Ouf, je suis rassurée. Non parce qu'après la débâcle que fut pour moi Arcadia de
Fabrice Colin (trois tentatives, trois "mais qu'est ce que c'est que ce schmilblick ?!" et trois abandons), je redoutais ces confessions opiacées.
Mais finalement, ça a marché. Même bien marché.
D'abord, parce qu'enfin, enfin, j'ai ma dose de steampunk. Un beau Paris exposition universelle, ça brille de partout, j'entends les crissements des boulons à chaque page, je ressens les effluves d'éther à chaque instant, je vois passer plein de trucs volants technologiques sans arrêt, et la Science, la Science, se régale. J'ai même la Reine Victoria en cadeau. Elle fait figuration, mais c'est pas grave, elle est là. Ajoutons à cela un beau Paris tout bourgeois et tout lumineux, qui brille, et hop, j'adhère (même si c'est complètement invraisemblable, m'en fiche).
Les auteurs nous offrent de somptueuses descriptions de cette exposition sur plusieurs pages, qui sont autant visuelles que sonores, un régal.
Ensuite, j'ai bien aimé l'arrière-plan scientifique (Charcot, et compagnie). Ici, science et technologies nouvelles se font face, tantôt se tiennent la main, tantôt se défient. Ca apporte du sens au récit qui est basé là-dessus : ces automates, jusqu'où peuvent-ils aller ? Quelles sont leurs limites ? Et cet éther dont on ne connaît finalement pas grand chose, ne faut-il pas s'en méfier ?
Car oui, c'est l'enjeu du livre. Il se passe des trucs louches avec ces automates. Si l'enquête à mon sens ne vaut pas tripette (facile, déjà vue, les héros qui sont meilleurs que la police à côté de ses pompes, les héros sauveurs du monde et qui se fourrent dans des situations complètement dingues mais qui s'en sortent toujours même quand on croit que c'est fini…), j'ai accroché. Je suis bon public, il faut croire. Non, en fait, ça reste captivant. On ne s'ennuie pas, c'est qu'il s'en passe des choses.
Il faut dire que les personnages y sont aussi pour quelque chose : Margo est une femme de théâtre, attachante, qui fait son cinéma à chaque page, c'est rigolo. Son frère psychiatre est un sacré numéro aussi. A deux, ils nous offrent une belle pièce de théâtre, avec des dialogues rigolos, des scènes farfelues… du théâtre, en somme. le récit est d'ailleurs rythmé par l'alternance des points de vue.
Et enfin, j'ai beaucoup aimé cette histoire autour de l'automate. Je l'ai trouvé attachant celui-là, du fait de son humanité enfouie/refoulée. Sa connexion avec Margo offre d'ailleurs des pages magnifiques teintées d'onirisme. J'ai trouvé qu'il y avait là un beau sujet esprit/matière, un bel exemple que j'aurais pu utiliser dans mes copies de philosophie si j'avais lu ce livre plus tôt.
Alors pourquoi je ne mets que 3,5 étoiles, me demanderez-vous ? C'est vrai que c'est vache, parce que j'ai vraiment bien aimé ce livre. Mais bon, cette enquête est absolument invraisemblable et bourrée de facilités qui ne tiennent pas debout… On va dire que ça ajoute au côté foufou assumé du livre (et que j'ai bien aimé d'ailleurs). J'ai passé un joli moment, mais enfin, ce n'est pas le livre du siècle non plus (pour moi, en tout cas, je précise).
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