AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,33

sur 1323 notes
5
88 avis
4
33 avis
3
6 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Voilà bien longtemps que je n'avais lu Romain Gary. Une critique enthousiaste d'une amie babelionaute m'a incitée à renouer avec cet auteur si prolifique et dont la vie elle-même fut un véritable roman.
Ce qui m'a impressionnée dans Les cerfs-volants écrit deux ans avant le suicide de Romain Gary , c'est son côté hymne à la vie, à l'espoir... Aucune noirceur , au contraire un sens du jeu, un humour facétieux, un don de conteur qui fait mouche, surtout dans la troisième partie où l'auteur relate les aventures du héros narrateur, Ludo, dans la Résistance française, en enchaînant les épisodes avec un sens du rythme narratif qui ne faiblit pas jusqu'à l'apothéose finale qui nous fait basculer dans un récit épique grand guignolesque mais néanmoins férocement drôle et haletant.
Et que dire des personnages sinon qu'ils cachent tous en eux une part plus ou moins discernable de l'auteur. Ce n'est d'ailleurs pas Ludo le personnage principal qui est gagnant à ce petit jeu des devinettes... du côté identités multiples, se détache Mme Julie Espinoza, une mère maquerelle juive, qui va devenir, en 1942 , Mme Estherazy, comtesse de son état et surtout figure de proue d'un réseau de résistants. Un personnage haut en couleurs chez qui cohabitent une absence totale d'illusion, une clairvoyance désabusée et une volonté farouche de combattre l'hydre nazie ! A l'opposé de ce personnage, Marcellin Duprat, un chef cuisinier hors pair, patron du Clos Joli et qui "rêve" de devenir le héraut de la gastronomie française, seule capable à ses yeux de sauver l'honneur de la France ! Pour ce faire il va se lancer dans un combat donquichottesque pour gagner "sa guerre" contre les Allemands, ce qui n'est pas toujours du goût des résistants du coin... C'est en quelque sorte celui qui représente avec Ludo, cette défense de l'imaginaire qui traverse tout le livre avec de très beaux passages sur "le rêve éveillé", qu'il s'agisse de celui de Ludo qui fait apparaître sa bien-aimée dans son esprit ou de Lila qui "rêve d'elle-même" comme le dit avec ironie son frère Tad.
Et quid des cerfs-volants dans tout ça ? Ce sont les créatures auxquelles Ambroise Fleury, l'oncle du narrateur, a consacré toute sa vie. Ce sont ses compagnons de route et ils ne manquent pas de panache, ni dans leur apparence, ni dans leurs noms. Patapouf et Zigomar côtoient sans vergogne Montaigne ou Jean-Jacques Rousseau. Et ils vont vivre avec leur créateur les vicissitudes de la Seconde guerre mondiale . Ils sont les baromètres de l'humeur d'Ambroise Fleury, tantôt exutoires de sa souffrance, tantôt complices ou porte-paroles de son indignation quand ils vont voler dans le ciel sous la forme de sept étoiles jaunes après la rafle du Vel d'Hiv. Comment ne pas voir non plus dans ces cerfs-volants, l'expression allégorique de cette ode à l'imaginaire, à la "folie douce" qui seule permet de prendre de la hauteur et d'échapper à un quotidien trop banal ou désespérant.
C'est un filtre très particulier que j'ai adopté pour cette critique et il y a bien d'autres entrées non moins passionnantes que vous pourrez découvrir en lisant ce dernier roman de Romain Gary.

Commenter  J’apprécie          593
Dans la forêt, Ludo rencontre Lila. Il a neuf ans. Il tombe amoureux et rêve d'elle pendant les quatre ans que durera leur première séparation. Au loin, s'annonce déjà la Seconde Guerre mondiale.
Romain Gary excelle à parler de l'enfance, La promesse de l'aube, La vie devant soi ou encore le dernier roman publié de son vivant : Les cerfs-volants. Absolu, folie douce aussi, mais celle qui constitue la vraie sagesse.
Des personnages excentriques qui ajoutent une touche d'humour.
À l'exception de Stas Bronicki, le père de Lila, les personnages masculins sont puissants, absolus, touchants aussi : Tad, le frère de Lila, Bruno, leur frère adoptif ou encore Hans, un autre amoureux transi de Lila. Mais le sort réservé aux femmes par l'auteur m'a laissé perplexe, même s'il s'agit de la première moitié du siècle dernier.


Lien : https://dequoilire.com/les-c..
Commenter  J’apprécie          500
Il faut faire attention avec les cerfs-volants, si on les lâche, ils partent à la poursuite du bleu et on ne les revoit plus, ou alors dans un sale état.
Mais entre raison garder et garder sa raison de vivre, pour les Fleury, il n'y a pas photo. Il y a l'ancêtre Communard, fusillé à cause de cette propension familiale à vouloir poursuivre le bleu et de cette infirmité congénitale dont ils souffrent, les Fleury, la mémoire historique - ben oui, quand on connaît par coeur tout ce que le peuple français a subi au cours des âges, les risques sont grands de se retrouver insurgé.
Et bien sûr, il y a Ambroise, l'oncle de Ludo, un peu fêlé à ce qu'en disent les gens du pays, avec sa passion des cerfs-volants. Ambroise qui après la rafle du Vél' d'Hiv' fabrique et fait flotter sept cerfs-volants jaunes en forme d'étoiles juives, et part avec sa boîte à outils à Chambon-sur-Lignon, un village où les habitants se sont organisés pour sauver des enfants juifs. Déporté, en homme qui ne sait pas désespérer, Ambroise continue à assembler et à faire voler des cerfs-volants dans le camp.
Alors, évidemment, quand la France est occupée par les Allemands, Ludo ne peut être insensible aux appels à la «déraison» de la Résistance. Avec sa réputation de timbré qui le préserve de la méfiance des Allemands et sa mémoire anormale qui lui permet de retenir des centaines de noms, d'adresses de «boîtes postales» qui changent sans cesse sans transporter sur lui le moindre bout de papier, il se laisse aller à «cette aberration qui a si souvent réussi, dans l'histoire des peuples, à démontrer la possibilité de l'impossible».

Un bon roman, sympa, une écriture attachante, tendresse et malice mêlées, avec de belles valeurs, de la belle humanité.
Une légère déception quand même, par rapport à ce que ma lecture me laissait attendre au début, du très très bon, il y a comme une petite fatigue sur la longueur, au niveau de la narration, de la construction, ça aurait gagné à être plus tenu. Mais ça reste une belle lecture.
Commenter  J’apprécie          508
Avez-vous déjà envisagé une lecture commune ? C'est avec Bernard (Berni_29) et Caroline (Caro29) que je me suis lancée dans cette aventure. Je les remercie pour ces beaux moments d'échanges sur ce magnifique roman.
*
Jusqu'à présent, je n'avais jamais lu de romans de Romain Gary, pourtant un grand auteur de la littérature française. Je n'avais pas eu l'occasion d'en lire au moment de mes études, et puis, après, j'ai eu un temps assez long où la lecture des grands classiques me rebutait. Un trop plein, une envie de lire des romans plus récents, des sorties littéraires.

Et puis, mon inscription à Babelio, des belles rencontres avec d'autres lecteurs, des échanges enrichissants, des envies de me laisser guider dans mes choix, le désir d'explorer de nouveaux univers, de sortir de ma zone de confort et de découvrir de nouveaux auteurs.
Cette lecture commune aura été très enrichissante à plus d'un titre. J'ai découvert une autre façon de vivre ma lecture, d'habitude très solitaire. Et je suis tombée sous le charme de cet auteur, de son écriture, de son style, de ses personnages particulièrement émouvants et humains.

« Les cerfs-volants » est un roman d'autant plus touchant qu'il est le dernier écrit par l'auteur avant son décès. Il raconte une magnifique histoire d'amour, peu conventionnelle, entre un jeune normand et une belle aristocrate polonaise.
*
Nous sommes en 1930.
Ludo, le narrateur, vit chez son oncle, Ambroise Fleury, un facteur passionné par la fabrication des cerfs-volants, un peu « timbré » diront certains, mais tellement attachant.

« Ainsi, ils m'ont traité de fou. Eh bien, figure-toi, ces beaux messieurs et ces belles dames ont raison. Il est parfaitement évident qu'un homme qui a voué toute sa vie aux cerfs-volants n'est pas dépourvu d'un grain de folie. Seulement se pose ici une question d'interprétation. Il y en a qui appellent ça « grain de folie », d'autres parlent aussi d' « étincelle sacrée ». Il est parfois difficile de distinguer l'un de l'autre. Mais si tu aimes vraiment quelqu'un ou quelque chose, donne-lui tout ce que tu as et même tout ce que tu es, et ne t'occupe pas du reste… »

Ludo n'a que dix ans lorsqu'un unique regard suffira à l'attacher pour la vie à Lila, une jolie petite polonaise dont l'attitude théâtrale, précieuse, frivole et narcissique m'ont fait souvent sourire.

Une passion d'enfant.
Une passion d'adolescent.
Une passion d'adulte.

« Il lui était agréable de se voir dans mon regard de muette adoration ; elle régnait ; j'étais son royaume ; assise au bord du lit, penchée tendrement vers moi, elle se laissait aimer… »
*
Ce qui est avant tout très réussi, c'est la justesse avec laquelle Romain Gary écrit de magnifiques portraits.
Ludo, doté d'une mémoire exceptionnelle, dont l'innocence et l'insouciance vont être vite balayées par l'irruption de la guerre.

« – Ne pleure pas, Ludo. le malheur, bientôt, va se chiffrer par millions. Il est normal que dans ton coeur il ne te parle que d'une seule voix. Mais puisque tu es si fort en calcul, tu devrais songer un peu à cette loi des grands nombres. Je comprends que pour l'instant tu n'es pas capable de compter au-delà de deux. Et puis, qui sait… »

Et puis, Ambroise Fleury, sans aucun doute, mon personnage préféré.
Comment ne pas être émue devant son engagement sincère et les belles valeurs humaines qu'il défend ? Avec malice, imagination et opiniâtreté, ce doux pacifiste s'oppose, à sa manière, très symbolique, à l'occupant nazi .

« On continue à rire d'Ambroise Fleury et de ses cerfs-volants... C'est bon signe. le comique a une grande vertu : c'est un lieu sûr où le sérieux peut se réfugier et survivre. »

Comment ne pas sourire à l'image de ces merveilleux cerfs-volants tendant leur fil vers le bleu du ciel normand, portés l'inoubliable Ambroise ?
Symboles de courage, d'honneur, de lutte, de fierté, de liberté et d'espoir.
De « petits bouts de rêves ».

A leurs côtés, préparez-vous à rencontrer d'autres personnages hauts en couleur : Marcellin Duprat, un chef étoilé qui met un point d'honneur à servir des plats gastronomiques d'exception pour montrer la domination de la cuisine française sur celle de l'Allemagne ou Mademoiselle Julie, l'ingénieuse maquerelle.
*
La force de son récit réside également dans le style et l'écriture de l'auteur.
Tour à tour poétique, lumineuse, sombre, naïve, subtile, humoristique, teintée d'une douce ironie, je me suis laissée emportée par la générosité et la sensibilité du narrateur.
D'abord ingénu et spontané, à travers le regard de l'enfant qu'est Ludo, le récit se densifie et s'approfondit, à l'image du jeune homme bienveillant, réfléchi et tolérant qu'il devient.
*
« Les cerfs-volants » est également une magnifique page d'histoire, avec en toile de fond les traumatismes de la première guerre mondiale, la montée du fascisme, puis la seconde guerre mondiale jusqu'à la débâcle allemande. Ce qui se dessine au fil de cette lecture, c'est le portrait d'une France meurtrie, mais combattive et courageuse.
Les hommes se révèlent dans tout leur complexité, altruistes, généreux, courageux, ou au contraire irrationnels, méprisants dans leur lâcheté, leur vanité, leur brutalité.

« Plus tard, lorsque je pus penser, ce qui demeura, au-delà de l'horreur, ce fut le souvenir de tous ces visages familiers que je connaissais depuis mon enfance : ce n'étaient pas des monstres. Et c'était bien cela qui était monstrueux. »
*
On ressent par cette écriture sincère que ce roman est habité par l'auteur, qu'il y a mis son histoire, son passé de résistant, ses réflexions sur la guerre, insensée et aveugle, la folie des hommes jusqu'à la barbarie. Il évoque aussi l'amour pour son pays et pour les femmes, les deux souvent indistincts.

Sans manichéisme, ni moralisme, ni haine, ce roman plein d'humanisme et d'optimisme dévoile également notre part d'insensibilité, de médiocrité et de monstruosité.
« Ce qu'il y a d'affreux dans le nazisme, dit-on, c'est son côté inhumain. Oui. Mais il faut bien se rendre à l'évidence : ce côté inhumain fait partie de l'humain. Tant qu'on ne reconnaîtra pas que l'inhumanité est chose humaine, on restera dans le mensonge pieux.»
*
Je referme ce roman avec le sentiment d'avoir lu une belle histoire, emprunte de sagesse, de poésie et d'une profonde humanité, porté par la voix de Romain Gary qui m'a accompagnée tout au long de ma lecture.
Ce que je retiendrai par dessus tout, au travers de son style élégant et juste, c'est ce message de liberté, de tolérance et de courage, à l'image de ces magnifiques cerfs-volants flottant haut dans le ciel.
*
Et pour finir une des dernières pensées de Romain Gary sur la force du souvenir, la nécessité de transmettre aux jeunes générations qui n'ont pas connu la guerre, l'idée que la paix est fragile et qu'elle s'entretient.
« Je me demande si c'est bien la peine de refaire le passé. Enfin, oui, quand même, pour la mémoire. »
*
Commenter  J’apprécie          4133
Comme j'ai aimé Ludo, le narrateur! Comme j'ai aimé son amour pur, inconditionnel pour la " petite polonaise", Lila, rencontrée dans un bois de sa Normandie natale ! Que j'ai aimé le style riche, puissant de l'auteur !

Tout , dans ce roman, est fantaisiste, passionné, nostalgique, poétique.A commencer par les personnages: Ludo,d'abord, héritier de " trop de mémoire", comme tous les membres de la famille Fleury.Sa rencontre avec Lila est pleine de candeur et d'émerveillement.Il est prêt à tout pour plaire à cette petite fille qui se révèle déjà imprévisible, versatile et cruelle envers lui.Pendant quatre ans, il retournera dans" le bois du souvenir", espérant la revoir.Ce qui arrivera.Sa quête de l'amour se révèlera par la suite difficile mais il aura raison de s'entêter.

Autre personnage haut en couleur, Ambroise Fleury, son oncle et tuteur, ce " facteur timbré", connu pour ses merveilleux cerfs-volants.Et son verbe haut, son humanité.

La famille du comte de Bronicki n'est pas en reste: le père de Lila, fantasque brasseur d'argent, sa femme, ancienne actrice toujours en représentation, et celle qui fait tant battre le coeur de Ludo, la délicieuse et déconcertante Lila.

La seconde guerre mondiale va faire éclater les relations des uns et des autres.Les épreuves, les séparations vont meurtrir les coeurs.Mais les cerfs-volants, ce symbole de légèreté et de liberté, seront la conclusion aérienne et éclatante d'espoir de la belle histoire qui nous a été contée...

Commenter  J’apprécie          380
Un véritable hymne à l'espoir et à l'amour !
En 1930, Ludo, jeune orphelin normand, élevé par son oncle, un original qui assemble des cerfs-volants, tombe éperdument amoureux, à 10 ans, de Lila, une jeune aristocrate polonaise des environs. C'est le début d'une incroyable histoire d'amour, l'amour inextinguible de Ludo pour Lila, qui triomphera de l'oubli, de l'éloignement, des préjugés de classe, mais surtout de la guerre, de la peur et du nazisme, un amour qui n'oublie rien mais pardonne tout. La guerre, Romain Gary la connait bien puisqu'il a été résistant et pilote dans les Forces Françaises Libres, et il en livre une vision totalement dénuée de manichéisme (" le blanc et le noir, il y en a marre. le gris, il n'y a que ça d'humain") dans laquelle certains résistent mais pas trop, d'autres collaborent mais sauvent des vies, quand à l'ennemi, il n'est pas toujours nazi... Dans une formidable leçon d'espoir, d'humanité et de tolérance, sous le vol bienveillant de cerfs-volants humanistes, Romain Gary assène avec détermination sa foi en l'homme et en la vie.
Commenter  J’apprécie          350
Quel bonheur de retrouver la plume de Romain Gary ! Et d'autant plus que j'avais eu une petite déception à la lecture de Gros-Câlin. J'étais restée insensible à la poésie de ce roman qui m'avait même profondément ennuyée. Heureusement, ça n'a pas été le cas avec Les cerfs-volants.

Le premier tiers du livre pose les bases, nous permet de faire connaissance avec ses (nombreux) personnages et de découvrir des personnalités colorées et atypiques. Si je ne me suis pas ennuyée en lisant cette première partie, je l'ai quand même trouvée un peu longue parfois. Nous sommes au début des années 1930. La Première Guerre mondiale a laissé des traces dans les esprits et chacun vit un peu comme il peut. En tout cas, certains – ceux qui ont moins de mémoire que les autres – sont peut-être plus avantagés que ceux qui souffrent d'un « excès de mémoire » comme c'est le cas des Fleury. Ludo est un Fleury. Il souffre donc de ce « mal ». Il n'a qu'une dizaine d'années lorsqu'il rencontre Lila, l'amour de sa vie, une petite Polonaise agaçante qui, selon son frère Tad (lui-même anarchiste), souffre d'un « excès d'elle-même ». Ludo vit chez son oncle et tuteur Ambroise, dit « le facteur timbré » et travaille un moment au restaurant le Clos-Joli dont le chef, Marcellin Duprat, ne conçoit la grandeur de la France qu'à travers sa gastronomie. Les nombreuses énumérations des plats gastronomiques et spécialités du Clos-Joli m'ont mis l'eau à la bouche à plusieurs reprises : soupe crémière d'écrevisses de rivière… galette feuilletée aux truffes au vin de Graves… loup à la compotée de tomates…, etc. Et au milieu de ces personnages fascinants (et de ces plats appétissants), les cerfs-volants de l'oncle Ambroise s'élèvent et volent à la poursuite du « bleu ».

Après la première partie du livre, j'ai été happée par l'histoire. Et plus l'intrigue avançait, plus je le trouvais passionnant : l'imminence du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, la guerre elle-même, la résistance, les arrestations, etc. Et toujours les cerfs-volants qui, eux aussi, ont résisté comme ils ont pu, parfois au ras du sol.

Les cerfs-volants est un roman magnifique, très poétique. Il vaut d'abord pour ses personnages principaux qui ont, tous, beaucoup de caractère. Ils évoluent aussi, tout au long de ces années, ce qui leur donne de la profondeur. Et les passions des différents personnages (Ambroise pour ses cerfs-volants, Marcellin pour la gastronomie française, Ludo pour Lila, Lila pour elle-même, etc.) sont bien étudiées. Par ailleurs, Les cerfs-volants, c'est aussi la belle plume de Romain Gary qui magnifie les mots, même les plus simples. Enfin, et de façon plus terre-à-terre, j'ai trouvé le récit de l'organisation de la résistance et de la vie quotidienne lors de l'Occupation vraiment très intéressant.

Au-delà de la guerre et de ses tourments, Les cerfs-volants est un livre sur l'amour, la mémoire, la folie, les rêves. C'est un livre qui nous permet de nous questionner, autant que Ludo (et les autres d'ailleurs) : vaut-il mieux savoir raison garder ou garder sa raison de vivre ? Après avoir lu ce roman, le dernier de Romain Gary, j'ai ma petite idée sur la question…
Commenter  J’apprécie          287
Ce récit m'a surprise, je ne m'attendais pas à l'aimer autant. En effet, malgré un début un peu long, ce qui lui fait perdre sa petite étoile, ce récit m'a subjugué.

Romain Gary a une narration douce qui est très agréable. C'est un bon récit mais aussi, un beau récit. Il y retrace différentes émotions humaines, l'amour, évidemment, mais également la jalousie, la peur et l'amitié. J'ai trouvé qu'humainement, c'était réaliste et qu'historiquement c'était très bien construit. Il n'enjolive rien. Il a une jolie façon de raconter la résistance et la Résistance, sous toutes leurs facettes. De plus, dans ce réalisme, il montre l'amitié franco-allemande qu'il décrit si brillamment, il nous prouve qu'il n'y a pas des "gentils" et des "méchants", mais des êtres humains multiples dans leurs actes et leurs émotions.

J'ai vraiment adoré son récit et je ne m'y attendais pas. Il met en valeur l'espoir et les différentes raisons pour lesquelles on aurait envie d'avancer dans la vie. Je suis au bord du coup de coeur. Je n'ai pas encore décidé...
Commenter  J’apprécie          283
Ludovic, orphelin de père et de mère, est recueilli par son oncle Ambroise Fleury, un doux original , talentueux "Maître des cerfs-volants", qu'il fabrique avec un grand souci d'esthétisme et de réalisme en s'inspirant, notamment de personnages historiques.
1930. Ludo a dix ans et fait la connaissance d'Elisabeth Bronicka, une enfant riche, gâtée, lunatique, fantasque, fille d'un aristocrate polonais qui s'évertue à gagner des fortunes et à les perdre tout aussi vite.
Pour Ludo, c'est l'amour fou, dès cette rencontre dans les bois de Voigny, en Normandie. A partir de ce moment, il n'aura de cesse d'attendre sa bien-aimée, d'abord plusieurs étés, en vain, puis pendant les mois où la famille séjourne en Pologne avant de gagner sa résidence française, ce sera encore le cas, plus tard, pendant la guerre. Mais Lila a bien d'autres courtisans : Hans, son cousin germanique, aristocratique lui aussi, Bruno un jeune pianiste virtuose et discret, plus tard, un officier allemand.
Doué d'une mémoire exceptionnelle et de talents extraordinaires pour le calcul mental, ce qui le fait passer pour un « dérangé » il devient le secrétaire particulier de Stas Bronicki ce qui lui permet de côtoyer plus facilement sa bien-aimée.
Mais chez les aristocrates polonais, comme chez les autres d'ailleurs, on peut « coucher » mais si on n'a pas de particule (qui n'existe d'ailleurs pas dans la noblesse polonaise), si on n'a pas de sang bleu on ne peut pas prétendre au mariage.

L'ambiance quotidienne se fait chaque jour plus tourmentée, les prémices de la guerre se font plus prégnantes, Ludo doit regagner son pays, juste avant l'invasion de la Pologne puis, la guerre éclate et la France est occupée à son tour. Ludo ne sera pas soldat mais résistant , comme Ambroise, chacun, à leur manière .

Les héros romanesques ressemblent étrangement à des personnages qui ont réellement existé et vécu ces moments douloureux. On perçoit, à travers eux, les état d'âme, les sentiments, les ressentis des contemporains de cette époque .
On devine, tour à tour, leurs souffrances, leur compromission, leur résistance, leurs combats, leurs espoirs.
L'ombre de Romain Gary se projette sur ce récit romanesque attachant. Un style superbe, du grand art dans le choix de la symbolique portée par les cerfs-volants : Ils s'envolent libres, et montrent le chemin de l'espoir.


Commenter  J’apprécie          230
Troisième livre de Romain Gary lu en un mois dans le cadre du challenge #UnMoisUnAuteurice et jolie découverte.


Dans ce roman, le dernier publié par l'auteur avant son suicide, nous suivons la vie de Ludo et de son oncle et tuteur Ambroise, facteur passionné par la fabrication de cerfs-volants.
Ludo fait une rencontre pendant son enfance qui marquera sa vie entière, il tombe éperdument amoureux de Lila, une jeune aristocrate polonaise qui passe ses étés en Normandie, dans le manoir de vacances de sa famille.


Ce livre qui traverse une bonne partie du XXe siècle, évoque la première Guerre Mondiale mais se passe principalement pendant la seconde Guerre Mondiale.
Ludo et son entourage vont subir de plein fouet le choc de la défaite et de la collaboration, les massacres et l'occupation.
L'intrigue est prenante et les personnages attachants, l'écriture de Romain Gary est toujours aussi juste et élégante.


On retrouve dans ce texte les thèmes de prédilection de l'auteur : la guerre et ses martyrs, l'amour, la famille, l'humour.
Mais ce qui fait toute la beauté de ce texte, c'est sa thématique principale : la mémoire.


Romain Gary raconte la solitude et l'incertitude, le poids comme le soutien qu'apportent les souvenirs.
Certains passages sont particulièrement tristes, le lecteur ressent la nostalgie de l'auteur et ses questionnements existentiels.
Il se dégage tout de même du texte une ode à l'espoir, un mirage salvateur.


En conclusion, Les Cerfs-volants est un des meilleurs livres de Romain Gary à mes yeux, toutes les qualités de son oeuvre y sont présentes et ses défauts quasi absents ( pas de répétitions ni de longueurs).


Un livre émouvant, qui fait voyager dans l'histoire et pousse à la réflexion, à découvrir !
Commenter  J’apprécie          201




Lecteurs (3672) Voir plus



Quiz Voir plus

Tout sur Romain Gary

Dans quelle ville est né Romain Gary ?

Kaunas
Riga
Vilnius
Odessa

12 questions
609 lecteurs ont répondu
Thème : Romain GaryCréer un quiz sur ce livre

{* *}