Livre reçu dans le cadre de l'opération Masse Critique.
Ils sont huit. Garçons et filles, identifiés par une partie de leurs corps : les yeux, la bouche, les cheveux, les pieds ou encore les mains. Sous l'oeil de l'auteure,
Manon Galvier, ces petits bouts d'anatomie prennent des proportions parfois gigantesques, toujours colorées et poétiques. La chevelure se transforme en jungle exotique, les doigts en majestueux oiseaux, les pieds en volcans qui grondent. Tous ces personnages se rejoignent, jouent et se cachent, disparaissent enfin tout à fait, engloutis par leur propre projection.
Lu à une enfant de 3 ans, qui a aimé chercher les personnages cachés en dernière page,
Les corps-paysages apparaît comme une initiation à la poésie et comme un outil de stimulation de l'imagination. Qui n'a jamais vu, dans un nuage, une forme familière ?
Manon Galvier fait de même avec les corps. Et voilà que le quotidien - on le voit là avec l'anatomie, mais on pourrait imaginer une activité avec un(e) enfant, en tâchant d'imaginer ce que l'on pourrait voir derrière tel ou tel objet de la maison - prend une dimension poétique. Ici, les personnages se confondent avec la nature : faune, flore, monde minéral, comme pour souligner le lien évident entre l'homme et son environnement.
Quelques lignes, à peine, à chaque page, en disent assez, et laissent le regard errer à son aise sur les illustrations, magnifiques de couleur et pourtant très simples dans le trait et la composition. Un dessin accessible, en somme, caractérisé par un bel équilibre graphique et des couleurs vives. Les éditions du Cosmographe ont bien fait les choses, de leur côté, en terme de couverture et de grain du papier.
Les corps-paysages est donc, à plusieurs titres, un beau livre : par son graphisme, par le message délivré, par l'invitation à la poésie qu'il délivre.