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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Mais qu'ai-je entre les mains, un livre, vraiment ?
Un gros article, plutôt, non ?
Un texte extrêmement intéressant, certes, mais quand même un peu léger pour du Gary !

Ça, c'est ma toute première impression.

De quoi s'agit-il, exactement ?
De la publication programmée à titre posthume de ce récit de Romain Gary, le vrai, où il justifie l'invention du personnage de Emile Ajar à qui il a attribué la paternité de quatre de ses derniers romans.

La genèse d'une entourloupe littéraire qui lui a, au passage, permis de recevoir deux fois le prix Goncourt, ce qu'en interdit catégoriquement le règlement.

Et cette genèse a de quoi séduire : vouloir que ce soit à la qualité du texte qu'un éditeur décide de le produire plutôt qu'étant la énième rédaction d'un auteur à succès dont ni la légende ni la notoriété ne sont plus à prouver.

Redevenir vierge de toute existence littéraire, bien sûr mais aussi médiatique.
Parce qu'ils en prennent pour leur grade, les critiques littéraires, parisiens de surcroît !
L'entre soi, les petites vengeances, les combines ou les jalousies sont ici épinglés qui dirigent le sens des papiers de presse accompagnant la sortie d'un livre nouveau plutôt que le pur sentiment généré par sa lecture.

Et, entre les lignes, se pose aussi la question du lectorat : dans quel état d'esprit suis-je quand je commence une lecture ?
Suis-je naturellement plus indulgent lorsque j'ouvre le dernier ouvrage d'un écrivain qui me plait.
À contrario, ne suis-je pas plus exigeant et plus acerbe lorsque la plume est tenue par un auteur dont la personnalité ou les oeuvres précédentes me déplaisent ?

Cette virginité espérée était le désir d'un Gary-Frankenstein qui a finalement vu sa créature prendre sinon son envol, au moins simplement vie lorsqu'il fut question de lui donner un visage, pour la presse justement, en l'occurrence celui de son petit cousin qui n'avait pas l'envergure du rôle.

Quelques explications donc, sur ce scénario qui lui échappe et la duplicité de l'auteur qui, dans la production éditée sous pseudonyme, jonchait son travail de petots cailloux blancs tel un petit Poucet désireux en secret que ce secret soit éventé et que la farce éclabousse le petit milieu littéraire français qui l'avait déjà enterré pour élire de nouvelles idoles fraiches à adorer.

Un très court texte en guise d'adieu surtout puisque sa mort il l'avait décidée,
un mot laissé posé sur la table de la cuisine au moment du départ définitif et choisi,
un post-it fluorescent collé à la porte blanche et métallique du frigo américain qui fera office de codicille quand son corps, à lui, sera refroidi.

Un document en fait !
 
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Dans le courant des années 70, alors qu'il était décrit par la critique comme un écrivain fini, asséché, Romain Gary publie quatre romans : « Gros-Câlin », « La Vie devant soi », Pseudo et « L'Angoisse du roi Salomon ».
Les média ont besoin de concret : le rôle d'Emile Ajar sera endossé par Paul Pavlovitch, un parent éloigné de l'auteur ; en fait, son petit cousin.

« Vie et mort d'Emile Ajar » est le récit de cette supercherie qui permit à Romain Gary d'obtenir le Goncourt pour la deuxième fois en 1975 avec « La vie devant soi ».
Rédigé en mars 1979, et transmis à son éditeur le 30 novembre 1980, « Vie et mort d'Emile Ajar » ne sera publié qu'après sa mort par suicide le deux décembre de la même année…

Un récit qui se termine par ces mots : « Je me suis bien amusé. Au revoir et merci. »… Salut, l'artiste !
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Un titre posthume que je découvre à la fin de celui que je viens de terminer avec Pseudo.
Je me dois donc de le lire et d' y poster un petit billet car j'avoue que c'est une très belle confession de la part de ce Monsieur, si bon écrivain du XXè siecle.
Ce court texte est très sérieux contrairement à Pseudo et pour cause, les multiples personnalités de Gary lui ont permis d'être un merveilleux personnage à lui tout seul. Je lui tire mon chapeau et reviendrai encore sur certains de ses titres que je n'ai pas encore découverts, par ignorance ou encore déception du 1er que j'avais lu de cet auteur (La promesse de l'aube) comme quoi je ne dois pas m'arrêter sur un titre.
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"La date à laquelle ces révélations seront faites sera déterminée par Robert et Claude Gallimard en accord avec mon fils."

Signé Romain Gary, 30 nov. 1980.
Deux jours plus tard, l'auteur quittait volontairement ce monde.
La reproduction de ce mot manuscrit figure en exergue d'un texte posthume publié le 17 juillet 1981. Cette brève explication de la supercherie a fait l'objet d'un nouveau tirage, simultanément à la diffusion de L'enchanteur, téléfilm très réussi avec Charles Berling, plus Gary que nature et la pétillante Claire de la Rüe du Can, pensionnaire très jeune de la Comédie-Française.
Dès lors, j'ai eu envie d'en savoir davantage sur les motivations du grand écrivain à se tirer une balle dans le pied. Je suis à peine plus savant après lecture. Néanmoins, j'ai retenu quelques arguments et raisons d'être, noyés dans la critique acerbe (à juste titre) du parisianisme et dans le flot de citations produites par des lecteurs attentifs ayant reconnu Gary dans Ajar, à l'inverse de critiques piètres lecteurs. Je n'en citerai qu'un, sous peine de griller l'essence de 43 pages que l'on peut classer comme document historique :

"J'étais las de n'être que moi-même."
Ce moi-même façonné par sa mère, dont il a réalisé toutes ses projections. Au point peut-être de se défaire d'un destin tracé et de s'inventer un double original, sacré par un Goncourt.
"Recommencer, revivre, être un autre fut la grande tentation de mon existence."
Disparaître pour mieux réapparaître, quel beau thème de roman, ou le grand fantasme de l'éternel recommencement.
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Un livre testament, écrit en mars 1979, déposé chez notaire, à n'ouvrir que post mortem. Emouvant d'apprendre le presque désespoir de ce grand écrivain qui crie son amertume envers la profession, ses pairs, et les critiques professionnels ou journalistes. Classé par eux dans la catégorie de l'auteur en fin d'inspiration depuis des années, il décide de jouer, jouer le subterfuge. Une manigance qui a bluffé tout ce petit monde du « parisianisme » tel qu'il dénomme l'univers de la critique. Seule une journaliste de Match, parfaitement à l'aise avec le contenu littéraire de ses livres, va repérer les similitudes d'expressions, de situations ou de personnages, chez ceux d'Emile Ajar. Pourquoi Gary a-t-il été la proie de désamour et sarcasmes ? Personnage insaisissable, tourmenté, fragile, certes, mais au final une oeuvre magistrale.
Lien : https://www.babelio.com/conf..
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Publié après sa mort, Romain Gary s'explique et raconte son imposture........
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Dans ce roman publié à titre posthume, Romain Gary (pseudonyme de Roman Kacew) revient sur le subterfuge qu'il a mis en place en se faisant passer pour Émile Ajar. Dans les années 1970, il est un écrivain-diplomate plus que reconnu, récompensé par le prix Goncourt 1956 pour son roman : Les Racines du ciel. Certains critiques l'estiment dépassé et vieillissant. Il décide de les défier en s'offrant une nouvelle carrière totalement cachée. Il publie sous le nom d'Émile Ajar, quatre romans et le second : La vie devant soi, remporte le Goncourt 1975 !

Ce récit livre sa version de cette supercherie littéraire, il y explique son mode opératoire, les moments où il aurait pu être démasqué, et en profite pour critiquer la société littéraire. Joueur jusqu'au bout, il enverra le manuscrit à son éditeur, le 2 décembre 1980, le jour de son suicide…

Avis :
Petit opuscule dans lequel Romain Gary/Emile Ajar lève le masque sur son double personnage et prend congé du monde littéraire avec un dernier pied de nez. de quoi rendre sa mère décidément très fière ! Bravo M. Gary !
Lien : https://delicesdelivres.go.y..
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Ce court texte est une sorte de testament littéraire, comme une justification jubilatoire de la part de celui qui voulait vivre plusieurs vies.
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