Citations sur Avant l'été (47)
Un jour, on rencontre quelqu'un, il vous prend la main, il vous emmène un peu plus loin. Après, il y en a un autre. Et un autre encore.
Et parfois, c'est nous qui emmenons.
page 414.
L'infidélité donne une chance au bonheur. Si j'avais vécu dans un pays où on punit les adultères, j'aurais eu la tête tranchée.
page 342.
La gentillesse, c'est comme arroser dans le désert, pschitt, ça ne sert à rien, l'eau fout le camp.
page 311.
La jouissance, c'est le prix du talent, tu vois ce que je veux dire ?
page 47.
- Madame Barnes dit qu'il ne faut jamais laisser personne éteindre votre lumière.
Sa main appuie sur le loquet.
Elle sort dans le couloir.
Je la suis.
- Elle dit qu'il ne faut jamais laisser personne vous prendre ce que vous êtes, même le rogner de rien, même de quelques millimètres.
Je la rattrape.
- Elle dit que si quelqu'un fait cela, si quelqu'un tente de lisser ce que vous êtes, il faut le quitter, et vite, et tant pis pour la solitude, tant pis pour les larmes, parce qu'après c'est trop tard...
Elle descend l'escalier.
- Elle dit même si c'est l'autre, celui que vous aimez !
Je lui crie ça.
Qu'il ne faut pas faiblir. Que si on faiblit une fois... !
Je fixe le robinet, une goutte se forme, elle reste accrochée, se gonfle et finit par tomber, ploc, entraînée par son poids, elle creuse un trou dans la surface bombée.
Déjà, il s'en forme une nouvelle.
J'attends celle qui fera déborder la bassine. Elle ne sera plus responsable ni victorieuse que les autres. Et elle se perdra autant. Les autres l'auront amené à cela. Même la première, celle qui est tombée dans la bassine vide. Et je me dis qu'il n'y en a pas une qui est plus importante que l'autre. Que la dernière, celle qui fera basculer le tout, n'aura pas plus de valeur qu'une autre.
Elle est liée aux autres.
Je pense à ces choses.
- Heureusement gronde ma mère en déboulant dans la cuisine, on va bientôt passer à l'heure d'été.
Sur sa lancée, elle me demande d'enlever les pieds du four afin qu'elle puisse y glisser le plat.
Jette au passage une poignée de carottes dans la bassine qui déborde aussitôt.
Elle dit qu’il ne faut jamais laisser personne vous prendre ce que vous êtes, même le rogner de rien, même de quelques millimètres.
Je crois que les objets s’éteignent, qu’ils meurent comme des vivants, cette mort survient quand ceux qui les ont choisis, aimés, ceux qui s’en sont servis, quand ceux-là ne sont plus là, ils redeviennent alors…de la simple matière.
P. 282
Et j’avais entendu Fred l’expliquer aux autres. Dès qu’on pose le pied sur une scène, il se passe quelque chose.
Il parlait de la part la plus forte en soi, cette part audacieuse monte sur la scène et l’autre reste en bas. Et qu’il faut laisser vivre celle qui ose, sinon elle se replie, elle s’atrophie, et le jour où on a besoin d’elle, parce que cette part nous manque, elle n’a plus d’énergie, plus de force, plus rien. Alors on comprend ce qu’on a perdu et on n’en finit pas de pleurer.
P.114
« On apprend, on désapprend pas. Avec du travail et de la curiosité, vous pouvez changer de monde et venir dans le mien. Moi je ne peux pas aller dans le vôtre. Pour aller dans le vôtre il me faudrait désapprendre, oublier tout ce que je sais, les livres lus, les voix entendues. »