climatique.
Ce récit est aussi une histoire de transmission des biens familiaux, du savoir-faire et des traditions.

Un famille d'agriculteurs du jura sur trois générations, du certificat d'étude de Léonce obtenu en 1913, à Mo écologiste pur jus, en passant par Brun qui vit la transition et l'avènement de l'agriculture productiviste industrielle, nous est contée dans ce roman.
Au travers de cette famille, c'est l'évolution du monde agricole au vingtième siècle que nous suivons.
Regroupement des parcelles cultivées, agrandissement de la taille des exploitations, apparition de la mécanisation et des intrants chimiques censés accroître les rendements, artificialisation des sols agricoles, prise de conscience des dégâts des pratiques modernes.
Brun, ayant utilisé sans précaution ni modération de produits chimiques meure d'une leucémie, son fils Mo prend conscience de ces dangers et oriente sa pratique vers une agriculture plus écologique et respectueuse de l'environnement.
Avant de mourir, Brun cède à la pression qu'on exerce sur lui et accepte l'implantation d'éoliennes sur ses terres avec des conséquences prévisibles et d'autres moins (comportement bizarre des animaux à proximité et morts inexpliquées)
Tout ce récit exalte le travail, la pugnacité, l'isolement de plus en plus grand des agriculteurs dans une nature sublimée par les descriptions poétiques et les déclarations d'amour de l'auteur.
Belle réflexion sur les impacts et les enjeux de la modernité sur la nature et la vie des hommes.

Bon, l'intention est louable : un roman pour dénoncer le saccage des campagnes par les projets d'éoliennes, qui a suivi les années pesticides, la promesse de rentabilité qui fait craquer les meilleurs, acculés par la faible rentabilité et le peu de reconnaissance donné à leur métier, et, au final, tués à petit feu par les produits auxquels ils ont cru.
Toutefois, avis personnel, j'ai trouvé le récit peu convaincant pour qui a vécu à la campagne. le style est souvent ampoulé à l'excès. Les flashbacks de la vie de Brun sont téléphonés. On ne sent pas l'auteur habiter son ou ses personnages. On a l'impression qu'il a cherché à faire une bonne action.
Dommage car le scénario est bon. Et la cause est juste.
Il y a encore de la place en littérature pour les engagés dont on pourrait lire le reflet de l'âme et non, comme pour ce livre-ci, le reflet de l'époque vu de loin.

Magnifique récit poétique qui retrace la vie des paysans devenus agriculteurs aux lendemains de la seconde guerre mondiale. A travers l'histoire de trois générations de la famille Danthôme exploitants agricoles dans le Jura, Eric Fotorino nous fait traverser les décennies qui ont vu les paysans français devenir de vrais entrepreneurs agricoles sous la pression de la politique agricole commune qui, à coup de normes administratives et de subventions en tout genre, les a transformés en pollueurs malgré eux les poussant à déverser à haute dose des produits chimiques sur leurs cultures et à en administrer autant à leurs animaux. Au fil des ans, les paysans en sont morts! morts de suicide pour certains! morts de chagrin quand l'endettement les mène à la faillite; morts de maladie car trop souvent en contact avec les poisons qu'on les poussait à utiliser. Ce récit est touchant et met le doigt sur toute la perversité d'un système qui, en plus de détruire les paysans, l'agriculture et les terres, a mis sur la table des consommateurs des produits imbibés de substance toxiques. En revanche, j'ai du mal à comprendre le réquisitoire anti-éoliennes sous-jacent à ce récit. Certes, cela change le paysage des campagnes. Mais est-ce pire que les lignes à haute-tension? les centrales nucléaires? Certes, cela détruit les terres! mais ne le sont-elles pas déjà avec tous les produits chimiques qui ont été déversés dessus depuis des décennies! Cette prise de position et le discours anti-écologiste en filigrane dans le récit m'a beaucoup agacée et gâché une lecture par ailleurs merveilleusement bien écrite.

j'ai trouvé le récit peu convaincant pour qui a vécu à la campagne. le style est souvent ampoulé à l'excès. Les flashbacks de la vie de Brun sont téléphonés. On ne sent pas l'auteur habiter son ou ses personnages. On a l'impression qu'il a cherché à faire une bonne action.
Dommage car le scénario est bon.
On aurait dit que l'auteur avait fait une liste de tous les mots de vocabulaire relatifs à la paysannerie et s'était mis au défi de tous les caser dans son livre. On subit une énumération d'objets, de plantes, de techniques agricoles, qui ne nous emmène pas très loin et qui aurait plutôt tendance à nous perdre.

Brun est un paysan jurassien de la vielle école, celle qui a suivi les injonctions du gouvernement après guerre, produire, produire, produire, pour nourrir plus, grâce aux traitements chimiques. Mo, son fils, aime la terre, la nature et Virgile. Il préfère une agriculture respectueuse à une agriculture "tueuse" et se heurte fréquemment à son père. Mais Brun va mourir, empoisonné par les intrants chimiques qu'il a manipulé toute sa vie sans protection et pour ne pas laisser Mo sans ressources, il accepte l'installation d'éoliennes aux Souleillans, en échange de quelques subsides. Pour Mo, ce grand chantier d'installation va devenir un véritable crève-coeur qui l'amènera à l'irréparable (ou pas).
Malgré le sujet finement traité j'ai eu du mal à me laisser prendre par la beauté des Souleillans. On aurait dit que l'auteur avait fait une liste de tous les mots de vocabulaire relatifs à la paysannerie et s'était mis au défi de tous les caser dans son livre. On subit une énumération d'objets, de plantes, de techniques agricoles, qui ne nous emmène pas très loin et qui aurait plutôt tendance à nous perdre.