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Encore un roman. Dernier Amour. Beau et tendre à la fois. Un couple séparé. Certes quelques beaux restes, ils s'aimaient pourtant. Oui mais la mort inéluctable. Surtout ne pas la voir au travers des yeux de l'être aimé. "Il y aura encore des jours. Personne ne sait combien. Au moins un. Celui-ci. Un autre nouvel aujourd'hui. Il commençait. Etait commencé. Déjà bien entamé. Il était onze heures du matin. L'heure la plus lumineuse. La plus douce, la plus agréable quand il fait beau. Il faisait beau." p.90 Encore une critique.

J'avais vraiment aimé Un soir au club. Je crois avoir préféré celui-ci. Qui vient le compléter. En quelque sorte car ce n'est pas une suite. Mais quel plaisir de retrouver par hasard Simon et Debbie. Bien des années plus tard. Ce n'est plus le feu ravageur de la passion. Enfin ils sont mariés. Ont un club. Lui joue du piano. Elle chante. Belle surprise de les retrouver ainsi à la fin du périple de Paul. Quel bonheur d'avoir suivi le conseil avisé de les lire dans cet ordre.

Mais ce récit est bien celui de la vie de Paul Cédrat. le flop de son quatuor à cordes. L'interruption par les huées lors de sa première à Zurich. Il est déjà au-delà. Avec Christian Gailly tout se devine. Se révèle peu à peu. La montée dans l'ascenseur du Grand hôtel international avec une jeune femme aux yeux injectés de sang. Susurre à mon subconscient Ascenseur pour l'échafaud. Puis vient la confirmation : deux ou trois jours. Sauf erreur médicale. Dans un sens comme dans l'autre. L'auteur assume la narration, parfois hors champ. Forte impression de cinéma. Et comme Hitchcock vous le reconnaîtrez peut-être. Très furtivement.

Les thèmes se répètent et d'avoir lu l'un avant l'autre se font échos à distance. Sur des rythmes différents ils font vibrer les mêmes cordes. Sensibles tout autant. Les mêmes thèmes d'autres temps.
Désormais hors propos le swing. Et même le vibrato. Les mêmes images. Un homme marche en tenue de ville sur une plage poussé par le destin. Un peu hagard mais très digne. Une curiosité.

Debbie s'installe toujours en bout de plage. A droite là où commencent à s'amonceler les rochers. Elle nage. "Elle fait partie de ces femmes qui s'en vont loin nager longtemps. Elle est mince, grande, elle ruisselle. Athlétique, non, pas spécialement." p.65
Et les souvenirs s'ajoutent aux souvenirs. de loin en loin les ricochets ont laissés des traces à la surface de l'eau. Autrement paisible. Et je finis par entendre tout là-bas ... La Fanette.
"Faut dire qu'on ne nous apprend pas
Mais parlons d'autre chose." (*)

Tout le monde n'aimera pas. C'est certain. Voilà pourquoi : " le quatuor de Paul comprenait six mouvements. Tous très lents. Que des adagios. Une élégie. Une sérénade. Un intermezzo. Un nocturne. Une marche funèbre. Un épilogue." p.15 A moins de le lire dans la douceur d'un début d'automne. C'est si beau. L'automne. Et celui de la vie. Toujours trop courte la vie. Une belle mélodie à la portée de tout un chacun. Que l'on retient. Que l'on voudrait toujours retenir. Encore une petite minute.

Bye bye blackbird.

(*) Jacques Brel
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Paul est compositeur mais ce soir le public du festival d'été de Zurich a conspué sa dernière oeuvre. Il rentre à l'hôtel se reposer avant de rejoindre Les flots bleus, sa maison au bord de la mer. Il ne lui reste que quelques jours à vivre. C'est un homme élégant, digne face à la maladie qui a décidé s'éloigner de sa femme Lucie, pour s'éteindre seul.

C'est un joli peignoir gris trouvé sur la plage qui va colorer une dernière fois son existence. Et qu'importe si c'est porté par les circonstances, il décide d'aimer une femme rencontrée par hasard, ce sera son « dernier amour ».
Pour cette dernière partition, tout son être goûte et savoure encore chaque seconde, amplifie chaque émotion, tous ses sens sont en éveil. Christian Gailly détaille chaque scène, les couleurs, les odeurs, les sensations sont à fleur de peau. L'auteur est un musicien de jazz, son écriture est rythmée, elle sonne juste, comme dans « Un soir au club » que j'avais déjà beaucoup apprécié.

Ce roman suggère de magnifiques plans cinématographiques. J'imagine très bien Stéphane Brizé filmé André Dussolier tombant amoureux d'Isabelle Huppert, un brin mystérieuse.

Ce livre court se lit avec plaisir, le temps d'une séance au cinéma …
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Quelle joie de retrouver Simon Nardis et Debbie ! Je ne m'y attendais pas. Mais quelle bonne surprise... je ne sais pas pourquoi j'ai eu un flash en lisant ce paragraphe : « entre les deux transats un livre avait été abandonné à même le sol. Mélange de sable et d'herbe rase. Posé comme ça, pas refermé, ouvert et retourné. A en juger par le titre il devait s'agir d'une soirée mémorable dans un night-club. » Là je me dis, ouuuh Monsieur Gailly, je vois qu'on s'amuse bien ! Et j'adore ça ! Et puis voilà que Debbie pointe le bout de son nez, ou plus exactement, elle toque à la porte de Paul pour récupérer son peignoir de bain laissé au bord de la mer...
Et la magie de l'auteur est intacte : « En tout cas ce peignoir est à moi, dit-elle. Et je peux le prouver. J'ai un témoin. Ah bon ? dit Paul. Cause toujours, pensait-il. Tant que tu es là, libre à moi de penser que tu l'es pour moi. D'ailleurs je l'aime déjà. C'est trop tard mais je l'aime déjà. Peu importe pourquoi. Hypersensibilité. Hyper ceci, hyper cela. Coeur hypertrophié. Appelons ça comme on voudra. Ou un sixième sens. Celui de l'urgence. Quoi qu'il en soit. Ça risque de faire mal. C'est sûr. Ça va faire mal. C'est bien simple, j'ai déjà mal. Ne cherche pas à l'éviter. Ce mal-là c'est le plus beau. » Debbie vous faites à nouveau une victime !
J'aime ce style haletant, éprouvant, qui puise au fond des tripes pour dire des vérités essentielles et si simples qu'elles font peur. Cette manière hachée d'écrire est très particulière. Je trouve qu'elle correspond tellement bien à l'état physique et psychique de Paul. Pourquoi je ne parle pas plus du personnage principal, Paul ? C'est difficile parfois quand des sons vibrent trop fort, trop doucement. Alors j'écoute Peggy Lee chanter Bye bye blackbird, et j'entends Debbie fredonner bye bye tout doucement aux oreilles de Paul. J'ai adoré ce court roman, j'ai retrouvé les thèmes qui me plaisaient dans Un soir au club : musique mer mort passion, des histoires contrariées de couples. Et je souffre pour Lucie, « Il est en vie. Merci. »
Une jolie impression de travelling, comme au cinéma dans ce roman. « Pour nous tout à l'heure les hortensias bleus étaient à gauche. Pour elle ils sont à droite. ... de même qu'elle voit à gauche le salon de jardin. le grand parasol écru. Elle voit même le livre abandonné face contre terre entre les deux transats. Elle voit tout ça mais l'émotion. Une crainte confuse. »
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Roman d'une rare sensibilité, Dernier amour de Christian Gailly (romancier dont Un soir au club a obtenu le prix Livre Inter et dont L'incident a été adapté au cinéma) nous livre les derniers jours d'un compositeur connu Paul Cédrat "grand spectre osseux" très élégant (que l'on suppose atteint d'une tumeur au cerveau) qui s'en revient épuisé du Festival d'été de Zurich où sa musique a été huée par un public trop jeune pour la comprendre (ce qu'il va admettre en observant un couple d'ados centrés sur eux-mêmes).
Ayant éloigné son épouse Lucie pour la préserver du spectacle de sa mort, le hasard et le peignoir d'une charmante baigneuse (sur la plage proche de sa propriété des Flots bleus) confondu avec celui de Lucie va l'entraîner (entre vertige et évanouissement) dans une ultime promenade et sublime rencontre musicale sur berceuse et piano-jazz.
Lucie,de son côté, angoissée par son silence téléphonique, tentant de le rejoindre écoutera avec émotion un chauffeur de taxi inconnu et une dernière déclaration d'amour, avant de se laisser aller à la joie de savoir Paul encore vivant.
Des phrases courtes,précises,concises.Un style percutant et très peu de virgules pour montrer l'obligation de Paul Cédrat de se dépécher de vivre encore un peu.Un roman beau et fort, comme une berceuse tendre offerte en cadeau pour apaiser l'angoisse de mort et illuminer un rêve d'amour plausible si...Lucie... "Encore vivace. Très tendre."...
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Dernier amour - Paul Cédrat va mourir. C'est une question de jours. A Zürich, son oeuvre est huée, entre cette de Haynd et de Beethoven. A la veille de s'éteindre, il rencontre une femme mystérieuse, celle qui sera son dernier amour.

Un soir au club - Simon Nardis a arrêté de jouer du jazz en cessant de boire. Il mène une vie rangée d'époux fidèle, et écoute de la musique classique. Mais il suffit de si peu, d'un peu de hasard, pour que la fièvre du jazz le reprenne. Et la fièvre de l'amour aussi, avec Debbie. Une soirée et une journée suffisent pour que tout s'enchaîne, trop vite, comme un swing endiablé.

Comme avec tous les textes de Christian Gailly, il est toujours criminel et dangereux d'en dire trop. Il y a toujours de la musique, des femmes, des clubs de jazz et des destinées sublimées. J'ai lu les deux romans l'un à la suite de l'autre, et j'y ai trouvé une cohérence narrative très intéressante, comme une mélodie qui s'enchaîne...
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Un compositeur Paul, gravement malade, a décidé d'en finir avec la vie avant la déchéance. Il a tout prévu, le lieu, une maison au bord de l'océan, le moment, après le rejet par le public de son dernier concerto et pourtant les sons, les couleurs et une jeune femme lui redonnent force et allant pour quelques instant.
Écriture brève, phrases hachées qui donnent de la puissance aux mots. C'est vraiment une écriture musicale.
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Des phrases courtes, parfois même pas de phrases mais quelques mots, donnent au texte un rythme particulier, syncopé, qui évoque bien la fatigue du personnage, Paul Cédrat, à bout de souffle. Christian Gailly nous invite à suivre la précipitation vers la mort de ce compositeur malade, et incompris. le nom « Cédrat » choisit par l'auteur pour son anti-héros donne un éclairage intéressant sur le personnage de Paul. Le cédrat, fruit du cédratier, est un agrume, à l' écorce épaisse et rugueuse qui sent le cèdre. Il y a une bonne dose d'amertume dans l'humeur de Paul, en effet. Mais du vieil homme émane un parfum subtil qui nous le rend séduisant jusque dans sa fragilité. Aucune tristesse, toutefois, dans le récit qui n'a rien de morbide. Il est plutôt baigné d'une douce mélancolie. La proximité de la plage et de la mer lui apporte même une certaine fraîcheur. Si la mort rôde, la vie n'est pas loin. Une lutte entre elles deux est engagée. Si Paul Cédrat apparaît au début du récit comme un homme cassé, il semble peu à peu se préparer à l'ultime envol. La balade en voiture amorce cet envolée,mais c'est la musique qui lui donne vraiment toute son ampleur, avec le Blackbird interprété au piano.
 »Take these broken wings and learn to fly
All your life « 
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Avec pour thème les derniers jours d'un compositeur, le dernier livre de Christian Gailly célèbre l'amour et la vie sensible. Du grand art, pudique et délicat.
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Il ne me reste rien de l'histoire de ce livre, même en relisant le résumé, je peine à me rappeler l'avoir lu. Ce que je me souviens cependant, c'est le style d'écriture très particulier de Christian Gailly : ses phrases courtes et rythmées entêtantes.
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J'aime bien le style Gailly, vaporeux, touchant les situations du bout des doigts, flirtant avec ses personnages ; ici, cela lui permet d'aborder le thème de la mort et de la maladie. Et bien sûr, personne n'a envie de s'approcher de trop près.
Une fin tout en finesse, pour encore une fois, ne pas toucher trop vite à ce qui pourrait faire mal…,
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