Le résumé de ce roman présenté comme un thriller m'avait laissé penser qu'il avait tout pour me plaire. La réalité a été bien différente. A plusieurs reprises, j'ai dû lutter pour ne pas abandonner ma lecture et c'est avec soulagement que je suis arrivée au bout de ce calvaire.
Depuis l'âge de 5 ans, Alexis Verdier subit les violences sexuelles de son père, chirurgien réputé d'une ville de province. Elle ne peut compter sur le soutien de sa mère qui a choisi d'ignorer délibérément la situation. En grandissant, elle trouve refuge dans la musique qui l'aide à supporter l'innommable. A 18 ans, avec l'aide d'un professeur à qui elle s'est confiée, elle trouve le courage d'échapper à son tortionnaire. Se réfugiant dans l'anonymat de Paris, elle exerce ses talents de musicienne dans quelques bars pour survivre. Mais son bourreau n'a pas dit son dernier mot et par tous les moyens, il va chercher à retrouver "son jouet sexuel" qu'il a su si bien formater à tous ses fantasmes les plus déviants. Un banal accident de moto, va mettre Alexis sur la route de Luca Sgambatto, policier à la brigade des stups. Quand il la retrouve par hasard, déposant plainte pour une violente agression sexuelle, l'attitude de la jeune fille attire son attention. Il lui semble qu'elle ment et cherche à protéger son violeur.
L'histoire en elle-même aurait pu être intéressante car l'auteure s'attache particulièrement à mettre en avant le comportement ambigu d' Alexis et à montrer le pouvoir démoniaque qu'exerce le père incestueux sur sa fille qui va jusqu'à s'accuser d'être responsable de la situation. J'ai conscience que ce roman est un polar noir, je suis d'ailleurs habituée à ce genre de lecture et pourtant cette abondance de détails sordides m'a choquée. J'ai eu l'impression que pour un premier livre, l'auteure voulait frapper fort (les premières pages sont insoutenables) et s'est complu dans tout ce qu'il y a de plus scabreux. Je comprends également que la brigade de flics ne soit pas une réunion d'anges célestes mais leurs dialogues atteignent vraiment le ras des pâquerettes : pas une phrase sans propos crus ou machos. Quant à leur façon d'accueillir la déposition des femmes victimes d'agressions sexuelles, elle manque cruellement de psychologie. Question suspense, je reconnais qu'il a été mené jusqu'au bout même si l'histoire sentimentale qui se greffe au sujet principal n'a pas vraiment sa place
Je n'accorde que 8/20 à cette lecture éprouvante. A trop vouloir donner du réalisme à son scénario, l'auteure a produit l' effet inverse et cela sonne faux.
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Beurk ! Complaisance dans le gore, psychologie de comptoir, style ... sans style : je suis habituellement indulgente et pas prude pour un sou, mais là c'est trop insupportable. Rarissimes sont les livres qui m'ont autant révulsée. Par mon respect habituel pour un auteur je l'ai lu, mais ce fut une purge. Heureusement que j'avais obtenu ce livre par échange en boîte à livres, je m'en serais voulu de l'avoir acheté.
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"Allez, Uko ! Cherche !"
Immédiatement, le chien se met en quête et accroche sa piste, entrainant à sa suite le groupe d'une quinzaine d'hommes.
"Comment avez-vous appelé votre chien ? s'intéresse Luca. Hugo ?
- Uko, corrige le conducteur, Uko de Boscaille. C'est une grande souche de malinois de travail. Celui-ci, c'est mon vieux baroudeur ! Il connait son affaire et ne se laissera pas distraire par de fausses pistes.
- Pourquoi le choix d'un malinois ? Je suis resté sur l'excellente réputation du berger allemand.
- Rintintin ? dit le policier avec un sourire.
- Vous êtes dur avec moi. J'ai d'autres références ! répond Luca.
- La grande qualité du malinois est sa motivation. Il a foi en son travail. Il est toujours partant. Alors que le berger allemand sera plus difficile ébranler. Et à long terme, il est moins résistant sur le rendement d'un travail. C'est aussi ce qu'on appelle un chien qui "ment" : il est capable de saborder une piste pour en finir au plus vite avec ce qu'on lui demande.
Des années que cela durait. Au départ, elle n'était encore qu'une toute petite fille. Cinq ans à peine. Terrorisée. Puis le temps avait fait son œuvre. Huit ans, quinze ans, dix-neuf ans, chaque étape l'avait vu repousser un peu plus loin les limites de l'horreur. Aussi loin que remontaient ses souvenirs, elle était sa chose, son jouet. L'exutoire de sa cruauté, de sa lâcheté, de ses vices.
Lui. Lui, l'homme marié, le chirurgien réputé. Respecté socialement, craint au point de paralyser l'action du corps enseignant. Comment avait-il pu abuser ainsi son entourage ? Fallait-il parler d'une conspiration du silence ?
Et elle, l'épouse qui ne pouvait ignorer, qui savait, qui se taisait.
Qu'est-ce que le bonheur ? Un morcellement de joies trébuchant et butant enfin sur soi, explosant de mille feux et se répandant comme une flaque concentrée tout d'abord, puis ayant une fâcheuse tendance à se déliter peu à peu ? Alexis ne pensait pas avoir jamais possédé un tel trésor. Que lui réserveraient les mois et les années à venir ? Quel serait son bonheur ? Et en cette minute, quel était-il ? Marcher libre dans les rues de Paris ?
Qu'importe.
Espérer, c'est déjà être heureuse.