Pour le décor, Broussaille connaît bien Lucas, celui qui fabrique les montgolfières. Quand elle dit “bien”, c’est qu’elle a couché avec.
Je veux tout avoir. Je veux être ici et ailleurs, partir et rester, je veux que les choses changent et que pourtant rien ne change, je veux grandir aussi, continuer à vivre ici, avec vous,et je veux aussi m'en aller, et je pleure de m'en aller, je veux tout garder, ne rien perdre, ne rien quitter, ne rien jeter et tout jeter pourtant, vivre ma vie, et continuer celle de ma mère et celle de ma grand-mère, et tourner le dos et m'en aller.
On n’est pas assez attentif, on laisse les choses se faire et les choses se font, et la vie passe.
Ma mère est comme ça, une forte, une endurante, elle peut filer longtemps, droit devant, fière, robuste. Mais quand elle s’effondre, elle descend bas.
Ce sont les vivants qui font exister les choses. Parce qu'ils les regardent. Parce qu'ils ont établi un lien avec elles. S'il n'y a personne pour regarder cette salière, elle n'existera plus.
Il y a des jours qui ressemblent à ceux d’avant. Des jours faciles, avec rien de nouveau. Et il y a des jours comme celui-là.
Il y a toujours un envers aux choses. Toujours un moment où ce qui doit arriver arrive.
Le drame, c’est que nous parlons beaucoup mais que nous ne disons rien.
Moi, ce n’est pas de vivre ailleurs qui me fait peur, c’est de m’en aller d’ici.
Tout ce qu'on reproche à la vie, tout ce qui a fait souffrance cette année,le froid, la mort, les ennuis, les maladies, les mauvais comportements, les abandons, les trahisons, tout. Tout est de sa faute. La mort de Tonia Astré. L'abandon du chien. Le cocufiage de Daval, sa mort dans le puits. Et le départ d'Antoine.
Avec le printemps qui arrive, la vie doit gagner sur le froid, sur la tristesse, sur le chagrin, sur la mort.
C'est ce que promet le feu.
C'est pour cela qu'on doit sacrifier.