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EAN : 9782343006154
290 pages
Editions L'Harmattan (12/07/2013)
3/5   1 notes
Résumé :
De ce recueil de nouvelles bien grinçantes ressortent l'humour, la dérision, le drame et la curiosité, pour dépeindre la société africaine de ce début de vingt-et-unième siècle. Les villes sont imaginaires, mais pas besoin d'être grand clerc pour reconnaître ces pays sortis à peine de la guerre. La politique est incontournable dans ces sociétés, où jeunes et vieux se battent au quotidien pour leur survie.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
(... http://www.loumeto.com/spip.php?article416 ...)

Quand j'ai entamé ce recueil de nouvelles j'ai eu des réticences. La première nouvelle, « Je n'ai plus de temps à perdre », m'est apparue totalement dénuée d'intérêt et souffrant de quelques faiblesses d'écriture. L'auteur brosse ici le protrait de Karumba qui se voit contraint de fuir la ville, avec ses filles, pour se réfugier au village de sa mère pour cause de guerre. Sa femme étant d'une autre région et risquant d'être prise à partie dans ce village "ennemis" de l'Est n'accompagne pas sa famille. C'est l'occasion pour le mari de se (re)trouver confronté à ses faiblesses et aux pertes de valeurs survenues dans sa vie de citadin. le propos, dans cette nouvelle, est trop manichéen, le thème récurrent du "village-plein-de-valeur-face-à-la-ville-décadente" est ennuyeux et, l'écriture pleine de lourdeurs. A la fin de cette nouvelle j'ai peur…

Puis vint « La fac au pied du baobab » qui a commencé à me redonner le sourire. Quelques lourdeurs, toujours, dans les dialogue entre Kimya, Asante et Aspro Kinini Mabé mais de la truculence dans le parlé et une atmosphère de sous-quartier superbement bien rendue. Je me suis cru dans les rues sablonneuses de Talangaï à côté des grands frères chômeurs joueurs de scrabble. Et le thème, vieux comme l'ère des décolonisations, de l'étudiant sans soutien familiale qui finit kiosquier et la fille de bonne famille qui le veut, avec elle, étudiant en Europe, est plutôt bien traité.

La troisième nouvelle, « L'assiette n'a pas changé », m'a définitivement mis les dents en récréation. Méga drôle, bien racontée et elle m'a ramené en terrain connu. Sur l'une des histoires qui représente le mieux un aspect étrange de la culture – ou moeurs ? – des deux Congo : les parents qui viennent "déposer" la fille enceinte dans la maison familiale du fauteur de trouble. le gamin – dix-huit ans – totalement irresponsable, trousseur de jupons invétéré, va se prendre en pleine poire les principes d'éducation de sa mère. L'écriture se fait plus fluide, plus rythmée. Ou est-ce parce que l'histoire nous envahi et on ne voit plus les imperfections ?

« le ligablo du Vieux Lokosso » est la nouvelle qui, entre sourires amusés et grimaces, nous mets le plus au coeur des contradictions des peuples urbains d'Afrique noir. Entre les jeunes étudiants abandonnés par le système mais battant et n'hésitant pas devant l'effort et ces autres jeunes, quasi irrécupérables, qui se sont faits des vies de sangsues, le futur africain semble dans l'impasse. Cette nouvelle pêche un peu par son manichéisme – le bon jeune méritant face au paresseux – mais n'est pas aussi caricaturale que l'on pourrait penser. Elle éveille des souvenirs de réalités douloureuses.

« le procès de papa » est un délice d'humour grinçant. Enfin, humour… il n'y a rien de vraiment drôle dans cet échange entre un grand-frère étudiant vivant d'expédients en France et sa petite soeur dont il assure la survie car le sujet de discussion houleuse est le père. Ah, les pères…

La nouvelle qui donne son titre au recueil, « Les malades précieux », traite d'une triste réalité de mes deux Congo. Elle traite de ces diplômés dits "intellectuels" formés en occidents sur lesquels le peuple bâtit des espoirs pour le futur et qui, une fois rentré sur leurs terres, embrassent le système et se laissent fondre en lui. Construit sous la forme d'une diatribe d'un vieux professeur résidant en Europe à l'encontre de son ancien disciple, ex-étudiant intègre et plein de potentiel, s'est fait garde chiourme pour potentats africains. Pas inintéressante, cette nouvelle souffre d'un défaut majeur ; ceux à qui elle devrait parler le plus ne lisent pas, de toute manière, ou alors se gaussent de connaitre sur le bout des doigts les grands classiques occidentaux. Les réalités, leurs réalités quotidiennes leur importent peu. Sensation, toute subjective, que ce propos moralisant ne sert à rien et comme il n'est pas servi par un style ébouriffant…

« Les rendez-vous chez tantine K ». Voilà une nouvelle qui vaut plus que le détour ! Là encore, Obambé NGAKOSSO se fait le porte-voix de ces petits qui ont la particularité d'être affidés à des "Grands" de ce monde. Ces "Quelqu'un" qui font la pluie et le beau temps de toute la famille sont brossés sous les traits de Tantine K, femme richissime qui attire médisances, jalousies et tous les lécheurs de bottes de la contrée. Une femme au parcours aussi mystérieux que suspect sur laquelle courent toutes les élucubrations. Aux yeux des perdants, le succès ne saurait qu'être entaché de d'inavouables accord mystiques quand leurs échecs, eux, sont le fait de malfaisantes ondes démoniaques. Au milieu de cette marre aux crocodiles, le "neveu étudiant" contraint de venir, régulièrement, jouer les quémandeurs sur ordre de son grand-frère – ou plutôt de sa femme –, et la petite Khadi qui rêve d'idylle amoureuse. L'histoire est drôle, plutôt bien mené. L'exubérante tante bien croquée et l'on oscille vraiment entre l'envie de la plaindre et celle de lui mettre des claques.

« Ma route de Louango » s'inscrit dans la continuité de la précédente nouvelle si ce n'est que, cette fois, nous avons une autre figure du quémandeur qui, lui, est un méritant qui se heurte au mur de l'indifférence. Peut-être parce que l'on accroche moins à l'histoire, les inconsistances dans l'usage des temps – d'une phrase à l'autre parfois – sautent aux yeux. Mais nous sommes tout de même pris de révolte devant ce système qui fait que les plus méritant n'aient d'autres choix que de faire la manche aux dits puissants simplement pour bénéficier de ce qui devrait être un droit basique : avoir un passeport.

Une nouvelle qui réjouis car elle nous sort du schéma un peu redondant du "bon, les veules et les truands" qui structures la majorité des histoires du recueil. Dans « Nzété le faux-frère » il n'est pas vraiment question de gens totalement honnêtes ou totalement amoraux. Il est question de l'absurdité de la vie qui peut vous mettre dans des situations inattendues et du chemin – admis par la société – que prend une femme dans la fleur de l'âge pour se reconstruire une vie. Je n'en dirai pas plus, elle est si savoureuse que jouer les spoilers serait un crime. Pourtant j'ai envie d'en dire tellement…

Avec la première nouvelle, la dixième, « Une tête au menu », nous invite à passer notre chemin.

« le petit pompier » conclu ce recueil de nouvelle et c'est un très bon choix. Cette histoire de femmes contraintes de jouer les couguars car elles sont Xème maitresses de vieux richards libidineux et impotents résume à elle seul l'esprit de tout l'ouvrage : caustique, drôle, second degré et ancré dans la réalité du peuple. Des histoires comme il en pousse dans tous les coins des villes de cette Afrique noire dirigée par des incompétents totalement coupés des réalités des "vrais gens". Ces "vrais gens" qui, contraints ou volontaires, entrent dans ce système qui fait que, avec un taux officiel de chômage flirtant la stratosphère, les gens survivent. L'argent circule de mains en mains, en dehors de tout mérite lié au travail bien rémunéré, mais il circule et imposent des vies faites de compromissions.
Lien : http://www.loumeto.com/spip...
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pour les amoureux des contes et récits.. pour ceux qui vivent à Kama, hors de Kama, sans oublier ceux qui veulent s'y rendre je vous encourage à vous délecter de ce recueil de nouvelles....

Attention humour caustique..et dès qu'on commence avec la première phrase, on ne s'arrête pas...
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
"Sachant très bien que son vieil amant ne l’avait pas visitée depuis des mois, sachant très bien que je passerai à la casserole ce soir-là (il n’y avait aucun moyen d’y échapper, il émanait d’elle une chaleur équivalent à celle d’un harem qui n’avait pas vu son maître depuis des années), dans la journée, je fis tout pour échapper aux envies trop pressantes de mes belles à moi. Il me fallait me préserver, car un seul coup de fusil ne serait pas suffisant pour étancher sa soif."
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...Deux mois durant lesquels les gamines n'avaient cessé de réclamer leur maman (p. 10)...Deux mois durant lesquels les gamines n'avaient cessé de réclamer de la viande (p. 11)...[....]...

Je te demande de me compter cet argent. Fais vite avant que des gens n'entrent ici. Tu ne sais pas que l'argent n'aime ni le bruit ni les yeux. Or nous deux, cela fait déjà quatre yeux. C'est déjà beaucoup. (p. 13-14)
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"Je voulais dire à cette jeune fille que les films préférées de notre Grand étaient plutôt des films où les gens n’étaient pas très habillés et où les dialogues se réduisaient surtout à des gémissements féminins et des cris rauques des mâles. Mais bon, je préférai servir d’autres clients plutôt que de me mêler à cette discussion en bois ou un expert en tout et en rien du tout débitait des âneries. Que ce soit devant de grandes personnes comme de jeunes gens, le Vieux Lokosso n’arrêtait jamais sa machine à parler."
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