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4,09

sur 3763 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Petit bouquin très intéressant mais très difficile à en faire une review !

La Mort du roi Tsongor nous délivre les conséquences d'une vieille promesse d'enfants venant chambouler le mariage imminent de Samilia, fille du roi Tsongor.

Tout d'abord, j'ai été vraiment surprise par la mort même du roi ! Dès le début, son dilemme et comment il essaye de le résoudre m'ont intriguée !
On est ensuite témoins des horreurs qui s'en découlent et mon sentiment tout au long du livre était "bah le pauvre roi Tsongor, c'est ballot, il est mort pour rien!" :'D
Une petite pensée également pour Samilia qui est, comme dit dans le livre, l'oubliée, la sacrifiée...
La relation entre Tsongor et Katabolonga est aussi particulièrement intéressante et touchante.
J'ai aussi beaucoup aimé la mission de Souba !

Quelques remarques diverses :Le style de l'écrivain est assez particulier avec des phrases tronquées donc un peu déstabilisant au début. Mais les mots sont forts et justes. Un gros plus pour cet univers à influence africaine. Qu'est ce que ça fait du bien de voir quelque chose de différent ! C'est quand j'ai vu ma difficulté à retenir les noms que je me suis dit "Il faut que j'ai des lectures plus variées !"
Et enfin, je suis vraiment impressionnée par les batailles décrites dans le livre ! Elles sont juste épiques et les divers peuples guerriers sont juste wOW.

Pour conclure, je suis encore une fois convaincue par un prix Goncourt des lycéens :)
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Roman où l'on est transporté par l'amour et la tragédie. D'un côté, on tue par orgueil jusqu'à obtenir la poussière. de l'autre, c'est la construction, l'accomplissement.
Avec une grande finesse et beaucoup de poésie, Laurent Gaudé nous invite à un voyage initiatique.
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Le roi Tsongor est mort. Vraiment ? Ne serait-il plus juste de considérer qu'il est plutôt en train de mourir, qu'il « se meurt » (à l'image de son avatar tragicomique imaginé par Ionesco)? Oui, car l'âme du roi demeure jusqu'à nouvel ordre suspendue entre deux mondes, consignée dans les limbes, au bord de ce Styx qu'elle refuse pour l'instant de traverser, alors que son corps matériel, lui, conservé grâce aux baumes et onguents dont il a été oint, gît encore parmi les vivants dans les sous-sols de son palais royal de Massaba, en attente d'un hypothétique hypogée où il pourra un jour enfin reposer...
Le roi Tsongor semble pour l'instant refuser de céder à la dissolution de ses liens avec un monde qu'il aura pourtant abandonné volontairement. Qu'attend-il au juste pour quitter définitivement son existence terrestre?
Héros tragique par excellence, le spectre de Tsongor – à l'image de cet autre grand roi de tragédie errant dans la lande – est confronté à son ultime défaite face à un Destin qui, indifférent à ses suppliques, s'acharnera inexorablement sur lui et sur sa descendance. le père observera impuissant, depuis les portes de l'au-delà, la folie fratricide qui s'emparera de ses héritiers et qu'il avait en vain essayé d'éviter en se donnant lui-même la mort.

Fable et allégorie autour de l'acceptation de la défaite inhérente à toute entreprise humaine, prônant le renoncement aux instincts d'emprise, à l'orgueil et aux passions conquérantes comme étant le seul rempart possible contre le sentiment de fatalité tragique qui traverse toute l'histoire de l'humanité, Laurent Gaudé propose au lecteur une mimèsis convoquant dans ce récit épique et atemporel, des images puissantes, poétiques, archétypiques et immémoriales.

La narration est étayée ici par une langue déclinée toute en phrases courtes, sectionnées, mais qui donnent néanmoins un relief particulier aux mots. Mots la plupart du temps prononcés d'un ton grave ou d'un souffle suspendu par des personnages confrontés aux conséquences imparables de leurs choix et de leurs actes. Il s'en dégage ainsi par moments une telle vérité, une telle intensité dans la description des passions qui se sont emparées des êtres, des leurs gestes, ou bien une telle hauteur de vue, une telle noblesse dans des propos tenus face à la plus grande adversité, que nous sommes alors tout naturellement transportés vers les plus beaux sommets atteints autrefois par les auteurs classiques. Oui, il y a une sorte d'incantation et une beauté indiscutables dans cette langue fractionnée.

Avant de mourir, Tsongor enjoint Souma, son fils cadet, à renoncer aux fastes de la cour, à fuir les rumeurs de palais et les disputes de pouvoir. Il lui demande, au moment où il sera mort, de quitter Massaba pour partir ériger, à travers tout l'empire, six tombeaux majestueux et différents à la gloire de son père, l'un deux étant destiné à devenir, une fois sa mission accomplie et le choix de Souma arrêté, la dernière demeure, le mausolée où, enfin, la dépouille du roi Tsongor pourra élire son dernier domicile (...et je pense à l'instant, en l'écrivant, que Mausolée était aussi le nom d'un roi légendaire dont l'héritage s'est perpétué à travers les époques par son monument funéraire, considéré comme une des « Sept merveilles de l'Antiquité », et prolongé jusqu'à ce jour dans nos langues modernes par le mot « mausolée » devenu synonyme de «monument funéraire»).

Souma partira donc à la mort de Tsongor. Il s'en ira parcourir l'immense empire de son père accompagné d'une modeste mule et dans le plus grand dénuement. Vecteur de la dernière volonté de ce dernier, Souma devient au passage l'archétype même du renoncement, l'ultime espoir d'une transmission susceptible de briser cette funeste fatalité de la condition humaine. C'est par son entremise que les six merveilles de l'empire de Tsongor (on y retrouve d'ailleurs, entre autres, des décors de jardins suspendus, un phare...), ces six tombeaux à la mémoire du roi disparu seront bâtis. Puis un septième monument, déjà tout prêt et trouvé au hasard des pérégrinations menées par Souma, finira par être choisi comme tombeau royal (on y est pour les sept merveilles!)

Mais en fin de compte, qu'en est-il de la cause première de tout ce malheur qui s'est abattu sur le royaume après la disparition du roi ? Elémentaire, cher lecteur ! Cherchez la femme..! Emblématique de l'ainsi nommé «éternel féminin» qui depuis la nuit des temps s'est implanté avec force dans l'imaginaire et dans la mythologie patriarcales, le personnage de Samilia, fille unique du roi Tsongor, évoque ici la Femme par qui le malheur arrive... Samilia incarne le mystère féminin insondable provoquant la folie irrépressible des hommes et les violences dévastatrices de la guerre, comme Hélène à Troie. Samilia est certes, au départ et malgré elle, Hélène, mais pas que, car elle va se révéler en même temps être aussi celle par qui la loi cruelle et implacable des hommes sera subvertie, elle sera, telle Antigone envers ses frères Polynice et Etéocle lors du siège de Thèbes, celle qui saura s'élever au-dessus des passions meurtrières. Enfin, parce qu'elle sera restée fidèle à l'héritage de son père et aura assumé pleinement les conséquences de ses actes et de ses choix, elle connaîtra l'opprobre et l'exil. Samilia partira, « têtue » et « allant toujours tout droit », pour se transfigurer enfin en Athéna, emblème de l'amour filial, de la transmission du savoir et de la sagesse, image sublime pour laquelle Souma voudra aussi ériger un temple, afin qu'on puisse honorer sa soeur et qui, tel qu'on le décrit, évoque sans ambages cet autre temple, appelé Parthénon : «un édifice austère et somptueux qui sera le couronnement de ses travaux»

Laurent Gaudé n'hésite pas ainsi à emprunter aux oeuvres et à la culture classique occidentale les éléments majeurs servant de support à l'ordre symbolique de son récit (les mythes, les monuments, les rites et croyances – dont la pièce mise entre les dents du défunt, par exemple, jouant un rôle important dans le récit, et qui correspond en principe à l'obole donnée à Charon pour la traversée du Styx dans la mythologie grecque). Par un tour majeur d'illusionnisme et avec un talent de conteur hors-pair, l'auteur réussit à transplanter parfaitement ces éléments dans le décor d'une Afrique mythique, ancestrale, toute aussi légendaire à nos yeux que les civilisations antiques de la Méditerranée. Ce qui contribue sensiblement à mettre en valeur toute l'originalité de cette oeuvre, ainsi que le caractère universel que revêt son propos.
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En Afrique, le roi Tsongor se prépare pour mourir. Mais, il ne peut partir définitivement et reposer en paix que, lorsque son plus jeune fils Souba aura traversé le monde et fait ériger sept tombeaux. de plus, le roi Tsongor veut marier sa fille Samilia à Kouame, le roi des terres du sel qui s'est présenté devant Tsongor. Mais, un second prétendant se fait connaître de Tsongor qui n'est autre que Sango Kérim, l'ami proche de sa fille et également de Tsongor. La guerre éclate avec à sa tête, d'un côté Kouame et de l'autre Sango Kérim. le vainqueur gagnera sa place auprès de Samilia. Mais, quand commence une guerre, nul ne sait quand ce sera la finet nul ne sait jusquoù cela pourra les mener.

Ce roman a pour thématique principale la honte que l'on retrouve à chaque nouvelle action, à chaque nouveau tournant de l'intrigue. Ce mot et concept "honte" revient sans arrêt. Et, cette histoire devient une véritable tragédie où le sang sera versé et où rôde la mort.
J'ai beaucoup aimé tout le roman du début à la fin, tel un récit épique qui tourne à la tragédie. C'est à cause des dernières volontés du roi Tsongor que se déroule la guerre qui devient un véritable massacre. Et, moi, j'ajouterai : " Honte à toi Tsongor, d'avoir fait couler tant de sang, d'avoir fait anéantir toute ta famille !".

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Un court roman poétique dans l' écriture, initiatique dans l' histoire. Laurent Gaudé possède une très belle plume et a su me faire voyager à travers les contrées et le temps pour suivre l' histoire du roi Tsongor et de ses descendants dans une Afrique imaginaire et antique. Comme le précise la quatrième de couverture, il est aussi question "d' apprentissage de la honte" pour le roi et ses enfants. Il est aussi question de transmission car l' héritage de Tsongor ce n' est ni la gloire, ni les richesses ou le pouvoir, c' est la faute, telle une tâche originelle transmise à ses descendants. Et après apprendre la honte, il faut apprendre le pardon. Transmission et rédemption.
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Le roi Tsongor, illustre guerrier au sang bouillonnant, meneur d'homme et bâtisseur d'empire est mort.


C'est le choix qui l'a tué. Un choix impossible. Malheureusement ce sacrifice ne fera qu'attiser le feu de la guerre et plonger la belle cité de Massaba dans un chaos de chairs meurtries et de doutes.

Nous comprenons alors que la paix n'est qu'une simple respiration dans la folie des hommes, et la guerre un éternel recommencement.

de ce livre, je retiens plusieurs choses :

La première est que Laurent Gaudé est un merveilleux conteur. Avec une douceur qui lui est propre, il nous emmène au coeur de cette Afrique imaginaire, riche en peuples, en coutumes et en batailles. On ressort presque de certaines scènes avec le goût du sang dans la bouche. C'est fluide. Envoutant. Il n'y a qu'à se laisser porter.


La deuxième est le poids de la honte qui plane sur tout le roman. Un fardeau inévitable, voire nécessaire, dont il faut s'accommoder, sans jamais chercher à s'en défaire.

Notons que l'on retrouve ici des thèmes également abordés dans le soleil des Scorta : la question de la transmission, de l'apprentissage de la vie qui, pour être entière, ne peut se faire que dans la sueur. L'auteur nourrit l'idée d'une soif des pauvres, d'une avidité de ceux qui n'ont rien et tout à construire. Un bonheur issu des cendres.

Ici, la haine du père est un moteur. L'amour, aussi. Tuer le père ou passer sa vie à le comprendre. La filiation joue un rôle très important dans la personnalité des personnages.

Enfin, la troisième est que l'histoire s'inscrit dans un genre tragique s'inspirant des plus grands récits de la mythologie : destin inéluctable, dilemmes à se ronger l'âme, parcours initiatiques, issue fatale...
Comment ne pas penser à la célèbre guerre de Troie en lisant ce livre ?

C'est intéressant de se dire que ce qui aurait dû être un jour d'union — union entre un homme et une femme, mais aussi entre deux puissants royaumes — se transforme en celui qui marquera le début d'un déchirement complet. Un basculement total.

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Une écriture poétique et précise, un conte africain entre mythologie et épopée. Un grand livre !
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J'ai régulièrement besoin de retrouver la plume de Laurent Gaudé mais aussi d'entendre sa voix, celle d'un formidable conteur. Il raconte l'humain, quelque soit le pays, l'époque, à la manière de fables pour mettre en évidence ses forces et ses faiblesses.

C'est avec La mort du roi Tsongor qu'il s'est fait connaître en remportant, en autres, le Prix Goncourt des Lycéens en 2002 et le Prix des Libraires en 2003 et depuis il n'a cessé de nous éblouir par la beauté, parfois cruelle, de ses romans.

Ici à nouveau il est question de guerres, de quêtes, de vengeance et de rivalités. A la manière d'une tragédie il nous raconte les combats pour l'amour d'une femme, Samilia, la seule fille du roi Tsongor mais aussi pour un royaume. Il est question également d'honneur, d'orgueil, de promesses faites et non tenues, de dernières volontés, de luttes fratricides qui ne mèneront qu'à la ruine.

Il y a deux ressentis pour moi à la fin de cette lecture, suivant que je me mets dans la position d'une personne qui découvre Laurent Gaudé et là je ne peux qu'être éblouie par le rythme donné par son écriture, des phrases courtes mais qui résonnent à la manière de sentences, d'images, dans lesquelles chaque mot est pesé pour exprimer au plus juste la scène, les sentiments :

"A tous ces corps de braves que la vie avait quittés s'ajoutaient, en un amas putride, les cadavres de chevaux et les innombrables chiens de guerre qui s'étaient entre-déchirés et gisaient, les pattes en l'air, raidis dans la mort. Lorsque le combat cessa et que les deux armées remontèrent dans les collines, défaites, épuisées, trempées de sang et de sueur, on eût dit qu'elles avaient accouché dans la plaine, d'une troisième armée. Une armée des morts qui était née après dix heures de contractions sanglantes. L'armée de tous ceux qui resteraient à jamais dans la poussière de la plaine, au pied de Massaba. (p91)"

Si je me place en tant que lectrice régulière de cet auteur, j'ai retrouvé le phrasé mais surtout ce qui obsède apparemment Laurent Gaudé, ce sont les guerres humaines, qu'elles soient physiques mais aussi morales. Fierté, Pouvoir, Possession, Orgueil jusque dans la mort voire au-delà et pour cela on est prêt à verser le sang, à renier sa parole, ses amis et parfois même sa famille.

Il met en place ses personnages avec précision, chacun a un rôle à jouer, à tenir, à respecter et derrière parfois de sombres pensées se cachent des êtres d'une beauté majestueuse à l'image de Katabolonga, celui qui a juré la mort de Tsongor mais qui le veillera au-delà de la mort, fidèle "homme rampant".

On ne ressort jamais indemne d'une lecture de Laurent Gaudé, elle vous colle à la mémoire par la violence des batailles mais aussi par ce qu'il veut mettre en évidence. Depuis la nuit des temps les hommes se battent, pour des causes parfois futiles, absurdes, ils préfèrent tout perdre, tout raser plutôt que mettre genou à terre, allant jusqu'à tuer celui qui partageait le ventre de sa mère.

C'est à la fois un récit épique et monstrueux mais dont il y a toujours une morale à tirer, des portraits magnifiques, chacun étant souvent à la fois lumineux et sombre car c'est le destin de l'homme d'être à plusieurs facettes.

Mais, parce qu'il y a un mais, à la fin de cette lecture, je n'ai pu que me faire la remarque que finalement, beaucoup de romans de Laurent Gaudé sont similaires dans les thèmes avec des changements d'époque, de lieu et j'ai eu le sentiment de relire une partie de Ecoutez nos défaites ou Pour seul cortège où il est également question d'honneur, de guerres et de mort.

Alors je vais continuer à lire Laurent Gaudé mais je préfère quand il me fait voyager sur d'autres thèmes, d'autres luttes comme dans Eldorado ou Danser les ombres (critique sur Babelio avant la mise en place du blog).
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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C'est un des livres qui a le plus marqué mon imaginaire. Je peux dire qu'il fait partie de ma construction d'auteure. Incontournable selon moi.
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Tres beau riman épique, où l'on trouve des poussières d'Iliade. La belle tragedie, à la lenteur où excelle Laurent Gaudé.
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