AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,09

sur 417 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Paris, septembre 1913. Gabrielle Demachy accompagne Agota, la tante qui l'a élevée à la mort de ses parents, au Ministère de la Guerre. Angoissée par cette convocation, Agota imagine le pire : une expulsion vers la Hongrie son pays d'origine. Mais sur place, on leur annonce sans ambages la mort d'Endre, le fils d'Agota, ingénieur chimiste parti en mission en Birmanie il y a 6 ans de cela sans plus jamais donné de nouvelles à sa famille. le jeune homme est mort en 1908 mais l'information a mis longtemps à atteindre la France. D'Endre ne reste plus qu'une vieille malle contenant des nippes difficilement identifiables. Si Agota se résigne, Gabrielle accepte mal la mort de son cousin qui était aussi l'homme qu'elle aimait de tout son coeur de jeune fille. Elle voudrait connaître les circonstances de ce décès inattendu et pour cela, aiguillée par un obscur gratte-papier du ministère, elle se présente pour un poste d'institutrice chez le Docteur Pierre Galay, l'homme qui aurait expédié la malle depuis la Birmanie. C'est Madame Mathilde, matriarche de la famille Bertin-Galay, à la tête d'une prospère biscuiterie, qui la reçoit et l'engage. Elle devra s'occuper de l'éducation de la petite Millie, fille de Pierre et orpheline de mère. L'enfant est de santé fragile et sa grand-mère a décidé qu'elle irait mieux, loin de Paris, dans leur maison de campagne du Mesnil. C'est donc par ce biais que Gabrielle entre dans la famille Galay, premier pas dans sa quête de vérité sur la mort de son premier amour. Elle ne sait pas qu'elle vient de mettre le doigt dans un engrenage qui mettra sa vie en danger.


Coup de coeur absolu pour cette somptueuse fresque qui mélange les genres avec bonheur et bénéficie de la sublime écriture de son auteure.
Dans la main du diable est d'abord un roman initiatique porté par le charisme de son héroïne, Gabrielle, jeune femme du début du siècle qui s'émancipe et suit la voie de ces femmes libres qui ne veulent plus subir le joug d'un mari omnipotent. le chemin est long, les lois sont iniques mais des perspectives s'ouvrent pour celles qui ne veulent plus se faire dicter leur conduite par les hommes.
C'est aussi un roman d'amour, le premier, celui d'une jeune fille pour un homme insaisissable, le cousin idéalisé, paré de toutes les qualités. Comme tous les premiers amours, elle le croit le dernier et même la mort ne peut effacer les sentiments forts et absolus qu'elle porte en elle. Mais est-ce le vrai amour ? Gabrielle apprendra qu'il existe une autre forme d'amour, une vraie communion de deux êtres, sensuelle, physique, passionnée, bien loin de l'attachement sentimental et romantique d'une presque enfant pour une chimère.
Mais Anne-Marie GARAT ne s'est pas arrêtée là. Elle réussit aussi une saga familiale en racontant les destins d'une famille de biscuitiers parisiens, enrichis durant la guerre de 1870 et qui continue à prospérer en ce début du XXè siècle. L'union des Bertin, fondateurs de l'entreprise, petits bourgeois commerçants et des de Galay, aristocrates rentiers, fait des merveilles, surtout grâce à Madame Mathilde, digne héritière de son père, qui mène ses affaires et son monde d'une main de fer. Débarrassée d'un mari qui préfère jouer les globe-trotteur, elle dirige seule l'usine parisienne et régente la vie de ses quatre enfants à la manière d'un despote. Son seul souci est sa succession qui s'avère difficile. Pierre est chercheur à l'Institut Pasteur, Daniel s'est entiché de cinéma et Blanche et Sophie ne sont que deux oies blanches sous la coupe de leurs époux.
Le destin des Bertin-Galay, de Paris au Mesnil, entre respect des convenances, petites mesquineries en famille et nombreuse domesticité, est un condensé de la France du patronat à la veille de la première guerre mondiale.
Tout cela mène naturellement l'auteure vers la fresque sociétale et historique. C'est toute la France du début du siècle qui revit sous sa plume : émancipation des femmes, premières grèves ouvrières, mécanisation du travail, montée de l'anarchisme et du syndicalisme, début du cinématographe, crise nationaliste, impuissance des pacifistes, fragilité de la Troisième République, etc.
Et pour finir, Dans la main du diable est aussi un fabuleux roman d'aventures qui se promène du côté des colonies, un roman policier à suspens avec une enquête criminelle menée par un commissaire Louvain, fin connaisseur de la nature humaine et peu enclin à obéir à une hiérarchie jugée trop frileuse, un roman d'espionnage qui met en scène les services secrets, les cabinets occultes, des hommes prêts à tout pour rétablir la grandeur de la France et intriguent pour mettre la main sur l'arme chimique.
On l'aura compris, Dans la main du diable est un livre extra-ordinaire, un roman-fleuve terriblement addictif qui ne se lâche plus une fois commencé et emporte dans un tourbillon d'aventures et de sentiments. C'est le souffle de Zola et d'Hugo qui a inspiré Anne-Marie GARAT, une auteure à la plume enchanteresse qui sait passer d'un univers à l'autre, d'un niveau de langage à l'autre, d'un personnage à l'autre avec une maîtrise digne des plus grands. A lire évidemment !
Commenter  J’apprécie          615
Déniché dans un marché aux livres à Toulouse, ce roman vaut son pesant d'or.
Ces 1300 pages ne nous effraient pas tant l'histoire contée nous emporte, nous ensorcelle jusqu'à ces dernières pages.
Anne-Marie Garat est une conteuse hors pair, possédant des talents d'écriture réels. Qu'il s'agisse du moindre paysage naturel ou celui d'une âme et certaines sont en perdition, elle sait habilement et poétiquement décrire tout ça.
Elle nous entraîne tout au long de cette funeste année 1913, où les bruits des bottes et la folie meurtrière de la guerre sont déjà dans les coulisses.
Son héroïne : Gabrielle, une orpheline, d'origine hongroise part à la recherche et la découverte de la mort de son cousin Endre, mort en Birmanie, quelques années plus tôt, dans des raisons obscures.
Ces mêmes raisons qui vont faire tout le sel de cette histoire, un peu rocambolesque. Une espèce de fourre-tout habile qui nous découvre les services secrets d'une autre époque.
Tous les personnages de ce roman ont une identité propre et des mystères que nous suivront pas à pas, un peu comme un bon policier.
Bref, un bon et long moment de lecture qui m'a tenu compagnie en ce mois de février, le plus court mais aussi le plus long.
Ouf, nous arrivons à grand pas vers le printemps.
Commenter  J’apprécie          496
J'ai a-do-ré !
Un véritable cadeau que ce roman fleuve qui combine à merveille la saga romanesque, l'enquête policière et la peinture de société, le tout ciselé par une plume admirable : à la veille de la guerre de 14-18 à Paris, Gabrielle nous entraine et nous transporte au sein d'une foisonnante galerie de personnages dans une époque troublée en pleine mutation. Follement romanesque, un délice de lecture sans une once de mièvrerie !
Mais mieux vaut ne pas avoir quelque chose d'urgent à faire : impossible de lâcher la main du diable...
Commenter  J’apprécie          260
Découvert au hasard du forum, je commence à lire l'oeuvre d'Anne-Marie Garat par Dans la main du diable. J'en ressors toute éblouie d'avoir pu revivre mes émois (tempérés par l'âge et l'expérience hélas) de lectrice, jeune adolescente à la découverte des plus belles plumes, celles qui n'hésitaient pas à allonger le moment en décrivant, à pleines pages, l'émotion, l'espace et le temps sans pour autant nuire à l'histoire. Car oui, histoire il y a et elle est bien ficelée, on y retrouve tous les genres : policier, historique, romanesque et même sentimental. Les intrigues foisonnent, l'époque est superbement et minutieusement documentée et la psychologie des personnages est finement dépeinte avec beaucoup de justesse.
Dans la main du Diable est le premier tome d'une trilogie, fresque épique et familiale, qui se déroule de l'aube de la première guerre mondiale jusqu'aux années 1960. Je ne bouderai pas mon plaisir et je vais continuer de lire cet auteur car, force est de constater de par l'émotion ressentie à la lecture de ce roman, que la richesse du vocabulaire, l'écriture finement ciselée, la qualité de la structure de la phrase et de son rythme, la justesse du propos jusque dans les détails révélés par les mots justes, que tout cela réunit au service d'une histoire me procure plus de plaisir que l'intrigue elle-même.
Je referme le livre avec nostalgie, un soupçon de tristesse me sentant un peu abandonnée.
Anne-Marie Garat est une fameuse conteuse!
Commenter  J’apprécie          205
Ce volumineux roman propose au lecteur une plongée dans des temps déjà un peu reculés de notre histoire, et pourtant terriblement modernes : nous sommes en 1913, à Paris, dans une famille d'émigrés hongrois, de la bonne société, déclassée par cette émigration. La tante Agota, la nièce, Gabrielle, la servante, Renée, vivent chichement, habitées de leurs souvenirs de grandeur.
Gabrielle est désespérée par la disparition de son cousin Endre, disparu, mort sans aucun doute si on en croit les reliques que lui donneront les fonctionnaires du Ministère de la Guerre.
Elle se lance dans une folle quête afin de savoir comment, en Birmanie, ce cousin mythique a connu la mort. Et avec elle, nous embarquons dans un voyage aux multiples directions, entre Paris, le Mesnil (proche banlieue aujourd'hui), Venise, la Birmanie, Budapest. Les rencontres se multiplient, énigmatiques, passionnées, dangereuses. La part est faite belle aux portraits de nombreux personnages, qu'on délaisse un moment et qu'on retrouve, sans trop s'y perdre. Portraits charmants d'êtres délicats, pastels tendres ou explosions de passion, portraits de personnages acariâtres et meurtris tout à la fois.
Manifestement l'auteure est une amoureuse de l'image, peintre, photographe, botaniste, elle prend soin de restituer avec un luxe de détails ce qui se voit, ce qui bouge, s'entend, s'exprime. Une artiste parmi ses artistes de fiction.
Pour autant, la présence de l'actualité, cet instant saisi du temps historique, est permanente. Faits divers, mouvement profond des nations, frénésie politique de la course à la guerre, tout est là. Et quand AM Garat introduit la menace de l'arme bactériologique, on se pose la question : et si c'était vrai ? Si, déjà en 1914, des savants manipulés par des politiciens fous, avaient eu l'idée d'une épidémie meurtrière créée de toutes pièces ? Une hypothèse qui fait froid dans le dos à la lumière de ce dont les chefs d'État fous pourraient disposer aujourd'hui.

Un arrière-plan historique nourri de faits et étayé de documents, des péripéties en tous genres, des personnages dont on se souvient, c'est peut-être ce qui fait de ce premier opus d'une trilogie copieuse (plus de 1000 pages par volume!) un moment prenant de lecture.
Une petite coquetterie de l'auteure : glisser de nombreuses citations ou références à des textes célèbres. Un jeu de piste littéraire en plus d'une lecture ! S'il fallait mettre un (tout) petit bémol, ce serait cette propension aux phrases archi-construites, aux articulations complexes, un peu longuettes ou au style un peu désuet parfois. Mais tellement bien écrites qu'on s'y habitue !
Commenter  J’apprécie          187
Quel roman! J'avoue qu'il me faisait très peur par sa taille (et le fait que ce soit un premier tome suivi de deux tomes de la même taille). Et je trouvais la 1ère de couverture pas très attirante.

J'ai commencé donc, sceptique. Tiens, la plume est belle. Mais cette toute jeune femme, Gabrielle, orpheline élevée par sa tante, et tout amoureuse de son cousin, ne m'a pas plue du tout. A remuer ciel et terre pour retrouver ce jeune homme disparu: son grand amour. Cet amour qui me faisait ni chaud ni froid.

Mais le style est magnifique et de fil en aiguille je suis rentrée dans l'histoire.

Et alors plus moyen de lâcher mon livre!

Un très beau roman d'amour, d'espionnage, de complot, de famille aussi. Nous rentrons dans la famille de Gabrielle, dans la vie de ses amis, mais aussi dans la famille Galay et son lot de personnages. C'est tout le monde de la bourgeoisie du début du XXème siècle que nous découvrons. C'est extrêmement bien écrit. L'auteur prend son temps, nous enveloppe de petites histoires, de détails et tous les personnages prennent vie. Des personnages de tous types de milieu, de tous types de personnalités, mais qui, bien que secondaires, nous rendent le roman si proche de nous.

J'ai vraiment beaucoup aimé et je recommanderai ce très beau roman!
Commenter  J’apprécie          170
Plusieurs mois que ce roman dormait sur une étagère de ma bibliothèque et que je repoussais sa lecture, un peu effrayée par le nombre de pages (1287…). Et puis, je me suis lancée et c'est une lecture coup de coeur !
Quelques mois avant le déclenchement de la 1ère guerre mondiale, Gabrielle Demachy espère toujours le retour de son cousin Endre, qu'elle aime passionnément. Mais lorsque sa tante Agota est convoquée au Ministère des armées, c'est pour apprendre son décès en Birmanie, contrée lointaine où il était parti exercer son métier d'ingénieur. Comme seul souvenir, elles héritent d'une vieille malle, remplie de frusques usées qui ne répond en rien aux questions qu'elles se posent.
La jeune Gabrielle va alors mener l'enquête pour obtenir des réponses : comment et pourquoi Endre est-il mort ? Soutenue par un membre du Ministère, le trouble Michel Terrier, dont on ne comprend pas bien ni le rôle, ni les motivations, Gabrielle va se rapprocher de la famille Bertin-Galay dont l'un des fils, Pierre, semble avoir côtoyé son cousin, là-bas en Birmanie. C'est le début d'une aventure haletante, pleine de dangers, qui va confronter Gabrielle à des choix complexes, l'obligeant à arbitrer en permanence ses loyautés.
C'est comme institutrice que Gabrielle va être recrutée pour s'occuper de la petite Millie, 4 ans, orpheline de mère, fillette négligée, carencée dont la présence encombre toute la famille. Reçue et embauchée par Mathilde Bertin-Galay, la reine mère, chef d'entreprise autoritaire qui mène la famille à la baguette, elle part au Mesnil, à la campagne afin de s'occuper de Millie, la fille de Pierre.
C'est une nouvelle vie pour Gabrielle qui va rapidement s'acclimater à son environnement, découvrant toute une domesticité laborieuse, accueillante, affectueuse et un endroit propice pour que Millie, enfin, s'épanouisse. Car Gabrielle, malgré sa quête d'indices et son souhait de découvrir la vérité sur la mort de son amoureux, est touchée par la situation de la fillette, trimballée les 4 premières années de sa vie entre des nourrices plus ou moins amènes. Petit oiseau tombé du nid, celle-ci n'ose s'attacher à Gabrielle, de peur de vivre à nouveau le rejet. La jeune femme, avec patience et pédagogie, l'ouvre peu à peu à la vie et aux apprentissages.
Sans être vraiment une fresque historique, l'auteur ancre son roman dans une époque, évoquant les progrès (le téléphone, le chauffage central) mais aussi le développement du cinématographe, l'industrialisation et la tentation du taylorisme, la montée du syndicalisme et les grèves ouvrières, Pasteur et la découverte du vaccin, la colonisation de l'Asie, le climat anxiogène qui précède la début de la guerre… le style est dense, très descriptif mais jamais ennuyeux, souvent poétique et son clacissisme sied bien aux aventures de Gabrielle et aux temps évoqués.
Anne-Marie-Garat campe des personnages féminins aux caractères bien trempés. Gabrielle d'abord, héroïne moderne, qui n'a pas froid aux yeux, finalement peu marquée par ses origines bourgeoises, qui revendique sa liberté de mouvement et de décision. Elle regarde la société de ses semblables avec acuité - le Capital de Marx est dans sa bibliothèque - révulsée du sort infligé aux plus pauvres, aux travailleurs laborieux, à la soumission des corps imposée par les puissants. Elle trouve auprès du personnel Du Mesnil - Mme Victor, Pauline sa petite-fille, Sassette et sa mère, Meyer, … - une famille qu'elle investit et soutient.
Dora ensuite, l'amie pianiste, artiste qui évolue dans des milieux où les moeurs sont un peu moins contraintes, qui lui fait vivre quelques émois, entre tendresse et sensualité. Puis Sophie, la soeur de Pierre, mal mariée, mère plusieurs fois contre son gré, qui entretient avec le curé de la paroisse une relation qui n'a rien de catholique et qui fera des choix très courageux pour l'époque. Que dire de Mathilde, sans coeur, ni épouse, ni mère qui ne jouit que du développement de sa biscuiterie – toujours déçue du fait qu'aucun de ses enfants n'ait son envergure dans les affaires…
Je me suis régalée, embarquée par des personnages attachants, des péripéties inattendues, des odeurs de campagne, de pluie, de confiture, de l'émotion, des dialogues rares mais très maitrisés. Merci à Margaux, libraire Kube, pour cette jolie proposition de lecture !

Commenter  J’apprécie          160
J'ai refermé avec une immense tristesse ce roman époustouflant. Comment se résoudre à dire adieu à de tels personnages, à mettre fin à une telle aventure ? Miracle, j'apprends qu'il y a une suite, je vais me jeter dessus avec la même avidité que celle qui m'a fait dévorer les 1286 pages de l'édition de poche..
Il y a d'abord cette intrigue complexe, comme un puzzle en forme de toile d'araignée qui emprisonne le lecteur, lequel reconstitue lentement une incroyable machination. Y sont en cause la raison d'Etat, les avancées incontrôlées de la science, des expérimentations sinistres, les rivalités entre les services les plus obscurs, sur le fond des tensions internationales qui vont conduire à la guerre et des tensions internes d'un Gouvernement qui perd sa crédibilité. le talent de l'auteur consiste à tenir son lecteur en haleine jusqu'à la fin en ne lui laissant découvrir par lui-même que ce qu'elle veut bien lui livrer. Car chaque page tournée est un nouveau rebondissement inattendu du drame...
Il y a le Paris de la Belle époque, cette époque foisonnante, dont la densité et la richesse se vérifient dans tous les domaines, l'art, l'expansion de l'industrie, le développement du cinéma, les progrès de la médecine, dans un contexte de luttes de classes et de montées de courants politiques qui vont lentement s'imposer, au détriment d'un monde qui s'écroule. L'auteur ne néglige aucun détail de ce Paris-là, de ce monde-là, et décrit avec le même souci de réalisme et une précision historique remarquable l'ambiance des Halles ou celle d'un laboratoire de chimie, une grève ouvrière et le tournage d'un film à grand spectacle.
Il y a les personnages, enfin. Aucun d'entre eux n'est secondaire, aucun ne laisse le moindre de ses traits au hasard. Si les héros ne livrent que peu à peu leurs secrets et les facettes multiples de leurs personnalités, ceux qui les entourent recèlent pour le lecteur tout autant de surprise et d'intérêt. Aucun de ces personnages n'est stéréotypé, que ce soit le capitaine d'industrie en corset et jupons, l'étudiant anarchiste, la délicate pianiste polonaise qui se fait détective, le méchant en pardessus de cuir, le voyageur exalté qui fait dix fois le tour du monde en trente ans, le petite servante née d'un viol qui se révèle à la lecture de la Chartreuse de Parme, le prêtre missionnaire ambigu.
Bon, d'accord, si je relis les précédentes critiques, c'est long, c'est vrai, et ne serait-ce ces interminables descriptions, qu'il s'agisse de la forêt en hiver, des états d'âme des héros, de la vieille demeure de famille, le roman aurait pu tenir en moitié moins de pages et cela lui aurait enlevé moitié de son intérêt. le style aurait gagné à plus de sobriété, oui, et alors ?
Quant aux scènes d'amour, elles sont tout simplement torrides dans leur pudeur et leurs sous-entendus.
Commenter  J’apprécie          140
Anne-Marie Garat entraîne le lecteur dans un véritable tourbillon romanesque. de la bourgeoisie au petit monde des gens de maison, de la réalité ouvrière à l'univers balbutiant du cinématographe en passant par les coulisses du journalisme, des intrigues militaires aux événements qui nous parlent à tous, nous croisons une multitude de personnages qui tentent de s'adapter, pour le pire et le meilleur, à ce monde qui bascule dans la modernité.

Dans la tradition des romans-feuilletons du XIXe siècle, l'auteur sait faire rebondir son récit avec brio, le tout servi par une écriture tour à tour réaliste et poétique, voire parfois lyrique.
Contrairement à ce que peut laisser penser la 4ème de couv, l'action se situe essentiellement dans le Paris grouillant et riche de son peuple à jamais disparu, ce qui participe grandement au charme de ce roman.
Mais vous aurez quand même droit à une escapade dans la magnifique Venise, avec en prime une belle histoire d'amour sur fond de rebellion anarchiste...


Lien : http://moustafette.canalblog..
Commenter  J’apprécie          130
Premier tome d'une spectaculaire trilogie, l'un de mes plus grands plaisirs de lecture de ces dernières années, grâce au style de l'auteur qui donne un souffle fantastique au récit. Et alors que s'ouvrent les célébrations du centenaire du début de la Grande Guerre, ce livre nous replonge très exactement à l'aube de l'entrée en guerre, dans un contexte historique extrêmement bien documenté et rendu.
Le roman débute en septembre 1913 et s'achève avec la mobilisation. Une année de la vie de Gabrielle, jeune femme ardente et passionnée, entre la petite et la grande histoire. La petite d'abord, c'est sa passion pour son cousin Endre, originaire de Hongrie et donné pour mort lors d'une expédition en Birmanie. Une passion plus fantasmée que réellement vécue mais qui pousse Gabrielle à enquêter sur les circonstances de cette disparition qu'elle n'accepte pas. Munie de maigres indices dont un mystérieux cahier, elle va "infiltrer" la famille de Pierre de Galay, le médecin qui a rapporté les effets d'Endre et pénétrer les arcanes d'une grande famille bourgeoise menée d'une main de fer par Mathilde de Galay, véritable capitaine d'industrie. Alors que les secrets de famille refont surface, Gabrielle grandit, murit et découvre la vraie passion...
Lien : http://motspourmots.over-blo..
Commenter  J’apprécie          101




Lecteurs (1018) Voir plus



Quiz Voir plus

Anne Marie Garat (1946-2022)

Apprenez à me connaitre, née par une nuit sans lune, je suis l'enfant des ...?..., celle qui voit dans le noir... tombée "dans ce qui ne la regarde pas, pour que cela la regarde.... "

ténèbres
lumières

10 questions
19 lecteurs ont répondu
Thème : Anne-Marie GaratCréer un quiz sur ce livre

{* *}