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EAN : 9782850182662
Filipacchi (22/04/1996)
4/5   2 notes
Résumé :
Printemps 1832. Tandis que les réjouissances de la mi-carême battent leur plein dans un Paris en liesse, une gangrène insidieuse grignote les fondements d'une royauté instable d'une société inquiète. Le choléra fait sa première victime dans la capitale des bourgeois qui se sentent puissants, inattaquables car ce sont des nantis. Par delà les barrières la gueuserie de Montfaucon vit , souffre, aime,rit et pleure, tandis que les langues se délient chaque soir à l'Aube... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Pour me changer les idées et fuir l'ambiance morose du moment, j'ai fait un retour dans le passé pour me retrouver... en pleine épidémie de choléra, celle qui a débuté en mars 1832 à Paris. J'y ai suivi le séduisant journaliste Romain Berthier, chargé par son patron de mener l'enquête sur les hauteurs insalubres de Montfaucon, là où plane encore l'ombre des fourches du gibet. Cela aurait arrangé beaucoup de monde de trouver l'origine du mal dans ce lieu malsain, réceptacle de tous les immondices de Paris. Mais aucune victime n'y est à déplorer et ceux qui pensaient que leurs richesses les protégeraient de la maladie doivent déchanter. Côtoyer quotidiennement la fange agirait-il comme un vaccin ?

C'est une visite peu ragoutante, mais ô combien enrichissante que nous propose Denise François, auteure éphémère qui n'a pas laissé beaucoup de traces sur internet. A Montfaucon, le point commun de cette population hétéroclite faite de chiffonniers, d'équarrisseurs, d'ouvriers dans les mines de chaux et de vidangeurs, c'est la pauvreté, mais aussi la débrouillardise, la solidarité et la gaité qu'ils partagent à l'Auberge du Grand Balcon où ils aiment se retrouver, pendant que les bourgeois du centre-bourg comptent leurs morts.
J'ai beaucoup aimé ce livre qui mêle L Histoire et la romance. Si on fait abstraction des multiples coquilles qui se sont glissées dans le texte, l'écriture est agréable et l'auteure nous fait découvrir tout un pan de l'histoire de Paris et de la société de l'époque. A côté des jeux politiques entre royalistes, républicains et bonapartistes, on assiste aux débuts du saint-simonisme ainsi qu'à la prise de conscience de l'insalubrité de la ville. Certaines décisions d'urbanisation provoqueront des émeutes, car beaucoup des habitants des quartiers pauvres trouvent de quoi survivre dans les immondices abandonnés au coin des rues des beaux quartiers. Dommage que l'inconstance du personnage principal, Romain Berthier ne le rende pas sympathique. C'est un séducteur-né partagé entre le désir d'obtenir par le mariage une position solide dans la société et la liberté de butiner les filles-fleurs (parfois très, très jeunes) de Montfaucon.

J'ai beaucoup appris avec cette lecture à laquelle j'accorde un 15/20 et je me suis aperçu que presque deux siècles plus tard, rien n'avait changé. Les remèdes farfelus proposés et les tergiversations des responsables politiques face à une épidémie inconnue sont identiques...
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Devant les explications de la bonne, il fronça le nez et le diagnostic lui apparut terrible dans sa vérité : le choléra Morbus.
Et il n'eût qu'une hâte, s'en aller au plus vite.
D'une voix brève , il prescrivit les remèdes, puis il décida tout de même à les consigner par écrit.
"1) Faire prendre des bains de vapeur et, pour ce, faire rougir des cailloux ou, mieux, des briques.
"2) Placer, sous un fauteuil, un vase de nuit contenant du vinaigre et du camphre. Asseoir la malade complètement déshabillée sur le fauteuil après l'avoir entourée de deux couvertures, la seconde moins serrée que la première.
"3) Jeter les cailloux brûlants dans le vinaigre et laisser la vapeur se dégager pendant 10 à 18 minutes.
"4) Promener des fers à repasser chauds, sur tout le corps de la malade, entre les deux couvertures.
"5) Frictionner avec un liniment pour contrarier le mal :
"Une chopine d’eau-de-vie.
"Une demi-chopine de vinaigre.
"Une demi-once de farine de moutarde.
" Camphre demi-gros."
Il déposa l'ordonnance sur le lit de madame Macquart en recommandant de l'appliquer immédiatement.
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Madame Aubéniche, qui avait traîné partout, connaissait de petites choses avec lesquelles elle espérait bien épater la concierge.
- Tout dépend du Gouvernement, rétorqua-t-elle.
- Bah ! Le Gouvernement, même s'il change, c'est toujours le même ! répondit madame Pataud qui manipulait habilement le lieu commun.
- Ça, je vous demande pardon. Moi, je suis républicaine et j'attends la république de Napoléon.
- Mais il est mort, répliqua madame Pataud. Et c'était pas un vrai républicain.
- C'est-y pas malheureux, laisser un homme, père de famille, mourir comme un forçat sur un rocher en pleine mer ! Dans la république, on voit pas des choses pareilles.
- Oui, mais on voit d'autres choses! affirma la concierge.
- Lesquelles ? demanda sévèrement madame Aubéniche.
- Des choses pas belles. Quand Blandine a manqué d'être dévorée par les lions, c'est la république qui l'a sauvée !
- C'est faux, dit madame Aubéniche, c'est pas la république, c'est les lions qui n'avaient plus faim.
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Dans Paris qui dansait, la cavalcade du carnaval battait son plein. Le boulevard de Gand regorgeait de monde et les jeunes habitués avaient déserté les terrasses du café Riche et du café Anglais pour se précipiter aux différents bals de Paris et des villages voisins.
C'était la mi-carême. Pendant cette courte journée, les ouvriers parisiens, les gandins, les hors-les-murs vivaient une trêve qui leur permettait de se mêler dans un débordement inhabituel de folie collective. Pour peu de temps, la tolérance régnait et l'impunité était garantie. Les gens s'amusaient d'autant plus qu'une sourde menace se précisait. On en parlait à demi-mot, chacun voulait se rassurer sachant combien les paroles sont évocatrices et engendrent la peur.
Certaines gazettes commençaient à faire de brèves allusions : le choléra, qui avait décimé la moitié de l'Europe s'approchait... Il se promenait en Angleterre et allait, d'un air moqueur, traverser la Manche, le bougre !... En attendant, les gens se réjouissaient avec l'espoir d'éviter la rencontre du fléau sur leur chemin.
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Pensif, il reprit le chemin de Montfaucon, tandis que Romain s'éloignait vers Paris...
Vers Paris où le choléra avait pris la ville par le cou et l'étranglait doucement. Marcelle avait raison, la veille, en racontant ce qu'il s'y passait. Un silence lourd, oppressant, avait succédé au bruit et au tumulte quotidiens.
Nul ne songeait plus à s'agiter. Les barrières se vidaient, les cabarets attendaient, l'amour même était interrompu. Paris ne s'amusait plus. Paris n'aimait plus. La ville, étonnée d'être malade, guettait les mouvements suspects de ses entrailles.
Tout était attente et méfiance ; les commerçants et les financiers eux-mêmes semblaient paralysés ; le choléra avait fait taire la voix de l'argent et, fait extraordinaire, la Bourse devint peu à peu silencieuse.
Seuls, les cahots des corbillards sur les pavés se faisaient entendre et leur bruit sinistre donnait le frisson.
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Dans l'antichambre et dans le grand salon régnait une légère odeur de pharmacie, senteur infime et tenace attachée au sillage des dames qui portaient toutes, dissimulé dans leur corsage, un sachet de camphre pour se protéger du "mal". Le "Journal des Débats" préconisait cette précaution à la rubrique "Informations sur le choléra et sur sa prévention". Le résultat fut spectaculaire, les apothicaires dévalisés... et le prix du camphre augmenta.
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