Jè, de son prénom, Joseph – mais on ne l'a jamais appelé que Jè – un révolutionnaire ? Non, un utopiste plutôt ; un homme plus habile avec les mots qu'avec les armes…
Il était né, tel que nous le présente
Max Gallo, en 1893 et décédé en 1986, un siècle de vie, quasiment… Et quel siècle ! le vingtième… Celui qui vit la Grande Guerre, celle de 39-45, aussi ; celle d'Algérie, également… pour ne parler que de celles qui nous touchent de près. Car il y eut la Guerre d'Espagne, aussi… Et la révolution bolchévique en 17, et le Front Populaire… Bon ! J'en passe… évidemment…
Au milieu de tout cela, Jè, pur produit de l'école républicaine de l'époque, brillant lauréat du Certificat d'Etudes en 1904, que sa modeste extraction empêchera de faire des études, mais laissera profondément imprégné de « Liberté, Egalité, Fraternité » tel que son vieux maître les lui aura inculquées, un certain Molandi…
Il traversera le siècle avec ses grandes idées qui finiront par lasser jusqu'à ses proches ; dans la mémoire des disparus de la Grande Guerre. La Grande Guerre qu'il la passera à bord du « Cavalier », un torpilleur d'escadre qui croisait en Méditerranée.
A cette époque, l'occasion lui sera donnée de déserter et de rejoindre l'Italie… il ne la saisira pas… Pas plus qu'il ne s'engagera dans la résistance, à la suivante ; ses principaux actes de bravoure se limitant à des inscriptions à flan de montage du genre « le fascisme ne passera pas »…
Il aurait pu s'engager en politique, également, mais y renonça bien vite…
Il aurait pu être patron au moment où sa formation d'électricien lui offrait un travail énorme lors de l'électrification des environs de Nice ; non plus…
En fait, Jè restera toute sa vie un doux rêveur et c'est en cela qu'il est attachant…
Dans ce « Jè, histoire modeste et héroïque d'un homme qui croyait aux lendemains qui chantent »
Max Gallo retranscrit les souvenirs de Jé étroitement mêlés à sa narration du siècle, rendant la lecture très dynamique, avec en première partie une retranscription de la guerre de 14 dans la Marine qui, me semble-t-il, n'est que très rarement évoquée.
De la belle ouvrage !