Cris

La Première Guerre Mondiale et les tranchées dans toute leur horreur. Un choix de narration très original (des successions de témoignages ou de ressentis des poilus) qui interpelle puis séduit.
Une oeuvre brève dans laquelle il n'est pas forcément facile de se plonger mais qui a fini par emporter mon adhésion.

Cris/Laurent Gaudé
Ce bref roman relate avec quelques personnages emblématiques un épisode de la Première Guerre Mondiale, celui de la guerre des tranchées.
Horreur et fraternité sous une pluie d'obus, les corps à corps ensuite baïonnette au canon, les cris des blessés, les pleurs de désespoir : tous ces moments pour une oeuvre littéraire et non historique, grâce à un style haletant adapté aux émotions et aux sensations des combattants.
Chacun des personnages prend la parole à tour de rôle, pour illustrer ces instantanés tragiques et cette immersion dans l'horreur et la boue.
« Nous avions appris à décliner la peur sous toutes ses formes. Mais celle-ci nous était encore inconnue et je n'ai pas su m'en défendre. C'était la peur de l'attente. »(Castellac)
. C'était il y a un siècle déjà ! Mon grand père maternel y était… : il avait 25 ans !
Laurent Gaudé confirme dans ce livre le talent que je lui avais reconnu dans « le soleil des Scorta » et « La mort du roi Tsongor ».
Un document très littéraire pour ceux qui ne savaient pas.

J'ai été de nouveau convaincue par les mots de Laurent Gaudé.
Le livre est rythmé par les voix des différents hommes que nous suivons. C'est court, c'est dur, c'est angoissant. Ce court récit suffit à donner un aperçu de l'horreur de la guerre, de la déshumanisation des soldats. J'ai trouvé les mots justes et crus, ne tombant pas dans le mélodramatique. Et puis, il y a ce côté un peu fantastique, cette personnification de la guerre, qui m'a vraiment glacé le sang. Et enfin, il y a Jules et sa mission pour que personne n'oublie ses camarades.
C'est tout de même difficile de noter et de faire une chronique pour ce type de livres..

Récit d'une grande intensité et d'une grande originalité. Laurent Gaudé nous fait voyager dans la tête de ses personnages. J'ai été saisie par la précision, la profondeur et l'intensité des émotions et sentiments exprimés. J'ai eu l'impression de vivre la Grande Guerre de l'intérieur. Un grand talent d'écrivain !

Première Guerre Mondiale. Plusieurs hommes nous font avancer dans l'enfer des tranchées.

Il y a Jules qui, par un acte héroïque, a une permission. Il retourne vers la vie normale mais garde en lui les voix de ses camarades, ceux qui restent. Parmi ceux-là, il y a Boris et Marius qui tentent de trouver le fou dont les cris retentissent sans arrêt.Il y a également un gazé agonisant, Ripoll, Rénier, Barboni ou M'Bossolo.

Chacun leur tour, ces hommes nous parlent, nous livrent leurs sentiments, leurs impressions, leurs peurs et leurs obsessions. Ce livre est aux premières personnes. C'est une succession de monologues dont la mise en page rappelle celle du théâtre. Figure d'abord un prénom, ensuite sa voix et ses mots. Il n'y a aucun dialogue. Ce court roman englobe plusieurs parcours d'hommes qui ne sont plus eux-mêmes, qui ne sont que des machines de guerre, de la chair à canons.

Malgré les faits terribles, Laurent Gaudé, par son procédé, nous sensibilise à ces hommes et au drame horrifique qui leur ait imposé. Il nous permet d'atteindre une réelle intimité avec ces hommes qui perdent toutes formes d'humanité. Nous sommes dans la tête et le corps de chaque combattant, pas pour mieux ressentir le combat, ou le mouvement mais cerner la lutte pour rester en vie, dans leur tête surtout. Chaque homme doit s'accrocher à quelque chose pour ne pas être juste un soldat. La folie se révèle parfois la seule solution, une sortie de secours pour mieux attendre que les cris s'arrêtent.

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La Première Guerre Mondiale dans les tranchées. Laurent Gaudé nous y plonge. Quelques soldats,un lieutenant et un médecin racontent cette époque : l'horreur, le bruit à devenir sourd, la crasse, les obus qui tombent comme la pluie, le manque d'hygiène, les camarades, les permissions tant attendues. Tout ceci va rendre certains fous ainsi que donner l'envie de tout quitter, de déserter.

Lu 2021. J'avais une fois de plus savouré la plume à la fois acérée et poétique de l'auteur, qui rend ici un hommage poignant aux héros de la Première guerre mondiale.
Un récit aux accents d'épopée tragique, extrêmement percutant et pétri d'humanité. Une alternance de voix (roman choral) et de pensées vient directement toucher notre âme, nous parler de sens du devoir, de sacrifice, de solidarité, d'absurdité, d'injustice, de traumatisme, d'abandon, de démence, de courage, de lutte...

Un récit polyphonique à l'écriture "poétique" malgré la gravité du thème abordé. Un livre qui se dévore et qui nous dévore...

Différents points de vue pour raconter la première guerre mondiale et son absurdité : des soldats qui deviennent fous, un médecin qui "met des pansements sur les morts et (...) ampute les vivants".
Laurent Gaudé nous plonge dans l'horreur de ce massacre grâce à son style percutant.

Récit sur la folie de la guerre mais surtout sur la folie que provoque la guerre chez les hommes. Cris des soldats dans les tranchées, cris de l'ogre-sauvage, mais c'est aussi des hommes Marius, Boris, Jules, le médecin, Ripoll et les autres qui dans un monologue intérieur nous font partager leurs espoirs, leurs peurs, en nous plongeant dans la folie de cette guerre.
Plus qu'un roman, un récit poignant que nous fait partager l'auteur, j'en suis ressortie émue, mal à l'aise, et j'ai apprécié la façon dont il est écrit en monologue cela nous permet d'être au plus près de ces hommes de ressentir l'oppression, la peur.