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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
"J'écoute le silence du médecin, écrira Jérôme Garcin page 139, le silence de Paul Launay, qui a consacré des pages à la découverte de la mort pour un enfant, à la perte d'un frère, au langage et à la séparation violente des jumeaux, mais qui laisse sa femme dire ce qu'il est incapable de dire.


Par erreur ou au détour d'une confidence, Jérôme Garcin fait parler Pam, et dévoile le mutisme de la douleur, le drame qui fissure encore l'âme de celui qui est Paul Launay, le médecin le mieux charpenté pour atténuer le deuil chez l'enfant, non à le surmonter, mais juste à l'évoquer.
C'est Pam encore qui explique à l'enfant de 10 ans, combien le décès de son frère l'a meurtri.
Mais Jérôme Garcin se tait, ou du moins, il ne parle qu'à la 3ème personne.


Le syndrome Garcin est là, douloureux, impalpable, il est un mélange d'angoisse et de désinvolture, il est là dans la négation du drame, dans cette façon de se blinder et de se taire, jusqu’au moment où les parents de Jérôme Garcin, faute de le comprendre, ont traduiront parfois cette froideur en égoïsme. Jérôme, était-il insensible, peut-être que l'auteur s'en souviens, de cette incapacité d'aimer comme si l'enfant avait perdu l'élan du cœur.


"Pam me raconte le garçon que j'ai été
dans les mois qui ont suivi la mort d'Olivier,
me décrit très précisément ma détresse,
ma sidération, mon repliement,
de feindre d'ignorer le drame
qui m'a métamorphosé
au seuil de mes six ans."

Mais le conteur Jérôme Garcin n'en reste pas là, et sur cette page 138, Pam se confie, elle lui montre soudain "celui que, avec autant d'amour que d'anxiété, elle n'a cessé d'observer et de materner, mais que j'ignore- ou que je veux ignorer- avoir été."


La réponse à cette incontournable question, pourquoi cette famille a tout donné à la médecine ? Elle se trouve page 9 . "Au commencement était l'homme et sa souffrance, en face se trouvaient son semblable et sa compassion. Toute la médecine est partie de là ( séance inaugurale par Raymond Garcin en 1954 )".


Raymond Garcin aura trouvé les mots, pour expliquer ce goût de soigner, dans une indisposition naturelle à se mettre en avant, en choisissant de venir en aide aux souffrants, et d'entrer dans les ordres de la compassion.

Cette retenue, cette humilité se traduira par la lecture de tous les écrivains qui cherchent à combattre les fléaux, au lieu de scruter l'horizon pour débusquer les boucs émissaires.
Il lira Albert Camus et sa fougue à combattre, à résister aux grandes épidémies par le travail et la raison.


Jérôme Garcin écrit dans ce livre l'essentiel, notre destin à tous dans une langue simple fluide, pleine de fantaisie et oh combien lucide. Ce ne sont pas des chapelets de titres qui défilent, mais une lignée de personnalités, de déterminations, de pratiques qui se situent entre la profession et l'ordination.


Il y a dans le style Garcin celui qui s'amuse, taquine, se cache et celui qui monte en selle pour vilipender tel rustre ou telle funeste logique. Je finirai par trouver dans la prose de ce grand lecteur du d'Ormesson avec une pointe de Desproges.


https://revue-traversees.com/a-propos/


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Une famille à tiroirs, dans chacun un être qui a marqué son temps et qui a laissé une empreinte autour du lien.
Jérôme Garcin dans son style et par ses mots, nous emmène à la découverte de ses "grands-pères", de cette lignée de médecins, amateurs de littérature, proches de ceux qui sont cabossés par la vie. Des médecins, qui touchent, qui parlent, qui écoutent et qui ont laissé à leurs petits enfants, peut-être pas à tous le gout pour la chose médicale, mais surtout pour le bien faire.
Médecine et littérature, on les découvre proches et ayant beaucoup de point commun.
"Je ne suis pas un écrivain médecin, mais un médecin écrivain." raconte à Jérôme Garcin, le docteur Jacques Chauviré lors d'une de leur rencontre.
L'écriture pour apprivoiser, pour rendre compte.
Merci pour ce beau témoignage.
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Une lecture fascinante et très érudite sur la généalogie de l'auteur, des médecins très impliqués dans leur travail et la recherche sur les maladies neurologiques, pour la plupart d'entre eux.
Garcin nous raconte sa famille comme un roman, (avec un vocabulaire médical si précis qu'on en a le tournis!).
Verlaine, Charcot, Napoléon Ier sont des gens soignés ou approchés.
On ressent à la lecture la bonté qui émanait de tous ces hommes, ses aïeux soignant et aidant, qui l'ont précédé ; le grand dévouement envers l'autre, qu'il soit le malade ou le proche.
Mais le cycle a été pourtant inversé car l'auteur n'est pas un médecin ; il n'a pas eu, lui, les symptômes du syndrôme Garcin.
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Jérôme Garcin nous emmène faire un tour du côté de ses aïeux, deux longues lignées de médecins, présents sur les champs de bataille de Waterloo à Verdun, il nous invite surtout dans l'intimité de ses 2 grands-pères, l'un neurologue, l'autre pédopsychiatre, tous deux membres de l'académie de médecine, ouvrez les guillemets image troublante et merveilleuse de ces grand-père lettré et contemplatif, toujours vu un livre à la main ».
Nous croisons aussi Chauffard qui faisait de la place à Broussais pour accueillir Verlaine et puis Gillain, ami de Pierre Loti et de Georges Bernanos.
La lignée s'est brisée et Jérôme Garcin s'interroge sur l'héritage qu'il a reçu.
Ce livre est un hymne à la famille, à la bonté et à la douceur. Un hymne bien sûr à l'intelligence mais surtout à l'amour qui lit tous ces êtres, qui leur permet de surmonter les deuils cruels, la perte de son frère jumeau à l'âge de 6 ans (cf. son romans » Olivier »), de son père, décédé à 48 ans (cf. son roman « La chute de cheval »).
J'ai pris énormément de plaisir à lire ce livre, tendres, drôle parfois, bref une découverte de cet auteur que je ne connaissais que sous sa casquette de journaliste.
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De ces livres dont on sort troublée et tremblante par le style et le propos. de ces romans qui vous font hésiter pour votre prochaine lecture tant tout semble fade à côté. le talent de Jérôme Garcin pour nous parler des ses deux grand-pères est saisissant. Chaque mot, chaque virgule semble choisi avec grâce pour nous dépeindre ces deux éminents, et pourtant si humains, médecins. Papy et Pam, Raymond Garcin et Clément Launay. L'un venu des îles pour devenir un brillant neurologue n'oubliera jamais l'exil et sa terre. L'autre descendant d'une génération de médecins deviendra un grand et moderne pédopsychiatre. le premier donnera son nom à une atteinte des nerfs crâniens, le second consacrera sa vie à la pédiatrie et ses troubles. Et, pour nous dépeindre avec infiniment d'amour ces deux hommes dont l'unique ambition est le soin à l'autre, leur petit fils, Jérôme. Ce Garcin, qui berce mes dimanche soir depuis l'enfance. « Si soigner c'est sauver des vies, écrire c'est les prolonger » écrit-il dans les dernières pages... Oh oui, comme on aime à les prolonger ces vies là, ces hommes là, qui nous rappellent que le patient est un homme avant d'être un cas clinique ! Ce livre devrait être mis au programme de la première année de médecine, pour rappeler à chacun que le soin c'est aussi savoir prendre la main de son patient avant de prescrire un traitement, aussi efficace qu'il soit...
Ps: Merci AD et CC pour ce superbe conseil.
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