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4,06

sur 1078 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Mon adorable fille , outre ses nombreuses qualités , possède un talent fou pour m'offrir et me faire adorer des livres qui , je l'avoue , n'auraient pas forcément attiré mon attention . Certes , je connais le nom de Pete Fromme , mais je n'avais pas , à ce jour encore lu cet auteur reconnu et apprécié , considérant sans doute qu'il m'obligerait , moi , " le pantouflard", à sortir de " ma zone de confort " . Surtout que , lorsqu'on aime son canapé , la quatriéme de couverture n'est pas forcément de nature à me motiver . Canada . Des grands lacs . Deux canoës . Un père divorcé peu présent auprès de ses ( grands enfants ) , des jumeaux , une fille et un garçon et qui les emmène dans un périple susceptible de les rapprocher ....en canoë ( rame , rame ) . Tous les soirs , bivouac , préparation des repas , feu de camp , verre de rhum ( ça, ça va ) , duvet ....Bref , certains et certaines ( Hein les ados ) auraient bien des raisons de " faire la gueule " . Pas eux . Perspective d'une réconciliation ? ...Après tout , chacun ses goûts, hein ....
Si vous vous dites que l'hiver s'annonce , voire une tempête de neige , que le parc " ferme " pour la saison , vous voyez immédiatement que quelque chose , dés le début ne " colle " pas , et , comme moi , vous vous calez au plus profond du canapé ,souhaitant simplement " qu'on vous oublie " ...Le Canada , c'est super beau mais , l'hiver , ça caille !!! Vous vous le répétez sans cesse , " que diable iriez vous faire dans cette galère ??? " . Oui , mais les copains et copines , ce livre , c'est un cadeau ....choisi par une personne qui vous est trés chère ...Bon , on peut lire les critiques des babeliotes et parler du bouquin sans l'avoir lu ? Oui , mais quand tu vois la note globale , franchement , t'es pas plus avancé . Et puis , ce n'est pas très moral de penser ainsi . Ça ne se fait pas . Et si on essayait de partir ? Si ça va pas , on peut toujours faire demi - tour .....Oui, là , tu te " mets le doigt dans l'oeil " ....
Sitôt partis , nous sommes plongés dans une sorte de monde incroyable ou la nature va devenir la plus belle et sauvage des " maîtresses " . Couleurs , odeurs , bruits , silence , Pete Fromme joue avec un monde qui lui est sans doute familier et dont il sait explorer toutes les facettes d'une façon incroyablement esthétique, faisant évoluer ses personnages dans un décor rarement rassurant , non , plutôt hostile et anxiogène. J'aurais bien aimé laisser TRI et AL et leur père prof de maths continuer sans moi mais revenir seul m'était impossible . Peur d'affronter le danger ou envie d'en savoir plus sur cet homme et ses jumeaux ? Lisez , vous verrez bien , dites - vous simplement que l'hostilité du milieu peut faire " remonter " , chez les hommes , des ...souvenirs .Voyage ( re ) initiatique ? J'en entends de belles , le soir , au bord du feu de camp , malgré la morsure d'un froid impitoyable ....C'est passionnant , exaltant , anxiogène, plein de mystères, de non - dits acerbes et acérés comme la lame d'une hache....La nature comme témoin...comme complice ...
Ah , je vous sens un peu émoustillés . Allez , n'hésitez pas, laissez vous tenter . C'est facile à lire , bien écrit, avec de nombreux dialogues et ... tout le reste qui vous fait tourner les pages jusqu'à...jusqu'à ...bien oui , jusqu'à quoi , au fait ?
Vous voulez savoir ? Prenez ce gilet de sauvetage ( si , si ) , montez dans le canoë ( eh , tombez pas , elle est pas chaude ) et on y va . Personne ne vous attend ? C'est mieux comme ça....Vous ne deviez pas voir votre petit ou petite ami( e) ce soir ? Bien mieux aussi , il ou elle aurait pu croire que ....Bon assez parlé et cap sur le lac de nulle part......Trop tard ...à bientôt...peut être.....Si vous regardez le ciel , au loin , vous voyez cinq étoiles, ce sont celles que j'attribue à...ma fille .
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Tout le talent de Pete Fromm est développé dans ce beau roman aux multiples aspects, familiaux, aventureux, imprégnés de la nature sauvage du Canada, de ses lacs innombrables, de ses forêts gigantesques, de sa faune aimable ou hostile, bref à mon goût une réussite absolue.

L'histoire est contée principalement par l'un des trois principaux héros, Trig, frère jumeau d'Al, tous deux fils de Bill. Et un narrateur qui n'est autre que l'auteur raconte les événements qui impliquent les actes de protagonistes secondaires, tels que la mère, Dory et le ranger Chad.

Plutôt qu'évoquer le contenu de l'histoire, très belle en ce sens qu'elle confère une originalité littéraire à des faits familiaux fréquents, je préfère analyser les trois personnages principaux en analysant la dimension lyrique que leur confère Pete Fromm.

D'abord, Bill, le père, vieillissant, mais encore puissant dans son autorité envers ses jumeaux adultes. C'est le méchant en quête de pardon, pardon impossible de la part de sa fille, Al. Il est enfermé dans ses certitudes, fissurées par des pertes de consciences réelles mais aussi feintes, désarçonnant ainsi les perceptions de ses enfants et de son épouse dont il est séparé depuis des années. Il est perdu à la fois dans le souvenir confus de ses actes, dans sa volonté de revivre avec ses enfants un passé intact pour lui, en les entraînant dans une aventure risquée en canoë à l'approche de l'hiver au coeur d'une succession de lacs, en quête de celui de nulle part, un nom correspondant à sa propre situation.

L'autre héros est Trig, le fils dévoué au père, lié indéfectiblement à sa soeur jumelle, en une communion totale faite de sentiments inaltérables, pleine d'humour, de partage, d'accords et de désaccords passagers. Il a besoin d'elle bien plus que de son père, il l'aime et voudrait la préserver de tout et il va découvrir, atterré, une partie ignorée de son passé.

Al, c'est la grande héroïne du livre. Elle est forte, physiquement et mentalement, elle porte Trig dans ses errements, l'a ménagé par son silence dans le passé de leur adolescence, elle sait le réconforter, le déculpabiliser de son aveuglement, le sauver.

Ce jumeaux se sauvent mutuellement à tour de rôle après s'être mis en danger l'un l'autre lorsqu'ils ont pris des décisions isolées dans cette aventure. Ils sont magnifiques, ce sont de vrais survivants, ils sont animés d'une volonté extraordinaire, d'un amour fraternel réciproque qui les porte au-delà de tout, des dangers de l'hiver, de la glace, du froid, de ce vécu qui pourrait les étouffer alors qu'il va encore accentuer leur relation fusionnelle.

Toute cette épopée se déroule dans une nature grandiose, immense, un cadre idéal pour installer une telle histoire et cette nature ne faillit pas à sa mission, transporter le lecteur dans un univers de doutes, d'incertitudes, de merveilleux où l'hostilité apparente se transforme souvent en admiration du chant des rares oiseaux, les huards pourtant partis à cette saison, du nid des aigles, des brochets pêchés pour survivre.

Les dialogues signés Pete Fromm sont toujours savoureux, les silences évocateurs, la part d'imagination laissée au lecteur savamment dosée, de sorte qu'il pourrait presque réécrire l'histoire autrement, avec une fin différente, mais sans la signature inimitable de Pete Fromm.
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Ils ont accepté la proposition un peu folle de leur père. al et Trig, partent pour une aventure sur les lacs canadiens, comme la famille l'a fait à de nombreuses reprises lorsque les jumeaux étaient enfants et que leur famille ressemblait à quelque chose. Nostalgie ou inconscience, la saison est mal choisie et des problèmes de matériel surgissent avant même le début du parcours.

La traversée s'effectue cependant de lac en lac, de portage en portage, en réitérant les gestes du campeur chevronné. Et pourtant, quelque chose cloche. le père est parfois ailleurs et peine à expliquer le but ultime de cette épopée. Jusqu'au drame…

Le vaste décor désertique est paradoxalement le lieu d'un huis clos, au coeur duquel les trois personnages n'ont d'autre choix que d'affronter leurs souvenirs, au risque de faire émerger de terribles blessures.

De multiples thèmes sont évoqués dans ce roman digne du Nature writing, la famille, les épreuves du temps, la maladie, l'absurdité du milieu du travail pour la génération active de nos jours, et même les drames les plus enfouis dans une mémoire qui se veut sélective.

Un roman d'aventure que ne renierait pas Jack London, avec cependant en filigrane une époque qui malmène ses héros. Mais aussi un thriller, tant le trajet est éprouvant, pour les corps autant que pour les âmes.

Roman à lire par temps de canicule pour se rafraîchir dans l'atmosphère glaciale des lacs gelés.
Donc résolument un livre de l'été.

448 pages Gallmeister 6 juin 2022
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Un petit coup de froid ? Vous grelottez en regrettant amèrement l'été passé et sa canicule ? Vous haïssez la neige ?
Eh bien surtout, ne lisez pas « le Lac de Nulle Part » ! Votre température descendra de quelques degrés, vous aurez les mains froides, la peau sèche, la gorge en feu, mais le coeur qui palpite…
Car oui, si l'histoire se passe au Canada fin de l'automne et que les conditions sont hivernales, vous ne pourrez pas quitter les protagonistes car vous aurez envie de les sauver !

Al et Trig (oui, oui, leur père est mathématicien), frère et soeur jumeaux de vingt-sept ans, ont été conviés par leur père à une « aventure » dans les lacs perdus du Canada, en canoë, comme au bon vieux temps, càd le temps où la famille comptait 4 membres, où Dory, la maman, les accompagnait. Cela fait deux ans qu'ils ne l'ont plus vu, et oui, ils acceptent, même si c'est fin de saison et qu'une expédition là-bas tout au nord est quand même risquée.
Ils auraient dû suivre leur intuition, car rien ne se passe comme prévu…

Me voilà embarquée pour une aventure hors du commun, où un secret de famille se révèle, où les tensions se dévoilent, où le passé déteint sur le présent.
Nature immense, glacée, inhospitalière, humidité, froid ; pudeur, amour fraternel et filial, regrets ; phrases pleines de réalisme, malaise croissant, puis mode survie : Pete Fromm nous régale, une fois de plus.

Même si j'ai eu froid, oui, je vous assure, très froid, à la lecture de ce roman, celui-ci m'a donné envie de partir à la découverte du Canada, mais en été ou au début de l'automne. Je me sens nettement moins courageuse qu'Al et Trig.
Alors, prêts? Suivez-moi vers Nulle Part !
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Les jumeaux al et Trig vont accepter de rejoindre leur père, pour une dernière aventure dans le Grand Nord , à sillonner en canoë les lacs du Canada.

J'ai été totalement subjuguée par cette lente et longue expédition à travers
cette immensité sauvage, belle, inviolée et dangereuse.

Les descriptions sont telles que je me suis totalement immergée aux côtés des protagonistes.

Dès les premières pages, on sent bien que cette balade/retrouvailles qui se veut idyllique va basculer à un moment ou à un autre sur des chemins plus sombres et tortueux.

Dépaysement total d'un périple dans une nature hostile mais belle à couper le souffle.

Je retiendrai, principalement, les mots qui ont collés parfaitement à décrire, la tendresse, la complicité et l'attachement indéfectible qui unit les jumeaux.


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L'illustration de Sam Ward qui orne cet ouvrage n'est pas uniquement splendide. Ce dessin est davantage fidèle aux thèmes de ce livre envoûtant que la présentation de la quatrième de couverture. Deux embarcations dérisoires se fraient une trace dans un décor boréal. Elles brisent la glace du lac à moins qu'elles ne cassent les embâcles d'un secret de famille. Les pagayeurs se dirigent vers une lumière, celle d'une aurore ? d'une renaissance ? « Le Lac de nulle part » n'est pas un énième récit à la London même si la dimension « livre d'aventure », grâce aux descriptions haletantes des stratégies nécessaires pour affronter des conditions extrêmes, constitue une raison suffisante pour découvrir l'ouvrage. Mais, la remontée dans les souvenirs de ces jumeaux singuliers et des autres protagonistes dont le père qui a précisément de sérieux problèmes de mémoire, est, à coup sûr, un autre attrait de ce livre. Les relations des jumeaux Trig et al s'envisagent et évoluent par des épreuves ou des passages, des rites marqués par l'importance de l'eau qu'elle soit vive, glacée ou même liquide amniotique.
Huis clos suggère l'éditeur ? Pas tout à fait : aux membres de cette excursion, le père et les enfants formant un triangle isocèle, s'ajoutent deux « éléments extérieurs » dont la mère qui semble briser cette mathématique aquatique. le Ranger canadien, l'autre regard extérieur, monôme absent de l'équation familiale, vient rappeler que les relations humaines ne répondent pas à des axiomes ou des formules… Ces deux personnages permettent, par conséquent, de sortir régulièrement de ce piège blanc. Par ces échappées hors du déroulé du périple hivernal, l'auteur affirme la primauté des relations humaines. La littérature survivaliste défend parfois l'idée selon laquelle les humains ne peuvent pas lutter contre les contingences naturelles. Dans « Le Lac de nulle part », le combat contre les éléments n'est pas la lutte la plus importante. le canoé est un bateau ivre qui permet d'affronter ses démons et de voguer vers une lumière extérieure et surtout intérieure. A la fin de ce voyage et sans révéler aucun secret, il est possible que al se dise « Les Fleuves m'ont laissé descendre où je voulais ».
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Magnétique, ce page-turner permet à Pete Fromm de renouer avec ses sujets de prédilection : l'aventure et le canoë mais aussi la famille et ses dysfonctionnements. Piégés sur un lac qu'ils rebaptiseront le lac de nulle part, ses trois héros se confrontent à la nature bientôt glacée autant qu'à leur passé dans un roman de nature-writing bien difficile à lâcher (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2022/01/07/le-lac-de-nulle-part-pete-fromm/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Après des années d'éloignement et de non-dits, Trig et al acceptent une aventure avec leur père : un mois de canoë dans les lacs du Canada, alors qu'octobre est sur le point de s'achever. À presque 30 ans, les jumeaux sont toujours très complices et résolument unis contre les lubies de leur père. « Je suis prêt à suivre al où qu'elle aille, même si je sais que Papa mène cette danse. » (p. 60) Mais le voyage est mal préparé et, dès les premiers jours, Bill semble désorienté. La météo reste clémente, mais les premières tempêtes s'approchent. « A-t-il seulement la moindre idée d'où nous allons, hormis plus loin ? » (p. 70) Et puis, alors que cette errance sur les miroirs d'eau a déjà trop duré et que la neige commence à tomber, tout bascule. le retour au point d'embarquement sera une rédemption, une renaissance, si tant est qu'on revienne vivant de l'enfer.

La perte des bagages au début du voyage était évidemment le présage tragique à ne pas ignorer. Avec cette équipée sauvage aux allures de testament, une famille amputée tient sa dernière chance de solder les comptes et d'apaiser les rancoeurs. le lac de nulle part est un roman suffocant, mais impossible à poser. J'ai lu les quelque 400 pages en une journée, incapable de lâcher la trace de Trig et Al, d'autant plus que personne ne sait où sont les jumeaux et leur père. Sur le chemin du retour, alors que chaque lac ressemble au précédent et que rien ne différencie un portage d'un autre, les jumeaux reviennent sur l'abandon de leur père quand ils étaient enfants. « Certaines personnes ne valaient pas la peine qu'on les quitte. » (p. 278) Les corps sont pris dans les mâchoires d'un hiver précoces et les anciennes blessures sont ravivées par le froid et la glace. En laissant derrière eux le lac de nulle part, Trig et al réalisent une longue et douloureuse marche cathartique. « Il n'y a que des secrets entre nous. » (p. 65)

La survie en territoire hostile, Pete Fromm connaît ! Il a partagé sa propre expérience dans Indian Creek, récit de survie haletant. Face à Bill, Trig et Al, impossible de ne pas penser aux familles dysfonctionnelles tant racontées par David Vann dans ses différents romans, mais aussi à Winter de Rick Bass où l'auteur est confronté aux rigueurs d'un hiver qu'il a mal préparé. le lac de nulle part va me hanter longtemps.
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Un père, deux enfants, le grand Nord canadien.
Un projet un peu fou, deux canoës, des lacs à perte de vue.
Et l'hiver qui approche.

Maintenant que le décor est planté, zoomons un peu.
L'homme qui pagaie devant, cachant sa calvitie sous un bonnet informe, c'est Bill. Esprit fantasque, amoureux de nature et de grands espaces, divorcé de longue date et sans contact avec ses enfants depuis deux ans, il a pris tout son monde de court en proposant cette expédition d'un mois, dont il espère qu'elle réparera ce qui peut l'être en renouant des liens familiaux distendus.
Derrière lui, ruminant ses angoisses, voilà Trig, le narrateur principal. Un jeune homme anxieux et toujours prompt à anticiper les pires scenarios catastrophes, mais bien décidé malgré tout à mettre de côté ses déboires professionnels pour profiter à fond de cette aventure et reprendre sa vie en main.
Enfin, dans l'autre embarcation voici Al, la jumelle au caractère bien trempé, la fonceuse invétérée à l'humour cinglant et aux réparties piquantes. Quel sacré personnage !

Seule Dory, la mère des jumeaux, manque à l'appel.
D'ailleurs personne ne lui a rien dit, elle ignore que Bill a entrepris de se lancer (en novembre ?) dans une de ces "aventures" dont tous étaient si friands, du temps où Trig et al étaient enfants, et que l'on pratiquait alors en famille, chaque été.
Dory n'entendra pas le clapotis de l'eau ni le cri des huards à travers la brume, elle n'assistera pas aux aurores boréales "illuminant la voie qui mène aux dieux", ne dégustera pas les poissons cuits le soir sur le feu de camp.
Elle ne verra pas non plus que Bill a changé, qu'il semble un peu ailleurs, que cette fois le voyage est mal préparé. Pas de carte, un itinéraire erratique, des propos pas toujours cohérents, et bientôt le vent, le froid, l'isolement total.
Très vite les jumeaux - et le lecteur avec eux - sentent que quelque chose cloche.
À mesure que les conditions climatiques se dégradent, on devine que dans ce cadre grandiose, dépeint à la perfection par un auteur qui n'en est pas à son coup d'essai (comment oublier le glacial "Indian Creek : Un hiver au coeur des Rocheuses" ?) un drame est en train de se nouer.

La chute progressive du mercure coïncide avec une évidente montée en tension au sein du trio, et Pete Fromm dose savamment le suspense en insérant dans ses jolies pages de nature-writting des dialogues vivants et rythmés, où affleurent malgré tout des sous-entendus et des non-dits équivoques ("Il n'y a que des secrets entre nous").
Alors dans le silence de la nuit propice aux confidences, pelotonnés dans leurs sacs de couchage comme dans la matrice qui les a conçus, Trig et al s'interrogent, se réconfortent, exhument des souvenirs enfouis... A travers eux l'auteur nous livre un témoignage très fort sur la puissance prodigieuse des liens de gémellité.

Inutile d'en dire beaucoup plus : le magnifique roman survivaliste de Pete Fromm mérite d'être découvert pas à pas et c'est à chacun d'y tracer sa piste à la manière des trappeurs d'antan, de "portages" en campements, de lacs gelés en forêts enneigées.

En bref et pour conclure, voilà donc roman d'aventure comme je les aime (captivant, brut et singulier, qui dépasse la simple cascade de péripéties !), un texte d'une grande beauté où la blancheur immaculée des paysages contraste avec l'eau noire et viciée du Lac de Nulle Part.
Sous la glace, combien de secrets engloutis ? 
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Rame, rame, rameurs, ramez
On avance à rien dans c'canoë
Là-haut, on t'mène en bateau
Tu pourras jamais tout quitter, t'en aller
Tais-toi et rame

Rame – Alain Souchon

Si vous allez voir sur Google Earth la carte du parc provincial Quetico dans l'Ontario au Canada, vous observerez une multitude de lacs et de rivières, un labyrinthe dans lequel on pourrait facilement se perdre. Ce parc compte près de 200 lacs sur 460 000 hectares. La nature sauvage par excellence. J'ai eu l'occasion de connaître des paysages de ce type près de Kuopio en Finlande avec le lac Kallavesi et ses milliers d'îles. Mais ne nous égarons pas comme dans les lacs de l'Ontario et revenons-y.

Bill, le père des jumeaux al la fille et Trig le garçon (bill était prof de maths un peu perché d'où les prénoms de ses enfants!!) décide dans ses vieux jours d'organiser son dernier trip en canoë avec ses deux enfants devenus adultes. Allez, on part pour deux semaines en autonomie complète, au coeur d'une nature splendide, on pêchera le brochet dont on fera cuire les filets sur des feux de camp, on dormira sous la tente ou dans un hamac, les provisions sont à l'abri dans les deux canoës, ça va nous faire du bien à tous. Inutile de vous dire qu'on est du genre déconnectés, pas de téléphone, de balise ou de GPS. Ah, au fait, on a oublié les cartes et nous n'avons pris qu'une boîte d'allumettes.

Seulement voilà, on sait bien que les choses ne se passent jamais comme prévu, surtout lorsqu'on part un peu tard dans la saison…
C'est ma cinquième lecture de Pete Fromm que décidément j'aime beaucoup avec ici un mélange savant d'aventure, de nature writing, de psychologie, de fragilité, de résilience et de sobriété.

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