AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,76

sur 23 notes
5
4 avis
4
1 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
0 avis
A travers les souvenirs de Margaret Dawson, la narratrice, il nous est offert de découvrir Lady Ludlow, femme âgée qui en ce tournant du XIXème siècle, est plus que jamais représentative du siècle qui se meurt dans le sang de la Révolution Française qui fut un traumatisme pour toute l'Europe et pas uniquement pour notre douce France...

Lady Ludlow est ce qu'il convient d'appeler un parangon de conservatisme. Elle défend bec et ongles ses idées arrêtées sur lesquelles Les Lumières n'ont eu aucun effet. Toutefois, elle est aussi femme, elle fut épouse et mère avant de perdre ses êtres chers. Elizabeth Gaskell, avec finesse et une pointe d'ironie, dresse un beau portrait de femme, dominante de par sa position sociale, aimante par bien des aspects de son caractère.

"Lady Ludlow" est également prétexte pour l'auteure à construire un roman social à valeur de témoignage historique sur la période sombre de la fin du XVIIIème siècle. Comme sa plume est merveilleusement belle et accessible, c'est un plaisir de s'immerger dans L Histoire aux côtés de ses personnages.


Challenge PLUMES FEMININES 2021
Challenge MULTI-DEFIS 2021
Challenge XIXème siècle 2021
Commenter  J’apprécie          330
Lorsque j'eus 16 ans, Lady Ludlow proposa à ma mère de me prendre chez elle. Quelle qu'ait été l'affabilité de sa proposition, ma mère ne s'y trompa pas et se résolut à se séparer de moi. Je rejoignis donc d'autres jeunes filles de condition mais pauvres dont milady s'entourait, elle qui avait perdu huit des neufs enfants qu'elle avait mis au monde.
Aujourd'hui que je suis vieille, je me remémore ces années passées auprès de cette dame d'une époque révolue, si consciente, tant de la place attribuée à chacun par Dieu, que de ses propres devoirs envers ses inférieurs. C'est pourquoi elle s'opposa à la volonté de Mr Gray, le nouveau pasteur, qui voulait ouvrir une école du dimanche. Milady y voyait le premier pas vers l'oubli des devoirs qui avait abouti à cette fâcheuse Révolution française. Elle refusa également que le fils d'un braconnier auquel M. Horner le régisseur avait appris à lire, écrire et compter, le seconde comme il le désirait et lui adjoignit à la place miss Galindo. Cette miss Galindo voulait, comme sa naissance l'exigeait, avoir toujours une servante, mais elle les choisissait parmi celles dont personne ne voulait, les boiteuses, les naines et même une aveugle. Si bien qu'il lui fallait tout à la fois prendre soin de son ménage et souvent de sa servante. Mais je m'égare.
Lady Ludlow, si elle était fidèle aux idées qui prévalaient dans sa jeunesse, cinquante ans plus tôt, craignait toujours d'être injuste et si elle rendait service s'arrangeait pour le présenter comme une faveur que vous lui faisiez. Elle me pria ainsi de l'aider à ranger le contenu de son bureau lorsque je devins infirme à la suite d'un saut que je fis par-dessus un échalier. Ceci afin de me distraire de ma douleur.
Je restais plusieurs années chez elle, et quand je revins dans ma famille, je ne pus jamais oublier ni milady, ni miss Galindo, ni monsieur Gray,

J'ai passé plusieurs heures très agréables en compagnie de Margaret Dawson et de l'aristocratique et affable Lady Ludlow.

Challenge 19ème siècle 2015



Commenter  J’apprécie          257
Le portrait d'une vieille aristocrate de la fin du 18eS est teinté d'une douce ironie. Élisabeth Gaskell observe avec tendresse cette Lady Ludlow, ancrée dans des certitudes d'un autre temps, convaincue de la supériorité de la noblesse, rétive à toute forme de progrès et surtout farouchement opposée à l'éducation des classes sociales les plus modestes. Mais malgré ses préjugés de classe, l'auteure n'en dresse pas un portrait à charge et parvient même à nous la rendre sympathique, en la faisant évoluer avec un regard bienveillant envers ceux qui souffrent.
De scènes de vie en scènes de vie, de rencontres en rencontres, de discussions en discussions, nous la voyons s'affranchir des préjugés de classe et s'adapter au monde qui l'entoure.
On retrouve avec plaisir la plume d'une femme auteure du 19eS, même si ce petit roman n'a ni l'engagement ni l'énergie de "Nord et Sud" ou "Femmes et filles".
Commenter  J’apprécie          40
Nous sommes dans l'Angleterre rurale de la fin du 18e siècle/début du 19e siècle. Lady Ludlow (qu'il m'a plu d'imaginer sous les traits de la dame portraiturée sur la couverture - Éditions Ombres - on ne dira jamais assez l'importance des couvertures dans le choix d'un livre !), héritière de la prestigieuse lignée des Hanbury, dirige le vaste domaine de ses ancêtres : un grand château carré, dans lequel officient de nombreux serviteurs, pourvu d'un jardin magnifique, entouré de terres et de fermes. Milady est une femme « d'un certain âge », altière, raffinée (grande amatrice de parfums, notamment de l'arôme subtil des feuilles de fraisier), veuve d'un lord écossais, dont un seul de ses neuf enfants vit encore, très attachée à ses principes, pour ne pas dire rigide, mais néanmoins attachante. Elle nous est décrite affectueusement par l'une de ses jeunes pupilles logée gracieusement chez elle. Comme dans « Cranford », ce roman est une succession d'histoires très diverses, où l'intensité dramatique le dispute à l'émouvant et au pittoresque plaisant. L'histoire qui nous fait découvrir le jeune Clément de Créquy, héros tragique, par sa longueur et son format pourrait constituer une nouvelle. Lady Ludlow est le personnage central de toutes ces histoires. Avec subtilité et humour, voire malice, l'auteure nous décrit cette femme d'un autre âge, celui des grandes propriétés terriennes, confrontée aux changements de son pays, initiés par les progrès techniques, les nouvelles méthodes d'agriculture, la volonté de réduire les inégalités grâce à l'enseignement pour tous… Milady se cramponne aux anciens principes, elle considère normal qu'il y ait des classes dirigeantes et des classes laborieuses pour lesquelles l'enseignement, sans le discernement transmis par l'éducation de génération en génération à la noblesse, est inutile, sauf à les égarer, et propre à mener la société à sa perte ; elle se méfie tout particulièrement des idées nouvelles venues de l'autre côté de la Manche, apportées par la Révolution française. Qu'elle envisage sous l'angle de ses horreurs, rapportées par les nombreux émigrés réfugiés en Angleterre. Milady respecte à la lettre l'étiquette, n'a que mépris pour ceux qui dévient de l'Eglise d'Angleterre (baptistes), considère qu'un enfant naturel ne mérite aucune considération… tant de préjugés ! Mais milady est intelligente et généreuse, et fondamentalement bienveillante et éprise de justice ; elle peut changer d'avis. Milady, femme d'un autre âge… c'est aussi dans un autre âge qu'Elizabeth Gaskell nous plonge grâce au talent narratif dont elle fait preuve dans chacun de ses romans, à sa plume « littéraire » propre à accompagner ses observations subtiles et la finesse de ses analyses psychologiques. Là réside le charme du roman… qui nous transporte dans la campagne anglaise d'avant la Révolution industrielle victorienne où ses habitants vivent au rythme des temps anciens, nous y rencontrons les fidèles serviteurs de milady, son intendant, un pasteur, des villageoises, un « lutin » aux cheveux ébouriffés, fils d'un braconnier… et une délicieuse « Miss Galindo » à la langue bien pendue et aux réflexions savoureuses, qu'on a peine à quitter. Une évasion salutaire hors du temps, de « notre » temps.
Commenter  J’apprécie          10
Je suis tombée par hasard, dans cette formidable librairie Galiniani, sur ce livre Elizabeth Gaskell dont j avais déjà lu Nord et sud et Les amoureux de Sylvia.
Je ne connaissais pas ce livre, Lady Ludlow et il me semble injustement méconnu. Il n y a pas réellement d intrigue dans ce livre mais il est riche de beaucoup d autres choses. La peinture de cette Angleterre de la fin du XVII ème siecle, début du XVIII ème siècle nous révèle une société a un tournant. En France la révolution a eu lieu mais c est toute l Europe qui s'agite. Ce livre nous conte les dernières années de lady Ludlow, une aristocrate attachée à ses privilèges mais qui aura l intelligence d évoluer, guidée en cela par un cœur généreux. La richesse des écrits d Elizabeth Gaskelll réside pour une large part dans le contexte social et politique qui sert de toile de fond à ses histoires.
Je préciserais qu il y a du Miss Bates (Emma de Austen) dans Miss Galindo, clin d oeil volontaire ou non de l auteur à son illustre ancêtre !
Commenter  J’apprécie          10
A travers le personnage de lady Ludlow, Elizabeth Gaskell brosse le portrait d'une société rurale en pleine mutation en ce début de XIXe siècle. L'auteur qui s'est fait une spécialité dans l'évocation des changements sociétales dans ses précédents romans "Nord et Sud" ou "Mary Barton" transpose le sujet dans le monde rural.

Elle explore à travers les yeux de la narratrice, la jeune Margaret Dawson, jeune protégée de lady Ludlow, le quotidien d'Hanbury Court. le regard de Margaret va s'intensifier après un malheureux accident qui la laisse invalide. Contrainte de rester allongée la plus grande partie de la journée, elle est installée dans une pièce où elle peut assister aux nombreuses visites que lady Ludlow reçoit. du révérend Gray aux idées progressistes en matière d'éducation et d'alphabétisation au jeune Harry Gregson sans oublier la très originale Miss Galinda, ce défilé de personnalités revendicatives vient troubler l'atmosphère silencieuse et tranquille de cette vieille demeure et pousser dans ses retranchements la maîtresse de maison.

Elevée avec une éducation d'un autre siècle, lady Ludlow a en effet des idées très arrêtées en matière d'éducation des classes inférieures ou de la gestion d'un domaine agricole. Elle n'hésite pas à les défendre bec et ongles jusqu'au moment où elle va prendre une décision surprenante en complète opposition avec ce qu'elle avait défendu auparavant.

L'univers que l'auteur créé autour du roman capte le lecteur dans une ambiance qu'on souhaiterait ne pas quitter tant la chaleur du sofa où se repose Margaret ou les fantasques conversation de Miss Galindo invitent à prolonger cette intermède.

Malgré sa rudesse de caractère, lady Ludlow n'est plus la femme hautaine et froide des premières pages lorsqu'on achève ce court roman. Inscrite dans une période historique chaotique, elle a vécu les conséquences de la Révolution française et la période de la Terreur. Portrait d'une veuve endettée et d'une mère ayant survécu à ses enfants, elle surmonte sans montrer ses sentiments ces différentes épreuves de la vie. Sa force de caractère et son intelligence lui permettent de comprendre l'évolution des mentalités et la modernisation de la société. Elle accepte les changements mais sans l'adopter complétement préférant sa vie passée.

Avec sa fluidité d'écriture et sa finesse d'analyse, Elizabeth Gaskell rend ce roman passionnant et distrayant avec un brin d'ironie et des petits potins qui ne sont pas sans rappeler son roman "Cranford".


Commenter  J’apprécie          10
Un roman qui n'en est pas complètement un, en fait ce texte se rapproche d'avantage de Cranford, plus que de Nord et Sud. La narratrice, dont on apprend finalement peu de choses, qui est une sorte de témoins muet, nous parle de l'époque qu'elle a passé à la suite de la mort de son père chez une vague parente, la Lady Ludlow du titre. Dame de la noblesse, vivant dans son domaine, qu'elle entend régir en souveraine absolue. Nous sommes chez Elizabeth Gaskell, et les choses ne sont pas vraiment noires, et les gens de bonne volonté. Ce qui sauve la lady de la tyrannie, c'est qu'elle veut le mieux pour les autres, elle a simplement des idées très rétrogrades, et a du mal à comprendre que le monde change. Elle est par exemple farouchement opposée à ce que les enfants des classes laborieuses apprennent à lire, mais elle finira par s'adoucir et autoriser une école du dimanche.

Pas d'action à proprement parlé, plus de descriptions de personnages, des saynètes, et la description d'une communauté. C'est vif, on ne s'ennuie vraiment pas, et il y a malgré tout une critique sociale pas si badine que cela. Ce n'est pas aussi construit que Nord et Sud, mais néanmoins intéressant.
Commenter  J’apprécie          10
Margaret Dawson revient sur sa jeunesse et son séjour à Hanbury Court chez Lady Ludlow dans les années 1810. La grande dame aidait des familles en difficultés en accueillant chez elle des jeunes filles. Margaret a pu profiter de son hospitalité pendant plusieurs années. C'est avec une grande tendresse qu'elle évoque Lady Ludlow.

Ce court roman d'Elizabeth Gaskell ressemble énormément à « Cranford ». Il est constitué de différentes anecdotes sur la vie à Handbury ou sur les proches de Lady Ludlow. A l'instar de « Nord et Sud », Elizabeth Gaskell nous parle ici d'un monde en pleine mutation. Lady Ludlow est une grande aristocrate terrienne attachée aux traditions et à son rang. Elle est profondément choquée par ce qui s'est passé en France pendant la Révolution. Elle en parle à plusieurs reprises et nous raconte une longue et émouvante histoire à propos d'un ami de son fils. Ces français sont vraiment révoltants ! Lady Ludlow se querelle fréquemment avec le nouveau pasteur : Mr Gray. Ce dernier est un terrible réformiste qui voudrait que les enfants du village aillent à l'école. Lady Ludlow ne voit absolument pas quelle aide l'instruction pourrait apporter aux pauvres. Sa position va cependant évoluer grâce au jeune Harry, fils d'un braconnier qui apprend à lire grâce à Mr Horner l'intendant d'Handbury.

Comme toujours, Elizabeth Gaskell ne juge pas ses personnages, elle les fait doucement évoluer. Lady Ludlow, qui semble au départ fermement accrochée à ses principes, va s'assouplir face à la détermination de Mr Gray et aux évènements. C'est un beau personnage plein d'humanité et de bonté qui s'adapte comme elle peut à l'arrivée de temps nouveaux.

« Lady Ludlow » a vraiment les mêmes qualités et défauts que « Cranford ». Cela manque un peu de fil conducteur mais la description de la vie de cette grande aristocrate est réussie et plaisante. Les personnages sont comme toujours bien dessinés et attachants.

Malgré les petits défauts, j'ai toujours grand plaisir à lire la grande Elizabeth Gaskell. Je rappelle également que ce roman fait partie de l'adaptation en série tv de la BBC qui comprenait également « Cranford » et « Les confessions de Mr Harrison ».
Lien : http://plaisirsacultiver.wor..
Commenter  J’apprécie          10
J'ai entendu parler d'Elizabeth Gaskell en fréquentant trop assidument les avis de lecture sur ce site et sur d'autres, et je ne connais son oeuvre que par des lectures audio. L'écriture d'Elizabeth Gaskell est agréable à entendre, et, ne pouvant m'empêcher de m'attendre à du Jane Austen, je suis toujours un peu surprise par les thèmes et la composition de ses livres.
Lady Ludlow, une longue nouvelle ou plutôt un court roman qui est souvent inclus dans un ouvrage plus conséquent appelé Autour du sofa, a cette construction classique pour l'époque (je me souviens du Coup de pistolet de Pouchkine ou du Maître de Ballantrae de Stevenson, deux livres lus dans les derniers mois) d'un personnage, ici Margaret Dawson, racontant une histoire dont il a été le témoin. Cette maintenant vieille femme a en effet été hébergée pendant quelques années de sa jeunesse chez la grande Lady Ludlow, d'un haut lignage anglais, fière de son rang et consciente des devoirs que cela implique. En cette période consécutive à la Révolution Française, Lady Ludlow est plus que jamais convaincue de l'importance de l'ordre social et s'oppose fermement (mais avec toutes les convenances d'usage) aux idées progressives du pasteur de son domaine qui voudrait apprendre à lire et à compter à ses jeunes ouailles, ce que la vieille dame voit comme une décadence impardonnable.
Le récit est assez décousu, suivant les réminiscences du personnage narrateur, avec un jeu d'histoires qui s'emboîtent un peu comme des poupées gigognes, et le récit s'interrompt avec le départ de la narratrice, sans que les intrigues soient tout à fait menées à leur terme. Cela n'empêche pas le récit d'être intéressant et d'amener le lecteur dans ces sphères et dans ce temps qui me sont bien étrangers.
Bien sûr, il est facile de sourire des positions de cette chère Lady engoncée dans sa supériorité de classe et ses préjugés de classe. Lire est un danger pour les gens du commun, qui n'ont pas la force morale et la dignité suffisante pour savoir faire bon usage de ce savoir et pouvoir éviter les tentations et les pièges auxquels une telle connaissance expose. Haha… Mais au fond, Elizabeth Gaskell, avec son style assez impersonnel, sa façon d'exposer les faits par la voix d'une narratrice nostalgique et attachée au personnage principal, nous rend sympathique cette femme un peu trop rigide, qui préfère attraper une angine plutôt que de déroger aux convenances en acceptant de partager son fauteuil dans sa calèche, cette femme qui se coupe des autres parce qu'elle croit fermement que sa position sociale l'exige. Et puis, aussi, Lady Ludlow finit bien par voir que le monde évolue, qu'elle le veuille ou non et, sur la fin de sa vie, alors que son nom pourrait bien s'éteindre, elle se doit de faire évoluer ses positions, et aussi peu cela soit-il, c'est un très grand courage de la part de cette femme qui ne vit et ne respire que par les conventions sociales que son éducation lui a inculquées.
Voilà donc en définitive un joli portrait, un peu agaçant mais surtout très émouvant, d'une aristocrate anglaise du début du XIXème siècle. Un portrait servi par une jolie plume, que je découvre seulement maintenant et dont je commence à apprécier la richesse de l'écriture et la profondeur de ses personnages.
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (76) Voir plus



Quiz Voir plus

Nord et Sud

En quelle année le livre a-t-il été publié ?

1845
1855
1865
1875

26 questions
10 lecteurs ont répondu
Thème : Nord et Sud de Elizabeth GaskellCréer un quiz sur ce livre

{* *}