AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,97

sur 836 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
un livre qui nous livre une intéressante réflexion sur la bravoure et la violence.
Commenter  J’apprécie          150
Un roman historique puissant qui transporte le lecteur dans l'enfer de la Grande Guerre. Dès les premières pages on est saisi d'effroi. Pas de dates, ni de lieux précis, mais une plongée immédiate dans l'horreur.

C'est une histoire d'hommes que Laurent Gaudé nous raconte ici, celle d'un petit groupe de soldats perdus dans les tranchées, entre deux lignes de front. Simples poilus, caporal, jeune officier inexpérimenté, médecin, … il les suit l'un après l'autre et nous fait partager leurs pensées, leurs sentiments, leurs interventions et leurs traumatismes.
Les paragraphes, tels des petits monologues intérieurs, sont très courts, ils se succèdent rapidement, le rythme est haletant. le lecteur a l'impression d'être sur le champ de bataille et de vivre au coeur du combat, avec chaque individu, dans des conditions abominables.

Attente stressante précédant les assauts, la peur au ventre, pour regagner des positions, fusils et baïonnettes, tirs d'obus assourdissants, gaz asphyxiants, combats corps à corps, lance-flammes, courses haletantes… Les blessés et les morts se comptent par milliers dans la boue et le sang. Victimes des décisions stratégiques aléatoires des généraux, les soldats obéissent à des ordres parfois contradictoires, mais luttent avec courage et solidarité pour que cette tuerie s'arrête enfin. Les rares rescapés sombrent dans la folie et le délire et ils n'en peuvent plus d'entendre ces cris : ceux des blessés précipités brusquement dans la mort, celui du gazé qui agonise, abandonné tout seul dans son trou et ceux encore plus traumatisants de l'homme-cochon, peut-être un soldat fou qui hurle dans le no man's land, et qui symbolise la guerre et la destruction.

Ce livre bouleversant écrit magistralement par Laurent Gaudé est court mais poignant. Je n'ai pas pu m'en détacher et je le recommande vivement.
Commenter  J’apprécie          140
Roman choral au coeur de l'enfer physique et psychologique des poilus de la Première Guerre Mondiale, "Cris" est la somme de ces voix qui ne peuvent pas se taire, celles des morts, des rescapés et de la folie. On y entre la peur au ventre et on en sort la tête bourdonnante et le coeur vacillant.
Commenter  J’apprécie          140
Ils se nomment Marius, Boris, Ripoll, Rénier, Barboni ou M'Bossolo. Dans les tranchées où ils se terrent, dans les boyaux d'où ils s'élancent selon le flux et le reflux des assauts, ils partagent l'insoutenable fraternité de la guerre de 1914. Loin devant eux, un gazé agonise. Plus loin encore, retentit l'horrible cri de ce soldat fou qu'ils imaginent perdu entre les deux lignes du front, " l'homme-cochon ". A l'arrière, Jules, le permissionnaire, s'éloigne vers la vie normale, mais les voix de ses compagnons d'armes le poursuivent avec acharnement. Elles s'élèvent comme un chant, comme un mémorial de douleur et de tragique solidarité.



Pour l'inconditionnelle de Gaudé que je suis, ce court roman est une perle. Ecrit sous une forme narrative, ce roman est avant tout une histoire d'Hommes, de ceux qui furent un jour confrontés aux horreurs de cette, de ces guerres qui polluent l'humanité. Des mots et personnages forts, justes, poignants, à lui seul le personnage de l'homme cochon est une métaphore de la bestialté et de la folie humaine. Un roman exceptionnel, à lire impérativement!!!!
Commenter  J’apprécie          140
Ce roman de Laurent Gaudé est petit par le nombre de pages (182) mais mémorable. Une succession de courts paragraphes qui donnent en cinq chapitres la parole à des personnages différents, des soldats de la première guerre mondiale, pour nous donner à entendre, près d'un siècle plus tard, l'horreur de la guerre des tranchées.
Il est intitulé "Cris" car l'ouïe est le sens le plus sollicité: le bruit des obus, le crépitement des fusils, les hurlements des hommes qui souffrent et qui meurent, les ordres criés par les officiers, bref le cri de la guerre, et , paradoxalement, les hommes assourdis par tout ce vacarme. de la même façon qu'ils ne voient rien ni personne lorsqu'ils chargent, ils n'entendent plus rien, ils avancent.
Ce qui compte dans les tranchées et sur le champ de bataille, ce sont les camarades: on prend soin les uns des autres, on veille sur chacun, on s'épaule, on ne se quitte pas.
Ce ne sont que des phrases courtes, des indépendantes, ce qui évoque pour moi le rythme des coups de fusils comme un staccato qui percute, comme le "bruit crépitant de la mitraille" (p.152).
Laurent Gaudé n'aime pas écrire sur la vie banale, il aime le tragique, notamment l'immigration, et il sait bien décrire la peur, une peur si intense que les hommes aimeraient devenir fous, comme Barboni, pour ne plus avoir peur. Si les obus qui tombent dans les tranchées terrorisent les poilus, le pire est à venir lorsque ceux-ci s'arrêtent: le corps à corps commence alors, baïonnette au fusil. Seuls les cris peuvent leur donner la force de continuer à avancer, voire de marcher vers la mort pour grand nombre d'entre eux.
Ainsi donc le lecteur va entendre toutes sortes de cris en lisant ce livre: cris d'effroi, de peur, cris pour s'encourager, cris de folie, cris de souffrance. Comme des animaux, il n'ont plus de langage articulé: ou bien ils hurlent ou bien ils se cloîtrent dans le mutisme absolu. Il n'y a donc pas de dialogues dans ce roman, juste une succession de monologues, car chacun est seul face à la mort tandis que le lecteur est face à l'horreur.
Mais ces cris sont signe de vie: tant que les soldats crient, c'est qu'ils ont encore un élan vital et qu'ils ne sont pas encore morts.
Même la Terre souffre: elle est mutilée et gardera longtemps les traces de l'horreur, de la mort. Même elle semble crier.
Pour laisser le lecteur reprendre son souffle, l'auteur a laissé le soldat Jules partir à Paris en permission quelques jours. Ces moments-là montrent à la fois la vie et l'oubli. Ceux qui sont loin du front n'imaginent même pas le carnage; Jules est alors choqué par ce qui semble être de l'indifférence. Pire encore, il se fait lapider car les civils le prennent pour un déserteur qui estiment que sa place est au front!
Je ne peux que vous recommander cette lecture puissante, ce plaidoyer contre la guerre: comment peut-on laisser faire une telle horreur?
Commenter  J’apprécie          120
Cris est un magnifique roman polyphonique qui nous plonge, dès les premières lignes, dans l'enfer des tranchées. le fracas des obus, la mort absurde, le glissement vers la folie, la boue, le froid, la fatigue extrême, la peur qui tord le ventre, mais aussi le courage, la fraternité et la solidarité, l'auteur nous les fait vivre, le temps de quelques heures, à travers les pensées d'une dizaine de poilus, qu'ils soient gradés ou simples soldats, "vieux de la vieille" ou bleusaille tout juste arrivée au front...
Le texte est concis, le style percutant, les mots choisis avec soin. Laurent Gaudé nous livre ici un roman fort et bouleversant, sans être pour autant larmoyant. Il s'agit du premier roman de l'auteur que je lis, et je ne vais certainement pas m'arrêter là !
Lien : http://andree-la-papivore.bl..
Commenter  J’apprécie          120
Il est de ces livres qui une fois refermé vous laisse un sentiment de malaise persistant. Sans doute car on se demande si l'on appartient à la même espèce que ceux qui ont entrainé les poilus de 14-18 et leurs homologues allemands dans cette hallucinante boucherie.

Il existe bien des livres d'histoire qui relatent les conditions de vie atroces de ces soldats, ayant par millions laissé leur vie ou leur intégrité physique et/ou psychologique pour conquérir dix mètres de terrain perdus le lendemain. Certains romans sur le sujet comme "Les Croix de bois" ou "A l'Ouest, rien de nouveau" sont des piliers de la littérature. Mais "Cris", le sublime roman de Laurent Gaudé est encore autre chose.

A travers la succession d'interventions brèves aux phrases courtes et percutantes, quelques poilus lambda, un caporal, un jeune lieutenant, un médecin militaire, nous font vivre au plus profond de nos tripes le basculement vers l'irrationalité la plus totale. Avec eux, nous sommes au point ultime. Au point où l'horreur, la peur, la conscience de la vacuité de tout cela n'est plus supportable. Ou la seule façon d'y échapper est d'oublier que l'on est un homme, de sombrer dans la folie, ou de s'aventurer seul dans le no man's land à la recherche de l'homme-cochon dont les hurlements inhumains hantent leurs jours et leurs nuits. En sachant très bien ce qui les y attend…

En pensant à ces hommes, je pense à leurs femmes ; filles des soldats de la guerre de 70, épouse des poilus de 14-18, mères des soldats de 39, grand-mères des rappelés de la guerre d'Algérie… Autant vous dire que ce livre m'a bouleversée.
Commenter  J’apprécie          120
Nous avons tous vus des films et lus des livres sur la der des ders mais je n'ai jamais eu autant le sentiment d'être proche des poilus que dans ce livre.
Nous avons sous nos yeux les pauvres hères voués à une mort certaine. Laurent GAUDE nous adresse un long cri de désespoir, de peur et de douleur. « cris » est écrit sous la forme de témoignages des quelques vivants et des morts de cette boucherie. L'écriture précise de Laurent GAUDE nous fait ressentir l'odeur des gaz, du sang des baïonnettes, la douleur des balles dans notre corps.
Un livre indispensable pour tout le respect que nous devons à nos aïeuls combattants à leur corps défendant dans cette guerre absurde.
Commenter  J’apprécie          110
"Cris" de Laurent Gaudé (185p)
Ed. le Livre de Poche
Bonjour les fous de lectures....
C'est toujours avec un réel plaisir que je me plonge dans un livre de Laurent Gaudé.
Voici un roman polyphonique dont l'histoire se déroule pendant la première guerre mondiale.
Il y a Jules et ses compagnons d'infortunes.
Ils sont treize.
Chacun nous raconte l'absurdité, ce qu'il vit, ce qu'il ressent.
Il n'y a que les voix de ces 13 soldats envoyés à la boucherie, paumés, effrayés, devenus inhumains presque fous.
On vit à côté de ces hommes à la bestialité acérée le temps d'une attaque.
Ces hommes enterrés au fond des tranchées, isolés, obéissant aux ordres.
Ces hommes blasés qui ne sortiront pas vivant de cette boucherie ou alors chamboulés à jamais.
Voici un rendez-vous avec la mort, la folie, la peur
Ce livre est poignant et se lit en apnée comme on pousse un cri, un hurlement de désespoir.
Les mots choisis sont simples, les paragraphes aérés mais que la lecture est dense et puissante !!!!!
Il ne fallait pas une page de plus, j'en suis sortie à bout de souffle.
Du tout grand Gaudé.
Commenter  J’apprécie          110
J'ai lu ce roman comme un vibrant hommage à tous ces combattants. Dans chacun des courts récits des différents protagonistes on ressent l'urgence, la peur, l'horreur ainsi que les doutes sur la survie et même sur la vie "d'après" tout simplement.
J'ai eu un peu de mal dans les premières pages, surement à cause de l'originalité de l'écriture.

Deuxième lecture de Laurent Gaudé et se fut encore une belle découverte.
Commenter  J’apprécie          110




Lecteurs (2184) Voir plus



Quiz Voir plus

Laurent Gaudé

En quelle année est né Laurent Gaudé?

1965
1967
1970
1972

10 questions
176 lecteurs ont répondu
Thème : Laurent GaudéCréer un quiz sur ce livre

{* *}