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EAN : 9782491770426
500 pages
Igb Editions (23/06/2022)
4.53/5   39 notes
Résumé :
Le XXIe siècle touche à sa fin ; la biodiversité aussi. L’Internet n’existe plus, remplacé par Intellect, le réseau qui connecte entre eux les milliards de cerveaux des humains dotés d’implants – les Binaires.

Depuis que les émotions sont contrôlables par des applications, le suicide a été éradiqué. Du moins, le croit-on, jusqu’à ce que Dolores Myers mette fin à ses jours, en public, offrant à son suicide une audience planétaire. L’humanité est sous l... >Voir plus
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Mon coup de coeur de l'été : L'Effet Werther.
Dolores Myers se donne la mort, en public. le suicide est filmé et visionné par des millions d'yeux. L'humanité est sous le choc car depuis que les Hommes ont troqué leurs smartphones pour des implants cérébraux, on peut réguler ses émotions avec tout un attirail d'applications, et même disposer de pare-feux anti-suicide. Mais il y a plus déroutant : d'autres personnes, à sa suite, se donnent la mort. Et ça ne fait qu'enfler. Voilà dans quel contexte Esther, la veuve de la première nommée (eh oui! une héroïne lesbienne et mariée!) va retrouver Tarang Rajani en Inde pour essayer de comprendre les motifs de cette "épidémie".
à partir de là, je dois dire que le livre ne nous quitte plus des mains. J'ai dû m'obliger à le refermer pour le savourer quelques jours de plus. le procédé d'écriture repose sur une succession de très courts chapitres qui sont autant de scènes d'un film (c'est toujours très visuel). le propos est pertinent et les moment d'actions sont entrecoupés de moments plus "explicatifs", toujours bienvenus, qui nous permettent de prendre du recul sur l'histoire.
On ne s'ennuie jamais et sur 500 Pages c'est déjà un bel exploit. Que dire de cet univers et du langage qui en découle?
Sébastien Garnier (II) - euh @Babelio, c'est quoi ce nom que vous lui avez donné?? - auteur que l'on sent habité par son univers, invente de nouveaux mots mais sans jamais parvenir à nous perdre, ils sont distillés sporadiquement, aux bons endroits, et on s'amuse de ses trouvailles. J'ai aussi beaucoup apprécié la part accordée aux rêves, à notre subconscient et à leur importance dans notre personnalité et notre construction mentale. Et le "worldbuilding" est étonnement bien maîtrisé pour un premier roman.
Enfin il y a le fond, et là je dois dire que j'ai été totalement emballée : le récit nous embarque dans un thriller techno-anticipation, une critique rusée du transhumanisme, pour mieux nous envoyer dans un cri d'alerte sur l'avenir environnemental de notre planète. Sébastien Garnier (II) nous met face à nos responsabilités, ça fait mal parfois mais le discours est d'une brillante honnêteté.
Bref il est dit que c'est un premier roman, moi j'attends avec impatience le deuxième.
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L'Effet Werther s'ouvre sur un suicide. Chose étrange, dans un monde qui a éradiqué la possibilité même d'une mort volontaire. Les implants cérébraux ont en effet offert à l'humanité la capacité à dépasser leurs émotions et leurs angoisses. Mais alors pourquoi cette mort? Et pourquoi les suivantes, puisque bientôt d'autres personnes se suicident à leur tour, au point que l'on évoque une pandémie ?
C'est sous cette forme, proche d'un thriller d'anticipation (on pense à Philip K. Dick) que l'Effet Werther nous hameçonne, pour mieux nous plonger dans son cauchemar, celui d'une Terre aux abois, dévastée par les Hommes. L'écologie amène son lot de terrorisme, de guerre et la sauvegarde de la planète justifie toutes les formes de violence.
C'est assez glaçant et vertigineux. le tout est porté par un style qui, à défaut d'être parfait accorde une place de choix à tout un ensemble de néologismes bien vus, qui peuvent rappeler certaines oeuvres d'Alain Damasio et s'avèrent fort utiles pour donner corps à un univers très réfléchi et achevé. Difficile de ne pas se laisser porter. La fin fera des heureux ou des malheureux, personnellement j'ai adoré cette radicalité qui caractérise ce roman.
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Quelle claque! l'Effet Werther commence comme un thriller (un suicide, une enquête, un complot peut-être, des rebondissements) sur un fond d'anticipation bien pensé (ça se passe dans un futur proche, dans lequel la technologie et la connectivité ont envahi nos cerveaux). Et progressivement on saisit toute la dimension critique (assez ambitieuse) de ce roman. Jusqu'à la fin - dont je ne dirai rien mais qui m'a apporté une immense satisfaction : enfin un auteur qui n'a pas froid aux yeux !
J'ai particulièrement aimé l'idée du glossaire des néologismes, en annexe. C'est vraiment très bien pensé et ça donne une consistance particulière et une profondeur sémantique au récit. Sébastien Garnier (II) maîtrise parfaitement son sujet, on sent que c'est documenté et pensé dans les moindres détails et que les fondations de ce monde sont solides, ce qui est très appréciable en tant que lecteur car on est vite mis en immersion.
Le livre se dévore, avec un côté addictif.
Une magnifique découverte, je recommande vivement !
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Dernière lecture de mon été, L'Effet Werther, de Sébastien Garnier (II).
Une très belle surprise, venue d'un auteur et d'un éditeur que je ne connaissais pas.
C'est une sorte de thriller techno à la sauce anticipation (on pense à Philip K. Dick avec tout un fond de raisonnements sociétaux).
ça parle d'un monde où on ne se suicide plus. Mais voilà qu'une femme décide de mettre fin à ses jours en plein direct devant des millions de spectateurs. A partir de là se déclenche un "Effet Werther" (c'est à dire un suicide de masse, tel que celui que Goethe occasionna avec son premier roman)...
C'est vraiment très bien vu, on sent que l'auteur s'est immergé dans le monde qu'il nous décrit, au point de lui trouver ses néologismes (voir le glossaire en fin d'ouvrage, c'est très amusant à feuilleter). C'est dystopique mais d'une manière plus profonde qu'on peut le voir dans beacoup de roman de SF (il évite les clichés des rues sombres remplies d'esclaves dans un monde ressemblant à une dictature : tout se passe en démocratie, et on pourrait penser que tout va bien). En fait, bien sûr, la dystopie est partout, mais plus insidieuse qu'il n'y parait. Elle est surtout dans la nature, dont on nous décrit l'inexorable agonie.
Si on veut chipoter on pourra trouver que les personnages auraient pu être mieux travaillés, mais ce n'est pas un handicap dans la lecture.
Des rebondissements, des moments tragi-comiques, de la réflexion. Finalement, que demander de mieux?
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Une étrange histoire de pandémie de suicide, mais pas façon Birdbox on est plutôt dans un univers à la 1984 (mais larvé).
Je dois dire que c'est une belle surprise, le propos m'a particulièrement plu car il est en phase avec un certain nombre de problématiques et d'interrogations qu'il est impossible d'éluder aujourd'hui. L'auteur nous les jette frontalement, en pleine figure, et ça fait du bien.
Amateurs de space opéra ou de vaisseaux spaciaux passez votre chemin, ici tout (ou presque!) se passe sur Terre et le monde futur qui nous est décrit est une sorte de miroir grossissant du nôtre, dont l'absurdité est poussé à l'extrême.
C'est un premier roman et comme souvent il manque encore un peu de vernis sur les personnages. Mais je viens d'achever cette lecture charmé par son inventivité et sa façon de nous conduire au désastre avec une grande froideur.
Auteur à suivre, roman à lire.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Sur le plan énergétique, un implant cérébral ne fonctionnait que grâce à l’activité électrique produite par le cerveau. Pas de batterie, pas de prise de courant : trop volumineux, trop dangereux.
En conséquence, à l’instant exact où le cerveau mourrait, l’implant, sans aucune ressource, cessait immédiatement de fonctionner. Avant de s’éteindre, il n’émettait que cet ultime faire-part de décès au style technocratique mais efficace, qui parvenait à la vitesse de la lumière à ses destinataires alors que, peut-être, tous les organes de son hôte n’avaient pas encore péri, que certains de ses muscles étaient encore alimentés en sang, que ses terminaisons nerveuses recevaient leurs derniers ordres et que, très certainement, ses poumons ne s’étaient pas encore vidés de leur dernière bouffée d’air.
C’est ainsi qu’il fut possible qu’un individu, en Inde, qui n’avait pas rencontré Dolores Myers plus de trois fois en vingt-cinq ans, apprît son décès avant même les poumons ou les intestins de cette dernière. Et c’est exactement ce qui arriva à Tarang Rajani.
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Ce paysage lui fit cadeau d’une évidence. Non, l’Homme n’était pas au centre de tout ; il n’était même rien, ce lever de soleil le rappelait avec force. Les six mille quadrillions de kilogrammes de notre planète tournaient toujours, à mille sept cents kilomètres par heure, sur eux-mêmes, dans un bal immuable et millimétré, imperturbables, sourds aux murmures de l’humanisme, insensibles aux bienfaits et miracles supposés du progrès – et de ses échecs patents. De toute la masse du vivant qui s’y trouvait, l’humanité ne représentait que 0,01% : en poids, elle était comme un bouton sur un corps. L’humanité n’avait jamais rien eu du nombril donc, mais sans doute tout du kyste. De là à considérer que la disparition, même partielle, de cette anomalie, pût être bénéfique pour le reste du vivant, il n’y avait bien évidemment qu’un pas, que Tarang commençait à franchir dans un coin de sa tête, à mesure que les rayons glacés du soleil crevaient l’horizon.
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Mais, plus encore que le décès lui-même, ce qui l'interloqua sans doute davantage en fut la cause. Car à cette époque, dans ce monde, on ne se suicidait plus. Tarang était bien placé pour le savoir, lui qui avait été aux origines de cette révolution.
Comment cela avait-il pu arriver ? Comment quelqu’un bénéficiant des ressources les plus à jour des additifs cérébraux avait-il pu contourner tous les protocoles et protections à sa disposition pour parvenir à mettre fin à ses jours de manière volontaire ? Un suicide, ça dépassait l’entendement.
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Dans les jours qui suivirent, Intellect agit comme une caisse de résonance de tous les fantasmes qui sommeillaient dans les milliards d’encéphales qui en composaient l’ossature. C’était là un des principaux travers de la toile de cerveaux où se répandaient, encore plus vite et avec encore plus de liberté que sous l’ère d’Internet, les idées et les e-dées, les bonnes, les mauvaises, avec une certaine prédilection pour le simple et le vulgaire. Un suicide résultant en général d’une sédimentation complexe de motifs, ce type de décès constituait un assez mauvais client pour le réseau. On comprendra donc qu’un nouveau récit du drame, épuré, adapté et scénarisé fut réécrit afin de fournir une nourriture acceptable pour la plus grande masse des cortex qui se ravitaillaient là.
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Le destin d’Esther avait irrémédiablement basculé. Et elle aurait pu, à partir de là, s’enliser confortablement dans sa souffrance, trouver dans ce drame une excuse à toutes les difficultés et errances de son futur, puiser dans cette manne inextinguible d’alibis de quoi faire de sa vie à venir une tristesse rampante, un puits sans fond de vide et d’attente. Mais elle fit immédiatement le choix de la résistance et de la résilience.
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