Que j'ai pu mettre le nez dans ce livre passionnants, au contenu impérissable et drôle ! Adolescente, je crois que c'est le livre de non fiction que j'ai le plus lu. Très accessible, je pense qu'il est accessible niveau collège pour les jeunes curieux. Tiens, je remettrai bien mon nez dedans !
Je conseille aux personnes qui aiment se cultiver et rire dans le même temps.
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[Extrait de l'article "Centon"]
Armez-vous d'une anthologie et amusez-vous à fabriquer, vous aussi, ce genre de patchwork poétique. A titre d'exemple, nous vous proposons ci-dessous un sonnet inédit - ou presque - qui a été composé spécialement à votre intention. Vous y reconnaîtrez peut-être au passage quelques vers qui auront à vos oreilles un air familier. A la fin du sonnet, nous avons indiqué le nom de l'oeuvre d'où chaque vers a été extrait ainsi que le nom de leur véritable auteur. Voici donc LES BEAUX ETES SANS TOI, sonnet dû à la collaboration bien involontaire de neuf poètes.
LES BEAUX ETES SANS TOI
Regarde ! Je viens seul m'asseoir sur cette pierre (1)
Où jadis, pour m'entendre, elle aimait à s'asseoir (2)
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir (3)
L'air est parfois si doux qu'on ferme la paupière (4)
Il est d'étranges soirs où les fleurs ont une âme (5)
Embaumant les jardins et les arbres d'odeur (6)
Tout commence en ce monde et tout finit ailleurs (2)
D'autres vont maintenant passer où nous passâmes (2)
Aux regards d'un mourant, le soleil est si beau ! (7)
Les beaux étés sans toi, c'est la nuit sans flambeau (8)
Que ne m'est-il permis d'errer parmi les ombres ? (9)
Maintenant, ô mon Dieu, que j'ai ce calme sombre (10)
Il n'est rien de commun entre la terre et moi (11)
Hélas ! et te perdant, j'ai perdu plus que toi ! (12)
1. Lamartine, Le Lac
2. Victor Hugo, Tristesse d'Olympio
3. Baudelaire, Harmonie du soir
4. Rimbaud, Roman
5. Albert Samain, Il est d'étranges soirs
6. Ronsard, Comme on voit sur la branche
7. Marceline Desbordes-Valmore, Les Séparés
8. Lamartine, L'Automne
9. La Fontaine, Adonis
10. Lamartine, L'Isolement
11. Hugo, A Villequier
12. Boileau, A Iris
L'épitaphe, à l'origine destinée à célébrer sur une pierre tombale les vertus d'un défunt, devint un genre littéraire très prisé.
Jugeant qu'on n'est jamais aussi bien servi que par soi-même, certains auteurs composèrent leur propre épitaphe.
Le poète Scarron (1610-1660) - premier mari de Madame de Maintenon - qu'une terrible infirmité empêcha toute sa vie de dormir, rima pour lui-même :
Passant, ne fais ici de bruit !
Garde que ton pas ne l'éveille,
Car voici la première nuit
Que le pauvre Scarron sommeille !
En une épitaphe devenue classique, le poète Piron (1689-1773) s'est moqué de lui autant que de l'Académie en faisant ainsi le bilan de sa vie :
Ci-gît Piron
Qui ne fut rien,
Pas même un Académicien !
Et Rivarol (1753-1801), n'a guère été plus indulgent envers lui-même :
Ci-gît
Antoine, Comte de Rivarol,
La paresse
Nous l'avait ravi
Avant la mort.
(Extrait de l'article Épitaphes)
Mot de fin :
Anatole France :
Bien qu'âgé de 80 ans, Anatole France murmura plusieurs fois le plus beau nom pour un enfant : "Maman !", tout simplement. Ce fut aussi le dernier mot de Jules de Goncourt, de Marcel Proust et sans doute de nombre de ceux qui sont morts sans témoins...
Jules renard à sa femme :
Marinette, pour la première fois, je vais te faire une grosse, une très grosse peine.
Alfred de Musset :
Dormir, je vais enfin pouvoir dormir.
Marcel AYMÉ n'aimait pas sortir et n'accordait jamais d'interview. Ses silences étaient célèbres. Il préférait écouter ses contemporains qui lui fournissaient la matière première de ses romans. Au cours d'un dîner mondain où on l'avait traîné, tout le monde parlait, parlait, lui, le visage impassible, demeurait silencieux. Sa jeune voisine se tourne vers lui:
- "Je sais, Monsieur, que vous n'aimez pas parler, mais j'ai parié qu'au cours de ce repas, vous me diriez au moins quatre mots"...
- "Vous avez perdu !" lui répondit Marcel Aymé avec un grand sourire.
Tel est le double destin du livre : être la fenêtre ouverte sur d'autres lieux, un autre temps, d'autres vies, ou bien le miroir qui reflètera les préoccupations, les pensées de son lecteur.
N'est-ce pas nous, bien souvent, qui nous lisons de livre en livre, qui nous projetons sur d'autres destins, sur d'autres existences ?