Maintenant, elle n'entend qu'un son de cloche.
La même cloche depuis plus de dix ans.
Elle vit en monophonie, j'aimerais tellement qu'elle redécouvre la stéréophonie, la polyphonie...
Quand les voix se mêlent, se heurtent, s'opposent. Les débats où les avis divergent, où l'on débat sans se battre. La richesse des contradictions entre ceux qui ne sont pas du même avis. Écouter les autres. Aller par curiosité regarder ailleurs.
Voir si, ailleurs, il n'y a pas un peu de vérité.
Est-elle encore curieuse ?
Tu étais charmante et drôle.
Elle est devenue une dame grise, sérieuse comme un pape.
Elle est sévère, elle plaisante moins, elle est dogmatique, autoritaire, elle aime bien faire la morale aux autres.
Les autres, ceux qui ont toujours tort
Est-ce que c'est aussi important que ça, le jour anniversaire ? Faut-il attendre le jour anniversaire pour penser aux gens ? On peut y penser les autres jours.
En me relisant je m'aperçois que plusieurs fois j'ai utilisé le mot "heureuse" à ton propos. Tu étais "heureuse" tu avais eu une jeunesse "heureuse".. qu'est ce que j'en sais?
Être heureux ne devrait être conjugué qu'à la première personne du singulier et par le principal intéressé. Il n'y a que lui qui sait s'il y est heureux ou pas.
Je connais des gens heureux qui ont l'air triste et des gens malheureux qui plaisantent toujours. S'ils plaisantent, c'est peut-être pour être moins malheureux.
L'humour est antalgique, on l'utilise quand on a mal.
L'humour bleu ciel et rose bonbon, ça n'existe pas.
L'humour, c'est noir.
L'humour, c'est une parade, un baroud d'honneur devant la cruauté, la désolation, la difficulté de l'existence.
J'alimente ton ego, tu alimentes le mien. On se conforte dans l'idée qu'on est les mieux, d'ailleurs on est les mieux. On médite et on médit des autres.
« C’est étrange, les gens n’osent pas parler de bonheur à celui qui vient d’avoir un grand malheur. Je ne comprends pas. C’est justement quand on a eu un grand malheur qu’on a besoin de vœux de bonheur, ceux qui sont déjà heureux n’en n’ont pas besoin. Quand vous êtes malheureux, on dirait que la société souhaite que vous le restiez. Définitivement. »
« Le veuf Jacques m’a appelé ce matin, il va bien, trop bien, il est gêné d’aller bien, un veuf frais ne doit pas aller bien, ou alors il n’aimait pas sa femme. Quelle connerie. On ne doit jamais avoir honte d’être heureux, mais plutôt être fier, c’est tellement difficile. Même quand on n’est pas veuf. »
Peut être qu à la différence des piles, les sentiments s usent quand on ne s en sert pas.
La conversion, c'est un brutal éblouissement. Après un éblouissement, on ne voit plus clair, on est aveuglé, on se retrouve dans le noir, comme les lièvres éblouis par les phares d'une automobile.